vendredi 29 novembre 2013

Danse avec les loups

Pourquoi danse-t-on? Pour être en mouvement, pourrait-on croire, pour la grâce, pour le plaisir, pour l'énergie, pour la beauté, pour l'accord avec le ou les partenaire(s), pour s'épanouir, pour se libérer, pour se sentir vivre, pour être bien. On sent bien qu'il doit y avoir cent bonnes raisons
Mais certains pratiquent la danse en compétition et ont alors d'autres envies, d'autres motivations.
Ainsi Ludovic Chanton, un exemple sans doute parmi d'autres. Lors de concours, le jeune homme n'a qu'une idée: "mettre la raclée aux autres me motive à fond", dit-il. "Dès le matin des compétitions, on se lève avec l'idée de tout atomiser, et à l'entrée sur la piste, on veut tout éclater. (1)" Mettre la raclée aux autres est donc une motivation. On en a connu de plus nobles, de plus élégantes. On voit par là que la compétition change le regard.
Dans les années soixante-dix, écrit Sando Kaisen (2) , les arts martiaux s'implantaient en Europe: "le Japon venait nous transmettre le riche héritage de cet art que l'on nommait do, la Voie, la Voie qui mène à l'accomplissement de l'homme. Avant l'entraînement, on s'asseyait pour méditer et on pratiquait fortement. Il n'aura, hélas, pas fallu dix ans pour créer des ligues, des compétitions, des ceintures noires et des trophées, pour saccager la pure tradition et inonder la planète de ces nouveaux sports appelé karaté ou judo... Terminé l'idée même de Voie! Le monde moderne court après des ombres et ne comprend pas la racine. Il court après les feuilles en dénigrant cette racine. Rien de bon ne peut naître d'une telle attitude".

(1) La Nouvelle République, 18 novembre 2013.
(2) L'esprit du vin selon un moine zen, éditions Tarma 2013.

mercredi 27 novembre 2013

Dé-rap-age

Se moquer des gens, les critiquer pour ce qu'ils sont, pour la couleur de leur peau, leur âge, leurs origines, leur sexe, c'est du racisme et c'est inacceptable et condamnable. Se moquer des idées ne l'est pas. On conviendra qu'il est plutôt sain de se moquer des idées, que la critique fait réfléchir et avancer et qu'une société qui l'interdirait se recroquevillerait sur elle-même et serait de type dictatorial, de celles qui refusent à leurs sujets le droit de penser.
Aujourd'hui, on a donné un nom à la critique de l'islam: on parle d'islamophobie et on la confond allègrement avec le racisme. Certains montent aux rideaux - et surtout aux créneaux - à la moindre plaisanterie, à la moindre critique de l'islam. Or, l'islam, comme toutes les autres religions, est - et n'est que - une idée, et est donc à ce titre critiquable.
Ceux qui s'indignent de ce qu'ils nomment islamophobie estiment que celle-ci témoigne d'une attitude colonialiste. Non seulement l'analyse est pour le moins expéditive et simpliste, mais elle oublie en outre combien les religions ont été et restent de gigantesques entreprises de colonisation des esprits et comment certains les utilisent à des fins violentes.
Au nom de la lutte contre l'islamophobie (c'est ce qu'on peut supposer), voilà qu'un rappeur appelle à "un autodafé pour ces chiens de Charlie Hebdo".
Bien sûr, on n'a affaire ici ni à un grand sociologue, économiste ou écrivain ("quel est le vrai danger: le terrorisme ou le Taylorisme?", demande-t-il), mais à un politologue amateur assez dangereux. Et on comprend vite que Nekfeu se range dans le camp de l'Inquisition ou du nazisme. Le sait-il? Ce sont ces régimes-là qui initièrent et pratiquèrent ces incendies contre les hérétiques qui avaient l'outrecuidance de ne pas penser comme eux. Nekfeu, qui dans sa chanson condamne le racisme, sait-il qu'il appelle à brûler un journal fondamentalement antiraciste (1)? 
Nekfeu n'aime pas Charlie, cet hebdo d'esprits libres. L'a-t-il lu un jour? Tous ceux qui comme lui appellent à la violence se placent du côté de l'extrême droite et de l'obscurantisme.
Le plus affligeant, c'est que la chanson dans laquelle le rappeur en question interprète ce couplet (2) est liée au film "La Marche", même s'il n'est - heureusement - pas repris dans sa bande originale. Le film de Nabil Ben Yadir (réalisateur de l'excellent film "Les Barons") a tout son sens aujourd'hui encore. Il retrace la "Marche pour l'égalité et contre le racisme", organisée en 1983 par Toumi Djaidja et ses amis pour protester contre les violences policières. "Un film clairement antiraciste, qui rend hommage à un événement majeur dans l'histoire de la lutte pour l'égalité des droits", estime l'équipe de Charlie, effarée par la violence de ce "chant religieux communautariste".
La chanson "La Marche" réunit treize rappeurs, chacun apportant son propre texte. Dommage que celui de l'un d'entre eux, véritable outrage à l'intelligence, fasse le jeu de l'extrême droite, tant musulmane que franco-française.
Peut-on faire une suggestion à Nekfeu: qu'il rejoigne une "chorale de râleurs". Elles sont très à la mode, paraît-il (3), mais s'expriment dans le second degré. Un peu de recul devrait lui faire le plus grand bien.

