lundi 27 octobre 2008

Voler à tout prix ? Une pétition à ne pas signer!

Une pétition circule en ce moment sur le net. Je l'ai reçue signée d' "un contribuable, au nom de tous les vacanciers". Je suis (entre autres qualités dans ma vie) vacancier, mais je me désolidarise de cet appel qui ne peut être lancé "au nom de tous les vacanciers"...
Il s'adresse au "Cher(e) CONtribuable" (on commence en finesse!) et dit ceci: "Le budget de notre gouvernement prévoit l’implémentation d’une nouvelle taxe sur les tickets d’avion.
Cette taxe remontera à environ 10 à 50 euros par personnes. Le contribuable (ndlr: lequel?) est d’avis que cette pression supplémentaire sur le budget de milliers des vacanciers est injustifiable. Tous ensemble, nous voulons faire comprendre au gouvernement qu’il est nécessaire de revenir sur cette décision afin que tout le monde puisse continuer à partir en vacances (ndlr: "le contribuable" est-il bien sûr que tout le monde part déjà en vacances, et en avion qui plus est?).
Dès lors, poursuit le message, nous vous invitons à signer cette pétition en ligne contre la taxe sur le site web ci-dessous : http://www.stoplataxesurlesbilletsdavion.be ".

En fait, quand on se rend sur ce site, on se rend compte que cette pétition (non argumentée - je n'ai jamais vu un texte de pétition aussi lapidaire !) est portée, non par des contribuables, mais par le secteur lui-même: les compagnies d'aviation et les aéroports. Les pauvres, voilà qu'une menace de taxe leur tombe dessus! Visiblement, ces gens ne savent pas ce que sont les taxes, ils n'en ont pas l'habitude, contrairement à nous, communs des mortels. Ils sont plutôt habitués à recevoir des subventions par paquets. Faut-il rappeler qu'il n'y a aucune taxe sur les billets d'avion ni sur le kérosène? En y échappant, le secteur aérien peut se permettre de pratiquer des tarifs qui ne permettent pas à d'autres modes de déplacement - bien moins polluants pour certains - de soutenir la concurrence. Un comble en cette période! Est-il acceptable qu'on continue à aller passer une journée à Pise, à des prix totalement écrasés, pour le simple plaisir d'y manger une excellente pizza ou d'aller passer deux jours à Carcassonne parce qu'on a besoin de soleil?
Pourquoi le secteur aérien échapperait-il aux taxes que paient tous les autres secteurs économiques?
Ceci dit, dans une page "Opinion" de la Libre Belgique de ce jour, Jean-Yves Saliez, secrétaire général d'Inter-Environnement Wallonie, se réjouit "qu'un premier pas soit fait pour permettre de mieux orienter le choix du consommateur volant", mais trouve regrettable "que cette attention portée au secteur aérien soit déconnectée de toute vision stratégique et utilise en sus le faux prétexte d'une fiscalité verte." "L'objectif premier, estime-t-il, doit être une modification de la consommation du bien concerné et l'orientation du consommateur vers des alternatives durables. Pour ce faire, l'effet sur le prix doit être suffisamment significatif. D'autre part, les sommes issues de ce prélèvement doivent servir au développement des alternatives et/ou à un transfert global de la fiscalité sur les ressources. Or, aucune de ces conditions n'est ici réunie." C'est pourquoi il plaide pour un développement de ces alternatives et pour une TVA à 21% sur les billets d'avion comme c'est le cas actuellement pour les autres modes de transport.
Il constate aussi que "la Wallonie connaît une véritable explosion des émissions de gaz à effet de serre du secteur aérien, multipliées par 78 sur la période 1990-2005."
Au fond, le réchauffement climatique, ils en pensent quoi, les promoteurs de vols-à-tout-prix et les joyeux vacanciers lésés ? On a connu plus nobles combats! Le luxe avant l'avenir de la planète...? Ca vous a un petit air de "après nous, les mouches"...
Enfin, s'il est soutenu par le syndicat des vacanciers aériens, l'ultra-libéralisme souffrant a encore de beaux jours devant lui. Plus que la planète...?

