mercredi 24 octobre 2012

Mise au vert

Le triple ministre-président de la Wallonie, de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Wallonie picarde a conquis de haute lutte l'hôtel de ville de Tournai. Il a eu besoin de se reposer. Qui n'en aurait besoin? Il se montre ici sur son compte Facebook. On le voit apaisé. Mieux: ressourcé. Tellement détendu qu'il ne se rend pas compte qu'un paparazzi l'a surpris.
http://twitter.com/MathLOFF/status/260109498163810304/photo/1/large
A propos de cette même photo, on peut écouter le "Café serré" de Thomas Gunzig:
http://www.rtbf.be/info/emissions/article_cafe-serre?id=7862053

mardi 23 octobre 2012

Du droit d'élection des autruches

Accorder aux élections municipales le droit de vote aux étrangers établis depuis un certain temps en France, voilà un projet - louable - du Parti socialiste français depuis 1981. Le temps passe, le projet s'ensable. S'inscrivant dans les pas de François Mitterrand, François Hollande en avait fait une promesse de campagne. Avec lui, en 2012-2013, elle deviendrait réalité. Les promesses n'engagent que ceux qui y croient, affirment les détracteurs de la politique. Aujourd'hui, le premier ministre français annonce que ce projet est reporté à Pâques ou à la Trinité. Mais pas à la Saint-Glinglin, nous assure-t-il. Après les élections municipales de 2014. En période plus apaisée. L'UMP crie à la victoire (1). Il faut comprendre que le période actuelle est très tendue.  Et que, alors que de nombreux pays (dont la Belgique) ont tranquillement ouvert le droit de vote aux étrangers, la France reste un pays frileux et réactionnaire.
En 2015, les élections cantonales porteront sur des binômes homme-femme. Actuellement, les conseils généraux ne sont composés que de 13,5% de femmes. Le nouveau système établira la parité totale. "Il s'agit de permettre le respect de tous", dit un représentant socialiste (1). On s'en réjouit, mais on voit par là que tout le monde n'est pas compris dans le "tous".

(1) JT de France 2, 20h, 23 octobre 2012.

dimanche 21 octobre 2012

Le martyr de Sainte Marguerite

L'église Sainte-Marguerite, sur la place de Lille à Tournai, est inutilisée depuis quelques dizaines d'années. Sa tour gothique est classée, elle date du XIVe siècle. Laissée à l'abandon, l'église a été cédée en 2004 par la Fabrique d'église à la société tournaisienne "Monument Hainaut". Le "rachat" s'est fait pour un euro symbolique. On suppose que l'entreprise de construction avait des projets de réaffectation de l'église. En tout cas de conservation. C'est d'ailleurs son objet premier: elle "a centré ses activités sur la conservation du patrimoine architectural" (1). "Le patrimoine européen est très riche et il nous incombe de le préserver", affirme-t-elle. Loin de le conserver, elle a laissé le bâtiment se dégrader plus encore. Monument Hainaut vient de revendre l'église à la société immobilière Gil Construction qui compte rénover totalement le bâtiment en y créant une quinzaine d'appartements et des espaces d'expo, de bureaux, de commerce.
Le nouveau propriétaire n'a pas voulu dévoiler le montant de l'achat, "tout en laissant entendre, dit le Courrier de l'Escaut (2), que l'on peut multiplier ce montant (d'1 €) au minimum par 100.000...".
En ces temps difficiles, vous cherchez un moyen de gagner de l'argent? Les églises désaffectées sont de plus en plus nombreuses dans nos pays. Achetez-en l'une ou l'autre pour un euro, en promettant de la réaffecter un jour (à la saint glinglin par exemple), puis revendez-la quelques années plus tard. Au prix fort. La préservation de notre patrimoine n'a pas de prix.

(1) http://fr.monument.be/companies/8-monument-hainaut
(2) 17 octobre 2012.

