mardi 25 décembre 2012

Le nucléaire patine

"Quand je vois le risque (que représente l'énergie nucléaire), j'aurais choisi une autre énergie." Ce n'est pas un "khmer vert" qui s'exprime ainsi, mais le futur ex-patron de l'Agence fédérale du contrôle nucléaire, ancien directeur de la centrale de Doel. Il quitte sa fonction dans quelques jours. Il se lâche. En cas d'accident à Doel, la situation serait pire qu'à Fukushima, estime-t-il (1). 
Mais, lui répond le porte-parole du Forum nucléaire, deux tiers des Belges, sont favorables au nucléaire. Peut-être faudrait-il dire "étaient" favorables. Et, de toute façon, depuis quand l'opinion publique décide-t-elle des politiques à mener?
Les communes, en tout cas, font ce qu'elles peuvent pour faire vivre le lobby nucléaire: nombre d'elles ont installé, durant la période des fêtes, une patinoire sur leur grand-place. Vu les températures automnales et la pluie, on n'y patine pas, on y patauge. Mais la magie de Noël n'a pas de prix et le ridicule et l'absurde n'ont jamais tué aucun élu.

(1) JT de la RTBF, 25 décembre 2012.

samedi 22 décembre 2012

C'est reparti

Le monde n'a pas (encore) pris fin. On n'en est pas vraiment surpris. Hier soir, aux fours à chaux de Chercq, nous étions quatre cents à suivre les ateliers de coaching que nous proposait l'I.P.I. Entendez par là l'Institut de Pompefunébrisme International et ses experts. Leur objectif: nous permettre d'affronter la fin du monde et donc la mort avec sang froid et dans la bonne humeur. Nous étions fin prêts. Mais voilà: la fin du monde n'a pas eu lieu. Nelson Leglas s'est trompé dans ses calculs. C'est partie remise.
Pendant ce temps-là, à Bugarach dans l'Aude, des centaines de journalistes accourus de partout nous signalaient qu'il n'y avait rien à voir et qu'à part eux, il n'y avait personne. L'information valait le déplacement.
Allez, aujourd'hui les jours allongent.

jeudi 20 décembre 2012

Tout a une fin

En quoi croit l'homme? En sa perte et en l'apocalypse qui est à sa porte. C'est pourquoi il n'ose plus l'ouvrir. Même au facteur qui ne peut être porteur que de mauvaises nouvelles. L'apocalypse profite de la moindre porte entrouverte. Elle devrait se manifester demain. On voit par là que l'homme a raison d'être prudent.
L'homme aime croire en sa fin. Il se sait mortel. On ne peut lui donner tort. Mais il n'aime pas mourir seul, il préfère les voyages collectifs. 
Certains s'organisent pour survivre. La survie a un prix. On peut s'acheter un bunker. En Andalousie, des bergeries en ruine se vendent 200.000 euros. Ce qui n'est pas cher payé si on ne veut pas connaître le funeste sort du commun des mortels. Les bunkers ne protègent pas de la bêtise. C'est là l'un de leurs défauts. L'autre est que leur toiture est percée.
Des gourous auto-proclamés comme Patrick Geryl appellent à les suivre pour affronter l'apocalypse. Il en coûte 20.000 euros. On peut aussi acheter le kit du parfait survivaliste. Il est vendu par Gérard le Flamand, qui visiblement n'est autre que Patrick Géryl. Les deux qui ne font qu'un se préparent une vie confortable dans l'après-apocalypse.
L'homme aime avoir peur, mais il est "capable d'être un être christique qui peut supporter toute cette énergie" qui se déchaînera demain. 
Je crains de n'avoir pas cette force. Adieu.

voir Questions à la Une, RTBF, la Une, 19 décembre 2012.

lundi 17 décembre 2012

De braves gens d'armes

On dit - et on a raison de le dire - que c'est un pays qui s'est conquis et forgé les armes à la main. Les Indiens et les bisons ne sont plus là pour en témoigner. Des Américains affirment que leur retirer leur arme serait leur couper le bras. Leur laisser leur arme, c'est aussi leur retirer leurs enfants.
Une ixième agression dans une école primaire a fait vingt-sept morts il y a trois jours. L'émotion est énorme et compréhensible. Mais, nous dit un observateur (1), ces morts ne sont que le quotidien de ce pays qui en dénombre chaque année 30.000 par armes à feu. Soit 82 par jour en moyenne. 
Des Américains amateurs d'armes (ils sont 47% des habitants de ce pays) estiment que ces tueries ne sont l'affaire que "de gens qui pètent un câble". Les braves gens savent que eux ne pèteront jamais un câble et qu'il est indispensable de disposer d'une arme pour se défendre contre les gens qui en ont une et l'utilisent contre eux. C'est à cela qu'on reconnaît les braves gens: à leur clairvoyance. S'ils pètent un câble, c'est qu'ils n'étaient pas de braves gens, mais des péteurs de câble déguisés.  
La NRA, lobby des possesseurs d'armes, se mobilise déjà. Elle regroupe quatre millions de braves gens. Pas question de toucher au sacro-saint droit, garanti par la constitution, de posséder une arme. Même de guerre. C'est que les Américains sont constamment en guerre. Si ce n'est pas à l'autre bout de la terre, c'est chez eux, contre leurs semblables. Certains estiment que les instituteurs devraient posséder une arme pour défendre leurs enfants. "Où est l'humanité quand on empêche les faibles de se défendre?", demande un amateur d'armes (2). Peut-être faudrait-il armer les enfants eux-mêmes. Comme la mère du tueur de Newtown qui collectionnait les armes et emmenait ses enfants au stand de tir. 
Après trop de tueries, l'Australie a décidé en 1996 de réglementer la possession d'armes. L'Etat en a racheté 600.000 d'entre elles et a sévèrement restreint le droit de possession d'une arme. Résultat: le nombre de meurtres par arme à feu a diminué de 60% (2). 
Obama va-t-il oser affronter la NRA? He can? 

(1) JP de France Inter, 16 décembre 2012, 13h.
(2) JT de France2, 17 décembre 2012, 20h.

samedi 15 décembre 2012

Réfugié pathétique

Que deviennent les incarnations de la jeunesse rebelle? De grands enfants qui jouent à "chat". Gérard Depardieu a passé de quelques mètres la frontière franco-belge pour échapper à la taxation de ses revenus élevés et de sa grande fortune. Il nargue le gouvernement Ayrault: "tu ne sauras pas m'attraper!", lui dit-il.
La rébellion, voilà bien longtemps que Gégé a oublié ce que c'est. Sauf si c'est pour défendre son bout de gras (qu'il a "conséquent", il faut le dire).
Sa fortune, ces dernières années, il l'a augmentée en tournant n'importe quel film. Voilà longtemps qu'il n'en a plus tourné d'excellents. Il en est quelques moyens, voire de sympathiques. Il y a surtout de navrants navets.
Mais ce qui le distingue sans doute des autres stars du cinéma français, voire mondial, c'est qu'il met désormais sa notoriété au service de quelques-uns des pires régimes de la planète (1). En octobre, il célébrait l'anniversaire de Ramzan Kadyrov, l'autocrate mafieux qui dirige la Tchétchénie au nom de Vladimir Poutine. "Gloire à Grozny, gloire à la Tchétchénie, gloire à Kadyrov", a-t-il déclaré sans rire. Son contrat ne le prévoyait sans doute pas. 
En Russie, on peut le voir dans un spot publicitaire, vantant la carte Visa Gold Sovietsky. Il l'a choisie, explique-t-il, parce qu'il "aime la Russie et les Russes". En 2011, il vantait les saveurs de la cuisine de l'Azerbaïdjan, dont le président Aliev n'est pas ce qu'il est convenu d'appeler un démocrate (1).
En échappant à l'impôt français, Gérard Depardieu est donc cohérent avec lui-même. La solidarité, il s'assied dessus.

(1) Gérard Biard: "Obélix mange avec des tenailles", Charlie Hebdo, 7 novembre 2012.
En couverture de Charlie Hebdo de ce 12 décembre, Charb pose cette question: "La Belgique peut-elle accueillir tout le cholestérol du monde?".

jeudi 6 décembre 2012

Un cirque face à la folie

La décision du gouvernement israélien de construire plus de trois mille nouveaux logements en Cisjordanie et à Jérusalem Est est une honte. Elle fait l'unanimité contre elle. Mais rien n'y fait, ce gouvernement qui ne veut pas de la paix poursuit sa fuite aveugle en avant. Il s'était pourtant engagé auprès des Etats-Unis à ne pas construire en lisière de Jérusalem Est. Par ces constructions nouvelles, Israël couperait en deux la Cisjordanie, morcelant un peu plus encore les territoires palestiniens. Ce projet "porterait un coup fatal aux dernières chances de garantir une solution à deux Etats", estime Ban Ki-Moon, secrétaire général de l'ONU.
Dans le mouchoir de poche qu'est la Bande de Gaza, les habitants deviennent fous d'être confrontés à la mort quotidiennement, fous de tourner en rond dans ce non Etat aux frontières fermées. L'émouvant reportage de la journaliste Caroline Bourgeret (1) indique combien l'attitude du gouvernement israélien et les attaques de son armée finissent par pousser dans le camp du Hamas des Palestiniens qui ne l'étaient pas. Elle montre aussi que, malgré la violence, les humiliations, nombreux sont ceux qui témoignent d'un courage hors norme, qui leur permet de vivre. Malgré tout.
La Palestinian Circus School, née dans les territoires occupés et les camps de réfugiés, croit aussi, malgré tout, en la vie. Elle est en Belgique ces jours-ci avec sa nouvelle création: "Kol Saber!" (2).
« Kol Saber » nous plonge au cœur des réalités de la rue en Palestine ; d’étranges silhouettes dansent pour exister… Elles s’éloignent, se retrouvent, s’affrontent, cohabitent dans une atmosphère de tensions, jusqu’à ce qu’une nouvelle et mystérieuse silhouette tombe du ciel et change les règles du jeu. Un pouvoir puissant mène la danse, divise, pollue et manipule…"

