dimanche 29 décembre 2019

Restons stupides (et arriérés)

On n'arrête décidément pas le progrès. Voilà la 5G qui s'amène. C'est qu'elle nous sera bien utile pour visionner n'importe où sur la planète tant de vidéos qui nous sont indispensables et pour connecter nos maisons, nos voitures, nos frigos, nos brosses à dents, nos autoroutes et jusqu'aux couches de nos bébés. Bref, grâce à la cinquième génération, nous allons enfin devenir intelligents. Il était temps.
Tous les objets de la vie quotidienne seront équipés de puces électroniques et d'antennes qui les connecteront ainsi, sans fil, à Internet.
"Ce que la plupart des gens ignorent, écrivait il y a deux ans un regroupement de scientifiques (1), c'est que cette nouvelle réalité entraînera aussi un changement environnemental sans précédent à l'échelle planétaire. Il est impossible d'imaginer la densité prévue des émetteurs de radiofréquence. Outre les millions de stations de base terrestres 5G qui seront installées et les 20.000 nouveaux satellites qui seront lancés dans l'espace, 200 milliards d'objets émetteurs, selon nos estimations, feront partie de l'internet des objets d'ici 2020, et un billion d'objets quelques années plus tard."
Des chiffres qui pourraient nous faire perdre la tête (rappelons qu'un billion est un million de millions), mais cette connection permanente et universelle nous évitera de tomber en panne de dentifrice et de couches culottes. Eviter le manque est à ce prix.
"Si les plans de l'industrie des télécommunications pour la 5G se concrétisent, disent encore les scientifiques, pas un être humain, pas un oiseau, pas un insecte et pas un brin d'herbe sur terre, quel que soit le lieu de la planète où il se trouve, ne pourra se soustraire à une exposition, 24 heures sur 24 et 365 jours par an, à des niveaux de rayonnement de radiofréquence qui sont des dizaines voire des centaines de fois supérieurs à ceux que l'on connaît aujourd'hui. Toutes les issues de secours seront barrées. Ces plans pour la 5G risquent d'avoir des effets graves et irréversibles sur les êtres humains et de causer des dommages permanents à tous les écosystèmes terrestres."
A commencer par l'écosystème humain: infertilité, déficiences cognitives, lésions de l'ADN, cancers, troubles neurologiques, stress oxydant, obésité et diabète sont quelques-uns des effets secondaires que pourrait générer la 5G. Mais mieux vaut être intelligent et malade que bête et en bonne santé.
Le convoi de soixante satellites lancés dans l'espace par Elon Musk et photographiés la nuit de Noël  notamment au-dessus des Pays-Bas n'est qu'un train miniature à côté des milliers de satellites que la 5G enverra dans l'espace pour nous rendre plus malins.
La Terre et ses mers débordent de nos déchets. L'espace a l'immense avantage de n'avoir aucune limite. Comme la prétention et la bêtise humaines.

(1) https://static1.squarespace.com/static/5b8dbc1b7c9327d89d9428a4/t/5dbf713cc7aa2f31f1f0dcc0/1572827456350/Appel_international_demandant_l%27arrêt_du_déploiement_de_la_5G_+sur_Terre_et_dans_l%27espace.pdf

A lire: Fabrice Nicolino, "La 5G en plein dans la tronche", Charlie Hebdo, 11.12.2019.

lundi 23 décembre 2019

Ubu éructe

Le Donald vocifère. Il élargit son répertoire d'insultes. On essaie de se débarrasser de lui alors qu'il a été élu et qu'il est le meilleur président qu'aient connu les Etats-Unis. Il n'en doute pas: c'est parce qu'il dérange et fait peur, alors les méchants se liguent contre lui.
Qu'il fasse peur et dérange, qui peut le nier? Les Républicains eux-mêmes étaient catastrophés au lendemain de son élection. Ils savaient qu'ils avaient là affaire à un président aussi néophyte en politique qu'incontrôlable, aussi capricieux que suffisant, aussi inculte qu'affairiste.
Aujourd'hui, malgré les lourdes charges qui pèsent contre lui - avoir négocié un soutien militaire à l'Ukraine contre une enquête sur le fils d'un de ses adversaires politiques - malgré les bourdes et quantité d'erreurs stratégiques qu'il a accumulées, malgré son incapacité à écouter et surtout à comprendre les experts, son parti a décidé de le soutenir. Malgré tout. Malgré tout ce fatras. Malgré toute cette bêtise. Malgré cet irrespect de règles fondamentales. Les Républicains ne peuvent imaginer lâcher un homme qui leur fait pourtant honte.
Le Donald est le troisième président dans l'histoire des Etats-Unis à être envoyé devant le Sénat par la Chambre des représentants dans le cadre d'une procédure d'empeachment. Il a été reconnu coupable par la Chambre des représentants d'abus de pouvoir et d'entrave au bon fonctionnement du Congrès. Pour ses partisans, peu importe ce qu'il a pu faire: ils refusent tout débat et toute réflexion. "Ils ont décidé d'absoudre le Président avant même de le juger, au seul motif qu'il est accusé par les Démocrates", écrit Philippe Paquet (1). Et tant pis s'ils s'asseyent ainsi lourdement sur leur mission constitutionnelle. "Le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a donné toute la mesure de cette démission en déclarant qu'il n'entendait absolument pas être impartial dans la conduite du procès de Donald Trump." 