un abonné de Charlie Hebdo

(1) lire la tribune "Non, Charlie Hebdo n'est pas raciste"
www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2013/11/25/charlie-hebdo-effare-de-la-violence-de-la-bo-du-film-la-marche-a-son-encontre_3519910_3236.html
(2) http://rapgenius.com/La-marche-marche-lyrics#note-2468925
(3) Arte Journal, 26 novembre 2013.


(re)lire sur ce blog:
- "Islamofolies", 19.04.2013.
- "Renvoi de censeurs", 02.11.2011.

dimanche 24 novembre 2013

L'art hors la ville

L'art mural est très présent en Irlande du Nord où il raconte l'Histoire, honore les héros et les combats et préserve la mémoire. Les murs de bien des communes d'Amérique latine sont des supports à la créativité populaire, ils diffusent des slogans socio-politiques, témoignent de l'Histoire ou servent l'art.
Les plus grands musées du monde ont aujourd'hui exposé des œuvres d'artistes de rue, d'Ernest Pignon-Ernest à Cédric Bernadotte, en passant par Banksy, Lek ou bien d'autres.
La plupart du temps, l'art urbain - et c'est ce qui fait sa force et lui donne son sens - s'exprime librement, presque sauvagement.
A Tournai, qui est fière de sa politique culturelle (à juste titre à bien des points de vue), le street art, art rebelle par essence, doit se plier aux règles.  "L'art dans la ville" y a sa période: deux semaines en octobre. Hors ces dates, il est prié de regagner les galeries et de ne pas s'afficher à l'extérieur.
Voici quelques années, un grand pignon en centre-ville, sur la rive gauche de l'Escaut, a été peint par trois artistes de street art. Le propriétaire de la maison, peintre en bâtiment, avait mis son mur et de la peinture à disposition des trois jeunes artistes pour qu'ils s'expriment. Il n'avait demandé aucune autorisation pour ce faire. Mal lui en prit. La Ville opposa un refus à sa volonté de régulariser la situation. Aujourd'hui, c'est le tribunal qui lui enjoint de faire disparaître la fresque (1).
Deux artistes tournaisiens ont relancé la peinture murale au lendemain de la seconde guerre mondiale: Edmond Dubrunfaut et Louis Deltour avaient créé "Forces murales" avec le bruxellois Roger Somville. Leur objectif: mettre l'art à la portée de tous, et donc d'abord dans la rue. La Ville s'enorgueillit encore de les avoir comptés parmi les siens. On trouve des œuvres de Dubrunfaut dans le tunnel de la gare de Tournai, à la piscine de Kain et en de nombreux lieux publics à Antoing. Des commandes publiques à chaque fois, qui par leur nature même induisaient sans doute une autorisation automatique.
A Tournai, il semble que l'art doive rester sous contrôle des institutions: Ville ou Maison de la Culture.
Pendant que le peintre en bâtiment est prié d'effacer ce témoignage d'art urbain non autorisé, IDETA (2) se bâtit à deux pas de là, de l'autre côté de l'Escaut, un immeuble qui est affirmation de puissance. Il dépasse de deux étages toutes les constructions voisines. Ce temple de la suffisance affichée est donc irrespectueux des règles d'urbanisme. IDETA a notamment pour rôle de conseiller les communes de sa zone d'influence en matière d'urbanisme et d'aménagement du territoire. Ce chantier dispose évidemment d'un permis en bonne et due forme. 
A quoi reconnaît-on une petite ville de province?