P.S.: n'empêche, j'aimerais quand même savoir qui est "un contribuable" qui signe le premier message... Courage! Courage!


lundi 20 octobre 2008

Tous végétariens (2)

A l'occasion de l'ouverture de l'exposition "C'est notre terre" (1), la Libre Belgique (18.10.08) relève les chiffres suivants:
"Produire un kilo de protéines de viande de boeuf nécessite 200 m2 de terres alors qu'un kilo de protéines de soja n'en nécessite que 10 m2. Au total, les ingrédients utilisés pour la confection d'un hamburger ont nécessité 2400 litres d'eau, tandis que produire un litre de bière demande 25 litres d'eau.
Le transport de 500 gr de haricots frais du Kenya par avion contribuera à émettre 3 kilos de CO2.
Un kilo de raisins venus d'Afrique du Sud par ce même moyen de transport revient à libérer 7,2 kg de dioxyde de carbone dans l'atmosphère..."
On apprend également que la fabrication d'un t-shirt en coton demande pour sa part 2000 litres d'eau.
Donc, tous végétariens ET naturistes!

(1) à Tour et Taxis à Bruxelles jusqu'au 26 avril 2009

On vit une époque formidable!

Le capitalisme qui se prend les pieds dans son épaisse moquette, le pétrole qui vous a comme un goût de trop peu, la planète qui se réchauffe à toute allure... Tout cela est pour le moins perturbant, c'est vrai. Et si, plutôt que de s'affoler ou de se lamenter, on en faisait une opportunité? Pour changer radicalement de système, satisfaire uniquement nos vrais besoins, travailler dans un échange égalitaire, se définir des priorités et s'y attaquer.

Le WWF affirme aujourd'hui que les dernières études indiquent que le réchauffement climatique est et sera plus rapide et plus intense que prévu. On s'attend désormais à ce que le niveau des mers augmente d'1,20 m d'ici 2100 et que, en Belgique, les tempêtes et les inondations soient plus nombreuses. Et on ne vous parle pas de ce qui attend les habitants de Tuvalu et du Bangladesh... Le WWF en appelle à diminuer de 30 %, d'ici 2020, nos rejets de gaz à effet de serre , et ce sans compensation extérieure, uniquement sur le territoire européen.

Dans le Vif/l'Express du 10 octobre dernier, l'économiste Jacques Attali estimait que "si le dérèglement climatique s'accélérait aussi vite que s'est emballée la crise bancaire, des évolutions deviendraient, à partir d'un certain moment irréversibles: des centaines de millions de gens seraient contraints de déménager. La température pourrait augmenter tellement qu'une très grande partie de la planète deviendrait invivable; des phénomènes naturels entraîneraient des émissions massives de méthane, asphyxiant l'humanité. Il serait alors trop tard pour se lamenter de ne pas avoir écouté ceux qui ont prévenu et de ne pas avoir agi quand il était encore temps."

Le JT de la RTBF ce soir nous annonce que certains prévisionnistes estiment à 20 millions le nombre de chômeurs que provoquera dans l'année qui vient la crise financière actuelle.

Dans une page « Opinion » publiée dans la Libre Belgique (01.10.08), le prospectiviste Marc Halévy estime qu’une immense dépression est à nos portes. « C’est de survie au quotidien qu’il s’agit, écrit-il. Retour à l’essentiel. Retour au réel. La seule issue est la voie de la frugalité. En tout. L’humanité n’a guère le choix, ou bien elle devient vraiment frugale et assume le principe de réalité, ou bien elle s’enferme dans le principe de plaisir et elle mourra… comme la Bourse et les banques. »

Face à tous ces constats et à ces prévisions, les incantations de certains candidats en campagne sont pathétiques, témoignant d'une profonde surdité et d'une totale cécité par rapport à l'état de la planète et à l'avenir de ses habitants. La question n'est évidemment plus de sauver le nucléaire, de créer de nouvelles autoroutes, de s'opposer à des éoliennes ou de soutenir des promoteurs de centres commerciaux et de parcs d'attraction.
La question cruciale aujourd'hui est celle d'un autre Etat, d'une autre économie, plus solidaire, plus visionnaire, non gaspilleuse en eau, en énergie, en matières premières, en espaces. Donc, une économie qui se démarque totalement de ce capitalisme, dont les libéraux, les pseudo-humanistes et les socio-démocrates réunis sous le vocable Ps ont été et sont encore les porteurs de valises.
Le/la véritable homme/femme politique aujourd'hui sera celui/celle qui saura dire non, qui saura renverser la tendance de manière claire. Les décisons doivent être prises vite. L'avenir est entre les mains des politiques, mais aussi, et surtout, des électeurs. Y a quelqu'un?

jeudi 16 octobre 2008

Pendant la crise, les affaires continuent (mais jusque quand?)