Les Démocrates savent que leur procédure d'impeachment n'a quasiment aucune chance d'aboutir, elle sera repoussée par le Sénat dominé par les Républicains. Mais avaient-ils le choix? Soit ils fermaient les yeux, soit ils entamaient une action qu'ils sav(ai)ent perdue. "La première option était sans doute la plus confortable, écrit Le Monde (2). Elle permettait de faire l'économie d'une bataille perdue d'avance et de s'épargner l'animosité d'un président qui ne tolère aucun contre-pouvoir. Ce choix du cynisme qui règne en maître à la Maison Blanche revenait à valider le théorème de la Ve Avenue, celui avancé par Donald Trump lui-même, selon lequel il pourrait tirer sur des passants arpentant la célèbre artère new-yorkaise sans perdre un seul électeur".
Restait la seconde option, celle qu'ils ont choisie: "sanctionner à la Chambre des représentants un comportement proscrit par la Constitution et (...) rester ainsi fidèle au serment prêté par tout élu de respecter et de protéger la pierre angulaire de la démocratie américaine".

Les Républicains le laissent entendre clairement: tant pis si l'homme de toutes les outrances est  considéré comme incontrôlable et imprévisible,  tant pis s'il a lâché ses alliés kurdes sans crier gare, abandonné le Moyen-Orient à la Russie de Poutine, quitté l'Accord de Paris. Ce qui compte, c'est de garder le pouvoir. Et tant pis s'il faut pour cela se mettre la tête dans le sable. Tant pis s'il est alors difficile de garder la tête haute.

(1) "La démission des élus républicains", La Libre Belgique, 20.12.2019.
(2)
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/12/19/juger-trump-ou-le-refus-du-cynisme_6023473_3232.html

vendredi 20 décembre 2019

Sortons nos boules Quies

Il semble qu'à Tournai ce samedi la RTBF, dans le cadre de son opération si gentille et si caritative Viva for life, ait programmé un chanteur qui se fait appeler Black M. On se rappellera utilement que ce garçon a des textes inécoutables et insupportables. En deux mots: à vomir.
(Re) lire sur ce blog: "J'irai danser sur vos tombes", 16.5.2016 - http://moeursethumeurs.blogspot.com/2016/05/jirai-danser-sur-vos-tombes.htm

mercredi 18 décembre 2019

La mendiante

Il y a longtemps qu'il n'en avait plus été question ici. On n'en entendait plus parler. Mais elle était tapie dans l'ombre. La fille à papa Le Pen fait à nouveau parler d'elle. Elle vient mendier auprès des adhérents du RN-FN. Elle laisse entendre que son parti est exsangue parce que l'Etat lui réclame onze millions d'euros (1). La somme réclamée par l'avocat de l'Etat est bien celle-là, mais la présidente du parti d'extrême droite oublie de dire que le jugement ne sera rendu qu'en avril prochain et que le procureur général n'a requis, lui, que 500.000 euros d'amende contre son parti  pour avoir surfacturé des kits de campagne à ses candidats. L'appel est alarmant et dénonce une "volonté de tuer" son cher parti.
Il faut reconnaître que la Le Pen est la reine du culot: elle, ses vieux copains et son parti se sont visiblement fait beaucoup d'argent sur le dos des candidats et la voilà qui tend la main à ses militants, leur demandant 75 ou 100 € pour l'aider à financer la campagne des municipales.
L'héritière est une pauvre petite fille riche qui sait qu'elle peut tout dire, que ses soutiens sont des gogos qui la suivront jusqu'au bout du mensonge qu'elle a dans son ADN. Elle a un modèle qui la rassure: Donald Trump n'a jamais été aussi populaire. Aujourd'hui mis en accusation pour irrespect des règles de base de la fonction présidentielle et menacé d'une très hypothétique et assez improbable destitution, il n'a jamais autant plu à ses troupes.
De la difficulté de s'attaquer aux populistes...