(1) www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=dmf20131122_00392726
(2)  IDETA est l'Intercommunale de Développement économique de Tournai-Ath.

jeudi 21 novembre 2013

Balle magique

Il suffit parfois de pas grand chose pour restaurer le moral d'un peuple. Trois balles au fond d'un filet, par exemple. Et un pays en plein marasme, un pays au bord du gouffre, un pays qui a des bleus à l'âme se redresse comme un seul homme et retrouve allant et fierté.
Voilà que les supporters se cotisent pour payer les impôts de leurs dieux en short.
Voilà que des agriculteurs et des routiers, main dans la main, reconstruisent des portiques écotaxes qu'ils avaient malencontreusement démolis.
Voilà que des automobilistes se flashent eux-mêmes quand ils passent à hauteur de radars endommagés par des inconscients.
Voilà que les pasionarias qui s'étaient juré de consacrer leur vie à la lutte contre le mariage homosexuel se roulent des pelles.
Voilà que la cotation de TF1 bondit en bourse.
Voilà que François Hollande procède au remaniement gouvernemental tant attendu, en nommant Didier Deschamps premier ministre.
Désormais, tous les Français ont placé sur leur table de nuit une photo de leur cher président. Ils l'emporteront l'été prochain lors de leurs vacances au Brésil. "On est au Brésil, on est au Brésil!", scandaient-ils avant-hier soir.
Elle est pas belle la vie?

mardi 19 novembre 2013

Grandes et petites voix

On les attendait. Des voix se sont fait entendre pour refuser le racisme qui semble s'exprimer presque normalement en France ces derniers temps. Celle de Jeanne Moreau, celles de Benjamin Stora, de Bernard Murat, de Danièle Thompson, de Denis Olivennes. "Nous sommes tous des singes français", affirment-ils, se demandant comment il se peut "qu'au XXIe siècle certains de nos concitoyens, éduqués comme nous dans un grand pays que nous aimons, apprennent encore à leurs enfants l'humour nauséeux, la barbarie, la haine de l'autre et le mépris". D'autres artistes et intellectuels se mobilisent aussi: Yann Moix, Christine Angot, Caroline Fourest, Bernard Henri-Lévy, Dominique Sopo se sont réunis dimanche à Paris pour dénoncer le racisme. "Les républicains ne laisseront pas cette haine bestiale sortir des citoyens de l'espèce humaine", affirme C. Fourest (1).
Pendant ce temps, d'autres se trompent de combat: il y eut d'abord les auto-proclamés "343 salauds". "Touche pas à ma pute", préviennent-ils. Un pute appartient forcément à qui la paie. C'est leur logique d'hommes, de vrais hommes. On ne s'étonne pas de trouver parmi les premiers signataires un certain Eric Zemmour, on sait combien il a mal à sa virilité. On fut - un peu - surpris d'y trouver Nicolas Bedos. Il a retiré depuis sa signature (2).
Plus récemment, il y a Antoine: l'exotique vendeur de lunettes, a lancé une pétition s'opposant au projet gouvernemental de lutte contre la prostitution. Catherine Deneuve, Charles Aznavour et d'autres l'ont rejoint. Sur France 3 Centre (3), au même moment, une jeune femme, qui fut prostituée pendant cinq ans, témoignait des années de violence qu'elle a alors vécues. Elle ne comprend pas la pétition. Celles et ceux qui la signent, dit-elle, ne se posent pas la question du proxénétisme et de la violence que connaît le milieu de la prostitution. De quel côté se placent-ils, tous ces signataires? Que savent-ils du vécu de la grande majorité des femmes qui se trouvent sur le trottoir sans l'avoir jamais voulu?
Résumons-nous: l'homme descend du singe. 