(1) 
http://www.rue89.com/2012/12/03/couvrir-gaza-sous-les-insultes-je-ne-me-tairai-pas-237525
(2) à Bruxelles, Tournai, Antwerpen, Durbuy, Charleroi, Namur (voir www.pac-g.be)

mardi 4 décembre 2012

Premiers communiants

Les conseils communaux nouveaux sont comme le Beaujolais pareillement qualifié. Un peu rêches, toujours un peu décevants, avec un goût écœurant de banane. Ils se sont mis en place hier dans toutes les communes de Wallonie.
Une nouvelle règle est apparue: ils peuvent être désormais présidés par un autre conseiller que le bourgmestre. Il s'agit de faire mieux vivre la démocratie. Le Conseil communal est le législatif, le collège l'exécutif. Il n'est pas normal que les deux se confondent et que le bourgmestre arbitre des débats au centre desquels il se trouve. Très peu de conseils communaux wallons ont choisi de fonctionner de la sorte. C'est que "les bourgmestres sont souvent jaloux de cette prérogative" de présider les débats, affirme Paul Furlan, ministre wallon des Pouvoirs locaux (1).
Prenons deux exemples au hasard, à Thuin et à Tournai. A Thuin, les débats du conseil seront arbitrés par le "bourgmestre en titre". Il s'appelle Paul Furlan. C'est une vraie surprise. A Tournai, ils le seront par Rudy Demotte, ministre-président de la Région wallonne et "bourgmestre en titre" de Tournai. En voilà une autre. No Télé le présente d'ailleurs sous cette fonction de "bourgmestre en titre" (2), même si elle n'existe pas (3). Mais le Napoléon de la Wallonie picarde entend bien qu'on l'appelle de la sorte. D'autant qu'il "communie avec la ville" qu'il a conquise. Même si sa victoire ne fut pas à la hauteur de ses espérances: 7.000 voix alors qu'il en espérait le double. Ce ne fut pas Waterloo, mais ce ne fut pas non plus Arcole ou Austerlitz. "Je dois prouver que je suis présent dans la ville", déclare celui qui n'entend pas être bourgmestre empêché, même si c'est ce qu'exige une loi qui n'arrivera pas à contraindre ses ambitions. Pour ce faire, il animera les débats du conseil communal, "ce vivier de la démocratie". Le rédacteur en chef de No Télé interroge Paul-Olivier Delannoy, "l'échevin délégué à la fonction de bourgmestre" (celui qui n'est donc pas bourgmestre faisant fonction, une fonction inenvisageable pour Rudy Ier qui n'aime que le soleil): "si le roi vient à Tournai, c'est Rudy Demotte qui le recevra; s'il y a une explosion dans le zoning de Marquain, c'est vous qui allez en correctionnelle....?" Autrement dit: à lui les honneurs, à vous les emmerdes. Polo, en bon petit soldat, acquiesce. Il affirme même qu'il s'en réjouit, qu'il l'a toujours voulu ainsi. On voit par là que Rudy Demotte est un artiste. Peu lui chaut les diminutions des subventions à la création théâtrale, c'est un créatif inné. Du grand art. Avec les applaudissements du public et d'une partie de la presse. Et des rappels?

(1) Matin Première, la Première (RTBF radio), 3 décembre 2012.
(2) No Télé, 4 décembre 2012.
(3) lire "Pêcheurs empêchés" (13.10.2012) et "Le bal des hypocrites" (12.11.2012).

dimanche 2 décembre 2012

Belle jeunesse

Passant devant l'église romane de Ruffec-le-Château, dans le centre de la France, on en pousse la porte, mu par une simple curiosité architecturale. C'est un premier novembre - celui de 2012, précisons-le, jour de Toussaint, en fin de matinée. De nombreuses femmes habillées et voilées de noir sont en prière. Une à une, elles quittent leur prie-dieu et s'éclipsent via la sacristie. Quelques-unes traversent la nef pour sortir par la grande porte. La plupart sont jeunes. L'une d'entre elles se place derrière nous, sans un mot, attendant qu'on la regarde. Elle nous propose alors de nous faire visiter l'église. On décline l'invitation. Poliment, comme il se doit.
Un dépliant nous apprend que ces religieuses sont membres des Soeurs de la Fraternité Saint-Pie X, une congrégation fondée par Marcel Lefebvre. Celui qui est plus connu sous le nom de Monseigneur Lefebvre fut un intégriste catholique, en lutte comme Pie X contre le "modernisme" de l'église. Il fonda le Séminaire d'Ecône pour y former des prêtres. Sa soeur, Marie-Gabriel, prit en charge la formation des religieuses qui s'installèrent à Albano, à quelques kilomètres de Rome. Mais très vite, elles se voient contraintes de quitter l'Italie pour la France, "pour laisser la place aux séminaristes d'Ecône", nous dit le dépliant. On voit par là qu'on se fait parfois des idées fausses. Contrairement à ce que l'on croit, dans les religions intégristes, la femme ne doit pas rester à la maison : elle a le droit d'en changer. Surtout si c'est pour faire place aux hommes. Et pour leur éviter les basses besognes. Le rôle de ces religieuses est  clair : "elles déchargent les prêtres des soucis matériels tels que : cuisine, couture, ménage, les rendant ainsi plus libres pour accomplir leur ministère". Bref, elles sont les bonnes du curé, même si elles ont aussi en charge le catéchisme et les visites aux pauvres et aux malades. Chaque jour, elles ont "une heure d'adoration réparatrice". Le feuillet ne précise pas ce qu'elles réparent. 
On sort de l'église. On croise sur le parvis un groupe de fidèles, adultes, jeunes et enfants, devisant avec un prêtre en soutane, comme on n'en voit plus depuis les années soixante, un homme heureusement déchargé des soucis matériels. On se demande laquelle de ces jeunes filles sera la prochaine à s'enfermer dans cet espace du passé. Laquelle aura "la vocation". Celle de devenir boniche d'un dieu et de ses officiers.


jeudi 29 novembre 2012

Avec mes salutations les meilleures

La personne que je croise et que je ne salue pas existe-t-elle? Et si elle-même ne me salue pas existé-je? Voilà des questions que l'on se pose.
Le maire de Lhéraule, village de l'Oise de 185 habitants, vient de prendre un arrêté obligeant chacun à dire "bonjour" et "merci" à la mairie (1). A défaut, il obligera la personne à quitter les lieux et, s'il le faut, fera intervenir la gendarmerie, explique-t-il. Ses concitoyens l'approuvent. Le boucher du village s'en prend à ces jeunes qui réclament un bifteck sans y mettre les formes. Les braves gens le savent: "le respect se perd dans les usines de mon grand-père" (2). Mais quand s'est-il perdu si tant est qu'il le soit? Les jeunes ont bon dos. Sur le chemin de halage, circulant en semaine à vélo, on croise d'autres cyclistes, des marcheurs solitaires. La plupart du temps, des adultes, voire des seniors. La majorité d'entre eux regardent l'horizon. Ou parfois leur guidon ou le chien qui les promène. Vous passez à leur hauteur, ils ne vous voient pas, ne vous saluent même pas d'un regard. Les promeneurs du week-end sont plus avenants. Sans doute sont-ils de meilleure humeur. On voit par là qu'on ne devrait se promener que le week-end.
Dans des formations en communication, on enseigne le B.A.-ba de celle-ci: le SBAM: s'il vous plaît, bonjour, au revoir, merci. On peut penser que si l'on sbame, les relations entre nous sont facilitées.
Revenons à Lhéraule. L'arrêt du maire précise qu'il "ne sera pas applicable en cas de force majeure" ou lors des "jours d'élections ou de célébration des mariages" (3). On se perd en conjectures. Quelle force majeure peut empêcher de dire bonjour? Un incendie? Il est si simple de dire "Bonjour! Je me permets de vous signaler que la mairie est en feu. Passez une bonne journée". Et pourquoi donc ne serait-on pas obligé de se saluer à l'occasion d'un mariage, alors qu'on serait, semble-t-il, plus enclin encore que les autres jours à le faire? Enfin, pourquoi serait-on dispensé de se saluer un jour d'élections? C'est souvent le lendemain qu'on en a moins envie. Bien le bonjour, Monsieur Copé. Bien le bonjour, Monsieur Fillon.


