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dimanche 8 septembre 2024

L'erreur de Dieu

Dieu n'aurait-il pas fait une lourde erreur lors de la création ? On se le demande en voyant l'attitude de tant de régimes théocratiques vis-à-vis des femmes. Il n'est pas que les talibans qui les haïssent et veulent les cacher. Eux, c'est totalement : ils veulent les invisibiliser. Mais le régime iranien n'est pas en reste. Pas plus que l'Algérie, le Maroc, le Pakistan, le Yemen, l'Egypte, l'Arabie saoudite et tant d'autres pays où les gouvernements ont mis Dieu au pouvoir pour pouvoir mieux asservir les femmes.
En Iran récemment, une femme a reçu dans la moelle épinière une balle tirée par un policier. Elle avait eu l'outrecuidance de conduire sa voiture sans voile. "C'est bien le signe que le régime n'a aucune intention de lâcher sur la question du voile, affirme Shirin Ebadi (ancienne juge, exilée en Grande-Bretagne, Prix Nobel de la Paix), parce qu'il est très clair que le voile est désormais devenu la bannière du combat contre le système en place." (2)
La dessinatrice marocaine Zainab Fasiki défend les droits des femmes et la laïcité. "Quand on est une fille, il faut toujours penser à l'honneur de la famille. J'avais la rage, alors j'ai commencé à publier des dessins de femmes nues sur les réseaux sociaux. Ça a suscité énormément de réactions. Je voulais montrer que le corps féminin n'est pas libre. Mais pourquoi associer forcément le corps des femmes à la sexualité ? Je voulais montrer que le corps féminin peut être un objet artistique, et pas seulement un objet sexuel." Zainab Fasiki a publié une bande dessinée sur le corps et la sexualité (3) et créé une plateforme pour permettre aux jeunes d'accéder à l'éducation sexuelle. Elle est censurée en Egypte, sait qu'elle pourrait être arrêtée en Algérie et est menacée de mort par les islamistes au Maroc.
"Ici, ce n'est pas un endroit pour toi, c'est un couloir d'épines que de vivre pour une femme dans ce pays", dit Aube, la narratrice de "Houris", (5) au fœtus qu'elle porte. Plus loin, elle lui dit encore : "Une femme ne voyage pas seule en Algérie, encore moins un jour de Sacrifice. Il y a des choses que tu ne pourras jamais faire si tu viens dans ce monde. Par exemple, déambuler seule sous l'averse, t'asseoir seule sur un banc face à une montagne qui refuse de te parler, dans un jardin public. Ou bien t'habiller selon tes envies, rire dans la rue, ou encore remercier un inconnu qui te collera dans le dos en croyant que tu es une prostituée, car tu a été gentille comme une plante d'intérieur. (...) Il y a des choses que Dieu nous interdit : (...) hériter d'une part égale à celle de l'homme, s'épiler pendant le mois du jeûne, montrer ses bras nus ou encore élever la voix, chanter dans la rue, fumer des cigarettes, boire du vin, répondre aux coups de pied". 

Selon certains islamistes, une femme qui ose montrer ses bras nus ou ses cheveux serait possédée par le diable. C'est donc que Dieu a fait une erreur. Il aurait dû faire naître la femme toute habillée et sans cheveux. S'il n'avait pas voulu que les hommes voient le corps des femmes il l'aurait d'emblée couvert.
Mais peut-être tous ces barbus qui obligent les femmes à se voiler la tête ou même l'ensemble du corps ne sont-ils que des blasphémateurs qui insultent la création divine. Et, après tout, si on va au bout d'une logique qu'ils n'ont pas mais exercent cependant : Dieu n'aurait pas dû créer les femmes. Laisser entre eux ces hommes que révulse le corps d'une femme et qu'ils sont prêts à violenter s'ils le voient. 

(1) (Re)lire sur ce blog "Terre des hommes", 31.8.2024.
(2) "En Iran, les violence et la répression contre les femmes sont plus féroces que jamais", Charlie Hebdo, 21.8.2024.
(3) Zainab Fasiki, "Hshouma. Corps et sexualité au Maroc", Massot Editions.
(4) "Pourquoi associer forcément le corps des femmes à la sexualité ?", Charlie Hebdo, 4.9.2024.
(5) Kamel Daoud, "Houris", Gallimard, 2024.

Charlie Hebdo vient de publier un hors-série : "Iran - Les femmes ne lâchent rien".

(Re)lire sur ce blog : https://moeursethumeurs.blogspot.com/2013/07/la-femme-nest-pas-un-homme-comme-les.html

vendredi 22 mars 2024

Sainte haine des femmes

"Préserver les principes religieux et sauvegarder les normes et les valeurs culturelles”, voilà comment un député gambien a défendu un projet de loi visant à lever l’interdiction des mutilations génitales féminines (MGF) en vigueur dans le pays depuis 2015. Et très peu respectée. L’interdiction de l’excision est, selon ce député, une violation directe du droit des citoyens à pratiquer leur culture et leur religion. Exciser les femmes serait donc un droit. Imposé par une religion patriarcale. 

Le parlement gambien compte cinquante-huit députés et quarante-deux parmi ceux qui étaient présents ont voté en faveur de ce texte préhistorique. Seuls quatre députés ont voté contre. Le projet de loi est renvoyé devant une commission parlementaire qui doit effectuer un dernier examen avant un vote final dans trois mois. Selon la BBC, "les militants et défenseurs des droits de l’Homme dénoncent un “dangereux précédent” pour les droits des femmes en Gambie, pays à majorité musulmane et appellent à une mobilisation générale aussi bien à Banjul qu’à l’étranger". A contrario, "plusieurs militants pro-MGF se sont fortement mobilisés dans la capitale pour apporter leur soutien à ce texte". Ainsi donc, on peut militer pour pouvoir mutiler les femmes. Ce genre de rassemblement n’est pas une première en Gambie "où une personne qui est le parent d’un enfant mineur et qui s’oppose à ce que celui-ci subisse une MGF peut faire face à de la discrimination sociétale et à de l’ostracisme parce qu’il va à l’encontre des traditions culturelles ou familiales”, écrivait en 2016 le Home Office du Royaume-Uni. Si cet infâme projet de loi devait aboutir, la Gambie deviendrait le premier pays au monde à supprimer les protections contre les mutilations génitales féminines.

“Les autorités ne doivent pas se concentrer sur l’obligation religieuse et ignorer le mal et la douleur liés aux MGF”, affirme Jaha Dukureh, fondatrice de Safe Hands for Girls. “Nous refusons d’être réduites au silence. Nous refusons de rester les bras croisés pendant que les corps de nos filles sont mutilés, leurs futurs violés et leurs rêves brisés.” D'autres craignent que la levée de cette interdiction ne soit que la première d'une série d'autres, telle celles qui interdisent le mariage des enfants et les violences domestiques.
"Le corps des filles leur appartient et les mutilations génitales féminines les privent de l'autonomie de leur corps et leur causent des dommages irréversibles", écrit le bureau des droits de l’Homme de l’ONU en Gambie qui a également demandé le retrait du projet de loi.

Les imams qui ont fait pression sur les parlementaires sont en train de gagner. Le premier rôle des religions est visiblement de soumettre les femmes, de les priver de tout plaisir et de les maintenir à la maison sous le contrôle des hommes.
La grande marche arrière à laquelle on assiste un peu partout dans le monde se poursuit en Gambie.
Résumons-nous : les imams haïssent les femmes.

https://fr.africanews.com/2024/03/19/gambie-le-debat-sur-lexcision-renvoyee-devant-une-commission-nationale/

samedi 21 octobre 2023

Avec foi et loi

Les barbares du Hamas qui, il y a deux semaines, ont massacré, torturé, violé, dépecé toute personne qui croisait leur chemin ou même qui se cachait chez elle ne peuvent être qualifiés de sans foi ni loi.
Le jeune fou furieux qui a tué récemment l'enseignant Dominique Bernard dans son lycée d'Arras n'est pas sans foi ni loi. Pas plus que celui qui a tué Samuel Paty il y a trois ans ou que celui qui a tué à Bruxelles des supporters suédois parce que des exemplaires du Coran ont un jour été brulés dans leur pays.
Tous ces islamistes qui tuent celles et ceux qui ne pensent pas ou ne sont pas comme eux ont foi en un dieu ou un prophète dont ils ont fait un être de terreur et de sang et c'est en son nom qu'ils agissent en tueurs.
Leur loi, c'est la charia qui les exonère de toute humanité et leur enjoint de faire disparaître les mécréants.
On ne peut qu'être horrifié par ces crimes et par leurs justifications. Le jeune Mohammed Mogouchkov qui a tué Dominique Bernard et a blessé grièvement deux autres membres du personnel de son ancien lycée s'est dit envoyé en enfer par la démocratie. Dans une courte vidéo enregistrée juste avant son passage à l'acte, il qualifie les Français de « peuple de mécréants ». « Vous m'avez appris ce que sont la démocratie et les droits de l'homme, et vous m'avez poussé vers l'enfer », poursuit-il, avant de prêter allégeance à l'État islamique. En attaquant sauvagement des enseignants, il s'est exclamé : « Qui te donne l'air que tu respires ? Qui est le seul Dieu ? Appelle Marianne, appelle ta République ».
Ces croyants qui rejettent les valeurs qui nous animent se donnent droit de vie et de mort sur les autres. Mais ils ne représentent pas l'islam, déclarent mollement les imams ou autres porte-parole des musulmans qui nous certifient que l'islam est une religion de paix. On n'arrive plus à les croire.