vendredi 19 octobre 2012

Nadine De Wever

Que fait un homme politique qui gagne? Il se fâche avec la presse. Du moins, une partie d'entre elle. "Celui-là, il a intérêt à ce que je ne l'emporte pas. Car il ne me verra plus jamais dans son studio", a déclaré Bart De Wever en parlant de Karl Apers, le présentateur du JT d'ATV, la télévision régionale anversoise. Dimanche soir, en plein triomphe, il a ostensiblement refusé toute interview à ATV. Celle-ci avait eu le grand tort, pendant la campagne électorale, d'inviter aux débats anversois les représentants de toutes les listes, y compris les petites, réduisant ainsi le temps de parole de chaque représentant. Dont celui du keizer De Wever. Mais il a aussi refusé de répondre aux questions de l'hebdomadaire Knack et il lui arrive, selon Pol Deltour, secrétaire national de l'Association des Journalistes flamands, de prendre à partie "les journalistes qui lui posent une question trop critique à ses yeux" (1) Il cherche ainsi, pense Deltour, à amener les journalistes à s'auto-censurer dans leurs questions.
Que fait une femme politique qui perd? Elle se fâche avec la presse. Du moins une partie d'entre elle. Nadine Morano vient de créer son propre parti: le Rassemblement pour le Peuple de France. Mais elle n'en parlera pas. En tout cas pas à certains journalistes. "Je ne parlerai pas aux journalistes de Rue89 qui, pour moi, ne sont pas des journalistes." C'est ce qu'elle a dit à l'un d'entre eux (2).  "Je ne parle pas non plus à Mediapart. Pour moi, vous êtes des gens nuisibles, qui cherchent à casser les responsables politiques et qui ne parlent pas du fond. Je ne parle pas aux organes qui nuisent à la démocratie."
On voit par là qu'un bon journaliste est celui qui pose de bonnes questions. C'est-à-dire celles qu'on lui demande de poser. Et que Nadine Morano et Bart De Wever ont une conception très personnelle de la démocratie. La démocratie veut qu'on leur pose de bonnes questions.

(1) L'Avenir, mercredi 17 octobre 2012.
(2) www.rue89.com/rue89-politique/2012/10/17/nadine-morano-cree-son-parti-pour-le-peuple-de-france-236296

jeudi 18 octobre 2012

La fabrique

Comment former de bons Français? Des écoles privées françaises ont la réponse: en imposant aux élèves des règles extrêmement strictes, en les plaçant sous contrôle permanent. Dans cette école du Lot-et-Garonne, où s'est rendue une équipe de France 2 (1), les surveillants pistent les élèves dès qu'ils se rendent aux toilettes: il faut être prudent, ils pourraient s'y rendre pour fumer. Les noeuds de cravate des garçons doivent à tout moment, même pendant les pauses, être serrés au plus haut. Une jeune fille utilise son téléphone portable dans le parc: il est aussitôt confisqué pour un mois. "C'est l'école de la discipline", explique l'un de ses responsables. Traduisons: c'est une école fliquée. Et friquée aussi, puisqu'il en coûte aux parents la bagatelle de seize mille euros par an, pour que leurs enfants soient "bien élevés et bien cadrés". Les regards qui échappent aux jeunes, de moquerie, de défi, de colère rentrée, traduisent leurs sentiments. On sent bien que ces regards sont leurs seuls moyens d'expression.
Cette école fabriquera-t-elle de bons rebelles, de bons robots, de bons lobotomisés, de bons toxicomanes, de bons délinquants?

(1) JT de France 2, 12 octobre 2012, 20h.

mercredi 17 octobre 2012

Le petit déjeuner des gens de terrain

Connaissez-vous le terrain, savez-vous comment vivent les gens? Si, comme moi, vous n'êtes pas bourgmestre, vous ne devez pas savoir grand chose de la réalité. Les députés wallons et fédéraux sont dans le même cas: ils ne peuvent être dans le concret s'ils ne sont pas, en même temps, bourgmestre ou échevin.
C'est ce qu'on retiendra du "petit déjeuner des bourgmestres", organisé par No Télé sur son plateau ce lundi matin, lendemain de veille. Les uns et les autres se réjouissaient. Clovis Demotte avait presque la larme à l'œil: c'est, dit-il, "une histoire d'amour qui se noue entre Tournai et moi".