(1) JP de France Inter, 29 novembre 2012, 13h.
(2) Poulailler's song, Alain Souchon.
(3) Le Courrier picard, 28 novembre 2012.



lundi 26 novembre 2012

A J-12 et J-13 de la fin du monde




Deux récitals des Misters des Voix picardes 
les 8 et 9 décembre,
à Tournai et à Ellezelles

Le samedi 8 décembre 2012 à 20h00

Les Misters des Voix picardes  
passent par la Fenêtre ... 
avant de sortir par la grande porte !
Préparez vos mouchoirs !

c'est complet!

Adultes : 8 euros  -  Étudiants : 6 euros

Réservations:  0473 55 15 25 -  francois.guilbert@swing.be
La Fenêtre, 34 rue des Campeaux à Tournai - www.lafenetre.be







Le dimanche 9 décembre 2012 à 16h00
CONCERT DE NOEL
A Ellezelles - Eglise Saint-Pierre-aux-Liens
La Chorale des Collines
Les Misters des Voix picardes  

Paf: 8 €
Réservations: 068 54 29 02 - info@culturecollines.com


Les « Misters des Voix Picardes » (Tournai) chantent a capella des chansons du répertoire populaire, tristes et affligeantes.

De Fréhel à Johnny, en passant par Piaf, Prévert, Bourvil et les Frères Jacques

Ce qu'en dit la presse:

« Ils sont aussi tristes qu’affligeants. A moins que ce ne soit l’inverse. »
Jacques Huse – L’Aurore

"Les voies du Seigneur sont impénétrables.
Mais les voix des Misters sont imperméables."
Père Tinant - La Voix des Cloches

« Avec leur spectacle "Carré blanc sur fond noir", les Misters des Voix Picardes nous renvoient à Kazimir Malevitch. Comme chez lui, leur prétendu nihilisme exprime la recherche d’une nouvelle image du monde. Leur peinture de la triste réalité de la vie confronte le spectateur à ses miroirs autant qu'à ses démons intérieurs (et ce sont peut-être les mêmes). C’est là tout l’enjeu transcendantal du réalisme pictural. » Michel Conducteur - Le Courrier de l’Expo








dimanche 25 novembre 2012

Shit de gaz

Il ne faut pas rejeter d'emblée les immenses réserves d'énergie que représente le gaz de schiste. L'homme serait bien bête de s'en passer, pour de soi-disant raisons environnementales. Il ne faut pas se voiler la face: nos besoins en énergie ne cessent d'augmenter et les réserves de pétrole s'épuisent. Aux Etats-Unis, le gaz de schiste crée des emplois et permet de viser l'indépendance énergétique.
Le lobby schisteux est bien actif: pas une semaine sans qu'il ne soit question dans la presse de ce grand espoir. Même si en Pologne, seul Etat européen où l'exploitation a réellement démarré, les résultats sont décevants (1).
Le même lobby n'envisage évidement pas une seule seconde que nous diminuions nos consommations - on devrait dire "nos gaspillages" - énergétiques et que nous investissions dans le renouvelable. C'est le propre d'un lobby: ne voir que son intérêt, même s'il est contraire à celui de la planète. Donc de l'homme.

C'est par fracturation hydraulique que l'on libère, pour le récupérer, le gaz de schiste, ce qui nécessite d'immenses injections d'eau. Ces mêmes opérations engendrent des risques de pollution des nappes phréatiques.
L'Union européenne manque d'eau et ses ressources existantes sont trop souvent polluées. C'est ce qu'a déclaré récemment le commissaire européen à l'Environnement, Janez Potocnik (2):  "en dépit des améliorations réalisées ces dernières années, la qualité des eaux de l'U.E. laisse à désirer", affirme-t-il. Et il ajoute qu'une partie toujours plus importante de l'Europe est touchée par la rareté de l'eau, "tandis qu'un trop grand nombre d'Etats membres subissent de plus en plus d'évènements exceptionnels, tels des inondations".
Voilà qui ne modifie en rien le point de vue du lobby schisteux. Les consommations d'eau? On trouvera des solutions. Dans dix ans. Peut-être (1). Ou peut-être pas. Mais si on n'essaie pas, on ne saura pas.
Restent aussi, disent les opposants, les risques sismiques et le réchauffement climatique (3). "Pour empêcher le réchauffement de la planète, il faudra ne pas aller chercher toutes les énergies disponibles", dit José Bové qui rappelle que le méthane est vingt fois plus dangereux que le CO2 et que 4 à 8% s'en échappent dans l'atmosphère lors de l'exploitation du gaz de schiste (4).
Ce que les entreprises (en particulier Total, dont on peut difficilement considérer qu'elle soit un champion de l'écologie) investissent ou investiront dans la recherche et l'exploitation des gaz de schiste, elles ne l'investiront pas dans les énergies renouvelables. "Il faut prévoir d'énormes investissements pour aller au-delà du gaz, affirme Yvo de Boer, ancien secrétaire exécutif de la Convention cadre des Nations Unies sur le réchauffement climatique (5). Nous devons mener une transition vers une situation où nous commençons à donner un prix juste aux choses. En ce moment, si les entreprises devaient payer pour le coût environnemental des dommages qu'elles causent, elles perdraient en moyenne 40% sur chaque euro gagné. La situation où nous sommes est que l'industrie répercute les coûts environnementaux sur la société et c'est la raison principale pour laquelle, selon moi, les technologies renouvelables et l'innovation sont perçues comme étant chères."

Malgré cela, le Parlement européen a refusé un moratoire sur le même gaz de schiste. La France, qui a pris la position inverse, est vue comme "obscurantiste" en la matière par un député UMP. Qui vit dans l'obscurité? Celui qui voit clair ou celui qui se met la tête dans le sable (ou dans le schiste) ?


(1) Le Vif, 23 novembre 2012.
(2) LLB, 16 novembre 2012.
(3) "Des climatologues ont annoncé que ce mois d'octobre (2012) avait été le 332e mois d'affilée à connaître une température supérieure à la moyenne." (L'œil du cyclone, LLB, 24 novembre 2012.)
(4) LLB, 22 novembre 2012.
(5) LLB, 23 novembre 2012.




mercredi 21 novembre 2012

UMP, ton univers impitoyable

Nous vivons un temps où tout va de plus en plus vite. Le mariage des homosexuels n'est pas encore légalisé en France qu'on assiste déjà au premier divorce. Entre François Fillon et Jean-François Copé, ce n'est pas un crêpage de chignons, c'est la guerre des tranchées. Alain Juppé refuse de jouer les belles-mères réconciliatrices. Voilà qui prouve finalement - à cette France un peu hystérique ces derniers temps - que le mariage homo est un mariage comme les autres. Banal. Tristement banal.

Lire aussi: "Je ne suis pas celui que vous croyez", 7 novembre 2012.

lundi 19 novembre 2012

Not in our name

La Grèce a à nouveau besoin de l'Union européenne pour se sauver financièrement. On n'y est pas opposé. Mais quels Grecs est-on prêt à aider? Certainement pas ceux de l'Aube dorée, ces néonazis qui se revendiquent comme tels, qui font la chasse aux immigrés, aux antifascistes et aux anarchistes et les tabassent. Ce sont ensuite les Deltades qui poursuivent le travail: des flics à moto qui savent rouler en tandem. L'un conduit, l'autre matraque. Ces policiers, nostalgiques du régime des Colonels, emmènent au poste les opposants. Là, c'est la fête: brûlures à l'aide de cigarettes ou de Taser, crachats, coups, insultes, menaces sexuelles sur les filles. Les journalistes ou les bloggeurs qui diffusent des photos prouvant la complicité entre néonazis et flics sont suspendus et/ou poursuivis devant les tribunaux. La censure s'étend dans le pays. Et aucun militant de cette Aube bien plus brune que dorée n'a jamais été arrêté (1).
On nous dit que la Grèce s'impatiente ces jours-ci des tergiversations de l'Union européenne et du FMI à l'aider à se sauver financièrement via un prêt de plus de 31 milliards d'euros. Le pays a besoin d'argent. On veut bien le croire. Mais il a surtout besoin de retrouver cette démocratie qu'il a fait naître. L'Union européenne serait bien inspirée de le lui rappeler.

(1) lire "Torture au fond des commissariats", Angélique Kourounis, Charlie Hebdo, 7 novembre 2012.

dimanche 18 novembre 2012

De bruit, de fureur et de musique

Benjamin Netanyahou nous envoie un message de désespoir. Le Hamas aussi. En se faisant la guerre, les deux camps radicaux font tout leur possible pour anéantir tout espoir de paix (1). S'il en était encore.
Daniel Barenboïm ne se lasse pas de nous envoyer des messages d'espoir. A l'occasion de ses septante ans, Arte diffusait ce jeudi soir un concert du pianiste. Puis, un documentaire sur le chef d'orchestre qui dérange (2). Il n'entre pas dans une case. Possédant un double passeport israélien et palestinien, il est l'objet de soupçons. Que font ensemble des musiciens arabes et juifs? Que veut ce chef qui les dirige? On lui interdit l'entrée ici. Puis là. Les frontières, il sait combien il est difficile de les franchir. Avec le West-Eastern Divan Orchestra, il dirige des musiciens israéliens, jordaniens, palestiniens, syriens, turcs. Il se bat contre les organisations, les pouvoirs "qui se permettent de décider ce que les gens ont le droit ou non de faire".
La musique ne fera jamais taire le bruit des missiles, mais elle peut - parfois - faire entendre des notes d'espoir.