(1) http://carolinefourest.wordpress.com
(2) dans la famille Bedos, je choisis le père.
(3) 17 novembre 2013, 19h00.

mercredi 13 novembre 2013

Plutôt grues que françaises



Le ciel est plombé. Les grues quittent la France. On l'entend à leurs cris: elles sont inquiètes. Après les homos, les Roms, les noirs, les portiques écotaxes, les radars, les panneaux de signalisation, peut-être seront-elles les prochaines cibles des Français au teint bleu marine.
La une ignoble de Minute n'est pas une surprise: l'hebdomadaire ne s'est jamais hissé à un niveau plus élevé que le caniveau. Mais aujourd'hui il ne fait que répéter ce qui se crie ouvertement dans les rues à l'encontre d'une ministre qui a le grand tort non seulement d'être noire, mais en plus d'être une femme, intelligente et décidée.
Face à cette résurgence d'un racisme anti-noir, certains appellent à la création d'un ministère de l'antiracisme (1). Mais le mal est plus grand. C'est un ministère de l'anti-connerie qu'il faudrait créer. On pourrait l'appeler ministère de l'Education. Elle semble faire cruellement défaut.
Les slogans et les actions les plus stupides se succèdent. Après avoir brûlé des radars, voilà que certains démontent des panneaux de signalisation le long des routes (1). Comprenne qui pourra. 
Les idées de la fille à papa Le Pen et de son parti d'extrême arrière se répandent comme des métastases. Mais elle se défend d'être responsable des propos excessifs et racistes, même des candidats de son propre parti. Qui est dupe? "Le FN, un parti de travestis qui oublient de se raser la moustache", écrit Charb dans Charlie Hebdo de ce jour (2). 
Hier soir, sur France 3 Centre, des images d'une manif (était-ce à Blois?) d'un groupuscule d'extrême droite. On y voit son leader menacer d'une chaise des contre-manifestants. Puis, le même, posé, annoncer qu'il compte bien être candidat FN aux élections municipales et qu'il est déjà très flatté d'avoir la confiance de Marine Le Pen. Parlera-t-elle encore d'erreur de casting ou au contraire d'un homme courageux qui ne se laisse pas marcher sur les pieds?
Quand entendra-t-on "de grandes et belles voix", comme le souhaite Christiane Taubira, dire non à cette folie collective qui semble gagner la France? Où sont les intellectuels, où sont les artistes?

(1) Journal de France Inter, 13 novembre 2013, 13h.
(2) "Dérapages, quels dérapages?"

photo prise ce mercredi, en fin d'après-midi, dans le sud de l'Indre.

lundi 11 novembre 2013

Journée des beaufs

La bêtise gagne-t-elle la France? Voilà que de sombres crétins, pour clamer leur ras le bol, s'attaquent à des radars routiers. Vive l'insécurité routière. Que chacun roule à la vitesse qui lui convient. Supprimons la gendarmerie. Les gendarmes dressent trop de procès-verbaux. C'est une honte. Chacun fait fait fait ce qui lui plaît plaît plaît. Tant qu'à  faire, supprimons le code de la route. Il est arbitraire.
D'autres profitent de la célébration de l'armistice de 1918 pour insulter le chef de l'Etat. La cheffe du front bas national s'indigne: la police a arrêté certains de ses militants. Comment? Ils n'ont pas le droit de clamer leur haine du président alors qu'il est en train de rendre hommage à ceux qui sont morts pour défendre la France? Voilà de nouveau la fille à papa Le Pen dans sa position préférée: celle de l'agresseur victime. Elle est si gentille et ses affidés si sympathiques. 
Une odeur d'égout rend la France assez irrespirable ces dernières semaines.


dimanche 10 novembre 2013

Un appel et une invitation d'un copain artiste


Bonjour, 

nous nous connaissons de près, de très près ou de loin. 
Je suis musicien sur la scène tournaisienne depuis plus de 15 ans et cette année, je fête mes 50 ans. Mais ce n'est pas le plus intéressant.

L'ONEM ayant refusé, suite à de récentes réformes juridiques, de renouveler mon statut d'artiste en janvier, malgré de nombreuses prestations annuelles, j'ai déposé un recours en justice, avec l'aide des juristes de chez SMART et de Clarisse Cantillon, avocate de Péruwelz. 
Cette affaire, personnelle, mais qui concerne, par la jurisprudence qu'elle pourrait amener, tous les artistes du pays, sera présentée au Tribunal du Travail de Tournai le vendredi 15 novembre à 14h30 en séance publique.

Je vous invite donc à venir fêter mes 50 ans sur les marches du Palais de Justice de Tournai à 14h précises ce vendredi 15 novembre.

Nous boirons ensemble les quelques bouteilles que vous aurez bien voulu amener (ben oui, je ne suis pas un musicien très riche), ensuite nous assisterons à cet épisode de justice belge (la séance est publique), moment qui, je n'en doute pas, sera immortalisé par notre télévision régionale, que j'invite également.
Vous pouvez également amener qui vous voulez: mon cadeau d'anniversaire sera le nombre.