(1) https://www.lexpress.fr/actualite/politique/le-drole-d-appel-aux-dons-de-marine-le-pen-a-ses-militants_2111369.html

dimanche 15 décembre 2019

La grande forme d'Anastasie

"Les cons, ça ose tout. C'est même à ça qu'on les reconnaît", faisait dire Michel Audiard au personnage incarné par Lino Ventura dans "Les Tontons flingueurs". Hier, une cinquantaine de cons a tout osé à Toulouse. A osé s'en prendre de manière très agressive à une crèche vivante, aux personnes, des enfants notamment, qui y figuraient. Ils se sont présentés, en hurlant, comme "anti-capitalistes" et en criant "stop aux fachos" (1). Les cons, ça ne sait pas que ça peut être soi-même facho. Apparemment, être anti-capitaliste, c'est aussi, pour eux en tout cas, être anti-intelligence, anti-respect, anti-tolérance, anti-nuance. Devant les menaces des fachos qui sont anti (ou l'inverse, on s'y perd), les récitals de chœurs ont été annulés et la ferme solidaire, qui fait de la réinsertion socio-professionnelle, est repartie avec ses moutons qu'elle avait prêtés pour l'occasion. En quoi cette crèche était-elle capitaliste et fasciste? On ne le sait. Mais les cons, ça n'a pas à donner d'explications.

Dans le même temps, d'autres cons, supporters de foot ceux-ci, s'en prenaient virulemment à la Ministre des Sports Roxana Maracineanu, venue assister tranquillement, et à titre privé, à un match de troisième division (2). Le milieu du foot n'a jamais été le plus raffiné qui soit. Mais l'extrême aggressivité et la vulgarité adressées à la Ministre indiquent combien on a là affaire à des cons sans limites. Ils lui ont hurlé: "Prends ta voiture et va-t-en!", "T'as rien à faire là" et de pires trivialités encore. La Ministre a été forcée de fuir sous les jets de bière tandis que les cons scandaient "Tout le monde déteste la ministre". C'est un signe qui ne trompe pas sur leur identité: les cons, ça pense que tout le monde pense comme eux. 

Les cons, ça ose déchirer des livres et interdire une conférence. Il y a un mois, c'est François Hollande et une librairie indépendante qui en ont fait les frais (3). Les cons étaient cette fois étudiants, quelques centaines, venus interdire à l'ancien président de la République de s'exprimer à la faculté de droit de Lille. Ils réagissaient au suicide récent d'un étudiant de Lyon qui témoignait ainsi de sa précarité. "Hollande assassin!", hurlaient-ils. On ne sait quel rôle ils lui attribuent dans ce drame, mais ils ont détruit tous ses livres. L'Inquisition et les nazis en faisaient autant. Les cons, ça ne connaît pas l'Histoire.

Les cons aujourd'hui, ça empêche toutes celles et tous ceux qui ne pensent pas comme eux de s'exprimer. Les cons, ça empêche (c'était en octobre) la philosophe Sylviane Agacinski de prendre la parole - à l'université de Bordeaux cette fois - parce qu'elle n'a pas les mêmes positions qu'eux sur la PMA et la GPA (4). Les cons, ça empêche aussi des représentations de pièces de théâtre. Par exemple celle des "Suppliantes" d'Eschyle à la Sorbonne (c'était en avril), parce qu'ils y voient ce qu'ils ont envie d'y voir sans comprendre le message (5). Les cons, ça n'aime pas réfléchir.

Toujours à la Sorbonne (c'était en novembre), les cons, ça fait annuler un séminaire sur la déradicalisation auquel participait la Grande Mosquée de Paris, sous prétexte qu'il favorisait l'islamophobie (6). Les cons, c'est incapable de comprendre que l'islamophobie est favorisée par la radicalisation.

"Ce néofascisme où l'on fait l'autodafé des livres vient, non de l'extrême droite, mais de l'extrême gauche et elle a pour théâtre, ce n'est pas tout à fait un hasard, le lieu même où naquirent la disputatio médiévale comme l'esprit critique et l'anti-racisme: l'université. C'est pour l'esprit un scandale qui n'a pas de précédent depuis la Seconde Guerre mondiale, à l'exception de Mai 68. La confusion de la science et du militantisme politique n'est pas seulement un crime contre les droits de l'homme, c'est un recul de la civilisation." C'est Jacques Julliard qui s'exprime ici (7).
Il fait référence à la moraline de Nietzsche, "cette substance toxique" qui consiste à se servir de la morale pour abattre l'adversaire. "La moraline est fille du populisme, c'est-à-dire du refus des règles de la démocratie formelle, et des règles de la pensée tout court."
C'est au nom d'un prétendu progressisme que s'expriment ainsi certains de ces fanatiques. "Ce progressisme-là résonne comme un bruit de bottes", constate Gérard Biard (6). 

On a le droit de ne pas croire en quelque dieu que ce soit, de considérer que la Bible et les Evangiles, le Coran ou la Torah ne sont que de belles ou moins belles histoires. On a le droit de blasphémer comme d'être scandalisé par les critiques de la religion. On a le droit de ne pas être d'accord avec les positions ou les projets du gouvernement ou de telle ou telle personnalité. On a le droit et même le devoir de défendre les plus défavorisés, de s'opposer au racisme, à l'homophobie et au sexisme. Mais tout cela n'autorise pas à hurler, à censurer, à pratiquer la terreur intellectuelle, à tout oser, à exprimer une telle connerie agressive. On a surtout le devoir d'être (plus) intelligent. Mais on prend alors le risque d'être moins con. Autant le savoir.