(1) lire http://blogs.rue89.com/jean-pierre-filiu/2012/11/16/israel-et-le-hamas-en-guerre-contre-letat-palestinien-228936
(2) "Les voies de la musique", Paul Smaczny, 2012, diffusé sur Arte le 15 novembre 2012.

mercredi 14 novembre 2012

Le plus court chemin entre le CDV et la NVA

Où est la droite? A-t-elle disparu? A-t-elle peur de son ombre? Bart De Wever serait sur le point de créer une majorité à Antwerpen. Elle serait composée de la NVA, du VLD et du CDV. La presse parle d'une "majorité de centre droite". On se demande où elle place le centre. La NVA est très très à droite, le VLD bien à droite et le CDV oscille, selon les membres qui le composent, entre droite et centre droite. Le tout donnerait donc une majorité de centre droite. Et si on appelait un chat un chat et la droite la droite? Quel intérêt la presse trouve-t-elle à édulcorer les positions? On a du mal à la suivre. On se retrouve en perte d'équilibre. 

lundi 12 novembre 2012

Le bal des hypocrites

Ca y est, le Collège communal de Tournai est formé. Rudy Demotte l'a présenté à la presse. Rudy Demotte? N'est-il pas bourgmestre empêché? Certes, mais il est quand même bourgmestre en titre, une fonction qui n'existe pas (1), mais à laquelle il tient beaucoup (2). Il n'y aura d'ailleurs pas, à Tournai, de bourgmestre faisant fonction. Il n'aime pas non plus cette appellation. Il y aura un "échevin délégué à la fonction de bourgmestre". On est prié de ne pas rire. Il n'y a d'ailleurs pas de quoi. L'interdiction de cumul entre la fonction de ministre et celle de bourgmestre est totalement pervertie par le Coq wallon picard. Il signale également qu'il présidera les débats en conseil communal et qu'il occupera le bureau de bourgmestre (3). Les choses sont claires: il a été élu bourgmestre, il le sera envers et contre l'esprit de la loi. Celui qui apparaissait, voici quinze ans, aux yeux de plusieurs militants socialistes, comme un rénovateur, apportant la démocratie au sein du Ps, n'est finalement qu'un conservateur de plus. Il devrait se méfier, le pouvoir rend fou. Il pourrait être atteint. 
A Thuin, c'est d'échevin empêché qu'il s'agira, Mais "c'est à une autre hauteur qu'il y a de quoi s'énerver, écrit la Libre (4): sur l'hypocrisie voulant que des ministres se présentent aux communales sans intention de quitter leur gouvernement, puis qu'ils restent les vrais patrons dans leur commune en laissant penser l'inverse... Une situation qui prend un relief particulier dans le cas thudinien où le ministre en question, Paul Furlan (PS), a en charge la tutelle des communes wallonnes!"

Pendant ce temps-là, la collègue de Demotte et Furlan, Fadila Laanan, Ministre de la Culture, désigne au poste de président du CSA, son chef de cabinet adjoint (5). Un conseil comme le CSA a pour fonction de rendre des avis en toute indépendance par rapport à l'Exécutif. "Le CSA est l'autorité administrative indépendante chargée de la régulation du secteur audiovisuel de la Fédération Wallonie-Bruxelles."(6) On se sent pleinement rassuré quant au respect de cette indépendance! 
On l'est tout autant par rapport à la CRAT, autre instance indépendante, chargée, elle, de rendre des avis dans le domaine de l'aménagement du territoire: elle a pour vice-présidente une membre du Cabinet Demotte, en l'occurrence Josiane Pimpurniaux, qui est aussi en charge - quelle coïncidence! - des questions d'aménagement du territoire dans ce même cabinet (7). O tempora, ô mores!

Tout petit déjà, c'est fou comme tout me foutait le dégoût.
Alain Souchon

(1) (re)lire "Pêcheurs empêchés" sur ce blog, 13 octobre 2012.
(2) (re)lire "Le petit déjeuner des gens de terrain" sur ce blog, 17 octobre 2012.
(3) L'Avenir, 12 novembre 2012.
(4) LLB, 12 novembre 2012.
(5) LLB, 9 novembre 2012.
(6) www.csa.be
(7) http://demotte.wallonie.be/equipe

dimanche 11 novembre 2012

I'm a neandertal man *

Il est des promeneurs qu'il faudrait éviter de rencontrer. Des promeneurs déplaisants et visiblement guère heureux qui cherchent à croiser votre regard pour aussitôt le trouver mauvais ou provocateur. Il ne leur en faut pas plus pour qu'ils cherchent et le plus souvent provoquent la bagarre. Ils ne vous saluent pas, ils vous frappent. Les nuits de week-ends, la place Saint-Pierre à Tournai semble (de l'avis de certains noctambules) fréquentée par nombre de ces promeneurs qui visiblement ne s'y baladent que dans ce seul projet. Les comprenne qui pourra. L'Homme de Néandertal devait être plus civilisé qu'eux.
Si vous ne pouvez croiser leur regard, ces promeneurs sont tout aussi agressifs. Ainsi, ce jeune aveugle qui, circulant tout récemment le long d'une chaussée tournaisienne, a entendu de l'autre côté de la rue qu'on s'adressait à lui de la sorte": "Hé, mongol, t'as vu comment tu marches! Une vraie démarche de mongol". Comment expliquer tant d'agressivité et de bêtise? On reste confondu par la capacité de régression de la race humaine.
Dans sa série "La vie secrète des jeunes", publiée dans Charlie Hebdo, Riad Sattouf dessine des scènes qu'il a observées dans des lieux publics (le plus souvent parisiens): rues, transports en commun, cafés, etc. On y retrouve, parfois, des scènes tendres ou drôles, le plus souvent des situations navrantes de bêtise. On voit par là qu'il faut investir, plus que jamais, dans l'éducation et la culture.


* titre d'un morceau du groupe Hotlegs, en 1970. Musique et paroles étaient assez primaires, mais elles invitaient à faire l'amour (même s'il était néandertalien) plutôt que la guerre.

samedi 10 novembre 2012

Arroseur arrosé

La Ville d'Antwerpen a-t-elle encore un avenir? A-t-elle du sens? Est-elle gouvernable? On se pose ces questions. Bart De Wever y a triomphé aux dernières élections communales, mais n'y a cependant pas obtenu la majorité absolue. Le voilà contraint de composer une majorité. Ce qui prend du temps. Dans son cas, beaucoup de temps. Voilà un an ou deux, des difficultés d'Elio Di Rupo à former une majorité au niveau fédéral, le même De Wever concluait qu'elles étaient la preuve que ce pays était ingouvernable et n'avait ni sens, ni avenir. On voit par là qu'il ne faut jamais tirer de conclusions ni trop hâtives, ni trop simplistes.
Economiquement, ces derniers jours, la Flandre connaît choc sur choc. La situation est dramatique pour des milliers de travailleurs flamands qui se retrouvent sur le carreau. La suffisance de Bart de Wever et de la NVA à l'égard de la Wallonie et de ses chômeurs, cette prétention à croire en une Flandre inoxydable nous amèneraient - presque - à ricaner. Voilà que le lion qui s'est pris pour un coq s'enroue.

mercredi 7 novembre 2012

Je ne suis pas celui que vous croyez

Le projet de loi permettant à des couples homosexuels de se marier fait des vagues en France. La droite n'en veut pas. L'Eglise non plus. Le cardinal-archevêque de Paris, Leurseigneur André Vingt-Trois estime qu'on ne peut imposer ce mode de vie (1). On a du mal à le suivre: s'est-il un jour senti obligé de se marier du fait de l'existence du mariage hétéro? Il a bien résisté. En quoi et à qui serait imposé le mariage homo? Autre argument fort des évêques: la parité homme-femme est aujourd'hui imposée quasiment partout. Elle doit donc l'être aussi dans le couple. Un argument amusant de la part d'un milieu exclusivement réservé aux hommes et qui interdit tout mariage à ses membres.
Il ne faut cependant voir dans ces fines analyses aucun signe d'homophobie. Les évêques et cardinaux français s'en défendent. Le Canard Enchaîné (2) rappelle qu'en 1986 était publiée une "Lettre aux évêques de l'Eglise catholique sur la pastorale à l'égard des personnes homosexuelles". Elle était signée d'un certain Joseph Ratzinger, plus connu, depuis, sous le nom de Benoît XVI. On peut y lire que l'inclinaison homosexuelle est "une tendance vers un comportement intrinsèquement mauvais au point de vue moral". Ou encore que le passage à l'acte est "une menace sérieuse pour la vie et le bien-être d'un grand nombre de personnes". Que leurs agissements sont "intrinsèquement désordonnés et ne peuvent en aucun cas être approuvés". Bref, si on lit bien Joseph Ratzinger, les homosexuels ne peuvent "revendiquer un droit quelconque". On voit par là que - intrinsèquement - la position de l'Eglise n'est en rien homophobe.
Serge Dassault assume mieux. Le sénateur UMP de 87 ans s'inquiète: la décadence est à nos portes, il en est convaincu (3). "On veut un pays d'homos?, demande-t-il. Dans dix ans, y a plus personne. Plus de renouvellement de la population. C'est stupide." On ne peut mieux dire, en effet. On ne trouve pas d'autres mots que "stupide". Lui aussi semble vouloir croire que désormais seule cette forme de mariage sera autorisée. Et même imposée. Et le marchand d'armes nous invite à regarder la situation de la Grèce: "c'est une des raisons de sa décadence, affirme-t-il. C'est la décadence totale".
Il est suivi par de nombreux maires de droite qui ont d'ores et déjà annoncé qu'il était hors de question qu'ils célèbrent un jour un mariage homosexuel. A l'inverse, une maire de gauche, dans le département du Nord, a renoncé à célébrer, avant même que la loi ne soit discutée, le mariage de deux jeunes femmes. Elle a reçu trop de menaces (4).
On voit par là que le pays des Droits de l'Homme est d'abord celui de la tradition. Pendant ce temps-là, deux nouveaux Etats américains, le Maine et le Maryland, ont décidé par référendum de légaliser le mariage homo. Ils sont maintenant neuf Etats US sur cinquante à avoir avancé dans ce sens. Les Etats-Unis viennent d'échapper de peu à un président ultra conservateur. La France est dans le même cas. C'est Guy Mollet, dit-on, qui affirmait que "la France a la droite la plus bête du monde". Mais pas homophobe, rassurons-nous. Mitt Romney, priez pour elle.