Six jours après le pogrom commis par le Hamas, Le Monde publiait une tribune d'Abdennour Bidar, philosophe spécialiste de l'islam (1). Il a très vite condamné "sans réserve, sans ambiguïté et sans aucune hésitation les massacres et prises d’otages perpétrés par le Hamas", et les dénonce "comme une pure barbarie et sauvagerie absolument injustifiables". Il a exprimé sa "compassion envers tous les Israéliens, toutes les victimes de toutes nationalités, qui sont (s)es sœurs et frères en humanité (...)". Mais, dit-il, "je suis également très alarmé de constater que, du côté musulman, se fasse attendre à ce point une prise de parole à la hauteur de la gravité des faits. Je ne voudrais pas que dure trop longtemps ce silence aussi assourdissant, ou bien que nous n’entendions que des prises de parole désespérément incapables d’échapper à l’ambiguïté ou à la demi-mesure. J’appelle donc les autorités musulmanes de France à réagir enfin". Et il les appelle à "le faire bien, c’est-à-dire de façon décente. Car il est à l’inverse indécent d’entendre, ces derniers jours, des déclarations qui voudraient expliquer ce qui s’est passé en arguant de la situation intolérable faite par Israël aux habitants de la bande de Gaza, ou de tout ce que l’on peut reprocher à l’extrême droite israélienne nationaliste ou ultraorthodoxe. Cela, parfaitement entendable en soi, n’est pas recevable aujourd’hui : il y a un temps pour chaque chose, une éthique du juste moment, et c’est cette temporalité qui doit être respectée. En de pareilles heures, il s’agit de condamner et de compatir, et non pas de relancer un débat ni de prétendre l’élargir, ce qui ne fait que noyer l’horreur dans le relativisme." Abdennour Bidar réclame "une parole claire, forte, responsable et courageuse des représentants de la communauté musulmane de France ! ".
Le philosophe s'insurge aussi "contre ceux qui, en France et de par le monde, voudraient faire de cette barbarie une cause religieuse, en l’occurrence la cause de l’islam. Non ! Non, l’islam ne saurait être légitimement invoqué ici, et personne n’a le droit de se réclamer de l’islam pour commettre ou prétendre fonder en raison l’irrationalité de tels actes. Aucune sacralité n’exonère leurs auteurs du sacrilège qui est le leur, à l’encontre de la personne humaine, de l’humanité, et d’une religion − l’islam − qu’ils prétendent servir alors qu’ils l’assassinent".

Une semaine après, on attend toujours des paroles aussi fortes. On ne les a pas entendues non plus après l'assassinat de Dominique Bernard et celui des supporteurs suédois.
Dans La Libre Belgique (2), Fouad Benyekhlef et Hamid Benichou, militants laïques, demandent aux imams de "procéder à une importante autocritique". Les belles déclarations de principe en faveur de la paix et du rejet de la violence ne coûtent rien. "Si les religieux se sentent obligés de condamner les attentats commis au nom de l’islam, ils sont pourtant moins enclins à ouvrir les yeux sur l’état des lieux actuels. Car s’il est normal de condamner le terrorisme, cette normalité ne semble pas si évidente lorsqu’il s’agit de dénoncer de manière explicite les intolérances et les formes de rejet présentes dans l’islam de Belgique, qui peuvent également conduire à des situations violentes." (...)
"Dans cette ambiance de repli caractérisée par la frustration, le ressentiment et la victimisation, dans ce contexte de guerre israélo-palestinienne marquée par une incapacité de beaucoup à prendre ses distances avec l’islamisme coupable d’atrocités, il existe une double posture prégnante qui ne peut que nous inquiéter, entre les déclarations solennelles de religieux qui semblent se replier eux-mêmes comme dans une forteresse, qui feignent de se positionner comme inclusifs, ouverts et constructifs, mais qui ne cessent de sombrer dans un ultraconservatisme qui les place à l’arrière-garde, et sporadiquement dans la réaction. Les exemples sont nombreux, nous avons pu le constater avec ces positions risibles concernant l'Evras (note : éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle), ou encore avec leur mutisme concernant les actes barbares du Hamas et avec leur communication plate et molle suite au dernier attentat de Bruxelles." Les deux auteurs de cette tribune attendent des imams belges, dont ils dénoncent l'incompétence, des actes forts et une remise en question de certaines pratiques, un engagement clair en faveur de l’État de droit, de la liberté de conscience, du droit au blasphème, de la liberté sexuelle, du respect des minorités. "Les laïques musulmans doivent reprendre en main la question musulmane en Belgique et peindre un tableau en adéquation avec le véritable esprit belge : celui de leur vision d’une société ouverte, sans complaisance vis-à-vis des interprétations violentes ou liberticides. Ils doivent neutraliser les radicaux et instaurer un cordon sanitaire au sein de la communauté musulmane, une mesure que les religieux semblent incapables de mettre en place."

Si une religion n'est pas clairement dans la défense absolue de l'humanité, c'est qu'elle est nuisible.
En attendant, alors qu'on ne voit pas de signes ou si peu d'une prétendue islamophobie, les actes antisémites se multiplient et les juifs se voient obligés de se cacher. 
En attendant, on ne voit pas les foules musulmanes se presser dans les rues, comme elles le font chaque fois qu'est brulée une page du Coran quelque part dans la monde, pour manifester contre les crimes commis au nom de leur dieu.
En attendant, un peu partout, dans tous les camps, on en appelle à la vengeance, à plus de sang encore. Comme si verser le sang pouvait laver le sang. Assez !

Réécoutons Claude Nougaro, comme nous invite à le faire François Morel (3) :

Il serait temps que l'homme arrive
Sans l'ombre avec lui de la peur
Et dans sa bouche la salive
De son appétit de terreur

Assez ! Assez !
Crie le ruisseau dans la prairie,
Crie le granit, crie le cabri
Assez ! Assez !
Crie la petite fille en flammes
Dans son dimanche de napalm (4)

Note : je ne commente pas les propos des élus et des (ir)responsables de La France Insoumise (à la dignité). Je préfère ignorer leurs hurlements. Ces gens n'existent plus.

(1) https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/10/13/le-philosophe-abdennour-bidar-sur-l-attaque-du-hamas-contre-israel-vite-une-parole-claire-et-forte-des-representants-de-la-communaute-musulmane-de-france_6194215_3232.html
(2) https://www.lalibre.be/debats/opinions/2023/10/19/lettre-aux-imams-musulmans-il-est-temps-pour-vous-de-proceder-a-une-importante-autocritique-RQHVZFYDSRBU3MKG54THSHSTHU/
(3) https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-billet-de-francois-morel/le-billet-de-francois-morel-du-vendredi-20-octobre-2023-2305680
(4) https://www.paroles.net/claude-nougaro/paroles-assez
https://www.youtube.com/watch?v=vPsOvdOBon8

dimanche 29 janvier 2023

Sacré Coran

Un "acte barbare et abject", voilà comment est qualifiée par des musulmans la provocation d'un militant suédois d'extrême droite, coutumier du fait, qui a brûlé un exemplaire du Coran devant l'ambassade turque à Stockholm (1). De nombreuses manifestations de protestation l'ont dénoncée. On aurait pu s'attendre à un haussement d'épaules. Ce qui a été brûlé, c'est du papier et il existe des millions d'exemplaires du Coran dans le monde. Ces crétins d'extrême droite ne pourront les supprimer tous. Mais surtout on pourrait espérer semblables réactions pour tous les actes autrement barbares et abjects, attentats meurtriers, exécutions, lapidations, viols commis au nom d'Allah ou de son prophète. Combien de dizaines de milliers de personnes sont mortes à travers le monde, tuées au nom de l'islam, sans qu'on n'assiste à des manifestations de protestation ? Combien de militants de la liberté seront pendus en Iran au nom d'Allah ? La vie est plus sacrée qu'un livre.

Cette affaire lamentable arrange bien le président turc Erdogan, en difficulté dans les sondages à quelques mois des élections. «La Suède ne doit pas s’attendre à un soutien de notre part pour l’Otan. Si vous ne respectez pas les croyances religieuses de la République de Turquie ou des musulmans, vous ne recevrez aucun soutien de notre part», a déclaré celui qui ne respecte ni la liberté de la presse ni les droits humains.

Post-scriptum : et pendant ce temps, la Belgique continue à tenter d''expulser vers la Turquie des Iraniens à qui elle refuse le statut de réfugié (2). Quelle honte !