Vous pourrez, j'en suis certain, discuter de ce problème avec votre bourgmestre Rudy Demotte, qui, je n'en doute pas une seconde, pourra enfin se libérer pour venir soutenir un artiste actif de sa nouvelle ville.
Il sera certainement entouré par Mr l'Echevin de la Culture, Mr Tarik Bouziane, que j'invite cordialement. S'ils le désirent, ils peuvent bien entendu venir avec le reste du Collège, montrant ainsi l'intérêt de nos élus locaux sur ce sujet.
Ce sera un épisode des "Assises de la culture", mais debout ;-)

Je ne pense pas être fort demandeur de service, mais cette fois, j'ai besoin de vous tous !!!

PS: transférez ce mail autant que vous le pouvez.

Merci déjà.

vendredi 8 novembre 2013

Pauvre Albert


Billet rédigé par un de mes frères.  Je le diffuse avec plaisir.


Ce jeudi 7 novembre, trois infos ont retenu mon attention dans le journal de 8 H 00 sur la Première de la RTBF :
-        Le lancement de l’opération 11.11.11
-        Un bébé sur 4 en Wallonie vit sous le seuil de pauvreté
-        Le Roi Albert II se plaint de sa dotation : il ne reçoit plus que 923.000 euros par an et cela ne lui permet plus, notamment, de payer le carburant de son yacht !!

Alors, d’un seul coup, la toute petite sympathie pour Albert que j’avais retrouvée à la fin de son règne (comme beaucoup de Belges me semble-t-il) s’est écroulée !
Dans de nombreux discours il a voulu sensibiliser « ses chers compatriotes » à la condition des plus défavorisés. A Noël 2012, il disait encore qu’il fallait « faire preuve de solidarité avec les plus faibles… »

Alors, aujourd’hui, le masque est tombé : toutes ces paroles n’étaient que du vent ! Et bien, mon cher Albert, utilisez donc ce vent désormais pour faire avancer votre yacht ! Ou alors, vous vous grandiriez en le revendant et en versant le produit de la vente à l’opération 11.11.11 !

François Guilbert

jeudi 7 novembre 2013

Obscurantisme

On ne le sait pas assez, mais il existe des lois naturelles et il faut s'y soumettre sous peine de bouleversement épouvantable. Ainsi, il existe "un loi naturelle, supérieure aux lois humaines" qui veut que deux personnes homosexuelles "radicalement incapables de procréer un être humain" sont incapables "de l'éduquer à titre de parents". Cette" loi naturelle" est invoquée par le maire de Fongombault (village du sud-ouest de l'Indre): lui, ses adjoints et sept de ses conseillers municipaux ont adopté le 24 octobre une délibération annonçant leur refus de célébrer un mariage entre deux personnes du même sexe (1). Je ne sais quelle est la tendance de l'équipe au pouvoir à Fongombault, mais la référence à des lois naturelles est un leitmotiv de l'extrême droite.
La bêtise et l'homophobie du maire, de ses adjoints et de ses conseillers (seul l'un d'entre eux s'est opposé et deux se sont abstenus) sont-elles naturelles? En tout cas, ils annoncent que s'ils devaient être contraints de procéder à un tel mariage, ils démissionneraient. On espère maintenant qu'un couple homo aura le courage de faire appel à eux pour son mariage. Histoire de débarrasser les habitants de Fongombault de cette équipe discriminante et totalement dépassée par les réalités d'aujourd'hui, en un mot attardée. Et que tous les couples hétéros iront convoler en justes noces en des communes plus accueillantes et moins stupides. Brûle-t-on encore des sorcières à Fongombault? Y coupe-t-on la main aux voleurs? En chasse-t-on les étrangers?
En septembre 2012, en plein débat sur le mariage pour tous, Jacques Tissier, le peu poli maire, avait déjà déclaré qu'il était "hors de question de marier des pédés!". La nature l'a visiblement fait ainsi, Jacques Tissier: éructant et excluant. C'est qu'il est très croyant, c'est sa nature. En Dieu, pas en l'homme. Au point de réciter un "Notre Père" et un "Je vous salue Marie" lors d'une séance officielle de voeux à la mairie.
On se demande pourquoi cet homme est maire, comment il ose voter des règlements communaux, alors que Dieu seul devrait être aux commandes de Fongombault.
Heureusement, des habitants se manifestent, expriment leur dégout de la position de l'équipe dirigeante et se constituent en collectif. Une réaction saine et... culturelle. 