Business as usual, malgré la grave crise financière que nous traversons (sera-ce une traversée du désert - et de quelle taille est-il? - ou du miroir?). On apprend que le promoteur du projet Snow Games à Lessines a entrepris les travaux de remblaiement d'une gigantesque carrière actuellement sous eau, pour y créer un parking pour 750 voitures. Sans rire, il nous explique que son "produit" (des pistes de ski sur neige artificielle) sera d'autant plus rentable que la crise sera importante. C'est le même architecte qui avait déjà affirmé que ses pistes de ski offriraient une belle alternative au moindre enneigement des stations alpines. Autrement dit: vive le réchauffement climatique, c'est tout bénéfice pour mon projet de beauf ! Le cynisme capitaliste, à défaut de beaux jours devant lui, a de la suffisance à revendre.
De son côté, le Ministre wallon de l'Aménagement du Territoire affirme que, coûte que coûte, il fera du projet Cora à Mouscron/Estaimpuis une réalité, malgré les avis négatifs du Conseil d'Etat qui donne raison aux riverains. Il est prêt à légiférer pour éviter ces empêcheurs d'investir en rond. Et voilà qu'on apprend que, face au site convoité par Cora, se créerait une autre grande zone commerciale, "pour répondre aux besoins des entreprises et aux demandes des consommateurs". Les consommateurs, c'est nous. Nous qui restons bien sûr demandeurs de prendre notre voiture pour aller acheter à plusieurs kilomètres de chez nous des produits de merde dont nous n'avons aucun besoin.
Le même ministre de l'Aménagement du Territoire a aussi dans ses fonctions (on n'oserait dire : dans ses compétences) les Transports. A ce titre, il déplore la décision du Gouvernement fédéral de taxer les billets d'avion. Le souci de l'économie capitaliste passe avant celui du réchauffement climatique et des économies d'énergie pour ce grand humaniste d'André Antoine.
Au niveau européen, certains pays, Pologne et Italie en tête, entendent remettre en question les engagements des 27 en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Il faut d'abord redresser l'économie, estiment-ils. Ces espèces de chevaux de trait qui avancent avec des oeillères, le regard sur leurs sabots, ne peuvent voir que cette économie a précisément montré toutes ces limites et ses dangers, qu'elle est à l'origine de l'étouffement de la planète, qu'il est urgentissime d'en changer et que les économies d'energie sont, justement l'un des moyens de limiter la casse. Le capitalisme a le front bas. (1)
Y a-t-il encore l'un ou l'autre pilote dans le bateau ivre dans lequel nous sommes embarqués?
Est-il rassurant de se dire que, à cause du réchauffement climatique, on ne risque pas de heurter un iceberg?
(1) Ils nous vendront la corde pour les pendre, disait Lénine, cité par Bernard Maris dans Charlie Hebdo de ce 15 octobre.
Le même Bernard Maris conclue son excellent article d'explication de la crise actuelle en constatant que "au nom de la crise, le Grenelle de l'environnement passe à la trappe. Or la crise écologique n'est qu'une conséquence de la crise financière, de la démesure, de la cupidité et de l'hubris des banquiers. La crise redistribue les cartes, mais le mistigri ira aux écolos."