(1) entendu sur France Inter.
(2) 31 octobre 2012.
(3) http://www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=DMF20121107_00228629
(4) JT de France 3 Nord Pas de Calais, 7 novembre 2012, 19h.

mardi 6 novembre 2012

Tous comptes faits

L'époque est au chiffre. Devient bourgmestre qui fait le meilleur score sur la liste principale de la majorité. La vox populi a toujours raison. Elle a raison de sacrer les faiseurs de voix. Allez savoir pourquoi, les faiseurs de voix de la vox populi sont souvent des populistes. Peu importe s'ils ne sont pas des leaders, s'ils n'ont pas de compétences ou en manquent furieusement (ou même tranquillement), s'ils ne sont pas de bons gestionnaires. Ils sont gentils, voire sympathiques, "ils ne sont pas contraires", comme on dit chez nous. 
Aujourd'hui, la même logique gagne les échevins. Les candidats qui ont réalisé les plus gros scores le deviennent quasi automatiquement. Et tant pis s'ils n'ont même pas été conseillers communaux auparavant, s'ils manquent tranquillement d'expérience, s'ils sont incapables de développer un point de vue ou de terminer une phrase. Le chiffre a raison. 
Si on appliquait la même logique au niveau des gouvernements, elle aurait voulu que soit ministre Marc Wilmots. Il fait, nous dit-on, un bon entraîneur des Diables rouges. En tous cas, ceux-ci font du chiffre ces derniers temps. C'est ce qu'on leur demande, nous dit-on. Il fit aussi, c'était en 1999, 90.000 voix en se présentant au Sénat. Ou il s'ennuya tranquillement et où on n'eut guère l'occasion de l'entendre.
Si on appliquait la même logique aux écrivains, Guillaume Musso et Marc Lévy, bons vendeurs, seraient membres de l'Académie française. Les concepteurs de tablettes électroniques seraient prix Nobel d'économie.

Pendant que votaient les Belges et que se formaient les collèges communaux, deux Américains auront dépensé, à eux seuls, six milliards de dollars pour leur campagne présidentielle. Un seul des deux aura eu raison de le faire (de son point de vue). On voit par là que le chiffre n'a pas toujours raison. 
Pendant ce temps-là, un prédécesseur de Marc Wilmots reçoit trois millions d'euros pour rupture de contrat. Son équipe ne faisait pas de chiffre, lui en fait. On voit par là que la logique du chiffre est difficile à comprendre. 


dimanche 4 novembre 2012

Rastaquouères

Ils sont nombreux aux Etats-Unis, apprend-on (1), à ne pas supporter qu'un étranger siège à la Maison Blanche. On se demande ce qu'est un étranger pour ces gens qui nous sont très étrangers. Un étranger est, visiblement, qui n'est pas blanc. Etre, en plus (si l'on peut dire), bas de plafond peut aider à n'être pas étranger. On pourrait penser, si on entrait dans leur logique, que qui n'est pas Amérindien aux Etats-Unis est étranger. Un des porte-parole de ces mouvements d'extrême-droite hostiles au président Obama nous est présenté comme un intellectuel. Ce qui nous amène à nous demander ce qu'est un intellectuel. Il affirme que "les gènes qui contribuent à l'intelligence sont d'un nombre supérieur dans certaines races, inférieur dans d'autres". On voit par là qu'on a affaire à un grand scientifique. Veut-il prouver par là qu'il appartient à "d'autres"? On ne peut croire qu'il appartienne à "certaines". Ce sont là les idées du Ku Klux Klan, affirme un analyste. Un KKK qui compte aujourd'hui, en 2012, plus de 300.00 adhérents. "Les négros, les juifs, les homos ont, chaque jour, plus de pouvoir", éructe un brave blanc. Ce qui doit signifier qu'ils en avaient moins auparavant et que ce devait déjà être trop. On compte actuellement plus de 1300 mouvements d'extrême droite aux Etats-Unis. 
Pendant ce temps, des nationalisto-facistes manifestent en Russie. 
Tout ceci prouve que la race des crétins n'est pas en voie d'extinction. Cette race est très étrangère à l'humaine. 

(1) JT de la RTBF, 4 novembre 2012, 20h.

mercredi 24 octobre 2012

Mise au vert

Le triple ministre-président de la Wallonie, de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Wallonie picarde a conquis de haute lutte l'hôtel de ville de Tournai. Il a eu besoin de se reposer. Qui n'en aurait besoin? Il se montre ici sur son compte Facebook. On le voit apaisé. Mieux: ressourcé. Tellement détendu qu'il ne se rend pas compte qu'un paparazzi l'a surpris.
http://twitter.com/MathLOFF/status/260109498163810304/photo/1/large
A propos de cette même photo, on peut écouter le "Café serré" de Thomas Gunzig:
http://www.rtbf.be/info/emissions/article_cafe-serre?id=7862053

mardi 23 octobre 2012

Du droit d'élection des autruches

Accorder aux élections municipales le droit de vote aux étrangers établis depuis un certain temps en France, voilà un projet - louable - du Parti socialiste français depuis 1981. Le temps passe, le projet s'ensable. S'inscrivant dans les pas de François Mitterrand, François Hollande en avait fait une promesse de campagne. Avec lui, en 2012-2013, elle deviendrait réalité. Les promesses n'engagent que ceux qui y croient, affirment les détracteurs de la politique. Aujourd'hui, le premier ministre français annonce que ce projet est reporté à Pâques ou à la Trinité. Mais pas à la Saint-Glinglin, nous assure-t-il. Après les élections municipales de 2014. En période plus apaisée. L'UMP crie à la victoire (1). Il faut comprendre que le période actuelle est très tendue.  Et que, alors que de nombreux pays (dont la Belgique) ont tranquillement ouvert le droit de vote aux étrangers, la France reste un pays frileux et réactionnaire.
En 2015, les élections cantonales porteront sur des binômes homme-femme. Actuellement, les conseils généraux ne sont composés que de 13,5% de femmes. Le nouveau système établira la parité totale. "Il s'agit de permettre le respect de tous", dit un représentant socialiste (1). On s'en réjouit, mais on voit par là que tout le monde n'est pas compris dans le "tous".

(1) JT de France 2, 20h, 23 octobre 2012.

dimanche 21 octobre 2012

Le martyr de Sainte Marguerite

L'église Sainte-Marguerite, sur la place de Lille à Tournai, est inutilisée depuis quelques dizaines d'années. Sa tour gothique est classée, elle date du XIVe siècle. Laissée à l'abandon, l'église a été cédée en 2004 par la Fabrique d'église à la société tournaisienne "Monument Hainaut". Le "rachat" s'est fait pour un euro symbolique. On suppose que l'entreprise de construction avait des projets de réaffectation de l'église. En tout cas de conservation. C'est d'ailleurs son objet premier: elle "a centré ses activités sur la conservation du patrimoine architectural" (1). "Le patrimoine européen est très riche et il nous incombe de le préserver", affirme-t-elle. Loin de le conserver, elle a laissé le bâtiment se dégrader plus encore. Monument Hainaut vient de revendre l'église à la société immobilière Gil Construction qui compte rénover totalement le bâtiment en y créant une quinzaine d'appartements et des espaces d'expo, de bureaux, de commerce.
Le nouveau propriétaire n'a pas voulu dévoiler le montant de l'achat, "tout en laissant entendre, dit le Courrier de l'Escaut (2), que l'on peut multiplier ce montant (d'1 €) au minimum par 100.000...".
En ces temps difficiles, vous cherchez un moyen de gagner de l'argent? Les églises désaffectées sont de plus en plus nombreuses dans nos pays. Achetez-en l'une ou l'autre pour un euro, en promettant de la réaffecter un jour (à la saint glinglin par exemple), puis revendez-la quelques années plus tard. Au prix fort. La préservation de notre patrimoine n'a pas de prix.