Les abonnés à Cumul + étaient quelques-uns sur le plateau. Ils ont défendu le cumul du mandat de bourgmestre avec celui de parlementaire. Olivier Saint-Amand, nouveau bourgmestre d'Enghien, démissionnera de son mandat de député wallon pour se consacrer à temps plein à sa ville. Ainsi le veulent les statuts d'Ecolo. Ainsi le voudront aussi, dès 2014, les nouvelles dispositions adoptées par le Parlement wallon.
Ses collègues respectent sa décision, mais défendent leur double casquette, estimant que, quand on est bourgmestre, on connaît le terrain local. "On a les mains dans le cambouis", déclare Rudy Demotte, qui, même avec des gants, ne salira pas les siennes, puisque, ministre, il ne peut assurer la fonction de bourgmestre qu'il briguait et a acquise. Il demande d'ailleurs qu'on le considère comme un "bourgmestre en titre" et non comme un "bourgmestre empêché" (1). "Je n'ai aucune leçon à recevoir", déclare celui que les Flamands surnomment "le petit prof" (sa réplique préférée quand il est à court d'arguments). Il en profite pour dénoncer le sectarisme des écolos. Démontrant par là combien il est foncièrement libéral: chacun fait fait fait c'qui lui plaît plaît plaît.
Le cumul n'est pas un problème, la démocratie a toujours raison, estime le député-bourgmestre de Frasnes, Jean-Luc Crucke: les électeurs sont prévenus, ils acceptent le cumul en connaissance de cause.
Ils le réclament même, surenchérit Christian Brotcorne, député-bourgmestre de Leuze: voyez comme Ath a été transfiguré grâce au statut de Guy Spitaels.
Olivier Saint-Amand a beau jeu de demander si cette situation est "juste" et de faire remarquer qu'à ce compte-là le Parlement wallon devrait compter 262 élus, soit un représentant par commune, et de rappeler (visiblement, il le faut) que le rôle d'un député n'est pas de favoriser sa commune. "Pas de procès d'intention", lui rétorque Demotte, qui confond intention et action, puisqu'il reconnaît aussitôt avoir favorisé, quand il était ministre de la Culture, son ex-commune de Flobecq, mais pour soutenir des projets qui le méritaient. Bon sang, mais c'est bien sûr (2)!

Mais peut-on réellement et matériellement assumer les deux fonctions?, demandent les journalistes de No Télé. Le bourgmestre de Péruwelz, Daniel Westrade, affirme occuper sa fonction à temps plein et exiger de ses échevins qu'ils consacrent, au minimum, un mi-temps à la leur. "Un bourgmestre doit être présent dans sa commune le plus souvent possible. Etre disponible", estime le nouveau maïeur de Beloeil, Luc Vansaingele. "Il faut parfois travailler quinze heures par jour pour la commune", assure son collègue de Mont de l'Enclus, Jean-Pierre Bourdeaud'hui.
En tout cas, au moins un mi-temps pour une commune comme Silly, estime Christian Leclercq, son bourgmestre. Pierre Wacquier assure consacrer quarante à cinquante heures par semaine à sa commune de Brunehaut. Il estime qu'il est alors sur le terrain, dans le concret, mais qu'il pouvait ainsi, quand il était député wallon, faire remonter au parlement les avis des citoyens.
On voit par là que pour nombre de députés-bourgmestres le contact avec le terrain ne peut s'opérer que via un poste de maïeur, qu'ils n'imaginent pas qu'on puisse être "dans la vraie vie", en militant dans l'associatif, en rencontrant des citoyens à travers des réunions, des échanges divers. On voit aussi par là qu'il doit rester bien peu de temps aux députés-bourgmestres pour assumer leurs responsabilités à Namur, s'ils assument déjà plus qu'un temps plein dans leur commune (3).
De toute façon, même si on n'est pas en même temps député, on peut toujours compter sur "Rudy" pour défendre des dossiers voisins, assure Bernard Bauwens, bourgmestre d'Antoing. Finalement, où est le problème? Finalement, c'est vrai, la Wallonie est en train de changer. La preuve, c'est que tout le monde le dit. Et c'est sûrement grâce aux cumulards. Les remerciera-t-on jamais assez?
Il y avait, ce lundi matin, sur le plateau de No Télé, une odeur d'hypocrisie et de vieille culture politique. Les notables entre eux se protégeaient. Etait-on en 2012 ou en 1982? En Wallonie picarde ou en Hainaut occidental?

Note: quand des journalistes, peu avant le 14 octobre, interrogeaient Rudy Demotte sur son "débarquement" à Tournai, celui-ci répondait que c'était là  sa ville depuis toujours, son jardin, que c'est là qu'il a toujours milité, toujours tenu ses réunions, que son fils y va à l'école, etc. Au lendemain des élections, commentant son score personnel, visiblement en-deçà de ses espérances, il estimait que 7000 voix, ce n'est pas mal "pour un primo-arrivant" (4). Demotte est donc un primo-arrivant de longue date.

