lundi 16 août 2010

Vive la pertinence, surtout quand elle est impertinente

C'est un rendez-vous quotidien et salutaire, de ces chroniques qu'on ne veut pas rater, parce qu'elles visent juste et haut, parce qu'elles parlent à notre intelligence, parce qu'elles sont pertinentes autant qu'impertinentes.
Ce sont les chroniques de Paul Hermant sur la Première chaîne radio de la RTBF, chaque matin du lundi au vendredi, vers 7h20.
Elles nous sont destinées, à nous, "auditeurs post-modernes", nous amènent à prendre du recul tout autant que de la hauteur. Paul Hermant y parle de l'homme, de l'être humain, surtout des laissés pour compte, des sans domicile fixe, sans papier, sans moyens. Mais aussi de ceux qui les ont, les moyens, les papiers, les domiciles. Il connecte deux ou trois faits d'actualité, établit des correspondances auxquelles on ne pensait pas, met le doigt sur les incohérences de nos mondes. On peut les retrouver sur son site: www.lautresite.com
Aujourd'hui, la chronique quotidienne de Paul Hermant est menacée de disparition. Allez comprendre pourquoi. Il y a quelques mois (si je me souviens bien, c'était en pleine "affaire Guillon-Porte" sur France Inter), il s'interrogeait sur l'impertinence. La direction de la radio, semble-t-il, ou des auditeurs, je ne sais plus, regrettai(en)t l'absence d'impertinence sur la Première. Parler chaque matin des oubliés de la société est-ce pertinent ou impertinent? Relever les absurdités ou le cynisme de certaines politiques, est-ce plus ou moins impertinent que de comparer une femme politique à un pot à tabac?
Ce qui est clair, c'est que supprimer les chroniques de Paul Hermant n'est pas du tout pertinent. C'est juste petit et triste.
Pour faire savoir à la direction de la radio que nous voulons continuer à entendre cette voix dissonante, une pétition a été lancée:
http://www.lapetition.be/en-ligne/oui-aux-chroniques-de-paul-hermant-sur-la-rtbf--7812.html

2 commentaires:

  1. (Actualisation de la)
    Lettre ouverte aux membres du Conseil D’administration de
    la RTBF Radio

    A l’heure où nous écrivons ces lignes, environ 1500 personnes ont signé
    la pétition que nous, auditeurs des radios de la RTBF, avons rédigée quand,
    au cœur de l’été, la suppression des chroniques de Paul Hermant sur
    Matin Première a été suggérée dans les pages de ce journal
    (voir le Soir du 10 juillet 2010).

    Aucun démenti ni rectification n’étant venu amender les
    propos prêtés au directeur des radios de la RTBF, Françis Goffin, il nous a
    bien fallu, à nous auditeurs fidèles de cette chronique quotidienne de 7h17,
    nous rendre à l’évidence que l’on avait profité de la période estivale pour
    faire quelques coupes sombres supplémentaires dans le service public. Lorsque,
    effectuant une sorte de courbe rentrante, la hiérarchie de la RTBF signala, par
    voie de presse, que cette chronique serait désormais reconduite de façon
    hebdomadaire, nous avons pris contact avec l’intéressé qui nous fit savoir que
    cette proposition était non avenue depuis belle lurette sans que cela empêche
    apparemment les services de la Maison Reyers de s’entêter à répandre cette non-nouvelle.
    Nous avons compris alors que la gestion même
    de la communication dans le service public s’apparentait à une guerre.

    Nous avons peur. Nous avons peur que l’on détruise
    aujourd’hui ce que d’autres ont pris 84 années de patient labeur à construire.
    Bien au-delà du cas de Paul Hermant (et de celui de Pascal Claude, par
    ailleurs, starifié une année et jeté aux orties l’année d’après), c’est bien le
    projet même du service public qui nous interpelle, tant il nous semble obscur,
    rendu aux faits de princes, mis au niveau de n’importe quelle sorte
    d’entreprise privée délocalisant ou licenciant sans égard pour le travail
    accompli, la qualité de ses produits et la compétence de son personnel. De
    toutes les décisions prises ces quelques dernières années, nous déduisons un souci
    de mimétisme avec les radios concurrentes et plus rentables en terme de parts
    de marché. Nous disons, nous, que l’on n’est jamais tant public que lorsque
    l’on est singulier. Cette singularité qui faisait la marque de cette belle
    radio publique (devons-nous ici rappeler des noms, de Armand Bachelier à Marc
    Moulin en passant par Soda ou Jules Metz ?) est en train de s’effacer dans des
    moments où, comme jamais, nous n’avons eu autant besoin d’une pertinence
    impertinente qui nous permette de jouer encore un tant soit peu notre rôle de
    citoyens ? Aussi bien, les initiateurs de cette pétition annoncent-ils que,
    quoi qu’il advienne du sort de leur chroniqueur favori, ils continueront à
    appeler à la signer tant et plus. Elle deviendra le symbole d’une proposition à
    inventer : « les Etats Généraux » des auditeurs du service public.

    Pour les initiateurs de la pétition,

    Dany Masson (Kinshasa)

    La pétition, telle qu'elle a été rédigée à l'annonce de la suppression des chroniques :
    http://7812.lapetition.be/

    Le groupe de soutien sur Facebook (public)
    http://www.facebook.com/group.php?gid=137702369591627&ref=mf

    A lire et à écouter :
    http://www.demandezleprogramme.be/Paul-Hermant-le-chroniqueur-engage?rtr=y

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  2. L'impertinence est du côté de ceux qui se taisent...

    Entièrement d'accord avec votre texte.

    Denis


    http://edern.be/wordpress/chroniques-d%e2%80%99ete-un-ringard-remueur-de-choses/

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