(1) https://www.liberation.fr/international/europe/coran-brule-a-stockholm-adhesion-suedoise-a-lotan-et-colere-turque-tout-comprendre-a-une-crise-explosive-20230123_26OKVP2OXZFQFLLDNTBZFZ57C4/
(2) https://www.lalibre.be/belgique/politique-belge/2023/01/29/un-des-trois-iraniens-du-centre-ferme-de-steenokkerzeel-expulse-vers-la-turquie-5XCO6JIITRHIBKV2DPWA7JK4RY/

dimanche 22 janvier 2023

Dieu, orphelin de naissance

Quand j'étais enfant, en cours de religion, au catéchisme, on m'a assuré que "Dieu est amour". Très vite, les cours d'histoire se sont opposés à ce (trop) beau principe. Combien de guerres au nom d'un dieu quelconque ? Combien de centaines de millions d'êtres humains molestés, emprisonnés, torturés, violés au nom d'un dieu ou l'autre ?
Pourquoi tous ces représentants de Dieu ont-ils des pratiques diaboliques ? Pourquoi sont-ils si violents ? Pourquoi aujourd'hui tous ces ayatollahs et ces mollahs emprisonnent-ils, violent-ils, massacrent-ils leur propre peuple ? Leur dieu n'est que haine.
Pourquoi tous ces névrosés haïssent-ils les femmes ?
Le régime théocratique iranien n'est qu'une forme de fascisme qui empêche la liberté de pensée et d'expression, qui nie les droits humains et déteste les femmes et fait usage des pires formes de violences contre ses opposants. 

Au début de la prétendue révolution iranienne en 1979, une délégation féministe française, présidée par Simone de Beauvoir, a été se rendre compte de ce qu'était cette révolution qui portait l'espoir de certains intellectuels occidentaux qui se sont brillamment fourvoyés (Sartre et Foucault notamment). Tout à coup, pour eux, la religion n'était plus l'opium, mais l'espoir du peuple.
La journaliste Sylvie Caster faisait partie de cette délégation, elle y était pour Charlie Hebdo. Dans les articles qu'elle a écrits sur cette visite - qui leur a notamment permis de rencontrer durant cinq minutes, à condition de porter un voile sur la tête, un vieux barbu nommé Khomeiny - elle rappelle que la sourate IV, verset 38 du Coran indique que "les hommes sont supérieurs aux femmes à cause des qualités par lesquelles Dieu a élevé ceux-là au-dessus de celles-ci, et parce que les hommes emploient leurs biens pour doter leurs femmes. Les femmes vertueuses sont obéissantes et soumises. Elles conservent soigneusement pendant l'absence de leur mari ce que Dieu a ordonné de conserver intact. Vous réprimanderez celles dont vous aurez à craindre l'inobéissance ; vous les relèguerez dans des lits à part, vous les battrez. Mais aussitôt qu'elles vous obéissent, ne leur cherchez point querelle. Dieu est élevé et grand." Magnifique dieu capable de tant de mansuétude pour la femme obéissante !
Voilà pourquoi "L'Islam est beau", ont entendu un peu partout Sylvie Caster et ses consœurs. "Les femmes islamiques nous chantaient la complémentarité des sexes. Le mérite selon les actions et pas selon le sexe. Et c'était vraiment à croire qu'on n'avait pas lu le même livre. Elles nous agitaient l'Occident pourri. Synonyme des vices. Brandi comme l'épouvantail des fois vertueuses. La polygamie moins laide que les tapins de France. La femme voilée plus libre que l'Occidentale, unique objet sexuel."
"C'était le rigolard dialogue  carmélites - sourdedingues. Car si on employait les mêmes mots (liberté, droits des femmes, objet sexuel), ils n'avaient pas du tout le même sens. Comment dire que devoir se voiler le corps, les cheveux pour arriver à être un peu considérée comme un être humain, c'est n'être rien d'autre que de la bidoche néfaste, tentatrice diabolique. Rien de moins qu'un être humain qui doit se cacher tout entier. Alors que l'Occident, avec ses vulves béantes, sa porno sinistre, ses dragueurs, ses violeurs, sa triste chaire, lui aussi, est notre Occident. Et qu'il ne semble effectivement guère mieux avec sa viande à l'étal." (1)
Depuis lors, une écrivaine comme Chadortt Djavann a montré combien le tchador était lié à la pornographie, combien il ne fait qu'exacerber le désir masculin de voir ce qu'il cache. "La sécurité des femmes n'a jamais été aussi en péril que depuis que les dogmes islamiques font office de loi dans ce pays. Dès qu'une femme cherche une rue, a l'air perdue, paraît hésitante, flâneuse, rêveuse, pensive, gaie, souriante ou même triste, dès qu'elle a une démarche élégante, une paire de chaussures voyantes, un voile glissant, un jean moulant, un manteau un peu court, dès qu'elle est maquillée, jeune, belle ou laide..., elle est abordée par des mâles, à pied ou en voiture, à l'affût de proies." (2)
En Iran, on tue des femmes pour un voile glissant. Au nom de Dieu. Quel est donc ce dieu masculiniste qui méprise les femmes, crache sur elles, les enferme, les bat, les viole, les tue ? Dieu devrait consulter un psychanalyste. Son absence de mère explique sans doute son rejet maladif des femmes.

(1) Sylvie Caster, "Dieu est grand mais petite est sa liberté", Charlie Hebdo, 5.4.1979, in Charlie Hebdo, 4.1.2023.
(2) Chadortt Djavann, "Les putes voilées n'iront jamais au paradis !", 2016, Le Livre de poche 34637.

dimanche 2 février 2020

Quand hurle la hyène

La haine semble aujourd'hui devenue pour tant de gens une manière simplement normale de s'exprimer. Je suis fâché ou simplement pas d'accord, donc il n'est que logique que je hurle, j'agresse, j'insulte, je casse. Beaucoup de ceux qui n'acceptent pas qu'on ne soit pas d'accord avec eux ou simplement qu'on ne pense pas comme eux crachent aussitôt, menacent de viol ou de mort. Ou des deux.

On a évidemment parfaitement le droit de ne pas être d'accord avec tel ou tel projet du gouvernement. Mais il faut vraiment manquer d'arguments solides pour envahir les locaux d'un autre syndicat qui ne suit pas la même stratégie que la vôtre, pour démolir la permanence d'un député de la majorité ou, pire encore, pour promener au bout d'une pique une représentation de la tête du président de la République en appelant à sa décapitation. C'est ce qui s'est passé récemment lors d'une retraite aux flambeaux contre la réforme des retraites. "La forme n'est pas anecdotique, ce genre de manifestation relève d'une esthétique militariste et pour tout dire fasciste", écrit le journaliste de Marianne Guy Konopnicki (1). Robert Badinter a poussé une vraie et saine colère au vu de cette manifestation haineuse (2): "Ce n'est pas tolérable! Rien n'excuse ce degré de violence, non pas physique encore, mais verbale. Rien! La représentation d'une tête au bout d'une pique, qui n'est rien d'autre que la continuité d'une guillotine, est, pour moi, à mes yeux, absolument, totalement condamnable. L'ex-garde des Sceaux, à qui l'on doit la suppression de la peine de mort en France, rappelle que les opposants, quels qu'ils soient, ont à leur disposition, pour se faire entendre, "tous les moyens, toutes les libertés, l'expression, le défilé, la manifestation, le slogan, mais pas la violence physique, pas l'agression des êtres humains, pas non plus la symbolique de la mort". Parce que, dit-il, "la mort n'est pas compatible avec nos idéaux".
Guy Konopnicki partage la colère de Robert Badinter: "ceux qui, aujourd'hui, en sont encore à célébrer les piques et la Guillotine n'ont décidément rien compris à l'histoire de la Révolution, ni à celle d'aujourd'hui. L'abolition de la peine de mort, dont Robert Badinter fut l'artisan, est un acte révolutionnaire. On ne lutte pas pour la justice en jouant de cette esthétique mortifère".
Une élue de l'opposition, plus précisément de La France insoumise, a minimisé l'évènement auquel elle a participé: on a bien le droit de faire un petit jeu de mots, s'est-elle défendue: "une retraite aux flambeaux pour ne pas avoir une retraite en lambeaux" (3). Ce qui nous amène, à nouveau, à cette question: à quoi cette France-là est-elle insoumise? au respect de la vie? à l'intelligence? à la civilité?

On a parfaitement le droit de ne pas supporter une attaque contre la religion en laquelle on croit. Surtout si l'attaque est grossière. Mais il ne faut vraiment pas faire confiance à son dieu pour menacer de viol et de mort l'auteure de propos qu'on juge insupportables. Ce dieu-là doit être bien faible pour n'être pas capable de se défendre lui-même (4). L'islam est une religion de haine, disait l'adolescente qui a prononcé ces paroles jugées offensantes. C'est faux, lui ont répondu quelques haineux qui l'ont menacée de mort, lui donnant ainsi raison. "Pour n'avoir pas compris que l'islam est une religion "d'amour et de paix", elle est menacée de mort, de viol, d'égorgement...", écrit Dominique Nora dans L'Obs.
On notera que la colère de la jeune fille est consécutive au fait qu'elle ait éconduit, dans une discussion sur Internet, un harceleur qui l'a alors accusée de racisme antimusulman. A la suite de quoi, des hyènes lui sont tombées sur le dos, la traitant de "sale Française", "sale gouine", "chiennasse". L'art de la conversation se perd. Le Conseil français du culte musulman n'a rien trouvé d'autre à dire que "Qui sème le vent récolte la tempête". Peut-on se permettre de le mettre en garde? Qui se met la tête dans le sable ne doit pas s'étonner de se prendre un coup de pied dans le cul. Réaction affligeante, juge Dominique Nora (5), "alors que la très grande majorité des musulmans de France sont ouverts et tolérants" et que 81% d'entre eux disent n'avoir "aucun problème à discuter avce des gens qui ne partagent pas les mêmes valeurs". En attendant, la jeune fille menacée n'a reçu que le soutien de l'extrême droite trop contente d'une telle aubaine. Et la gauche et les défenseurs des LGBT se taisent courageusement. Certains militants de la cause homo se sont exprimés néanmoins: pour sommer la jeune fille de retirer le drapeau arc-en-ciel de son profil sur Internet. "Nous y voilà: dans l'espace publie, la gauche essentialiste semble avoir muselé la gauche humaniste", déplore Dominique Nora.