(1) https://www.ladepeche.fr/2019/12/14/toulouse-la-creche-vivante-interrompue-par-les-manifestants,8604828.php
(2) https://www.huffingtonpost.fr/entry/roxana-maracineanu-noel-le-graet-supporters_fr_5df4e940e4b03aed50eee947?utm_hp_ref=fr-homepage
(3) https://www.marianne.net/societe/livres-francois-hollande-universite-lille-2-librairie-meura
(4) https://www.liberation.fr/checknews/2019/10/27/pma-pourquoi-la-conference-de-sylviane-agacinski-a-t-elle-ete-annulee-a-l-universite-de-bordeaux_1759987
(5) https://www.lepoint.fr/culture/eschyle-censure-a-la-sorbonne-27-03-2019-2304080_3.php
(6) Gérard Biard, "Le progressisme en rangers", Charlie Hebdo, 27.11.2019.
(6) https://www.lefigaro.fr/vox/societe/jacques-julliard-contre-la-guerre-civile-20191201
A lire aussi: "Cette haine qui monte", Serge Raffy:
https://www.nouvelobs.com/chroniques/20191113.OBS21033/france-ecoute-cette-haine-qui-monte.html

jeudi 12 décembre 2019

Ces mollahs malades

Les barbus iraniens détestent les femmes. En ont-ils si peur?
En août dernier, Saba Kordafshari, 20 ans, a été condamnée à une peine de vingt-quatre ans de prison et à la privation de ses droits civiques. Son crime: avoir participé à une manifestation contre le voile à Téhéran. Elle est ainsi condamnée pour "incitation à la corruption et à la prostitution" (quinze ans), pour "rassemblement en vue de commettre des crimes contre la sécurité nationale" (sept ans et demi) et pour "propagande antirégime" (un an et demi). Avant d'être arrêtée, elle avait diffusé, comme beaucoup d'autres femmes, des photos d'elle dans cette manifestation. 
D'autres femmes ont été condamnées pour avoir distribué, dans une rame de métro exclusivement réservée aux femmes, des roses blanches aux passagères à l'occasion de la Journée internationale des femmes. L'une d'elles, l'actrice Yasaman Aryani, a été condamnée pour cet acte à seize ans de prison (1). 
La sévérité des sentences pour des faits qui, dans tout pays démocratique et un peu sensé, ne sont que normaux, voire sympathiques, a surpris les femmes. "Sauf celles, écrit le site d'information Raseef22 (2), qui savaient que l'ultraconservateur Ebrahim Raïssi, surnommé l'Homme des exécutions, avait été nommé à la tête de l'institution (le Tribunal révolutionnaire islamique). Vingt-quatre ans de prison, cela paraît une vie entière, mais cela ne représente pas grand-chose pour celui qui, en 1988, a fait exécuter des milliers de personnes sans le moindre procès". 

On craint le pire, à nouveau, en Iran. Alors que la colère gronde dans les rues face au coût de la vie et à la corruption du régime, divers témoignages indiquent que la répression vise en priorité les femmes accusées par des religieux de "faire leur intéressante". Aujourd'hui, on atteint le sommet de l'ignominie avec cet appel d'un mollah à tuer les protestataires "de la manière la plus douloureuse possible en les pendant en public" ou encore "de leur couper les mains et les pieds pour les relâcher infirmes afin qu'ils servent d'exemples à d'autres, ou alors en les expulsant du pays" (3).
Au nom de quel dieu fou s'exprime ce personnage monstrueux?

On rêve de voir toutes les femmes musulmanes de la planète ôter leur voile, ne serait-ce qu'une journée, pour afficher leur solidarité avec leurs sœurs iraniennes. Là-bas, en Iran, ne pas porter le voile, ne peut être "un choix personnel". Le voile est une arme politique de répression des femmes.

(1) Une pétition d'Amnesty International pour la défendre:
https://www.amnesty.fr/liberte-d-expression/petitions/liberation-immediate-pour-yasaman-aryani
(2)  "Pour un moment de liberté", Raseef22 (Beyrouth), 29.8.2019, in Le Courrier international, 4.12.2019.
(3) https://www.lalibre.be/international/asie/leur-couper-les-mains-et-les-pieds-l-appel-de-l-iran-au-sujet-des-manifestants-5df0c603d8ad58130dd0d602

samedi 7 décembre 2019

Le vide populiste

Que restera-t-il dans cinq ans, dans dix ans, de tous ces mouvements populistes qui ont (ou ont eu) le vent en poupe en ce début de XXIe siècle?