(1) lire le billet "Pêcheurs empêchés" sur cette perversion dont se réclame le nouveau "bourgmestre en titre" de Tournai.
(2) voir mon interpellation de Rudy Demotte au Parlement de la Communauté française en 2002 sur les étonnants subsides dont ont alors bénéficié Flobecq et la Région des Collines.
(3) lire ou relire sur ce blog les billets "Discussion sur le bout de gras" (29.06.12) - "Les gens indispensables" (08.03.12) - "Abonnés à Cumul+" (28.10.11) - "Synergétiques cumuls" (23.10.10) - "Cumulet par monts et par vaux" (27.08.10).
(4) le Soir, 15 octobre 2012.

mardi 16 octobre 2012

Gratitude et renvoi d'ascenseur (et merci pour tout)


"Ce jeudi 30 août 2012, le Gouvernement wallon, présidé par Rudy DEMOTTE, a approuvé l'octroi d'une subvention de 750.000 € à l'asbl Vertefeuille. Ce montant est octroyé en vue de réaliser une extension d'un centre d'accueil de jour de 15 places, ainsi que pour la mise en place de 15 lits de court séjour à la maison de repos La Vertefeuille.
Marc Gillieaux, Directeur général
Jean-Marie Brooms, président du Conseil d'Administration"


Affiché sur la porte d'entrée de la résidence-service "La Vertefeuille" à Tournai deux-trois semaines avant les élections communales.
Rudy Demotte était venu y manger fin août avec les pensionnaires à qui il avait serré la main.  Comme il est gentil!


lundi 15 octobre 2012

Lendemain de veille

Le grand intérêt des élections communales, c'est que tous les partis ont gagné, tous les partis ont perdu. Ici ou là. Mais globalement, ils en concluent qu'ils ont plutôt gagné.

Martine Payfa est injustement éjectée après dix-huit ans de maïorat à Boitsfort. Est-il juste d'être bourgmestre aussi longtemps? On se pose la question. Pas elle visiblement. Le pouvoir est une drogue.

Bart de Wever heeft een dikke nek. Plus que nooit. En gagnant Antwerpen, il faut croire qu'il a gagné la Belgique. Est-il dans la confusion? L'empereur de toutes les Flandres sait comment le pays doit absolument être réformé. Qu'il commence par faire son exercice sur sa ville, lui qui n'a jamais exercé le moindre pouvoir, sinon dans le terrorisme intellectuel. Intellectuel n'étant peut-être pas le mot qui convient.

Daniel Senesael triomphe à Estaimpuis, Bernard Bauwens à Antoing, Claude Eerdekens à Andenne. On s'interroge. La démocratie a ses limites. Eux aussi. On a les élus qu'on mérite, se dit-on. Il faudra bien faire avec. Mais on est content de n'habiter aucune de ces trois communes.

Collignon père perd lourdement son duel à Amay face à Jean-Michel Javaux, Collignon fille perd son maïorat à Villers-le-Bouillet. Et Olivier Saint-Amand devient bourgmestre d'Enghien. Allez savoir pourquoi, on retrouve le sourire et confiance dans la démocratie.

A Tournai, Rudy Demotte connaît une semi-victoire. C'est-à-dire un semi-échec. La prétention a ses limites, elle aussi. L'homme qui a tenté de défier le vide en sautant en parachute sur la ville avait l'ambition de prendre à la hussarde le poste de bourgmestre pour aussitôt l'abandonner à un autre. Il sera maïeur, mais n'a pas franchi le mur du son et se fait dépasser en voix de préférence par la tête de liste du MR, avec qui il est forcé de s'associer. A l'avenir, peut-être sera-t-il moins immodeste (un qualificatif qu'il doit - devait - se plaire à utiliser en parlant de ses adversaires).

Les élus Ps chantent l'Internationale. A Farciennes, par exemple, où le bourgmestre Bayet obtient 80%, lui qui défendait, bec et ongles, ce magnifique projet ultra-libéral Citta Verde.

A Brunehaut, le CEC fait près de dix pour cent et remporte un premier siège dès sa première participation aux élections. On espère que c'est aussi la dernière. La parti des paranoïaques n'a pas voulu dire à la presse où il se réunissait le soir des élections. "Pour des raisons de sécurité." Il a évité tout contact avec les journalistes le soir de cette victoire. Y a-t-il un psychiatre dans la commune?

Vivement les prochaines élections!