On a parfaitement le droit de ne pas apprécier les décisions d'un arbitre. Autre chose est de le tabasser pour cela. C'est ce qui se passe de plus en plus souvent dans le milieu du football. Au point qu'il y a deux semaines les arbitres du Loir-et-Cher s'étaient mis en grève, le temps d'un week-end, pour protester contre les violences physiques dont ils sont trop souvent les victimes lors de matches de tous les niveaux d'âge et quels que soient les enjeux (6). Comme si les règles ne devaient être appliquées que d'un seul côté. La fédération des arbitres peine de plus en plus à recruter, les candidats aux insultes et aux coups se faisant rares.

"La haine de l'autre?", s'interroge Serge Raffy (7). La fin des débats respectueux où notre interlocuteur n'est pas forcément un ennemi à abattre? Nous y sommes. Les signes avant-coureurs d'un climat malsain, où le dialogue apparaît comme une pratique antédiluvienne, sont désormais sous nos yeux." (8) Le journaliste de L'Obs constate que "à grands pas, nous nous éloignons du monde de la raison, laissant le pouvoir aux seules émotions, à nos pires penchants".
On en vient à regretter les cours de politesse auxquels on avait encore droit dans les années '60, à se sentir obligé de rappeler que vivre en société implique le respect, somme toute, assez simple de règles de civilité, à en appeler à l'assertivité, cette capacité à dire les choses clairement, fermement s'il le faut, mais en respectant l'autre. Est-ce donc si difficile d'être humain?

(1) voir texte ci-dessous.
(2) https://fr.news.yahoo.com/video-tête-macron-pique-robert-161804970.html?guccounter=1&guce_referrer=aHR0cHM6Ly9zZWFyY2gubGlsby5vcmcvc2VhcmNod2ViLnBocD9xPWJhZGludGVyJTIwcmV0cmFpdGUlMjBhdXglMjBmbGFtYmVhdXg&guce_referrer_sig=AQAAAJUPUzTf3zkB1a5Bn02dLax6Ne2DqsfN3JqFk71ntphzi-biURo_ENP6NH210ne2h13AjWefMrusv59Kvu5jXYqXPW-glqqJy9k7V6MwQ1OImUT0_QBPitaGyzMWOV4UMPvq8ZRWNNCfk63x_p05fNbU8WZ-rdCiAk93UzD5M57-
(3) entendue sur France Inter
(8) (Re)lire sur ce blog "La grande forme d'Anastasie", 15.12.2020.


J'ai beau être hostile au projet de réforme des retraites, lorsque j'ai appris que des opposants à cette réforme organisaient une retraite aux flambeaux, j'étais quelque peu choqué. La forme n'est pas anecdotique, ce genre de manifestation relève d'une esthétique militariste et pour tout dire fasciste. Et au dessus des flambeaux, une tête, celle du président de la République portée sur une pique ! Je partage la saine colère de Robert Badinter. A l'esthétique fascisante, se mêlait une terrible référence aux massacres de Septembre 1792, aux meutes d'égorgeurs se ruant dans les prisons pour violer et assassiner les aristocrates, avant de s'en prendre aux enfants et aux handicapés de la Salepêtrière. Non, l'héritage de la Révolution Française n'est pas celui des Septembriseurs. L'abolition des privilèges, la Déclaration des droits de l'homme, l'organisation de la nation en communes et départements, avaient été votées par l'Assemblée Constituante. En septembre 1792, ce ne sont pas les émeutiers, les violeurs et les pillards qui ont sauvé la patrie en danger, mais les Volontaires, organisés en bataillons, qui repoussèrent les Prussiens à Valmy et à Jemappes. Admirateur de la Révolution s'il en fut, Jules Michelet, décrit avec effroi et dégoût ces journées, qui virent les Septembriseurs violer systématiquement les femmes et les enfants, avant de les égorger et de promener les têtes sur les piques. Ces Sans-Culottes ont ensuite servi de piétaille aux pires terroristes, élus à la Convention. Ceux qui, aujourd'hui, en sont encore à célébrer les piques et la Guillotine n'ont décidément rien compris à l'histoire de la Révolution, ni à celle d'aujourd'hui. L'abolition de la peine de mort, dont Robert Badinter fut l'artisan est un acte révolutionnaire. On ne lutte pas pour la justice en jouant de cette esthétique mortifère.

lundi 14 octobre 2019

La religion de paix aime la guerre

Que les religions soient vectrices de paix est la plus grande blague que l'humanité (une large partie d'entre elle en tout cas) se soit jamais racontée. Qui peut aujourd'hui affirmer sans rire - ou sans pleurer - que l'islam est une religion de paix?
Au Yemen, les deux grandes puissances islamiques, l'Arabie saoudite côté sunnite et l'Iran côté chiite, se font la guerre. Et c'est la population civile yéménite qui en paie le prix. Lourdement.
Les pays où l'Islam est religion d'Etat peuvent très rarement être considérés comme des démocraties. Au contraire. L'opposition y est inexistante ou en prison. Les femmes sont voilées et à la maison.
Et voilà qu'Erdogan, ce grand croyant qui s'est un jour présenté comme "l'imam d'Istanbul", vient de lancer une guerre contre les Kurdes syriens. Même si ceux-ci furent en première ligne dans le combat contre le monstre fascisto-islamiste en Syrie. Même si nous leur devons une reconnaissance éternelle pour le rôle qu'ils ont joué face à Daech. L'armée turque et les milices qu'elles a lâchées ont entamé les massacres, même contre des convois de civils (1).
Et nous, nous restons là, mutiques ou presque, abandonnant les Kurdes à la terreur (2). Par lâcheté et parce que nos irresponsables dirigeants européens ont passé un pacte avec ce terroriste d'Erdogan pour qu'il retienne trois millions de réfugiés à l'intérieur de ses frontières. Frontières qu'il menace maintenant d'ouvrir côté U.E. si celle-ci avait l'outrecuidance de prendre des sanctions contre lui pour son agression de la population kurde.
Les pays de l'Union européenne, à l'exception du Royaume-Uni (vivement le Brexit!), ont heureusement décidé de ne plus vendre d'armes à la Turquie (3). Mais c'est un peu tard.
C'est toute relation qu'il faut cesser, tout de suite, avec la Turquie. Absolument toute. Politique, économique, sociale, culturelle, touristique, sportive. Il faut exclure la Turquie de l'OTAN. Dire enfin clairement que la Turquie, cette Turquie-là, ne fera jamais partie de l'Union européenne. Annuler le match de foot, prévu ce soir, entre la France et la Turquie. Il faut mettre la Turquie au ban de la société civilisée. Elle s'y est mise elle-même.

Trump le dingue l'y a bien aidée. Je retire mes troupes de Syrie. Puis, non, je les y laisse. Puis, je les retire quand même parce qu'elles risquent d'être prises entre les deux feux, turc et kurde, que j'ai moi-même allumés (4).
Voilà les Kurdes forcés d'appeler à l'aide Assad, l'odieux boucher de Damas, et ses troupes.
Grâce au chaos provoqué par ce duo monstrueux que jouent Erdogan et Trump, des proches de djihadistes se sont enfuis par centaines (5). La guerre en Syrie est relancée, tout autant que la lutte du bien (forcément du côté de la religion) contre le mal (forcément du côté des laïcs). Les religions aiment le sang. Et la terreur.