(1) http://fr.monument.be/companies/8-monument-hainaut
(2) 17 octobre 2012.

vendredi 19 octobre 2012

Nadine De Wever

Que fait un homme politique qui gagne? Il se fâche avec la presse. Du moins, une partie d'entre elle. "Celui-là, il a intérêt à ce que je ne l'emporte pas. Car il ne me verra plus jamais dans son studio", a déclaré Bart De Wever en parlant de Karl Apers, le présentateur du JT d'ATV, la télévision régionale anversoise. Dimanche soir, en plein triomphe, il a ostensiblement refusé toute interview à ATV. Celle-ci avait eu le grand tort, pendant la campagne électorale, d'inviter aux débats anversois les représentants de toutes les listes, y compris les petites, réduisant ainsi le temps de parole de chaque représentant. Dont celui du keizer De Wever. Mais il a aussi refusé de répondre aux questions de l'hebdomadaire Knack et il lui arrive, selon Pol Deltour, secrétaire national de l'Association des Journalistes flamands, de prendre à partie "les journalistes qui lui posent une question trop critique à ses yeux" (1) Il cherche ainsi, pense Deltour, à amener les journalistes à s'auto-censurer dans leurs questions.
Que fait une femme politique qui perd? Elle se fâche avec la presse. Du moins une partie d'entre elle. Nadine Morano vient de créer son propre parti: le Rassemblement pour le Peuple de France. Mais elle n'en parlera pas. En tout cas pas à certains journalistes. "Je ne parlerai pas aux journalistes de Rue89 qui, pour moi, ne sont pas des journalistes." C'est ce qu'elle a dit à l'un d'entre eux (2).  "Je ne parle pas non plus à Mediapart. Pour moi, vous êtes des gens nuisibles, qui cherchent à casser les responsables politiques et qui ne parlent pas du fond. Je ne parle pas aux organes qui nuisent à la démocratie."
On voit par là qu'un bon journaliste est celui qui pose de bonnes questions. C'est-à-dire celles qu'on lui demande de poser. Et que Nadine Morano et Bart De Wever ont une conception très personnelle de la démocratie. La démocratie veut qu'on leur pose de bonnes questions.

(1) L'Avenir, mercredi 17 octobre 2012.
(2) www.rue89.com/rue89-politique/2012/10/17/nadine-morano-cree-son-parti-pour-le-peuple-de-france-236296

jeudi 18 octobre 2012

La fabrique

Comment former de bons Français? Des écoles privées françaises ont la réponse: en imposant aux élèves des règles extrêmement strictes, en les plaçant sous contrôle permanent. Dans cette école du Lot-et-Garonne, où s'est rendue une équipe de France 2 (1), les surveillants pistent les élèves dès qu'ils se rendent aux toilettes: il faut être prudent, ils pourraient s'y rendre pour fumer. Les noeuds de cravate des garçons doivent à tout moment, même pendant les pauses, être serrés au plus haut. Une jeune fille utilise son téléphone portable dans le parc: il est aussitôt confisqué pour un mois. "C'est l'école de la discipline", explique l'un de ses responsables. Traduisons: c'est une école fliquée. Et friquée aussi, puisqu'il en coûte aux parents la bagatelle de seize mille euros par an, pour que leurs enfants soient "bien élevés et bien cadrés". Les regards qui échappent aux jeunes, de moquerie, de défi, de colère rentrée, traduisent leurs sentiments. On sent bien que ces regards sont leurs seuls moyens d'expression.
Cette école fabriquera-t-elle de bons rebelles, de bons robots, de bons lobotomisés, de bons toxicomanes, de bons délinquants?

(1) JT de France 2, 12 octobre 2012, 20h.

mercredi 17 octobre 2012

Le petit déjeuner des gens de terrain

Connaissez-vous le terrain, savez-vous comment vivent les gens? Si, comme moi, vous n'êtes pas bourgmestre, vous ne devez pas savoir grand chose de la réalité. Les députés wallons et fédéraux sont dans le même cas: ils ne peuvent être dans le concret s'ils ne sont pas, en même temps, bourgmestre ou échevin.
C'est ce qu'on retiendra du "petit déjeuner des bourgmestres", organisé par No Télé sur son plateau ce lundi matin, lendemain de veille. Les uns et les autres se réjouissaient. Clovis Demotte avait presque la larme à l'œil: c'est, dit-il, "une histoire d'amour qui se noue entre Tournai et moi".

Les abonnés à Cumul + étaient quelques-uns sur le plateau. Ils ont défendu le cumul du mandat de bourgmestre avec celui de parlementaire. Olivier Saint-Amand, nouveau bourgmestre d'Enghien, démissionnera de son mandat de député wallon pour se consacrer à temps plein à sa ville. Ainsi le veulent les statuts d'Ecolo. Ainsi le voudront aussi, dès 2014, les nouvelles dispositions adoptées par le Parlement wallon.
Ses collègues respectent sa décision, mais défendent leur double casquette, estimant que, quand on est bourgmestre, on connaît le terrain local. "On a les mains dans le cambouis", déclare Rudy Demotte, qui, même avec des gants, ne salira pas les siennes, puisque, ministre, il ne peut assurer la fonction de bourgmestre qu'il briguait et a acquise. Il demande d'ailleurs qu'on le considère comme un "bourgmestre en titre" et non comme un "bourgmestre empêché" (1). "Je n'ai aucune leçon à recevoir", déclare celui que les Flamands surnomment "le petit prof" (sa réplique préférée quand il est à court d'arguments). Il en profite pour dénoncer le sectarisme des écolos. Démontrant par là combien il est foncièrement libéral: chacun fait fait fait c'qui lui plaît plaît plaît.
Le cumul n'est pas un problème, la démocratie a toujours raison, estime le député-bourgmestre de Frasnes, Jean-Luc Crucke: les électeurs sont prévenus, ils acceptent le cumul en connaissance de cause.
Ils le réclament même, surenchérit Christian Brotcorne, député-bourgmestre de Leuze: voyez comme Ath a été transfiguré grâce au statut de Guy Spitaels.
Olivier Saint-Amand a beau jeu de demander si cette situation est "juste" et de faire remarquer qu'à ce compte-là le Parlement wallon devrait compter 262 élus, soit un représentant par commune, et de rappeler (visiblement, il le faut) que le rôle d'un député n'est pas de favoriser sa commune. "Pas de procès d'intention", lui rétorque Demotte, qui confond intention et action, puisqu'il reconnaît aussitôt avoir favorisé, quand il était ministre de la Culture, son ex-commune de Flobecq, mais pour soutenir des projets qui le méritaient. Bon sang, mais c'est bien sûr (2)!

Mais peut-on réellement et matériellement assumer les deux fonctions?, demandent les journalistes de No Télé. Le bourgmestre de Péruwelz, Daniel Westrade, affirme occuper sa fonction à temps plein et exiger de ses échevins qu'ils consacrent, au minimum, un mi-temps à la leur. "Un bourgmestre doit être présent dans sa commune le plus souvent possible. Etre disponible", estime le nouveau maïeur de Beloeil, Luc Vansaingele. "Il faut parfois travailler quinze heures par jour pour la commune", assure son collègue de Mont de l'Enclus, Jean-Pierre Bourdeaud'hui.
En tout cas, au moins un mi-temps pour une commune comme Silly, estime Christian Leclercq, son bourgmestre. Pierre Wacquier assure consacrer quarante à cinquante heures par semaine à sa commune de Brunehaut. Il estime qu'il est alors sur le terrain, dans le concret, mais qu'il pouvait ainsi, quand il était député wallon, faire remonter au parlement les avis des citoyens.
On voit par là que pour nombre de députés-bourgmestres le contact avec le terrain ne peut s'opérer que via un poste de maïeur, qu'ils n'imaginent pas qu'on puisse être "dans la vraie vie", en militant dans l'associatif, en rencontrant des citoyens à travers des réunions, des échanges divers. On voit aussi par là qu'il doit rester bien peu de temps aux députés-bourgmestres pour assumer leurs responsabilités à Namur, s'ils assument déjà plus qu'un temps plein dans leur commune (3).
De toute façon, même si on n'est pas en même temps député, on peut toujours compter sur "Rudy" pour défendre des dossiers voisins, assure Bernard Bauwens, bourgmestre d'Antoing. Finalement, où est le problème? Finalement, c'est vrai, la Wallonie est en train de changer. La preuve, c'est que tout le monde le dit. Et c'est sûrement grâce aux cumulards. Les remerciera-t-on jamais assez?
Il y avait, ce lundi matin, sur le plateau de No Télé, une odeur d'hypocrisie et de vieille culture politique. Les notables entre eux se protégeaient. Etait-on en 2012 ou en 1982? En Wallonie picarde ou en Hainaut occidental?

Note: quand des journalistes, peu avant le 14 octobre, interrogeaient Rudy Demotte sur son "débarquement" à Tournai, celui-ci répondait que c'était là  sa ville depuis toujours, son jardin, que c'est là qu'il a toujours milité, toujours tenu ses réunions, que son fils y va à l'école, etc. Au lendemain des élections, commentant son score personnel, visiblement en-deçà de ses espérances, il estimait que 7000 voix, ce n'est pas mal "pour un primo-arrivant" (4). Demotte est donc un primo-arrivant de longue date.