samedi 13 octobre 2012

Pêcheurs empêchés

A la pêche aux voix, je veux bien aller, maman! C'est ce que chantent quelques aspirants bourgmestres qui se présentent aux élections, avec toutes les chances de gagner le poste de maïeur, mais sans intention de l'occuper, puisqu'ils entendent bien rester ministres.
En Italie, ils ne pourraient le faire. Pour se présenter aux élections communales, ils devraient d'abord démissionner de leur fonction précédente. Le "bourgmestre empêché" est une spécialité belge, une perversion de notre système démocratique. "Le sens d'une élection, c'est de se faire élire, rappelle dans la Libre (1) Vincent de Coorebyter, directeur du CRISP, et un élu devrait normalement siéger là où il a été élu. Ce ne sera pas le cas. Et cela crée incontestablement un malaise." Il propose dès lors soit de contraindre les élus qui ont obtenu deux mandats à n'en choisir qu'un, soit d'interdire à un responsable politique déjà élu d'être candidat à une élection s'il n'a pas d'abord démissionné (une deuxième solution qui lui paraît excessive). V. de Coorebyter estime aussi que le choix du "bourgmestre faisant fonction" ne peut être laissé souverainement au champion en voix. Ce devrait automatiquement le deuxième en voix de préférence sur sa liste.
Aujourd'hui, le "bourgmestre empêché" préfère se présenter comme "bourgmestre en titre", "une appellation inventée de toutes pièces, écrit François Brabant dans le Vif (2), qui ne se retrouve dans aucun texte de loi... mais qui s'est imposée dans les faits". Qui doute une seule seconde qu'Elio Di Rupo ne continue, contre l'esprit de la loi, à diriger sa ville de Mons? Qui pense que Rudy Demotte, empêché, ne gouvernera pas la Ville de Tournai où il a d'ailleurs déjà placé ses hommes? "Cette ambivalence est jugée perverse par plusieurs élus, qui demandent un durcissement de la législation", écrit encore F. Brabant. "Bourgmestre en titre, ça veut dire quoi?, demande le sénateur Ecolo Marcel Cheron. Cela veut dire que, de manière occulte, on est toujours là. Ce glissement sémantique est un abus de sens, il s'apparente à une tromperie. On serait bien inspiré d'en revenir à la lettre et à l'esprit de la loi", dit-il (2).
D'autant qu'entre "l'empêché-bourgmestre en titre" et "le faisant fonction" les rapports sont parfois vite conflictuels. Car ou le premier nomme un homme ou une femme de paille sur lequel il a toute autorité, ou il nomme un homme ou une femme d'envergure, mais qui n'acceptera pas longtemps de ne pouvoir gérer que les basses besognes. En témoigne, par exemple, la rupture entre Demotte et Mettens à Flobecq.
Mais...vanitas vanitatum, et omnia vanitas. L'homme politique (certains d'entre eux en tout cas) a besoin de plusieurs mandats pour sentir fort et l'être plus encore.

                                        *                                     *                                 *

Christian Massy ne restera pas dans les annales tournaisiennes comme un bourgmestre fort. Il se confesse dans la Libre (3). Affaibli par l'affaire Singa (du nom de ce joueur de foot à qui il avait fait faire de faux papiers), il avait décidé de ne plus se présenter aux élections. Mais c'est l'exécutif  socialiste tournaisien (dont le président est un certain Demotte) qui annonça l'information. "Avoir laissé apparaître que c'était l'exécutif de l'USC qui m'a poussé à ne plus être candidat, que c'était une sanction du PS, je n'ai pas du tout apprécié, dit-il. C'est faux, et particulièrement humiliant!". Et peu après, Demotte évoquait publiquement les regrets du maïeur vis-à-vis de l'employée communale impliquée dans l'affaire. Nouveau coup de poignard dans le dos: "j'ai ressenti une grande frustration, une grande injustice, car ce n'étaient pas mes propos". Christian Massy avoue avoir été de ceux qui ont participé au parachutage à Tournai de Rudy Demotte. On sent entre les lignes - allez savoir pourquoi - un certain regret.

                                        *                                     *                                 *

Mon billet précédent '"En nu onze hit-parade met Rrrrrrudy - (55 raisons de voter pour Rudy Demotte") recueille un certain succès. En termes d'audience en tout cas. Personne cependant ne s'aventure à laisser une réaction sur le blog. Il faut croire que la discrétion en la matière est bonne conseillère et que chacun a d'excellentes raisons de ne pas se fâcher avec le Petit Marquis. Je le comprends parfaitement.
Reste que je reçois de nombreux messages personnels, qui m'incitent à continuer à partager mes réflexions; qui s'interrogent sur ce pouvoir qui rend fou; qui me proposent bien d'autres raisons aux cinquante-cinq que j'ai recueillies; qui constatent que le Ps est décidément le parti le plus moderne qui soit: qu'importe le fond, pourvu qu'on ait la com'; qui estiment qu'il faut à toute force éviter qu'un parti ait la majorité absolue; qui pensent que quand un politique est capable de se déguiser autant dans le cadre de ses fonctions, c'est qu'il joue la comédie, mêle le vrai au faux, entretient l'illusion.



                                        *                                     *                                 *

L'électeur est le maître du jeu. Dit-on.