(1) https://www.lalibre.be/international/asie/neuf-civils-kurdes-dont-une-femme-politique-executes-par-une-milice-turque-5da23b66f20d5a2781766617 et France Inter, Journal de 9h, 14.10.2019.
(5) https://www.lalibre.be/international/asie/syrie-des-familles-de-membres-de-l-ei-se-sont-echappees-d-un-camp-5da2e296d8ad5841fc7a9261

mercredi 25 septembre 2019

Vivement le temps des femmes

Il faudrait plus de femmes à des postes de responsabilités. A tous les niveaux. Les mâles dominants de la planète, tous ces rouleurs de mécanique, ces forts en gueule que sont les Trump, les Poutine, les Bolsonaro, les Erdogan, les Johnson, les Duterte, les Orban et tous ces autres chefs d'Etat qui s'expriment par coups de menton ne sont que grotesques aboyeurs à côté d'une Angela Merkel ou d'une Greta Thunberg.
Les religions sont aussi affaires de mâles. Quasi exclusivement.
Quelques femmes commencent, enfin, à y exercer quelques responsabilités. Telle Seyran Ates, imame de la mosquée Ibn Rushd-Gœthe à Berlin. Elle y accueille en un même espace femmes (y compris non voilées), hommes, LGBT et croyants de toutes obédiences.
Inna Shevchenko, des Femen, l'a rencontrée pour Charlie Hebdo (1). 
"En tant que musulmane libérale, explique Seyran Ates, je mène un combat pour les droits des femmes, contre le patriarcat, au sein de ma propre religion. Contre les structures d'une société où les gens ne tolèrent pas les différences de croyance d'opinion."
Elle soutient totalement une séparation stricte entre églises et Etats. Les religions, affirme-t-elle, n'ont pas à se mêler des droits humains fondamentaux ni du pouvoir étatique. "Je me bats pour un islam qui demeure dans le domaine spirituel et mystique. Je ne reconnais pas le livre saint comme un livre de loi. Ni l'islam comme un modèle de société ou un système politique. Je reconnais la démocratie. Aux religions de s'abriter sous le toit de ce système politique. C'est précisément ce qui garantit la liberté de culte."
L'imame invite à prendre une distance avec le Coran: "les musulmans doivent retrouver leur sens critique vis-à-vis du livre saint. Il y a déjà eu des voix fortes par le passé pour faire progresser la pensée musulmane, au XIIe et au XIIIe siècle, comme Ibn Arabi".

Elle fustige celles et ceux qui, dans les pays occidentaux, se montrent tolérants, voire complaisants, vis-à-vis des diverses expressions de l'islamisme. "Il faut commencer par combattre l'islam politique. Cesser de financer et de soutenir les mosquées et les centres d'éducation coranique. (...) Pourquoi les pays occidentaux coopèrent avec les radicaux au lieu de les combattre? A Berlin, nous avons une coalition sociale-démocrate et écologiste au pouvoir, mais il y a, au sein du parti des Verts, des gens qui m'attaquent personnellement. J'ai ouvert cette mosquée, nous la dirigeons dans la paix, nous nous battons pour l'égalité des sexes, pour la communauté LGBT, pour la liberté d'expression... Pourquoi soutiennent-ils des croyants radicaux, des groupes et des mosquées orthodoxes, où l'on enseigne un islam radical en toute impunité, et pourquoi attaquent-ils les mosquées libérales?" (2)

Comme sa consœur Kahina Bahloul, première femme imame de France (3), Seyran Ates, imame non voilée, est très critique également vis-à-vis du voile, ce "marqueur qui désigne les femmes en tant que telles". Ce sont, selon elle, les Occidentaux qui soutiennent l'idée que le hijab serait pour les femmes un signe de dignité ou un symbole d'empowerment. "Je suis avocate, j'ai travaillé pendant plus de trente ans avec ces femmes qui tentent d'avoir une vraie vie: 80% d'entre elles n'ont pas le moindre choix. Ça va bien au-delà du voile, elles n'ont aucun choix dans aucun domaine, aucune autodétermination."
Ce fichu voile est une imposition masculine. "Quand une femme se couvre, ce sont les pulsions sexuelles de l'homme qu'elle protège. Elle ne se protège pas elle-même, elle protège le pauvre homme qui ne peut plus se concentrer sur sa foi en Dieu et sa pratique de la religion."
Elle défend la loi interdisant aux professeures, aux juges, aux policières de porter le voile. "Et je veux faire interdire le voile dans les écoles".
Aux féministes occidentales qui refusent de s'opposer au voile, voire le soutiennent, au nom de la lutte anti-colonialiste, elle répond que "c'est leur position qui est colonialiste. Ça ne tient pas debout: Je ne veux pas être colonialiste, mais je défends le foulard. Il est là, le colonialisme. C'est positivement raciste. Et arrogant. Il ne faut pas imposer nos valeurs occidentales aux autres pays, donc nous acceptons que les droits de l'homme ne s'appliquent pas aux pays musulmans? Pardon? Je croyais que les droits de l'homme étaient universels... J'aimerais bien voir ces dames faire du bénévolat en Iran. Elles devraient emmener leurs familles et passer six mois là-bas. (...) Quand je vois les conditions d'existence des femmes en Iran, je pourrais en pleurer. Elle se battent contre le voile depuis 1979. Ces féministes ne les écoutent pas. Parce que ce ne sont pas des victimes. Or elles aiment bien quand nous restons à notre place de victimes. Elles peuvent alors nous aider, nous apprendre à lire et à écrire, aller au Pakistan et en Afghanistan... Mais pas en Iran, parce que, justement, les femmes iraniennes se débrouillent très bien toutes seules, vont à l'université, ont un vaste savoir. Elles ne sont pas victimes des pays occidentaux. Elles sont victimes des mollahs. Ces féministes ne veulent pas l'entendre. Elles préfèrent se voir comme des dissidentes de prétendues dictatures occidentales".

Non seulement Seyran Ates croit en une religion postpatriarcale, mais elle la pratique, dans sa mosquée comme d'autres le font dans des églises et des synagogues. Mais, dit-elle, "nous sommes minoritaires aujourd'hui en Europe, parce que les gouvernements, tous les gouvernements d'Europe, protègent et soutiennent l'islam radical et politique. Et les féministes aussi. Ils sont devenus les lobbyistes de l'islam identitaire".
Seyran Ates, imame à Berlin, vit sous protection policière.

A lire aussi au sujet du voile, "drapeau de l'islamisme", l'opinion de Fadila Maaroufi, formatrice sur la radicalisation: https://www.lalibre.be/debats/opinions/le-voile-ce-drapeau-de-l-islamisme-5d2c95d8d8ad5859359a72ad

(1) "Oui, en tant qu'imame, je veux faire interdire le voile dans les écoles!", Charlie Hebdo, 18.9.2019.
(2) (Re)lire sur ce blog "Fâché (très)", 15.5.2019.
(3) France Inter, 16.7.2019, 7h50.

dimanche 8 avril 2018

Cinq minutes de courage politique

Ils se sont choisi un nom simple, qu'ils estiment rassembleur. Leur parti s'appelle tout simplement Islam. Et ils se disent prêts à présenter des listes dans 28 communes en Wallonie et à Bruxelles aux élections communales d'octobre. Ils veulent faire de la Belgique un état islamique et y appliquer la charia. Mais qu'on se rassure: ils sont bien sûr démocrates. La preuve, c'est qu'ils acceptent des femmes sur leurs listes. Mais pas en tête de liste, la démocratie est plaisante mais il ne faudrait quand même pas la laisser glisser vers de telles dérives. "Ce que l'on prône, explique un de ses fondateurs, c'est qu'il y ait d'office un homme qui soit positionné en tête de liste. Un homme vrai, courageux. (...) L'homme devant, la femme derrière, et comme ça elle se sent en sécurité." (1) Il propose les mêmes places dans les transport en commun: les hommes devant, les femmes derrière. Une question de sécurité toujours. Et de bon sens, dit-il.
On peut se demander ce qu'est "un homme vrai, courageux". L'écrivain algérien Boualem Sansal a des réponses: chez les islamistes, "la rigidité, le formalisme, le refus de la négociation et du compromis sont vus comme des valeurs viriles donc positives par définition, alors que la souplesse, le pragmatisme et la composition sont des valeurs négatives, propres aux femmes" (2).
On peut imaginer que les femmes élues sur ces listes, ces femmes de l'arrière, se poseront comme les représentantes des femmes au foyer, des mères, des bonnes épouses. Que, si certaines d'entre elles devaient être élues au niveau fédéral, elles se battraient pour repénaliser l''avortement, pour ne plus obliger les filles à aller à l'école, pour obliger les femmes à se voiler. Mais peut-être ne devront-elles même pas perdre leur temps à tirer la société en arrière: le grand avantage de la charia, c'est qu'on n'a plus besoin de parlement. Les lois ont été écrites une fois pour toutes. Plus besoin de juges et de tribunaux non plus, les imams rendront leurs sentences. La charia, c'est une sacrée économie pour un Etat.

Ce parti a donc choisi de s'appeler Islam, mais aurait dû, plus pertinnement, s'appeler Islamisme. C'est à une récupération politique des musulmans qu'on assiste. Le parti entend les représenter tous, dans sa volonté de renforcer le communautarisme.
Pour l'instant, à ma connaissance, seuls des partis de droite (NVA, VLD, MR) ont protesté contre ce parti et ses positions antidémocratiques. Richard Miller, député réformateur, veut même interdire ce parti dont le projet "va à l'encontre de nos libertés et des droits fondamentaux inscrits dans la Constitution" (3). A gauche (ça devient une habitude sur les questions d'islamisme), on n'entend qu'un silence gêné. Ce serait bien que - enfin - les partis de gauche osent aussi dire non, osent rappeler qu'il y a des règles à la démocratie, que les droits de l'homme - et plus encore de la femme - doivent être respectés. Qu'ils cessent de se taire par crainte de perdre des électeurs, qu'ils cessent, par leur silence, de jeter des électeurs dans les bras de l'extrême droite. Ce serait bien aussi que les musulmans démocrates s'opposent à cette dérive totalitaire de leur religion.