(1) "Les indignés de Fongombault", La Nouvelle République, 7 novembre 2013.

mercredi 6 novembre 2013

Vagues réflexions

Le dira-t-on jamais assez? La vie est mal faite et la juste mesure fait trop souvent défaut. On en a la preuve au Havre où "il y a trop de mer". C'est ce que constatait récemment (1) une des responsables de la Transat Jacques Vabre, forcée de reculer le départ de la course à cause de cet excès de mer. Certains ont trop de mer quand d'autres en manquent. Sans doute cet excédent serait-il utile aux Tchèques, aux Autrichiens ou aux Hongrois qui n'ont pas la chance d'en avoir.
Peut-être les Népalais, les Boliviens ou les Suisses ont-ils trop de montagnes. Les Néerlandais et les Belges en seraient sans doute preneurs.
Et que dire de ceux qui ne manquent pas d'air? On en connaît beaucoup qui pourraient en distribuer autour d'eux. 

(1) Journal de France Inter, 2 novembre 2013, 13h.

dimanche 3 novembre 2013

Dérangégé

Le Festival Ramdam à Tournai ne pouvait se trouver meilleur parrain pour sa prochaine édition (1): Gérard Depardieu est l'homme idéal pour incarner le "festival du film qui dérange".
Gégé a fui la France et s'est installé en Belgique pour échapper à l'impôt. Il vante les charmes de l'Azerbaïdjan, est l'ami de Poutine et fête l'anniversaire du président tchétchène Kadyrov. Bref, Gégé a de chouettes amis qui ont une conception de la démocratie et de la solidarité quelque peu différente de la nôtre. Quand un journaliste du Petit Journal de Canal+ essaie de s'inviter chez lui, Depardieu le remballe d'une manière que, par euphémisme, on qualifiera de peu distinguée (2).
Gégé à lui tout seul, c'est le festival de l'homme qui dérange.

(1) www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=dmf20131030_00382673
(2)
www.videobuzzy.com/Le-defi-Musqua-du-Petit-journal-avec-Gerard-Depardieu-7477.news

(re)lire sur ce blog
"L'insoutenable légégéreté de l'être", 10 janvier 2013.
"Réfugié pathétique", 15 décembre 2012.

vendredi 1 novembre 2013

Pauvres petits garçons riches

Cette fois, le président Hollande a tenu bon. Les joueurs de football aux salaires faramineux et leurs clubs ne seront pas exemptés de la taxation à 75% des plus hauts revenus. Les dirigeants des clubs sont très fâchés. Au point qu'ils menacent de se mettre en grève. Il n'y aurait pas de match le dernier week-end de novembre. Qu'est-ce qu'une grève? Normalement, un moyen de pression sur leur hiérarchie qu'utilisent des salariés en cessant le travail, la perte de revenus occasionnée par l'arrêt de l'activité étant censée amener la direction à écouter les revendications des salariés. Ici, c'est la direction qui annonce l'arrêt de sa "production" et qui se met donc elle-même en difficulté financière. Les présidents de clubs de foot ont une logique bien à eux. Peut-être pensent-ils avec leurs pieds. En tout cas, le dernier week-end de novembre sera celui de toutes les possibilités. Les supporters pourront faire quelque chose de plus intelligent qu'aller voir un match de foot. Les chaînes qui diffusent les matchs pourront programmer d'autres émissions, a priori plus passionnantes qu'un match de foot.
On dénombre en France 115 joueurs de foot qui gagnent plus d'un million d'euros par an. Leurs gains seront donc taxés à 75%. Que reste-t-il comme alternative aux divas en culottes courtes et à leurs clubs? Aller s'installer à l'étranger, en Belgique par exemple, comme l'ont fait Gérard Depardieu et bien d'autres Français fortunés qui veulent échapper à l'impôt. La Wallonie picarde leur ouvrira ses bras accueillants. Le PSG deviendra le Péruwelz Saint-Germain; l'OM sera l'Olympic de Mouscron; le LOSC se déplacera de quelques kilomètres: à Lamain. Quant à Monaco, c'est à Mons qu'il sera hébergé; le club s'appellera désormais Monsaco. Vive l'Europe!