(1) LLB, 12 octobre 2012.
(2) Le Vif, 28 septembre 2012.
(3) LLB, 12 octobre 2012.

mercredi 10 octobre 2012

En nu onze hit-parade met Rrrrrrrudy *

Cinquante-cinq raisons de voter pour Rudy Demotte

Il est candidat bourgmestre, mais il l'assure: même élu, il n'exercera pas la fonction, puisqu'il entend lui préférer celles de ministres-présidents.
Le voilà donc, comme le souligne la presse, "candidat bourgmestre empêché".
Mais pourquoi donc est-il finalement candidat? On se le demande. Mais pourquoi donc tant d'électeurs tournaisiens s'apprêtent-ils à voter pour un candidat qui ne respectera pas leurs votes? On s'interroge.
Voici - à partir d'un sondage organisé auprès de moi-même ces dernières années - cinquante-cinq raisons de voter pour Rudy Demotte aux élections communales à Tournai:

1. Parce qu'il a l'air gentil.
2. Parce qu'il a l'air intelligent.
3. Parce qu'on le voit beaucoup à la télé.
4. Parce que ça tombe sous le sens.
5. Parce qu'il ne boit jamais d'alcool.
6. Parce qu'il sait se contrôler.
7. Parce qu'il aime surtout les débats quand tout le monde est d'accord avec lui.
8. Parce qu'on ne peut pas ne pas être d'accord avec lui, puisqu'il est toujours d'accord avec nous.
9. Parce qu'il a beaucoup joué au ni oui ni non quand il était jeune.
10. Parce qu'on peut faire autre chose en l'écoutant parler.
11. Parce que même quand il n'a rien à dire il le dit bien.
12. Parce qu'il parle avec des mots choisis.
13. Parce que, consubstantiellement, c'est un homme de consensus et que dans ce pays divisé on en a bien besoin.
14. Parce que, parlant du Centre sportif de haut niveau de la Communauté française, qui ne verra jamais le jour, il peut dire "il n'a pas été abandonné, il a été judicieusement choisi" (RTBF, la Première).
15. Parce qu'il est comme les autres, mais qu'il s'efforce d'être différent.
16. Parce que le mot componction a l'air d'avoir été inventé rien que pour lui.
17. Parce qu'il a tout compris mieux que les autres et qu'il a la gentillesse de nous l'expliquer.
18. Parce qu'il arrive à faire croire aux gens de gauche qu'il en est et aux gens de droite qu'il n'en est pas (de gauche).
19. Parce que certains journalistes l'appellent Monsieur Antivagues, d'autres Le Petit Marquis. (Le Vif, 2 mars 2012)que les Flamands l'appellent Le petit prof.
20. Parce qu'il aime autant le social que le capital.
21. Parce qu'il emmenait ses enfants, petits, dans les bureaux de vote "pour leur faire partager ces grands moments de la démocratie" (voir No Télé à chaque élection).
22. Parce que si ça ne fait pas de bien, au moins ça ne fera pas de mal.
23. Parce qu'il est un peu plus chaleureux que Guy Spitaels.
24. Parce qu'il préfère une Wallonie qui gagne à une Wallonie qui perd.
25. Parce qu'il est capable de s'habiller en maillot jaune de la Wallonie (qui gagne) pour annoncer l'arrivée du Tour de France à Tournai (http://rudydemotte.info/b/?p=2347).
26. Parce qu'il est capable de porter un sweat-shirt rouge quand il se rend à la Maison du Peuple.
27. Parce qu'aux fêtes de Wallonie il est capable de porter un petit chapeau et de souffler dans un mirliton (LLB, 19 septembre 2011).
28. Parce qu'il n'hésite pas à s'habiller en chef coq (wallon) et à se faire filmer en train de préparer "symboliquement" un mezzé pour accueillir ses invités grecs aux Fêtes de Wallonie (www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=DMF20120911_021).
29. Parce qu'il est comme nous: il aime bricoler (Nord Eclair, 6 septembre 2010).
30. Parce qu'il publie dans la presse de jolis poèmes à l'occasion de la fête des mères (Nord Eclair, 9 mai 2010) (1).
31. Parce qu'il pense que ça ira mieux demain.
32. Parce qu'on sent que ça lui ferait tellement plaisir.
33. Parce qu'il est le petit père de la Wallonie picarde.
34. Parce qu'il cultive les organismes génériquement modifiés: grâce à lui, on ne doit plus dire Hainaut occidental, mais Wallonie picarde; on ne doit plus dire Région wallonne, mais Wallonie; on ne doit plus dire Communauté française, mais Fédération Wallonie-Bruxelles; et que tout cela c'est quand même un sacré progrès.