Post-scriptum: à lire à ce sujet, l'opinion d'Etienne Dujardin:
http://www.lalibre.be/debats/opinions/ignorer-l-islamisme-ou-le-parti-islam-ce-n-est-pas-la-solution-opinion-5acb1adccd702f0c1aca7e6b

(1) http://www.lalibre.be/actu/politique-belge/communales-une-femme-ne-peut-pas-etre-tete-de-liste-selon-le-fondateur-du-parti-islam-5ac71f9bcd702f0c1abcc741
(2) Boualem Sansal, "Gouverner au nom d'Allah - Islamisation et soif de pouvoir dans le monde arabe", Gallimard, 2013.
(3) http://www.lalibre.be/actu/politique-belge/richard-miller-mr-veut-interdire-le-parti-islam-5ac89a3bcd702f0c1ac20354
http://www.levif.be/actualite/belgique/le-parti-islam-croit-en-l-avenir-islamiste-de-bruxelles-maingain-veut-le-faire-interdire/article-normal-823059.html
http://www.lalibre.be/actu/politique-belge/vives-reactions-du-monde-politique-flamand-au-programme-du-parti-islam-5ac7bce4cd709bfa6b37b88b
http://www.lesoir.be/149912/article/2018-04-07/zuhal-demir-n-va-le-parti-islam-nest-que-la-partie-emergee-de-liceberg

mercredi 30 août 2017

La fabrique d'islamophobie

On reçoit d'un ami (qui nous veut du bien) une invitation à jeter un œil averti sur le blog d'un certain Issa Hamad. On y lit son billet intitulé "La femme diplômée et ses cornes diaboliques" (1). Dès les premières lignes, on pense à un gag, à une provocation qui va rapidement se dévoiler comme telle. Mais non, il faut se rendre à l'évidence (à défaut de se rendre à la raison): c'est très sérieusement que cet " auteur musulman maghrébin engagé" écrit que les filles "n'ont pas l'intelligence de comprendre quoi que ce soit", que "leur raison d'être" est de "devenir des épouses soumises et des mères aimantes", que "la jeune femme diplômée n'est qu'une petite idiote prétentieuse" et un fatras de bêtises du même tonneau. On se dit que ce texte doit dater du bas Moyen-Age, mais non, il est daté du 7 juillet de cette année. Nous sommes donc bien dans d'obscures années.
Un autre de ses billets s'intitule "La femme est un grand vide". Et il s'explique: "un vide sidéral qui ne désire cependant qu'à être rempli, être comblé. Ça tombe bien, l'homme est un remplisseur dans l'âme. Seulement voilà: le vide féminin engloutit toujours ce dont on le remplit." Ce qui est étonnant avec cet "auteur", c'est qu'il dénonce du haut de sa grandeur et de sa suffisance masculines la prétention féminine. A-t-il une mère, ce grand penseur, des sœurs, une compagne, des filles? N'a-t-il donc que mépris pour elles? Les considère-t-il comme stupides? A-t-il déjà discuté avec une femme, quelle qu'elle soit? A-t-il ne serait-ce que quelques notions de biologie? Croit-il, pour comparer "la femme" à "un grand vide", que seuls l'homme et ses petits spermatozoïdes créent la vie?
Algérien d'origine, habitant en région parisienne, Issa Hamad se donne des allures de Christ. Il s'est fait photographier en contre-plongée, les cheveux au vent. Visiblement assez jeune, il ne supporte pas "la modernité" (2) et est fier de se présenter comme un autodidacte sur les plans religieux et intellectuel. Apparemment, il n'a pas encore lu Charles Darwin, Simone de Beauvoir ou Mohammed Iqbal. Il doit évidemment détester Abdennour Bidar qu'il doit classer comme beaucoup d'autres intellectuels contemporains parmi les traîtres. On pense à celui-ci cependant quand il dit que "beaucoup de nos concitoyens de culture musulmane cherchent à élaborer un rapport libre à leur religion  - et non pas à être sempiternellement encadrés par des clercs, même éclairés. Ils en ont assez des prêchi-prêcha! Ils cherchent une relation intelligente, instruite, contemporaine, à leur foi et à la civilisation islamique mais ils ne trouvent presque rien... ou plutôt si hélas! Ils trouvent sur internet des textes de prêcheurs qui se font passer pour des penseurs." (3)

Ce n'est guère une surprise, Issa le prêcheur croit non seulement en son dieu mais aussi qu'existe un "Système mondialiste" qui oppresse le "musulman maghrébin éveillé de France" et qui promeut le métissage (que lui abhorre). Il a écrit un livre, "à la radicalité assumée", pour sauvegarder l'identité des musulmans de France.
Au-delà des bêtises d'un autre âge qu'il exprime sur son blog (il faut le reconnaître, avec un certain talent), l'homme s'avère dangereux, appelant clairement à la violence. Dans un billet intitulé "CHIRK, le crime impardonnable" (4), il affirme que "si le Prophète était avec nous en ce moment, ce sont ces nouvelles idoles (il cite notamment la République, BNP Paribas et le FC Barcelone) qu'il détruirait sans ménagement. Il bombarderait Wall Street et la City, les stades, les parlements, et toutes sortes de tours de Babel modernes, symboles de l'orgueil et des sacrilèges de notre temps. Il raserait tout ce qui usurperait la moindre parcelle de l'autorité divine. Il n'est plus avec nous. C'est donc à nous de le faire!".
Y aura-t-il quelqu'un pour faire taire ce fou de Dieu qui prétend prendre la place du Prophète? (Et d'ailleurs n'est-ce pas blasphémer que vouloir prendre cette place?) Au nom de la liberté d'expression a-t-on le droit de mépriser publiquement à ce point les femmes et, pire encore, d'appeler aux attentats? Combien sont-ils sur internet à distiller leur fiel, à répandre leurs "analyses" perverses, à appeler à la violence contre la société, à vomir leur haine des femmes, de la modernité, de l'Occident, du monde, de tous ceux qui ne pensent pas comme eux? Que font-ils de positif de leur vie? Qu'ont-ils reçu de la société? Que lui rendent-ils? De quoi vivent-ils? On aimerait avoir des réponses à tant de questions. Et à celle-ci aussi: savent-ils qu'ils sont, ces sinistres prophètes, les premiers fabricants de l'islamophobie?

Lorsque sans parti pris
On établit le bilan d' l'humanité d'aujourd'hui
I d'vient limpide comme un clair de lune 

et lumineux comme un clerc de notaire
Qu' c'est pas d' sitôt qu'les hommes s'ront frères
Et qu' malheureusement au contraire
Nous vivons à présent
Sous le signe affligeant
De la haine et d' ses affluents

C'est triste et déprimant !
Y a de la haine partout
Y a d' l
a haine tout autour de nous
Surtout partout où
Tout se passe par en d'ssous
De mémoire de grincheux
Jamais dans les yeux
On n' vit tant d'regards haineux

Ah y en a-t-y, y en a-t-y
De cette haine qui
Saoule les esprits qui
Perdent le sens d'la fraterni-
-té et ainsi
Çui d' l'altruisme aussi

(extrait de "Tyrolienne haineuse", Pierre Dac)

(1) http://www.issahamad.net/la-femme-diplomee-et-ses-cornes/#comment-132
(2) l'usage d'un blog, c'est moderne, non?
(3) "Plaidoyer pour la fraternité", Abdennour Bidar, Albin Michel, 2015.
(4) 11 juillet 2017.



dimanche 4 juin 2017

Dangereux ramadan

Depuis plusieurs années, depuis qu'une partie des musulmans a basculé dans la violence et l'extrémisme, des services de sécurité un peu partout dans le monde nous disent qu'il faut être plus prudent encore en période de ramadan. Que le risque d'attentat est alors plus important. On l'a entendu ce matin encore, suite au massacre commis à Londres hier soir.
J'avoue ne pas bien connaître le sens de ce jeûne diurne forcé, mais je comprends (très) mal pourquoi, s'ils poussent certains à la violence, il n'est pas appliqué avec plus de souplesse. Et surtout pourquoi il entraîne, chez certains, de telles dérives lâches, imbéciles et haineuses.

Quel est le rôle des religions? Servent-elles à élever ceux qui y croient ou à les écraser en leur faisant sentir leur poids ? L'imposition du ramadan est-elle humaine? A-t-il réellement du sens?
Je pense à ce jeune homme qui, il y a trois jours, a quitté rapidement le cours qu'il suivait pour rentrer dormir chez lui, affirmant combien ce jeûne est difficile à vivre. Que gagne la religion et ceux qui la guident à rendre la vie impossible aux croyants, à amener ceux-ci à préférer dormir que se cultiver? Comment des étudiants peuvent-ils étudier et espérer réussir leurs examens en luttant toute la journée contre la faim? En quoi cette imposition de la privation peut-elle rendre les gens plus intelligents?
Comment des personnes qui connaissent des conditions de travail extrêment pénibles, sur des chantiers, dans des ateliers, peuvent-elles travailler sans manger ni boire durant dix-sept heure sans mettre leur santé en péril? Certains rares imams affirment que "la religion musulmane n'oblige pas les fidèles à se mettre en danger pour suivre le ramadan". Mais la toute grande majorité considère que tout bon et vrai musulman ne peut rien avaler, pas même un verre d'eau. Quelle est la part d'humanité d'une telle religion?