(1) lire le billet "Pêcheurs empêchés" sur cette perversion dont se réclame le nouveau "bourgmestre en titre" de Tournai.
(2) voir mon interpellation de Rudy Demotte au Parlement de la Communauté française en 2002 sur les étonnants subsides dont ont alors bénéficié Flobecq et la Région des Collines.
(3) lire ou relire sur ce blog les billets "Discussion sur le bout de gras" (29.06.12) - "Les gens indispensables" (08.03.12) - "Abonnés à Cumul+" (28.10.11) - "Synergétiques cumuls" (23.10.10) - "Cumulet par monts et par vaux" (27.08.10).
(4) le Soir, 15 octobre 2012.

mardi 16 octobre 2012

Gratitude et renvoi d'ascenseur (et merci pour tout)


"Ce jeudi 30 août 2012, le Gouvernement wallon, présidé par Rudy DEMOTTE, a approuvé l'octroi d'une subvention de 750.000 € à l'asbl Vertefeuille. Ce montant est octroyé en vue de réaliser une extension d'un centre d'accueil de jour de 15 places, ainsi que pour la mise en place de 15 lits de court séjour à la maison de repos La Vertefeuille.
Marc Gillieaux, Directeur général
Jean-Marie Brooms, président du Conseil d'Administration"


Affiché sur la porte d'entrée de la résidence-service "La Vertefeuille" à Tournai deux-trois semaines avant les élections communales.
Rudy Demotte était venu y manger fin août avec les pensionnaires à qui il avait serré la main.  Comme il est gentil!


lundi 15 octobre 2012

Lendemain de veille

Le grand intérêt des élections communales, c'est que tous les partis ont gagné, tous les partis ont perdu. Ici ou là. Mais globalement, ils en concluent qu'ils ont plutôt gagné.

Martine Payfa est injustement éjectée après dix-huit ans de maïorat à Boitsfort. Est-il juste d'être bourgmestre aussi longtemps? On se pose la question. Pas elle visiblement. Le pouvoir est une drogue.

Bart de Wever heeft een dikke nek. Plus que nooit. En gagnant Antwerpen, il faut croire qu'il a gagné la Belgique. Est-il dans la confusion? L'empereur de toutes les Flandres sait comment le pays doit absolument être réformé. Qu'il commence par faire son exercice sur sa ville, lui qui n'a jamais exercé le moindre pouvoir, sinon dans le terrorisme intellectuel. Intellectuel n'étant peut-être pas le mot qui convient.

Daniel Senesael triomphe à Estaimpuis, Bernard Bauwens à Antoing, Claude Eerdekens à Andenne. On s'interroge. La démocratie a ses limites. Eux aussi. On a les élus qu'on mérite, se dit-on. Il faudra bien faire avec. Mais on est content de n'habiter aucune de ces trois communes.

Collignon père perd lourdement son duel à Amay face à Jean-Michel Javaux, Collignon fille perd son maïorat à Villers-le-Bouillet. Et Olivier Saint-Amand devient bourgmestre d'Enghien. Allez savoir pourquoi, on retrouve le sourire et confiance dans la démocratie.

A Tournai, Rudy Demotte connaît une semi-victoire. C'est-à-dire un semi-échec. La prétention a ses limites, elle aussi. L'homme qui a tenté de défier le vide en sautant en parachute sur la ville avait l'ambition de prendre à la hussarde le poste de bourgmestre pour aussitôt l'abandonner à un autre. Il sera maïeur, mais n'a pas franchi le mur du son et se fait dépasser en voix de préférence par la tête de liste du MR, avec qui il est forcé de s'associer. A l'avenir, peut-être sera-t-il moins immodeste (un qualificatif qu'il doit - devait - se plaire à utiliser en parlant de ses adversaires).

Les élus Ps chantent l'Internationale. A Farciennes, par exemple, où le bourgmestre Bayet obtient 80%, lui qui défendait, bec et ongles, ce magnifique projet ultra-libéral Citta Verde.

A Brunehaut, le CEC fait près de dix pour cent et remporte un premier siège dès sa première participation aux élections. On espère que c'est aussi la dernière. La parti des paranoïaques n'a pas voulu dire à la presse où il se réunissait le soir des élections. "Pour des raisons de sécurité." Il a évité tout contact avec les journalistes le soir de cette victoire. Y a-t-il un psychiatre dans la commune?

Vivement les prochaines élections!

samedi 13 octobre 2012

Pêcheurs empêchés

A la pêche aux voix, je veux bien aller, maman! C'est ce que chantent quelques aspirants bourgmestres qui se présentent aux élections, avec toutes les chances de gagner le poste de maïeur, mais sans intention de l'occuper, puisqu'ils entendent bien rester ministres.
En Italie, ils ne pourraient le faire. Pour se présenter aux élections communales, ils devraient d'abord démissionner de leur fonction précédente. Le "bourgmestre empêché" est une spécialité belge, une perversion de notre système démocratique. "Le sens d'une élection, c'est de se faire élire, rappelle dans la Libre (1) Vincent de Coorebyter, directeur du CRISP, et un élu devrait normalement siéger là où il a été élu. Ce ne sera pas le cas. Et cela crée incontestablement un malaise." Il propose dès lors soit de contraindre les élus qui ont obtenu deux mandats à n'en choisir qu'un, soit d'interdire à un responsable politique déjà élu d'être candidat à une élection s'il n'a pas d'abord démissionné (une deuxième solution qui lui paraît excessive). V. de Coorebyter estime aussi que le choix du "bourgmestre faisant fonction" ne peut être laissé souverainement au champion en voix. Ce devrait automatiquement le deuxième en voix de préférence sur sa liste.
Aujourd'hui, le "bourgmestre empêché" préfère se présenter comme "bourgmestre en titre", "une appellation inventée de toutes pièces, écrit François Brabant dans le Vif (2), qui ne se retrouve dans aucun texte de loi... mais qui s'est imposée dans les faits". Qui doute une seule seconde qu'Elio Di Rupo ne continue, contre l'esprit de la loi, à diriger sa ville de Mons? Qui pense que Rudy Demotte, empêché, ne gouvernera pas la Ville de Tournai où il a d'ailleurs déjà placé ses hommes? "Cette ambivalence est jugée perverse par plusieurs élus, qui demandent un durcissement de la législation", écrit encore F. Brabant. "Bourgmestre en titre, ça veut dire quoi?, demande le sénateur Ecolo Marcel Cheron. Cela veut dire que, de manière occulte, on est toujours là. Ce glissement sémantique est un abus de sens, il s'apparente à une tromperie. On serait bien inspiré d'en revenir à la lettre et à l'esprit de la loi", dit-il (2).
D'autant qu'entre "l'empêché-bourgmestre en titre" et "le faisant fonction" les rapports sont parfois vite conflictuels. Car ou le premier nomme un homme ou une femme de paille sur lequel il a toute autorité, ou il nomme un homme ou une femme d'envergure, mais qui n'acceptera pas longtemps de ne pouvoir gérer que les basses besognes. En témoigne, par exemple, la rupture entre Demotte et Mettens à Flobecq.
Mais...vanitas vanitatum, et omnia vanitas. L'homme politique (certains d'entre eux en tout cas) a besoin de plusieurs mandats pour sentir fort et l'être plus encore.

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Christian Massy ne restera pas dans les annales tournaisiennes comme un bourgmestre fort. Il se confesse dans la Libre (3). Affaibli par l'affaire Singa (du nom de ce joueur de foot à qui il avait fait faire de faux papiers), il avait décidé de ne plus se présenter aux élections. Mais c'est l'exécutif  socialiste tournaisien (dont le président est un certain Demotte) qui annonça l'information. "Avoir laissé apparaître que c'était l'exécutif de l'USC qui m'a poussé à ne plus être candidat, que c'était une sanction du PS, je n'ai pas du tout apprécié, dit-il. C'est faux, et particulièrement humiliant!". Et peu après, Demotte évoquait publiquement les regrets du maïeur vis-à-vis de l'employée communale impliquée dans l'affaire. Nouveau coup de poignard dans le dos: "j'ai ressenti une grande frustration, une grande injustice, car ce n'étaient pas mes propos". Christian Massy avoue avoir été de ceux qui ont participé au parachutage à Tournai de Rudy Demotte. On sent entre les lignes - allez savoir pourquoi - un certain regret.

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Mon billet précédent '"En nu onze hit-parade met Rrrrrrudy - (55 raisons de voter pour Rudy Demotte") recueille un certain succès. En termes d'audience en tout cas. Personne cependant ne s'aventure à laisser une réaction sur le blog. Il faut croire que la discrétion en la matière est bonne conseillère et que chacun a d'excellentes raisons de ne pas se fâcher avec le Petit Marquis. Je le comprends parfaitement.
Reste que je reçois de nombreux messages personnels, qui m'incitent à continuer à partager mes réflexions; qui s'interrogent sur ce pouvoir qui rend fou; qui me proposent bien d'autres raisons aux cinquante-cinq que j'ai recueillies; qui constatent que le Ps est décidément le parti le plus moderne qui soit: qu'importe le fond, pourvu qu'on ait la com'; qui estiment qu'il faut à toute force éviter qu'un parti ait la majorité absolue; qui pensent que quand un politique est capable de se déguiser autant dans le cadre de ses fonctions, c'est qu'il joue la comédie, mêle le vrai au faux, entretient l'illusion.