35. Parce qu'il ne faudrait quand même pas que le Ps de Wapdoowap ait changé pour rien (et pour lui) ses règles qui autorisent désormais le cumul de mandats (Le Vif, 3 février 2012).
36. Parce que Tournai avait besoin d'un sauveur et qu'il a le sens du sacrifice.
37. Parce qu'il n'a pas attendu d'être élu bourgmestre pour prendre des décisions en tant que tel (LLB, 1er septembre 2011).
38. Parce qu'il sait prendre des décisions difficiles "en période sereine", par exemple, au lendemain des élections, quand il a été réélu (même s'il n'avait plus le droit de prendre de telles décisions) (LLB, 13 avril 2011).
39. Parce qu'il a su peser le pour et le contre avant d'autoriser la F.N. à vendre des armes à la Libye de Kadhafi (Le Vif, 12 juin 2009).
40. Parce que, pour défendre les aéroports wallons, il s'oppose à la taxe sur les billets d'avions demandée par le Fédéral (LLB, 6 novembre 2008), mais qu'il en "appelle à une révolution copernicienne", face aux grands enjeux du temps", notamment le "défi énergétique" (Le Vif).
41. Parce qu'il n'hésite pas à donner du travail à ses proches, comme son cousin par alliance Philippe Mettens, son bourgmestre faisant fonction à Flobecq (2)  (Vif, 4 mai 2012).
42. Parce qu'il est vraiment généreux et n'hésite pas à laisser une petite enveloppe à des associations ou institutions auxquelles il peut faire plaisir.
43. Parce que c'est un "ascète ambitieux", qui "n'hésite pas à donner des coups en usant d'un langage agressif", qui "se soucie de positiver les choses, quitte à enjoliver ou à tordre la vérité des faits" (Vif, 30 septembre 2011).
44. Parce qu'il est capable de comprendre "l'intempérance et la colère" de syndicalistes à l'égard de son parti (JT No Télé, 9 janvier 2012).
45. Parce que peu de lettres différencient Don Quichotte, héros picaresque, de Don Demotte, héraut picardesque.
46. Parce que "une phrase de Rudy Demotte, comme beaucoup d'autres phrases de Rudy Demotte, a l'air de vouloir dire quelque chose, mais veut en réalité dire autre chose" (Thomas Gunzig, Le café serré, Matin Première, 7 mars 2012).
47. Parce qu'il a "un regard tendre pour Tournai" (Le Vif, 31 août 2012), "un bijou à redorer" (Télémoustique, 26 janvier 2011) .
48. Parce que, dans une savante confusion, il adore mettre tout le monde autour de la table et au service de sa campagne, comme à Tournai début septembre, en réunissant "collègues ministres, camarades tournaisiens et conseillers" (LLB, 6 septembre 2012).
49. Parce qu'il est facétieux: pour amuser les journalistes, il n'hésite pas à parler dans un pommeau de douche qu'il utilise comme un téléphone (L'Avenir, 14 septembre 2012).
50. Parce qu'il est champion de parachutisme et de la com'.
51. Parce qu'il sait prendre de son précieux temps de double ministre-président pour dîner avec des pensionnaires de maisons de repos de Tournai (comme à la Verte-Feuille fin août 2012).
52. Parce qu'il est l'homme providentiel pour ceux qui sont en manque de héros, de père et d'irrationnel.
53. Parce que c'est un magicien (3) .
54. Parce qu'il s'agit d'une simple formalité: à un moment donné il faut quand même bien légaliser une situation de fait.
55. Parce que, consubstantiellement, il a le sens de l'abnégation: il va se faire élire bourgmestre pour aussitôt céder sa place à un autre (qu'il choisira lui-même).

Voilà donc cinquante-cinq raisons de voter Demotte.
Reste à en trouver une bonne.

* les Snuls

(1) " Maman, mère, source de lumière et de bonheur. Elle est notre premier sourire, notre premier mot, notre première caresse, notre premier baiser. Joyeuse fête à toutes les mamans."
(2) "je l'ai beaucoup aidé: il est devenu mon attaché parlementaire à la sortie de l'université, ensuite mon chef de cabinet adjoint alors qu'il n'avait aucune expérience. Je me suis battu aussi pour qu'il devienne chef de cabinet du ministre de la Politique scientifique." (Vif, 4 mai 2012)
(3) un terme qui est - aussi - synonyme d'illusionniste.