En Tunisie, un prédicateur s'est institué flic du ramadan. Il filme les gens qui ne le respectent pas et diffuse ses images sur les réseaux sociaux. Il dénonce les patrons de bars et de restaurants qui laissent leur établissement ouvert, même discrètement. Le harceleur va jusqu'à se faire accompagner d'un huissier de justice pour mieux stigmatiser les gens qui entendent vivre librement (1).
Le respect du ramadan n'est pas une obligation en Tunise, ce qui n'a pas empêché la justice de condamner jeudi dernier à trois mois de prison quatre jeunes qui avaient eu l'outrecuidace de manger et de fumer dans un jardin public (2).
On voit par là, une fois encore, qu'il n'y a pas d'un côté un Islam tranquille et de l'autre des fous furieux qui utilisent la religion musulmane come prétexte mais n'y entendraient rien. Il y a une lente dérive stalinienne d'une religion qui, de plus en plus en plus, impose ses règles draconiennes par le contrôle social. "Le problème, écrit Chadortt Djavann (3), vient de cette plus-value morale accordée depuis des années aux pratiques religieuses. Le problème vient du fait que, depuis trente ans, les islamistes ont inculqué à des adolescents de confession musulmane que manger du porc est mal, que ceux qui mangent du porc sont impurs. Le problème, c'est que, dans un environnement islamisé, idéologisé, des crétins mentalement fragiles et manquant de culture et de langage peuvent se sentir coupables et impurs parce qu'ils forniquent ou ne font pas le ramadan, et risquent de se radicaliser rapidement, sans même jamais avoir été des musulmans pratiquants."
Le problème, c'est que nous, braves démocrates soutiens de la diversité culturelle, tout athées, agnostiques ou non pratiquants que nous soyons, nous considérons que les religions sont respectables, mêmes dans leurs pratiques stupides qui semblent n'avoir d'autre objectif que d'empoisonner la vie des croyants.

"C'est à chaque musulmane et à chaque musulman, estime Abdennour Bidar (4) de décider librement du rapport qu'il veut avoir à sa tradition spirituelle. Il faut que les musulmans fassent le ménage - pas par la violence mais par l'éducation, le débat interne - de tous les stéréotypes du bon musulman et de la bonne musulmane: faire ses cinq prières, ne pas manger de porc, vivre halal, etc. Et qu'ils se débarrassent aussi de tout ce qui est archaïque: la dissimulation complète du corps pour les femmes, y compris les petites filles, le refus de la mixité, l'école musulmane pour se couper des infidèles, la conviction que l'islam est la meilleure des religions, l'interdiction de remettre en cause le caractère de vérité absolue du Coran, le dogme d'une doctrine unique qui doit rester vraie et appliquée sans tenir aucun compte des changements de temps et de lieu, etc. Nous sommes au XXIe siècle!"

(1) http://www.lalibre.be/actu/international/faites-le-ramadan-ou-vous-serez-filme-et-denonce-5931a75acd702b5fbeeec05c
(2) Le non respect du ramadan est aussi devenu un délit en Algérie et au Maroc. Relire sur ce blog "En cas de faim, est-ce le loup qui fait la loi?" (22.9.2010) et "Les criminels au jus d'orange" (14.7.2015).
(3) Chadortt Djavann, "Comment lutter efficacement contre l'idéologie islamique", Grasset, 2016.
(4) Abdennour Bidar, "Plaidoyer pour la fraternitéé, Albin Michel, 2015.


dimanche 13 novembre 2016

Une voix lumineuse

C'est un esprit brillant qui s'est éteint hier. Un de ceux qui participent à plus d'intelligence, à plus de tolérance, à plus de fraternité. Là où les fous de Dieu et leurs dérives violentes font les beaux jours des Trump, des Le Pen ou des Wilders, des penseurs comme Malek Chebel apportent de la lumière. Il est d'alleurs décrit comme "un adepte d'un islam des Lumières".

Anthropologue des religions, philosophe, psychanalyste, traducteur du Coran, auteur notamment de "Le Coran pour les nuls", "L'islam et la raison", "L'érotisme arabe" ou encore "L'islam en 100 questions", il rappelait à propos des caricatures de Mahomet que, contrairement à ce qu'affirment en vitupérant - ou, bien pire, ne tuant - certains radicaux, "pas une ligne, dans le Coran n'interdit de représenter le Prophète" (1).
C'est lui aussi qui, dans le numéro de Charlie Hebdo qui marqua le redémarrage de l'équpe après le massacre d'une part importante des siens (2), déclarait que "l'islam ne progressera pas tant qu'il n'aura pas fait sa place à l'individu à part entière, c'est-à-dire l'individu qui outrage, l'individu qui est outragé, l'individu qui blasphème, l'individu qui veut être agnostique, ou athée... Le jour où il reconnaîtra l'individu à part entière, créatif, inventif, désobéissant, l'islam aura fait un grand progrès dans la modernité. Ce qui l'en empêche, ce sont les religieux qui ont décidé de l'orientation doctrinale, philosophique, morale, spirituelle, de l'ensemble de la planète musulmane: ils ont peur de l'individu, car il représente un contre-pouvoir, qui pourrait entraîner la dissolution de leur pouvoir obscur." 
Déjà, réagissant à l'incendie perpétré contre les locaux de Charlie Hebdo début novembre 2011, le philosophe y avait vu "un acte de guerre, une sorte de terrorisme". Avec ce genre d'action, disait-il, "on s'empêche de penser. Même de vivre" (3).

Malek Chebel plaidait donc pour un Islam des Lumières et des plaisirs: "Je milite pour une utopie, c'est vrai, pour un Islam de demain qui n'est pas encore vraiment là. Je parle d'un Islam des Lumières et non plus d'un Islam arrêté au VIIe siècle ou d'un Islam qui ne bouge plus et qui exige que tout le reste du monde s'adapte à lui", disait-il (4). "90% des musulmans aspirent à un Islam ouvert et seuls 1% amènent le feu, mais ce sont eux qui font la une des JT", ajoutait-t-il. "Les musulmans doivent accepter de vivre en Europe selon un contrat social différent. La gouvernance humaine appartient aux hommes. Et l'Islam doit rester du domaine de la foi sans piétiner sur cette gouvernance." (...) "Il faut stigmatiser ceux qui justifient la burqa ou la polygamie au nom de l'Islam. Je suis un militant des droits de l'homme, en particulier dans l'Islam. (...) Nous devons élargir nos champs de représentation mutuels. Dire aux Occidentaux de ne pas enterrer trop vite l'Islam sous prétexte qu'il a de mauvais côtés. Et dire aux musulmans que l'aspiration à la beauté et à la sexualité est un combat aussi politique qu'esthétique."

Malek Chebel est mort à la veille de la commémoration des ignobles attentats de Paris. Sa voix va nous manquer. Elle était porteuse de lumière dans l'obscurantisme qui gagne le monde.

(1) "Paris est une cible", Arte, 5 janvier 2016.
(2) Charlie Hebdo, 25 février 2015.
(3) France Inter, journal, 2 novembre 2011.
(4) LLB, 12 novembre 2010.

(Re)lire sur ce blog
- "Aujourd'hui comme hier et comme demain", 7 janvier 2016.
- "Charlie le retour", 25 février 2015.
- "Renvoi de censeurs", 2 novembre 2011.
- "Mauvaise foi", 15 novembre 2010.

dimanche 25 septembre 2016

Rien à voir

Un écrivain jordanien vient d'être assassiné. Il avait eu le grand tort de publier sur son compte Facebook une caricature se moquant des djihadistes de l'Etat islamique. Pour cette immense faute, il avait été traduit devant le tribunal d'Amman pour "insulte envers l'islam". Pas d'amalgame, ne cessent de nous dire les âmes bien nées (et surtout bien (dé)formées): les djihadistes n'ont rien à voir avec l'islam. Mais alors pourquoi s'attaquent-t-elles, ces bonnes âmes, au nom de l'islam, à des gens qui se moquent des djihadistes? Qui pratique allègrement l'amalgame, sinon ces musulmans qui se sentent insultés dès qu'on s'en prend à ceux-avec-lesquels-ils-n'ont-rien-à-voir?


L'assassin de Nahed Hattar - qui l'a tué à sa sortie du tribunal - a été arrêté. On peut penser qu'il ne risque pas grand-chose, puisque l'écrivain était "controversé". C'est ce qu'affirment, d'une seule voix et sans explication, tous les organes de presse (1). Un écrivain controversé doit bien s'attendre à être tué un jour ou l'autre, non?
La journaliste Djemila Benhabib, elle, passera demain devant le tribunal de Montréal. Elle est poursuivie par les Ecoles musulmanes de Montréal: "j'ai dénoncé le fait qu'on fait réciter à des petits enfants des versets coraniques appelant à l'extermination des mécréants. A leur âge, on m'ordonnait de répéter des phrases entières réclamant la destruction des juifs et la lapidation des femmes adultères." (2). Comme l'écrit Martine Gozlan dans Marianne, on pourra difficilement s'étonner de voir des jeunes "éduqués" dans cette culture de la violence par ces "centres d'intoxication" passer à l'acte. C'est-à-dire devenir djihadistes. Mais surtout pas d'amalgame.

