Dans son roman "Le Village de l'Allemand - ou le journal des frères Schiller" publié en 2008 (1), Boualem Sansal fait débarquer un de ses personnages principaux, Malrich qui vit en région parisienne, à l'aéroport d'Alger. Là, comme d'autres voyageurs, il est maintenu à l'écart, interrogé, puis enfin laissé libre d'aller où il veut. Mais d'autres n'ont pas cette chance, embarqués dans un camion, vers une destination inconnue. "Longtemps, je me suis demandé ce qu'étaient devenus ceux de l'autre groupe. Je refusais de penser qu'ils les avaient torturés, tués, déportés ou quoi d'autre. Je préfère croire qu'ils les ont simplement jetés en prison et que les parents ne seront pas inquiétés."
"Vous qui gouvernez la France, dit-il encore, comment pouvez-vous supporter une situation aussi insultante, une telle atteinte aux droits d’un citoyen français, qui est par ailleurs une des grandes voix de notre littérature ? Votre inertie est inacceptable, comme est inacceptable l’instrumentalisation du cas de Boualem Sansal par des politiciens de tous bords (...). Un seul mot d’ordre doit prévaloir, en dehors de toute considération partisane : il faut libérer Boualem Sansal."
Il a compris que l'islamisme et le nazisme c'était du pareil au même. Il a voulu voir ce qui nous attendait si on laissait faire comme on a laissé faire en Allemagne, à Kaboul et en Algérie où les charniers islamistes ne se comptent plus. Au bout du compte, ça lui a fait tellement peur qu'il s'est suicidé. Il pensait qu'il était trop tard, il se sentait responsable, il disait que notre silence était de la complicité, il disait que nous sommes dans le piège et qu'à force de nous taire en faisant semblant de discutailler intelligemment, nous finirons par devenir des kapos, sans nous en rendre compte, sans voir que les autres, autour de nous, le sont déjà.
Boualem Sansal, "Le Village de l'Allemand - ou le journal des frères Schiller".
(1) nrf - Gallimard.
(2) https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/02/02/boualem-sansal-prisonnier-pour-delit-d-opinion-reste-enferme-au-mepris-des-droits-de-la-defense-et-des-regles-internationales_6527783_3232.html
A lire : https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/11/29/smain-laacher-sociologue-des-deux-cotes-de-la-mediterranee-boualem-sansal-et-kamel-daoud-sont-consideres-comme-des-traitres_6420829_3232.html
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