Dans onze mois, on connaîtra le nom du nouveau président des Etats-Unis. Déjà!?, se dit-on, alors qu'on se demande quand l'actuel va enfin commencer à prendre sa fonction à bras-le-corps, à avancer des idées nouvelles, à lancer des projets. Jusqu'à présent, il n'a fait que détruire les avancées précédentes, retirer son pays d'accords internationaux, jouer les caïds, invectiver la terre entière et favoriser ses propres intérêts, sans (vouloir) comprendre grand-chose à la politique.

En Italie, le Mouvement 5 Etoiles, qui avait balayé la vieille classe politique, "a été un raz-de-marée qui, depuis 2013, a investi tout le paysage politique italien, mais sans rien construire", estime le journaliste de L'Espresso Marco Damilano. "Et lorsque le niveau des forces antisystème a baissé, l'eau s'est retirée, ne laissant rien dans son sillage: aucun culture politique, pas de classe dirigeante, pas la moindre réalisation au bilan de son gouvernement" (1).
Matteo Salvini, le fier-à-bras, après avoir fait tomber le gouvernement dont il était le numéro due, a échoué à devenir l'uno. Depuis, il tente de séduire tous azimuts. Il voudrait que la Liga, son parti, rejoigne le Parti populaire européen, qui regroupe les partis démocrates-chrétiens. Il prend ses distances avec l'extrême droite, plaçant la sécurité et la lutte contre l'immigration aux derniers rangs de ses priorités, pour parler plutôt impôts, économie et emploi. Ce qui l'empêche pas de venir soutenir l'extrême droite flamande, le Vlaams Belok (2). En Emilie-Romagne, il essaie de se faire passer pour un communiste. "C'est le plus transformiste des hommes politiques italiens, estime Marco Damilano. Il est passé du séparatisme au souverainisme, et, désormais, il lui est très facile de s'ériger en héritier du centrisme modéré et d'une certaine anthropologie conservatrice qui trouve aussi un écho auprès de l'électorat post-communiste des régions rouges. Finalement, Salvini, s'il réussit, aura créé le parti de la nation, une créature politique inédite et inquiétante: le transformisme autoritaire" (1).

Boris Johnson, le roi de l'esbrouffe, refuse les interviews à une semaine des élections britanniques. Et pourtant, l'homme est un inlassable péroreur, qui s'exprime tant et plus, souvent à tort et à travers. Il avait promis qu'avec lui, c'était sûr et certain, le Brexit serait une réalité le 31 octobre dernier. Sa carrière, écrivait il y a six mois le Foreign Policy, "n'est fondamentalement rien de plus qu'une escroquerie: une interminable quête de popularité de la part d'un homme qui n'a cessé de démontrer son incapacité à l'utiliser de quelque façon utile". Stephen Paduano constate l'indéniable sens du spectacle de BoJo, mais estime que sa popularité est "inversement proportionnelle à ses réussites professionnelles. Car après vingt ans aux affaires, le bilan de Johnson est particulièrement maigre". Député, il a toujours été peu assidu au parlement. Le journaliste salue cependant des avancées quand il fut maire de Londres. Mais "durant ses deux années à la tête du Minsitère des Affaires étrangères, de 2016 à 2018, il n'a guère fait que semer la pagaille, dans le pays avec ses complots contre la Première ministre et à l'étranger avec ses bourdes incessantes". Aujourd'hui, Boris Johnson est en tête des sondages en Grande-Bretagne.

Au bout du compte, le dindon de ces mauvaises farces, c'est ce bon peuple au nom duquel ces partis qui ne veulent parfois pas l'être et ces (ir)responsables parlent (trop) fort et font semblant d'agir. Mais comment peut-on être si naïf et croire ainsi aux haineux et aux dégagistes sans nuances?

Le non-verbal, on le sait, en dit souvent plus que le verbal. Retrouvez les populistes à leur attitude sur cette photo de l'AFP, prise au sommet de l'Otan. La position "manspreading" (jambes écartées) de Trump, Johnson, Erdogan et l'un ou l'autre encore donnent d'eux une image d'ado qui veut avoir l'air d'un mec, un vrai. Et qui a juste l'air grossier.



(1) "La métamorphose de Salvini", L'Espresso, 1.11.2019, in Le Courrier international, 14.11.2019.
(2) Contraction de Belang (nom actuel) et de Blok (ancien nom)
https://www.lalibre.be/belgique/politique-belge/des-militants-s-opposent-a-un-meeting-de-haine-organise-par-le-vlaams-belang-avec-pour-invite-salvini-5de572b8f20d5a0c46f34e79
(3) Stephen Paduano, "Boris Johnson ne fait plus rire", Foreign Policy  (Washington), 31.5.2019, in Le Courrier international, 13.6.2019.

jeudi 5 décembre 2019

Sonner la retraite

Je ne connais pas dans le détail la réforme des retraites proposée par le gouvernement français (il est vrai que le projet reste assez flou) et de toute manière je ne suis pas concerné (puisqu'ayant effectué toute ma carrière professionnelle en Belgique). Et je ne voudrais pas apparaître ici comme le râleur qui râle contre les râleurs (bien que je puisse assumer). Mais bon... au point où on en est, en France, qui ne râle pas n'existe pas. Donc, je m'exprime.
Une bonne partie de la France est en grève aujourd'hui, et peut-être pour un moment, contre la réforme des retraites (et non "contre les retraites" comme le titrait le HuffingtonPost: "Suivez la journée de mobilisation contre les retraites", publié ce jour à 12h30 et à 13h30 encore).