Post-scriptum:lire le billet "Soutien à Djemila Benhabi" de Caroline Fourest (26.09.2016) sur https://carolinefourest.wordpress.com

(1) http://www.lalibre.be/actu/international/un-ecrivain-jordanien-assassine-apres-une-caricature-jugee-anti-islam-57e77f74cd706759d5342e7f
http://www.huffingtonpost.fr/2016/09/25/nahed-hattar-caricature-jordanie_n_12178334.html?utm_hp_ref=france
http://www.lesoir.be/1325875/article/actualite/monde/2016-09-25/un-ecrivain-jordanien-assassine-apres-une-caricature-jugee-anti-islam
http://www.levif.be/actualite/international/assassinat-d-un-ecrivain-jordanien-pour-une-caricature-jugee-anti-islam/article-normal-554801.html
(2) "Le djihad tente d'imposer sa loi aux tribunaux", Marianne, 23 septembre 2016.

mardi 16 août 2016

C'est pas moi, c'est les autres

Les crimes commis au nom de l'islam ont beau se multiplier sans qu'on en comprenne bien la cause, ils se trouvent toujours aujourd'hui encore de bonnes âmes pour dédouaner la religion de Mahomet de toute responsabilité. Oseraient-ils affirmer que les croisades, l'Inquisition, le massacre de la Saint-Barthélémy, les conversions forcées n'avaient rien à voir avec la religion chrétienne? Les fous furieux qui commettent ces ignobles attentats le font, qu'on le veuille ou non, au nom d'Allah. Et se mettre la tête dans le sable ne règlera pas le problème. Il faut appeler le terrorisme par son nom: islamiste. Sans doute ces assasins sont-ils déments à leur façon, mais ils savent aussi s'organiser et préparer leurs crimes immondes. Il n'est de loups solitaires que pour ceux qui veulent les voir comme tels. L'islam - on est fatigué (et écœuré) de le dire - doit regarder en face le monstre protéiforme qu'il a engendré. Et ni les musulmans, ni les responsables (?) politiques n'ont intérêt à maquiller la réalité (1).
Certains vont plus loin, emportés peut-être par leur vieux fonds judéo-chrétien: mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa, ne cessent-ils de répéter. Tous les arguments sont bons pour excuser les actes terroristes. Ce sont le capitalisme et le postcolonialisme qui en sont les causes. "C'est le système qui est coupable", selon des intellectuels aux analyses simples (voire simplistes) (2). Dans leur emportement, ils témoignent d'une vision européo-centrée (tels des colons!), oubliant que Daech et ses fous furieux s'en prennent aveuglément à toute personne, où que ce soit à travers le monde, qui ne pense pas comme eux (oubliant aussi qu'il est par ailleurs très difficile de savoir ce qu'ils pensent). Si on suit ces pseudo-intellectuels d'une certaine gauche, tendance auto-flagellation, on doit comprendre pourquoi les talibans se sont attaqués violemment à Malalah, coupable d'aller à l'école, pourquoi Boko Haram a enlevé et mis en esclavage des centaines de jeunes filles qui ont l'outrecuidance de se former, pourquoi de courageux djihadistes ont fait récemment 70 morts dans un hôpital au Pakistan, d'autres 90 morts sur un marché à Bagdad. Quelle responsabilité dans le colonialisme, quel rôle dans le capitalisme peuvent bien avoir les enfants, les femmes, les vieillards, les hommes lâchement assassinés un peu partout à travers la planète? Cette culture de l'excuse et de l'irresponsabilité est inexcusable et répugnante. Elle transforme les victimes en coupables et pardonne aux criminels.
Les socialistes ont commencé par exposer leur théorie. On sait en quoi elle consiste: le crime est une protestation contre un ordre social mal organisé - rien de plus. Quand ils ont dit cela, ils ont tout dit; ils n'admettent pas d'autre cause des actes criminels; pour eux, l'homme est poussé au crime par l'influence irrésistible du milieu et par elle seule. C'est leur phrase favorite. C'est Fédor Dostoïevski qui écrivait ces lignes, dans "Crime et châtiment". C'était en 1866, il y a tout juste cent cinquante ans. Ou était-ce hier?

(1) Lire http://www.marianne.net/face-au-terrorisme-islamiste-les-deni-oui-oui-100244624.html
http://www.lalibre.be/debats/opinions/l-excuse-sociale-du-terrorisme-on-se-fout-de-qui-57ac36ef35704fe6c1d57e53


lundi 9 mai 2016

L'arbre qui voile la forêt

"Le voile est une invention du siècle dernier", affirme Tareq Oubrou, imam de Bordeaux (1). Et on n'est pas plus musulmane selon qu'on le porte ou non, assure-t-il. 
Des montages vidéo (1) montrent l'évolution de la coiffure féminine dans différents pays en un siècle, des années 1910 à aujourd'hui. Et démontrent que dans de nombreux pays musulmans (l'Iran ou l'Egypte par exemple), le voile, qui avait disparu dès 1930, a fait son grand retour avec l'arrivée au pouvoir de Khomeiny et des barbus iraniens.
"Des dizaines de milliers de femmes ont résisté à l'imposition du voile au début de l'instauration du régime islamique, rappelle la romancière Chahdortt Djavann (2), des centaines ont été pendues, lapidées; sur le visage de certaines d'entre elles les hommes de Khomeiny ont jeté de l'acide. (...) Aujourd'hui encore, des millions de fillettes, dès l'âge de six ans, sont obligées de porter le voile dans des écoles de filles où aucun homme n'est embauché."
Le port du voile n'a donc rien d'anodin. Il n'est pas qu'un innocent accessoire de mode.
Le Coran ne contient aucun verset sur les cheveux, affirme la psychanalyste Houari Abdelouahed (3): "avec l'histoire de Zaïnab, beauté foudroyante, nous parviennent deux versets. Le premier demande aux femmes du Prophète de ne pas s'exposer dans l'espace public comme les autres femmes. Le second dit qu'elles doivent voiler leur fente (jaib en arabe). Mais cela peut être la fente sexuelle ou fessière ou l'espace entre les seins. C'est Tabari (note: grand commentateur du IIIe siècle de l'hégire), au IXe siècle, qui fait dans la surenchère, parlant des mains, des pieds, affirmant qu'il faut voiler le corps entier, on questionne le droit de la femme de parler à haute voix.Tabari, c'est la fabrique des interdits, du licite et de l'illicite". La psychanalyste se souvient que les filles pouvaient sortir librement dans le Maroc de la fin des années '60. Dix ans plus tard, c'était autre chose, l'argent du pétrole saoudien changeait la condition des femmes: "à Tanger, je me souviens que j'ai commencé à aller à des cours financés par les wahhabites, les filles étaient invitées à porter le voile, les imams dans les mosquées ne parlaient que des péchés des filles non voilées. Ca a commencé comme ça". La journaliste et romancière Fawzia Zouari le confirme: "le pétrole fut notre malheur à nous, les femmes musulmanes, et les gouvernements occidentaux en ont été témoins, voire complices. Ce n'est pas le sort de la Saoudienne qui va émouvoir le Quai d'Orsay ou les patrons de l'aéronautique français. Cet Occident officiel feint d'ignorer que le sort réservé aux femmes dans certaines théocraties est le même que leur inflige Daech, la mise en scène et la provocation en moins". C'est que le voile est bien plus que le voile.
Derrière le voile se cache, par exemple, le harem. Emine Erdogan, Madame Erdogan, épouse du président-sultan turc, est une bonne musulmane qui porte le voile. Elle vient d'affirmer tout récemment que "pour les membres de la famille ottomane, le harem était une école de vie. C'était un lieu d'éducation où les femmes apprenaient la vie et organisaient des activités bénévoles" (4). Yasemin Cankurtaran, vice-présidente du Parti républicain du peuple, lui rappelle que les étudiantes ou concubines étaient amenées de force dans le palais. "C'était des mineures dont le corps et l'esprit étaient réduits en esclavage." Une chercheuse en histoire et études culturelles affirme que "c'était un endroit où l'on entrait à un jeune âge, dépossédé de toute identité. Chacun devait donc s'en réinventer une entre les murs du harem, et la sexualité était au cœur de cette nouvelle identité".
"En Turquie les efforts des islamistes pour redéfinir la place et le rôle de la femme dans l'espace public ont envenimé les relations entre différents segments de la société, estime Pilar Tremblay en conclusion de son article. Il n'est plus question de savoir si une femme doit porter le voile, mais du risque de la régression des droits des femmes et de la glorification de leur asservissement."
Sans doute nombre de jeunes filles qui affirment aujourd'hui porter le voile le font-elles par référence culturelle. Encore devraient-elles savoir quelle culture elles défendent ainsi. Celle de l'asservissemenr des femmes et de la violence des hommes.

(1) http://www.huffingtonpost.fr/2016/05/07/port-du-foulard-imam-bordeaux-tareq-oubrou-invention_n_9861300.html?utm_hp_ref=france
(2) Chahdortt Djavann, "Ne négociez pas avec le régime iranien - Lettre ouverte aux dirigeants occidentaux", Flammarion, 2009.
(3) "Opprimer, c'est sacré", Vincent Rémy, Télérama, 4 mai 2016.
(4) "Le harem, une école des femmes?", Pilar Tremblay, Al-Monitor, Washington, 11 mars 2016, in Le Courrier internantional, 21 avril 2016.