Heureusement, oui heureusement qu'il existe encore des hommes politiques comme lui, qui ont le sens du sacrifice, qui choisisse le bien commun avant leur vie privée. Le marquis de Motte est maintenant ministre-président de la Communauté française (qu'on-ne-peut-plus-appeler-comme-cela-quoi-qu'en- dise-la-Constitution), mais sans attribution, sans compétence. Bref, un titre un peu ronflant, mais un portefeuille vide. N'aurait-il pas préféré s'occuper vraiment de la ville dont il est bourgmestre empêché de titre (1)? C'est mal le connaître. "Après quinze années de vie ministérielle, dit-il, j'aurais sans doute pu trouver une vie familiale un peu plus confortable. Mais l'intérêt de Tournai comme de la Wallonie picarde, c'est de conserver ses relais..." (2) Il y croit profondément: "j'ai cherché l'intérêt politique. Pas l'intérêt personnel: il aurait été beaucoup plus simple et confortable, pour moi et ma famille, d'être juste député-bourgmestre de Tournai. " On apprécie le "juste député-bourgmestre", une double fonction à la portée du premier benêt et qui serait en effet indigne de l'empereur de Rudiland.
"Dans les heures difficiles que nous vivons, dit-il encore, avec la montée du nationalisme en Flandre, c'est le moment de rester sur le pont. Et pas dans un transat sur la plage." (2) Faut-il comprendre que son siège de bourgmestre serait comparable à un transat à Tournai-les-Bains, que l'occuper demanderait la même énergie?
Le marquis préfère donc être "ministre des pots de fleurs" (3), ce qui l'empêche - officiellement - d'exercer la fonction de bourgmestre. Dans les faits, il en va tout autrement. Il est au four et au moulin. Il y a les règles d'un côté et leur application de l'autre. Elles sont faites pour d'autres que lui. Lesquels? Pas son collègue de la Région wallonne Paul Magnette qui, tout ministre-président qu'il est, entend bien rester maïeur de Charleroi. Ni le ministre wallon Maxime Prévot qui reste à la tête de Namur. Ces deux-là avaient juré leurs grands dieux, lors des dernières élections communales, qu'ils se consacreraient totalement à leur mandat de bourgmestre. Mais les sirènes ministérielles les ont alpagués. A leur corps défendant.
Rudy Ier a de grandes ambitions pour sa ville: "ma toute grande priorité, c'est la gestion du quotidien", affirme-t-il (2). On voit par là qu'on n'a pas affaire à un visionnaire. Mais on lui pardonne: il est ministre-président, un relais. On ne peut être au four et au moulin.
Voilà pourqwé nos s'tons fîrs d'iess wallon.
(1) ou quelque chose d'approchant... On se perd entre le titre officiel et ce qu'il faut dire, ce qu'on ne peut pas dire, ce qui est politiquement plus correct. C'est compliqué.
(2) L'Avenir, 30 août 2014.
(3) l'expression est de Jean-Luc Crucke (Sudpresse, 23 juillet 2014).
(Re)lire sur ce blog: "Abonnés à Cumul+", 28 octobre 2011.