Le gouvernement semble avoir largement consulté sur cette question (1), sans doute pas assez, mais on peut aisément comprendre, à entendre les manifestants fâchés, que peu de gens ont fait entendre leur voix dans le cadre de l'appel à opinions, mais qu'ils sont beaucoup plus nombreux à s'exprimer aujourd'hui dans la rue pour dire leur opposition. A quoi? A un changement d'un sytème d'une complexité extrême? Le gouvernement voudrait un système plus équitable. Que chaque euro épargné rapporte la même chose à chacun. Ce qui est loin, très loin, d'être le cas actuellement.
Le système par points m'apparaît - mais peut-être suis-je naïf - plus équitable, plus honnête. Certains défendent le système dont ils bénéficient actuellement qui veut que leur pension de retraite vaille x % de leur dernier salaire. Ce qui favorise ceux qui ont eu de la chance ou qui ont eu une carrière qu'on appelle plane.
Ceux qui, comme moi, ont changé d'employeur très souvent sont retombés au niveau le plus bas chaque fois qu'ils ont retrouvé un emploi. Et se retrouvent ainsi avec une retraite peu éleveée. Or, c'est ce qu'on nous annonce: les salariés d'aujourd'hui et plus encore de demain doivent s'attendre à changer très fréquemment d'employeur. Quelqu'un qui perd son emploi à cinquante ans, par exemple, et a la chance de retrouver un emploi n'a aucune ancienneté quand il est réengagé (s'il a cette chance-là). Et donc, si sa retraite est calculée sur son dernier salaire, elle sera peu élevée. Injuste donc par rapport à quelqu'un qui n'a pas travailé plus ou moins, mais qui a toujours été employé par la même entreprise.
Des agriculteurs se disent favorables à la réforme prévue par le gouvernement: ils verront leur retraite augmenter. Mais qui s'en préoccupe?

L'économiste Thomas Guénolé, (qui se présente comme "intellectuel altermondialiste et engagé à gauche", proche de la France dite insoumise) qualifie les grévistes d'aujourd'hui de "héros" (2). On a les héros comme peut. Et les populistes aussi. Allez savoir pourquoi, je n'arrive plus à prendre au sérieux les intellectuels altermondialistes enragés à gauche. 

On rêve de voir les citoyens se mobiliser autant pour le climat que pour leur retraite. Mais sans doute ne faut-il pas rêver. L'homme prend beaucoup de plaisir à se reproduire, mais se soucie plus de sa retraite que de sa descendance.

A lire:
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/12/03/le-vrai-du-faux-des-regimes-speciaux-de-retraite_6021530_4355770.html

(1) https://www.reforme-retraite.gouv.fr/participez/la-participation-citoyenne-2019/article/methode-et-calendrier


mercredi 4 décembre 2019

Nous si lourds

Hier, des représentants de six départements de la Région Centre - Val de Loire se sont concertés pour réinstaurer une limitation à 90 km/h (plutôt que 80) sur divers tronçons routiers (1).
Des entreprises du BTP bloquaient ces derniers jours des raffineries pour protester contre la suppression des avantages fiscaux dont ils bénéficiaient sur le carburant utilisé pour leurs engins.
Il y a quelques jours, c'étaient les chauffeurs routiers qui manifestaient à la frontière belge contre la hausse du carburant.
Les producteurs français de champagne et de roquefort s'inquiètent de voir les Etats-Unis augmenter les taxes sur les exportations françaises. Ils veulent continuer à faire voyager au-delà des mers leurs productions. Il en va de leur survie, affirment-ils.