lundi 6 octobre 2008

Les anti-éoliennes font beaucoup de vent

Difficile d'échapper aux opposants aux éoliennes en ce moment. Ce soir, déjà assez énervé par un sujet précédent (1), je fuis No Télé devant les arguments d'un anti-éolien de Leuze. Je zappe sur FR3 pour suivre les infos régionales. Et je tombe sur un sujet sur les anti-éoliens... J'ai coupé la télé.
Le Leuzois que j'ai esquivé estimait que les éoliennes coûtent une fortune à la collectivité en termes de certificats verts. S'insurge-t-il sur le coût bien plus ENORME des centrales nucléaires que nous payons tous? Parce que, aujourd'hui, d'un sujet à l'autre, un des arguments principaux de ceux qui s'opposent aux moulins à vent, c'est que ceux-ci rapportent de l'argent à quelques-uns. Je ne le conteste pas et j'admets volontiers que certains entrepreneurs ont flairé l'aubaine et espèrent installer des éoliennes un peu n'importe où. Mais les mêmes opposants n'ont jamais protesté, que je sache, contre Electrabel, gigantesque groupe privé très longtemps monopolitisque, qui s'est généré des bénéfices gargantuesques en nous faisant payer très cher son (notre) électricité nucléaire! Les nimbystes se découvrent, brusquement, des sentiments de protecteurs de la collectivité (pour un peu, on les croirait communistes - non, je rigole!) qui cachent mal leurs points de vue très personnels, très (trop) souvent réduits à l'esthétique. Les éoliennes gâchent leur paysage. Les mêmes ne se sont évidemment jamais demandé si leur maison est "belle", si les pylônes qui transportent l'électricité nucléaire sont élégants ou si l'avenir qu'ils espèrent pour les enfants (et ceux des autres) est lumineux.
Il faut dire qu'ils sentent bien qu'ils ont le soutien de leurs bourgmestres: ceux d'Antoing, de Brunehaut et de Tournai ont déposé un recours contre un projet d'éoliennes aux confins de leurs trois communes. "Il faut réfléchir", dit Pierre Wacquier, bourgmestre de Brunehaut, qui en veut bien chez lui, mais, désolé, "franchement, je ne vois pas où à Brunehaut. Notre territoire n'est pas bien grand." N'y voyez aucun nimbysme, bien sûr. D'autant qu'il "ne mène pas un combat contre les énergies renouvelables. Bien au contraire!" C'est pas que je ne veux pas, mais je ne peux pas! Son collègue tournaisien, Christian Massy, estime que "il n'y a pas le feu au lac, puisque la Wallonie a déjà dépassé les objectifs européens en matière d'énergie renouvelable." Manque de bol pour lui: trois jours après ces courageuses déclarations, l'Union européenne décidait de faire passer de 6 à 20% la part des énergies renouvelables. Le bourgmestre de Brunehaut va jusqu'à refuser le projet d'un agriculteur qui voudrait, grâce à une éolienne domestique de 18 m, produire l'électricité nécessaire à son entreprise agricole. Le bourgmestre s'y oppose, arguant de la proximité... d'une voie lente (attendue depuis plus de dix ans). On notera que le long de cette future voie lente s'élève depuis longtemps un pylône GSM au moins aussi haut.
Mais, on l'a compris, les bourgmestres, c'est comme les éoliennes: ça tourne avec le vent. Si des riverains sont contre, ils le sont aussi. Une voix, c'est toujours bon à prendre. Et le subjectif prend le dessus. On sent bien que ce n'est pas l'intérêt collectif qui compte, juste le sentiment de riverains qui trouvent qu'une éolienne "c'est pas beau" et que de ce fait leur maison va perdre de la valeur.
Dans "Le divorce français", le journaliste François de Closets pointe ces politiques qui suivent l'opinion publique: "C'est parce que le peuple peut se tromper que les élites doivent avoir le courage de prendre des décisions impopulaires. Si vous ne prenez pas de décision impopulaire, vous ne gouvernez pas."
Chez nous, ne cherchez pas "l'élite", elle se fond dans le peuple. Non aux éoliennes, mais oui au centre de glisse, soi-disant créateur d'emplois, gaspilleur d'eau, d'énergie et de nature et générateur de CO2. C'est qu'une élection, ça se mérite chaque jour!

(1) un ministre-présidents (je ne citerai pas son nom) serrant les mains de manifestants protestant contre le coût de la vie, comme s'il n'appartenait pas aux décideurs. Ahurissant, mais culotté, je m'incline!


Derrière leur auvent, et
dans un climat de réchauffement,
les bourgmestres d'Antoing et de Brunehaut
se sont associés,
Fini donc les ambiances électriques
c'est donc cela la vie en rose!

Je sais,
C'est rotor...mais j'en suis pale !

Et si on veut tout des Magnette tiser
Qu'on le fasse avec force 5 !

Skier fait, ( ce recours ) est
blanc de cohérence
comme neige au soleil.
Bon prince,
CO2 que je remet...
un bonnet...
d'âne.

Patrick A

jeudi 2 octobre 2008

Le dérideur

Marc Moulin est mort. Et Ahmadinejab, Kim Jong Il et Loukachenko sont vivants. La vie est mal faite!
Nous sommes nombreux à nous sentir "into the dark"...