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L'électeur est le maître du jeu. Dit-on.


(1) LLB, 12 octobre 2012.
(2) Le Vif, 28 septembre 2012.
(3) LLB, 12 octobre 2012.

mercredi 10 octobre 2012

En nu onze hit-parade met Rrrrrrrudy *

Cinquante-cinq raisons de voter pour Rudy Demotte

Il est candidat bourgmestre, mais il l'assure: même élu, il n'exercera pas la fonction, puisqu'il entend lui préférer celles de ministres-présidents.
Le voilà donc, comme le souligne la presse, "candidat bourgmestre empêché".
Mais pourquoi donc est-il finalement candidat? On se le demande. Mais pourquoi donc tant d'électeurs tournaisiens s'apprêtent-ils à voter pour un candidat qui ne respectera pas leurs votes? On s'interroge.
Voici - à partir d'un sondage organisé auprès de moi-même ces dernières années - cinquante-cinq raisons de voter pour Rudy Demotte aux élections communales à Tournai:

1. Parce qu'il a l'air gentil.
2. Parce qu'il a l'air intelligent.
3. Parce qu'on le voit beaucoup à la télé.
4. Parce que ça tombe sous le sens.
5. Parce qu'il ne boit jamais d'alcool.
6. Parce qu'il sait se contrôler.
7. Parce qu'il aime surtout les débats quand tout le monde est d'accord avec lui.
8. Parce qu'on ne peut pas ne pas être d'accord avec lui, puisqu'il est toujours d'accord avec nous.
9. Parce qu'il a beaucoup joué au ni oui ni non quand il était jeune.
10. Parce qu'on peut faire autre chose en l'écoutant parler.
11. Parce que même quand il n'a rien à dire il le dit bien.
12. Parce qu'il parle avec des mots choisis.
13. Parce que, consubstantiellement, c'est un homme de consensus et que dans ce pays divisé on en a bien besoin.
14. Parce que, parlant du Centre sportif de haut niveau de la Communauté française, qui ne verra jamais le jour, il peut dire "il n'a pas été abandonné, il a été judicieusement choisi" (RTBF, la Première).
15. Parce qu'il est comme les autres, mais qu'il s'efforce d'être différent.
16. Parce que le mot componction a l'air d'avoir été inventé rien que pour lui.
17. Parce qu'il a tout compris mieux que les autres et qu'il a la gentillesse de nous l'expliquer.
18. Parce qu'il arrive à faire croire aux gens de gauche qu'il en est et aux gens de droite qu'il n'en est pas (de gauche).
19. Parce que certains journalistes l'appellent Monsieur Antivagues, d'autres Le Petit Marquis. (Le Vif, 2 mars 2012)que les Flamands l'appellent Le petit prof.
20. Parce qu'il aime autant le social que le capital.
21. Parce qu'il emmenait ses enfants, petits, dans les bureaux de vote "pour leur faire partager ces grands moments de la démocratie" (voir No Télé à chaque élection).
22. Parce que si ça ne fait pas de bien, au moins ça ne fera pas de mal.
23. Parce qu'il est un peu plus chaleureux que Guy Spitaels.
24. Parce qu'il préfère une Wallonie qui gagne à une Wallonie qui perd.
25. Parce qu'il est capable de s'habiller en maillot jaune de la Wallonie (qui gagne) pour annoncer l'arrivée du Tour de France à Tournai (http://rudydemotte.info/b/?p=2347).
26. Parce qu'il est capable de porter un sweat-shirt rouge quand il se rend à la Maison du Peuple.
27. Parce qu'aux fêtes de Wallonie il est capable de porter un petit chapeau et de souffler dans un mirliton (LLB, 19 septembre 2011).
28. Parce qu'il n'hésite pas à s'habiller en chef coq (wallon) et à se faire filmer en train de préparer "symboliquement" un mezzé pour accueillir ses invités grecs aux Fêtes de Wallonie (www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=DMF20120911_021).
29. Parce qu'il est comme nous: il aime bricoler (Nord Eclair, 6 septembre 2010).
30. Parce qu'il publie dans la presse de jolis poèmes à l'occasion de la fête des mères (Nord Eclair, 9 mai 2010) (1).
31. Parce qu'il pense que ça ira mieux demain.
32. Parce qu'on sent que ça lui ferait tellement plaisir.
33. Parce qu'il est le petit père de la Wallonie picarde.
34. Parce qu'il cultive les organismes génériquement modifiés: grâce à lui, on ne doit plus dire Hainaut occidental, mais Wallonie picarde; on ne doit plus dire Région wallonne, mais Wallonie; on ne doit plus dire Communauté française, mais Fédération Wallonie-Bruxelles; et que tout cela c'est quand même un sacré progrès.
35. Parce qu'il ne faudrait quand même pas que le Ps de Wapdoowap ait changé pour rien (et pour lui) ses règles qui autorisent désormais le cumul de mandats (Le Vif, 3 février 2012).
36. Parce que Tournai avait besoin d'un sauveur et qu'il a le sens du sacrifice.
37. Parce qu'il n'a pas attendu d'être élu bourgmestre pour prendre des décisions en tant que tel (LLB, 1er septembre 2011).
38. Parce qu'il sait prendre des décisions difficiles "en période sereine", par exemple, au lendemain des élections, quand il a été réélu (même s'il n'avait plus le droit de prendre de telles décisions) (LLB, 13 avril 2011).
39. Parce qu'il a su peser le pour et le contre avant d'autoriser la F.N. à vendre des armes à la Libye de Kadhafi (Le Vif, 12 juin 2009).
40. Parce que, pour défendre les aéroports wallons, il s'oppose à la taxe sur les billets d'avions demandée par le Fédéral (LLB, 6 novembre 2008), mais qu'il en "appelle à une révolution copernicienne", face aux grands enjeux du temps", notamment le "défi énergétique" (Le Vif).
41. Parce qu'il n'hésite pas à donner du travail à ses proches, comme son cousin par alliance Philippe Mettens, son bourgmestre faisant fonction à Flobecq (2)  (Vif, 4 mai 2012).
42. Parce qu'il est vraiment généreux et n'hésite pas à laisser une petite enveloppe à des associations ou institutions auxquelles il peut faire plaisir.
43. Parce que c'est un "ascète ambitieux", qui "n'hésite pas à donner des coups en usant d'un langage agressif", qui "se soucie de positiver les choses, quitte à enjoliver ou à tordre la vérité des faits" (Vif, 30 septembre 2011).
44. Parce qu'il est capable de comprendre "l'intempérance et la colère" de syndicalistes à l'égard de son parti (JT No Télé, 9 janvier 2012).
45. Parce que peu de lettres différencient Don Quichotte, héros picaresque, de Don Demotte, héraut picardesque.
46. Parce que "une phrase de Rudy Demotte, comme beaucoup d'autres phrases de Rudy Demotte, a l'air de vouloir dire quelque chose, mais veut en réalité dire autre chose" (Thomas Gunzig, Le café serré, Matin Première, 7 mars 2012).
47. Parce qu'il a "un regard tendre pour Tournai" (Le Vif, 31 août 2012), "un bijou à redorer" (Télémoustique, 26 janvier 2011) .
48. Parce que, dans une savante confusion, il adore mettre tout le monde autour de la table et au service de sa campagne, comme à Tournai début septembre, en réunissant "collègues ministres, camarades tournaisiens et conseillers" (LLB, 6 septembre 2012).
49. Parce qu'il est facétieux: pour amuser les journalistes, il n'hésite pas à parler dans un pommeau de douche qu'il utilise comme un téléphone (L'Avenir, 14 septembre 2012).
50. Parce qu'il est champion de parachutisme et de la com'.
51. Parce qu'il sait prendre de son précieux temps de double ministre-président pour dîner avec des pensionnaires de maisons de repos de Tournai (comme à la Verte-Feuille fin août 2012).
52. Parce qu'il est l'homme providentiel pour ceux qui sont en manque de héros, de père et d'irrationnel.
53. Parce que c'est un magicien (3) .
54. Parce qu'il s'agit d'une simple formalité: à un moment donné il faut quand même bien légaliser une situation de fait.
55. Parce que, consubstantiellement, il a le sens de l'abnégation: il va se faire élire bourgmestre pour aussitôt céder sa place à un autre (qu'il choisira lui-même).

Voilà donc cinquante-cinq raisons de voter Demotte.
Reste à en trouver une bonne.

* les Snuls

(1) " Maman, mère, source de lumière et de bonheur. Elle est notre premier sourire, notre premier mot, notre première caresse, notre premier baiser. Joyeuse fête à toutes les mamans."
(2) "je l'ai beaucoup aidé: il est devenu mon attaché parlementaire à la sortie de l'université, ensuite mon chef de cabinet adjoint alors qu'il n'avait aucune expérience. Je me suis battu aussi pour qu'il devienne chef de cabinet du ministre de la Politique scientifique." (Vif, 4 mai 2012)
(3) un terme qui est - aussi - synonyme d'illusionniste.

Sur les "bourgmestres empêchés", écoutez le "Café serré" de Thomas Gunzig de ce mercredi 10 octobre:
 www.rtbf.be/info/emissions/article_le-cafe-serre?id=7853245