Au même moment s'est ouverte à Madrid la COP 25. Mais qui s'y intéresse? Le principal souci de chacun semble être de pouvoir continuer à produire, exporter et consommer comme avant. Ne changeons rien. Les premières journées de gel qui suivent un automne pluvieux nous font joyeusement oublier les épisodes caniculaires et la longue période de sécheresse. Qui vont cependant se reproduire à un rythme accéléré.
Les études sur les conséquences du dérèglement climatique et de l'effondrement de la biodiversité se succèdent, chacune plus alarmiste que les précédentes. Un article de juin 2018 de la revue Nature Geoscience envisage la possibilité d'une élévation de six mètres du niveau des océans à la fin du siècle. La situation dramatique que vivent les habitants du Var aujourd'hui n'est rien encore par rapport à ce qui se passera dans les années à venir. 375 millions d'habitants à travers la planète verraient leur maison irrémédiablement disparaître sous les eaux. A la même période, la hausse des températures pourrait être de 5°C. La planète serait en état de sécheresse permanente. Invivable donc.
Le processus est enclenché et sera, chaque jour, un peu plus difficile à maîtriser. Aux Etats-Unis, en 2045, plus de 300.000 logements auront sombré dans la mer. D'ici 2100, près de 1.000 milliards de biens immobiliers y auront disparu sous eau (2).
On n'entend plus guère les paons climatosceptiques qui péroraient il y a quelques années encore. L'évolution du climat les a ridiculisés. Mais nous sommes nombreux à nous comporter en climatosceptiques silencieux: nous donnons priorité à notre confort, préférant ignorer les études scientifiques et feignant de croire qu'on trouvera une solution. Par contre, nous nous mobilisons rapidement dès que notre mode de vie semble remis, ne serait-ce que très légèrement, en question.
"La décarbonisation de nos économies ne sera pas une tâche facile, mais elle est nécessaire, écrit Rachel Riederer (2). Ce sera dur, mais pas aussi dur que la série de désastres qui s'abattront sur nous si nous ne faisons rien. (...) Il ne s'agit alors pas de renoncer à une Terre habitable, mais à un siècle de règne de l'automobile et de déforestation sauvage, à des années de consommation illimitée de viande et de voyages bon marché, et enfin à une croissance économique massive comme fondement de notre système. (...) Choisir l'inaction, c'est renoncer à la raison".

Nous sommes prompts à dénoncer la soumission des élus politiques aux lobbies économiques. Mais, bouffis de contradictions comme nous le sommes, nous soutenons ardemment ces derniers en nous opposant à toute mesure qui entend réduire la circulation routière et ses vitesses.
Aux Pays-Bas, face à la colère des agriculteurs obligés de réduire leurs émissions d'azote, le gouvernement a décidé de faire participer aussi les automobilistes aux efforts de lutte contre les émissions de CO2. Dès 2020, la vitesse sur autoroute en journée sera limitée à 100 km/h plutôt que 130 (3). On n'ose imaginer les réactions de colère noire (ou jaune) que susciterait une telle mesure en Belgique, en France ou en Allemagne.

(1) France 3 Centre - Val de Loire, Journal, 3.12.2019, 19h.
(2) Rachel Riederer, "La fin du monde approche... Et c'est une bonne nouvelle", Le Courrier international, .11.2019.
(3) https://www.lefigaro.fr/flash-eco/les-pays-bas-abaissent-la-vitesse-maximale-a-100-km/h-sur-autoroute-20191113

lundi 2 décembre 2019

Moments de dévoilement

Parlons, une fois encore, de ce fichu voile. Pour répondre à cette gauche qui se veut bien-pensante en se rangeant aux côtés des islamistes pour défendre leur drapeau. C'est le choix des femmes de le porter, disent-ils, il faut le respecter, c'est une décision personnelle.

Chez nous, en France, en Belgique et dans d'autres pays européens, une bonne partie de la gauche, qui ne sait plus où trouver des voix, est prête à tout pour en gagner. Y compris à se déjuger en manifestant contre une prétendue islamophobie en compagnie de salafistes. Et en défendant le voile au nom du choix personnel de chacune. En 2010, Jean-Luc Mélenchon affirmait que les femmes voilées se stigmatisaient toutes seules et il récusait le terme d'islamophobie. En 2018 encore, il estimait que la religion devient de plus en plus ostentatoire dans nos sociétés. Mais le MélenChe d'aujourd'hui n'a pas hésité à participer, il y a quelques semaines, à une manif où la foule scandait Allah Akbar et huait les noms de Mohamed Sifaoui ou de Zineb El Rhazoui parce qu'ils ont l'outrecuidance de dénoncer l'islamisme, ce pourquoi ils vivent, l'un et l'autre, sous protection policière.
Il y a bientôt cinq ans, Mélenchon, à l'enterrement de son ami Charb, lâchement assassiné au nom du Prophète, dénonçait son exécution par "les fanatiques religieux, crétins sanglants qui vocifèrent de tous temps". Aujourd'hui, MélenChe s'est dévoilé: il n'est qu'un traitre qui marche sur le cadavre de celui qui fut son ami, un vulgaire politicien en quête de voix, communautaires en l'occurrence. Comme le dénonce Nathalie Bianco dans une lettre vibrante (1). Lui et tous ceux qui essaient (notamment de manière très paternaliste, comme le fait Edwy Plenel) de protéger contre ses dérives violentes l'Islam de France et de l'absoudre de son manque d'auto-critique ouvrent un boulevard à l'extrême droite, trop contente de les voir flirter avec les islamistes et de pouvoir se présenter ainsi comme le seul rempart contre cette violence indéniable.

