Trump et sa clique de cowboys sont des professionnels de la suffisance et du cynisme, mais des amateurs en politique, en économie et en sécurité. Avec eux, l'Amérique n'est pas plus grande, elle est de plus en plus fragile et racrapotée sur elle-même. Elle fait rire et pleurer, elle effraie, elle inquiète par le niveau d'incompétence fanfaronne de ses dirigeants.
Evoquant le Signalgate, le Wall Street Journal (qui n'est pas vraiment un journal de gauche...) écrit que quand on pense à l'équipe de Trump "le terme immature vient à l'esprit. Malhabile aussi. Il y a beaucoup d'amateurisme dans tout ça.". Les échanges à propos de la préparation d'une attaque contre les Houthis ont eu lieu sur une application cryptée destinée au grand public. Un peu comme si ces dix-neuf ministres et (ir)responsables divers s'étaient réunis dans une arrière salle de restaurant croyant y être à l'abri d'oreilles indiscrètes. "On n'a pas l'impression ici d'être en présence de professionnels impassibles, d'autant qu'ils s'expriment souvent sur le registre de l'émotion." D'autant aussi qu'ils ont invité par erreur dans ce groupe, censé être confidentiel et protégé, le directeur de la rédaction de The Atlantic. Et qu'ils ont eu le culot (et la bêtise) de le nier et de s'attaquer à la personnalité du journaliste qui dès lors a tout publié en bloc. "Ce qui les a fait passer pour doublement stupides. Ils donnaient l'impression de gens qui n'étaient ni très malins, ni fins stratèges." Finalement, écrit encore The Wall Street Journal, "ce n'est pas l'hypocrisie qui est au cœur de ce scandale, mais l'imprudence, la bêtise et le déni". (1)
Aujourd'hui, c'est la course en avant de Trump sur les droits de douane qui effraie les bourses et de grands investisseurs américains (2). Il s'imaginait qu'il allait mettre à genoux tous les pays de la planète. Et il découvre, surpris et fâché, que la Chine notamment augmente, à son tour, ses droits de douane sur les produits d'importation des Etats-Unis. Trump trépigne. On l'entendra bientôt hurler que c'est lui qui en a eu l'idée le premier. Avec lui, on ne quitte jamais vraiment la cour de récréation. Si ce n'est que ses décisions immatures peuvent avoir (et ont déjà eu, quand on songe aux dégâts considérables engendrés par la suppression des budgets de l'Usaid) des conséquences catastrophiques sur son propre pays comme dans le monde. Mais Ubu ne se trompe jamais. Seuls les autres ont tort.
Père Ubu, entrant. -- Oh ! vous savez, ce n'est pas moi, c'est la Mère Ubu et Bordure.
(Alfred Jarry, Ubu Roi, acte I, scène VI)
(1) Peggy Noonan, "Le Signalgate, un fiasco créé par des dirigeants immatures", 27.3.2025, in Le Courrier international, 3.4.2025.
(2) https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/04/08/droits-de-douane-entre-donald-trump-et-les-marches-financiers-un-bras-de-fer-tres-risque_6592437_3234.html
2 commentaires:
La bourse, ce n’est pas le plus grave. Ceux qui vont payer les folies de ce Dr Folamour ce sont les ouvriers et ouvrières du Vietnam, du Cambodge, du Lesotho, du Bangladesh, de l’Afrique, etc. Ils vont payer pour les tarifs douaniers, mais aussi pour le climat, la diminution de l’aide humanitaire, des vaccins, des soins, etc. Sans oublier ceux qui vont verser leur sang en Ukraine. L’économie ne peut pas être séparée du reste. C’est un désastre mondial (même, si par ailleurs, il fallait dé-mondialiser pour des raisons écologiques - mais pas comme ça, bien évidemment). La seule chose que l’on peut espérer, c’est que l’attelage trumpiste (pauvres blancs, fondamentalistes religieux et oligarques) se fissure. Cela commence. Mais il faudra retenir la leçon : il ne faut plus que la sécurité et le modèle européen dépende du vote des pauvres blancs du Minnesota…
Oui, hélas, ce sont les "petits" qui vont souffrir le plus de cette folie. Trump et sa clique ignorent totalement les notions de solidarité, de justice sociale, d'attention aux autres. Ce ne sont pas des valeurs, juste des notions réservées aux femmes sans doute. Pas aux mecs si sûrs d'eux-mêmes.
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