Sur les "bourgmestres empêchés", écoutez le "Café serré" de Thomas Gunzig de ce mercredi 10 octobre:
 www.rtbf.be/info/emissions/article_le-cafe-serre?id=7853245

lundi 8 octobre 2012

Il faut raison garder

Que veulent les gens à la veille des élections communales? On croit qu'ils veulent la lune. On se trompe. Au début de l'automne, les gens ne veulent rien. L'été les a saturés. Ils ne veulent pas d'éolienne en tout cas. Les militants de Vent de Raison l'ont dit au ministre-président wallon (1). Ils veulent bien en accepter à 1500 mètres de chez eux. A un kilomètre et demi, si on compte bien. Bref, nulle part. Le ministre-président, qui est si gentil, leur propose de placer la norme à 450 mètres plutôt qu'à 350. Ils ne veulent rien entendre. Un certain Couplet se plaint. C'est toujours le même refrain: ces éoliennes lui cassent les oreilles. Il les a sensibles. "Passer de 40 à 45 dB, c'est monstrueux", s'exclame l'un de ses coreligionnaires (l'antiéolisme est une véritable religion). Dans une chambre à coucher, on relève 30 dB, 40 dans un bureau qualifié de tranquille. Un lave-linge génère un son "agréable" (nous dit-on) de 50 dB. Une automobile 80 dB, une moto 90.
Sans doute faudra-t-il fermer les routes qui mènent aux anti-éoliennes pour qu'ils vivent tranquillement. Elles font beaucoup plus de bruit qu'une éolienne (eux aussi d'ailleurs). Ils rejoindront leur domicile en pantoufle ou à vélo. Même l'hiver. Les vélos d'aujourd'hui n'ont plus besoin de dynamo. Heureusement. Elles les empêchaient de dormir. 
On est surpris: Mathieu Lamboley (2) a testé les éoliennes d'Estinnes, classées parmi les plus puissantes du monde. Elles sont onze, culminant à 198 mètres de hauteur. "Force est de constater, écrit-il, même si l'expérience n'a aucune valeur statistique, que je dors parfaitement au pied d'une éolienne ( à 200 mètres "au vent" pour être précis, à cause de la crainte, à peine rationnelle, de me prendre une pale dans la tronche), de même que les nombreux faisans qui criaillent aux alentours. La seule catastrophe environnementale notoire du coin est l'absence quasi-totale d'insectes, pour cause d'utilisation massive de pesticides."

A Templeuve, à deux pas de la frontière française, les habitants estiment qu'ils vivent "dans un village poubelle" (1). Non seulement on veut leur imposer une dalle de compostage, mais, en plus, on leur annonce quelques dizaines de logements sociaux supplémentaires. Trop, c'est trop, disent leurs enfants qui dans leurs dessins ont spontanément exprimé leurs craintes de ne plus voir le soleil, de ne plus bronzer. La télé a voulu interviewer les habitants. Ils se taisent. Sans doute craignent-ils les coups de soleil. Ils n'osent plus sortir. Que veulent les gens au début de l'automne? On s'interroge.

(1) JT de No Télé, 8 octobre 2012.

(2) www.rue89.com/rue89-planete/2012/09/27/jai-campe-au-pied-dune-eolienne-geante-et-jai-dormi-comme-un-bebe-235633

dimanche 7 octobre 2012

Complètement pommé

Ce premier week-end d'octobre est toujours celui où nous sommes de bonnes poires. C'est "la fête de la pomme" dans un village voisin. Pomme écolo s'entend, produite "en lutte intégrée". Sauf que les organisateurs de la fête en profitent pour proposer à leurs visiteurs un baptême en hélicoptère bien peu écolo. Toutes les dix minutes, il survole nos villages dans un bruit de super-tondeuse. Pendant ce temps, de l'autre côté, vrombissent et hurlent les moteurs de l'auto-cross. A la campagne, la fête des pommes, c'est pour les nôtres.

mercredi 3 octobre 2012

Délire vrombissant

Tout arrive. La Wallonie sert de modèle à la Grèce. Le Gouvernement grec a décidé de libérer 29 millions d'euros pour créer un circuit de Formule 1 dont le montant total s'élèverait à 95 millions d'euros. 29 millions, après tout, c'est à peine le montant du déficit de six grand prix à Francorchamps. La Grèce en a vu d'autres. On est loin, très loin du déficit de 9 milliards d'euros des J.O. de 2004 et bien plus encore des 327 milliards d'euros de la dette publique de l'Etat grec. Mais imaginons un instant que le circuit du Grand Prix de Grèce passe sous l'Acropole. Francorchamps perdrait son statut de plus beau circuit du monde. José Happart n'en dort plus. Le citoyen grec non plus.