"Le voile, un choix personnel. Vraiment?", interroge Dalal Al-Bizri (2) qui rappelle qu'il n'y a pas si longtemps "les cheveux au vent (...) avaient été un symbole de la liberté nationale" en Iran. Et qu'aujourd'hui, là et ailleurs, de plus en plus de femmes paient cher, très cher, leur refus de porter le voile. La journaliste rappelle aussi que Daech tuait toute femme ne portant pas de niqab noir. "Vous comprendrez, dit-elle, que le port du voile ne relève en rien d'une décision personnelle."
Dans le contexte actuel qui voit le voile imposé aux femmes par la pression religieuse et familiale, "le fait de l'ôter ne relève pas seulement d'un choix personnel, mais aussi d'une démarche qui est tout ce qu'il y a de plus politique. Ceux qui prennent de grands airs pour dire que le voile relève uniquement du choix personnel de chacune, ceux-là nous empêchent de comprendre cette nouvelle période. Ils nous empêchent de voir que, à l'époque des accessions à l'indépendance, le monde arabe portait un regard bien différent sur le voile".

La jeune journaliste Zineb El Rhazoui se souvient qu'au Maroc, où elle vivait alors, elle a assité à ce moment de basculement où, alors que le voile était très peu porté, elle l'a vu se répandre, comme en Algérie. "Le voilement des femmes est l'indice premier qui nous renseigne sur le taux de pénétration de l'idélogie islamiste dans une société. C'est le marqueur visuel d'une adhésion ou pas à cette idéologie. C'est à ça qu'il sert dans les pays où l'islamisme progresse. Quel choc pour moi de voir que ce débat se pose aujourd'hui en France et qu'il est accueilli avec beaucoup d'inculture, de mauvaise foi..." (3)

Le voile, un choix personnel pour les Iraniennes? Face à la contestation qui s'exprime dans les rues  ces dernières semaines, les barbus au pouvoir en Iran ont décidé de cibler les femmes, renforçant l'application des règles sur l'obligation de porter le voile (4). Les effectifs de la brigade des mœurs ont été renforcés, les chauffeurs de taxi ne peuvent embarquer des femmes non habillées selon la norme et les citoyens tout comme la compagnie de métro de Téhéran sont invités à signaler les femmes dont la tenue n'est pas conforme à la volonté des ayatollahs. Les femmes incorrectes sont punies d'amendes, de coups de fouet ou d'emprisonnement. Rien qu'à Téhéran, ces derniers temps, 300.000  femmes ont été convoquées à la police. Même les dénonciations de maltraitance de femmes sont interdites. Le président du tribunal révolutionnaire (sic) de Téhéran menace de dix ans de prison celles et ceux qui postent sur les réseaux sociaux des photos de femmes maltraitées. Reste que les femmes iraniennes résistent et que le gouvernement iranien n'est toujours pas parvenu, en quarante ans, à imposer ses règles sur le port du hidjab. C'est, pour nombre d'entre elles, un choix personnel de ne pas porter ce vêtement qui doit les rendre honteuses d'être femmes.

L'Egyptienne Mennah Bareh, en décidant de s'en passer, a vécu "un des plus beaux moments" de sa vie. (5)  "Je n'avais vraiment jamais ressenti un tel bonheur. Je me sentais vraiment en phase avec mon apparence physique, j'avais retrouvé confiance en moi, je pouvais à nouveau porter les vêtements que je voulais, me coiffer selon mes envies du jour". Elle fustige ceux qui contrôlent la manière dont les femmes s'habillent: "ceux qui expliquent que l'apparence n'a pas d'importance et que la seule chose qui compte est la personnalité, ceux-là vous mentent. (...) Eux-mêmes ne cessent de se préoccuper de la manière dont une femme doit se présenter devant autrui, puisque ce sont eux qui lui imposent un fichu sur la tête". Le voile, lui rétorque-t-on, protège les femmes des regards des hommes. "Le voile n'y change rien, constate-t-elle, et, surtout, ce n'est pas mon problème si un homme perd ses moyens à la vue d'une chevelure. Qu'il aille se faire soigner et régler ses frustrations, loin de moi."

(1) https://www.marianne.net/debattons/tribunes/lettre-ouverte-melenchon-dimanche-le-souvenir-de-ton-ami-charb-t-t-il-glace-le
https://www.marianne.net/debattons/editos/marche-contre-islamophobie-melenchon-trahit-charb
(2) Dalal Al-Bizri, "Monde musulman. Le voile, un choix personnel. Vraiment?", Al-Araby Al-Jadid (Londres), 10.10.2019, in Le Courrier international, 14.11.2019.
(3) https://www.lefigaro.fr/vox/societe/elisabeth-badinter-zineb-el-rhazoui-les-insoumises-20191129
(4) "En Iran, elles résistent malgré la répression", Radio Farda (Prague), 31.7.2019,  in Le Courrier international, 14.11.2019.
(5) Mennah Bareh, "Un des plus beaux moments de ma vie", Raseef22 (Beyrouth), 16.9.2019,  in Le Courrier international, 14.11.2019.