lundi 30 septembre 2019

Greta et les chiens

Pourquoi tant de haine? C'est sans doute qu'il est difficile de supporter d'être secoué par une jeune fille déterminée comme Greta Thunberg. Plus encore depuis qu'elle a dit avec colère et émotion son indignation devant l'inaction des "grands" de la planète (1). Certains coqs blessés réagissent agressivement. On les découvre en vieux cons paumés et aboyeurs. On assiste à un festival inédit: celui de la mauvaise foi, du cynisme, de la bêtise, du mensonge, de la grossièreté, voire de la violence la plus abjecte.

Bernard Arnault, l'empereur du luxe, une des plus grandes fortunes de France, trouve la jeune Suédoise démoralisatrice. Elle ne propose rien, dit-il. Apparemment, Arnault devient sourd: elle propose de suivre les recommandations du GIEC. Ce qui n'est pas rien comme programme. Et que propose-t-il, lui, Bernard Arnault? De poursuivre cette merveilleuse croissance qui nous amène à grande vitesse dans le mur (2).
Au congrès du Medef, qui représente les patrons de France, Nicolas Sarkozy a prononcé cette phrase avec le ton moqueur qu'il a toujours aimé utiliser: "Si on n'agit pas très rapidement, on va au devant d'une catastrophe extravagante. (...) Alors, je vois cette jeune suédoise si sympathique (rires dans l'assemblée) et si souriante (rires dans l'assemblée)  tellement originale, hum, dans sa pensée." Qu'a-t-il fait, lui, Sarko le narquois qui fut président de la République française, pour éviter une catastrophe extravagante? Rien. Strictement rien.
Même Michel Onfray s'en est pris, très agressivement, à Greta Thunberg, la traitant de "cyborg suédoise", parlant de son "corps sans chair", affirmant qu'avec son intelligence "artificielle" elle ne peut maîtriser ce qu'elle dit. Le philosophe poursuit sa chute.
Le pire a été atteint ces derniers jours par un certain Bernard Chenebault qui a parlé d'elle comme d'une "folle" qu'il faut "abattre". Le maintenant ex-président des amis du Palais de Tokyo a écrit: "J'espère qu'un désaxé va l'abattre" (3). Qui est le désaxé dans cette histoire, sinon lui?

Un glacier du Mont blanc s'effondre, le niveau de la mer va monter d'un mètre en 2100, les incendies se multiplient partout dans le monde, la sécheresse se répand à travers la planète, les températures ne cessent de battre des records, les typhons succèdent aux inondations. En Autriche, on détruit à coups de bulldozer un glacier pour créer des pistes de ski. On incendie volontairement la forêt amazonienne. La forêt indonésienne brûle autant que la sibérienne et toutes ces hyènes aboient sur une jeune fille de seize ans qui sonne l'alarme.

Greta Thunberg rassemble heureusement des centaines de milliers de jeunes à travers la planète. Ils étaient 500.000 samedi à manifester à ses côtés à Montréal. Ils sont nombreux à vouloir que nous prenions tous, enfin, en mains notre avenir. Que nous prenions nos responsabilités. Que nous nous regardions en face.

Le premier qui dit 
Se trouve toujours sacrifié
D'abord on le tue
Puis on s'habitue
On lui coupe la langue on le dit fou à lier
Après sans problème
Parle le deuxième
Le premier qui dit la vérité
Il doit être exécuté.
Guy Béart, "La Vérité"

Les soutiens à Greta Thunberg ont publié une vidéo d'aide à tous les haineux qui s'en prennent à elle:

(1) https://www.lalibre.be/planete/environnement/furieuse-greta-thunberg-reprimande-les-chefs-d-etat-a-l-onu-comment-osez-vous-5d88d962d8ad5878fd5bae5d
(2) https://www.lalibre.be/planete/environnement/elle-se-livre-a-un-catastrophisme-absolu-bernard-arnault-fustige-greta-thunberg-5d8bc23a9978e25f644b2aee
(3) http://www.leparisien.fr/societe/le-president-des-amis-du-palais-de-tokyo-appelle-a-abattre-greta-thunberg-puis-s-excuse-29-09-2019-8162568.php
Un soutien:
https://www.lalibre.be/planete/environnement/jean-pascal-van-ypersele-je-soutiens-greta-thunberg-a-200-c-est-une-jeune-fille-surdouee-5d8d939af20d5a53cc1376d0

vendredi 27 septembre 2019

Jeunes et beaufs

Ils sont jeunes et beaux. Ils ont l'air très heureux. Il faut dire qu'ils roulent en Jeep. Ils en ont besoin pour transporter une planche de surf. C'est indispensable. Il se gare en haut d'une dune, sur un caillebotis, surplombant la mer. Elle est ainsi plus proche. Il faut croire que la planche est particulièrement lourde ou qu'ils sont fatigués. En fin de journée, ils rentrent chez eux, en ville, avec leur énorme véhicule.
Il serait temps d'interdire ces publicités d'une vulgarité affligeante qui sont un bras d'honneur au réchauffement climatique.
Ils sont jeunes et beaux. Mais surtout très beaufs.


mercredi 25 septembre 2019

Vivement le temps des femmes

Il faudrait plus de femmes à des postes de responsabilités. A tous les niveaux. Les mâles dominants de la planète, tous ces rouleurs de mécanique, ces forts en gueule que sont les Trump, les Poutine, les Bolsonaro, les Erdogan, les Johnson, les Duterte, les Orban et tous ces autres chefs d'Etat qui s'expriment par coups de menton ne sont que grotesques aboyeurs à côté d'une Angela Merkel ou d'une Greta Thunberg.
Les religions sont aussi affaires de mâles. Quasi exclusivement.
Quelques femmes commencent, enfin, à y exercer quelques responsabilités. Telle Seyran Ates, imame de la mosquée Ibn Rushd-Gœthe à Berlin. Elle y accueille en un même espace femmes (y compris non voilées), hommes, LGBT et croyants de toutes obédiences.
Inna Shevchenko, des Femen, l'a rencontrée pour Charlie Hebdo (1). 
"En tant que musulmane libérale, explique Seyran Ates, je mène un combat pour les droits des femmes, contre le patriarcat, au sein de ma propre religion. Contre les structures d'une société où les gens ne tolèrent pas les différences de croyance d'opinion."
Elle soutient totalement une séparation stricte entre églises et Etats. Les religions, affirme-t-elle, n'ont pas à se mêler des droits humains fondamentaux ni du pouvoir étatique. "Je me bats pour un islam qui demeure dans le domaine spirituel et mystique. Je ne reconnais pas le livre saint comme un livre de loi. Ni l'islam comme un modèle de société ou un système politique. Je reconnais la démocratie. Aux religions de s'abriter sous le toit de ce système politique. C'est précisément ce qui garantit la liberté de culte."
L'imame invite à prendre une distance avec le Coran: "les musulmans doivent retrouver leur sens critique vis-à-vis du livre saint. Il y a déjà eu des voix fortes par le passé pour faire progresser la pensée musulmane, au XIIe et au XIIIe siècle, comme Ibn Arabi".

Elle fustige celles et ceux qui, dans les pays occidentaux, se montrent tolérants, voire complaisants, vis-à-vis des diverses expressions de l'islamisme. "Il faut commencer par combattre l'islam politique. Cesser de financer et de soutenir les mosquées et les centres d'éducation coranique. (...) Pourquoi les pays occidentaux coopèrent avec les radicaux au lieu de les combattre? A Berlin, nous avons une coalition sociale-démocrate et écologiste au pouvoir, mais il y a, au sein du parti des Verts, des gens qui m'attaquent personnellement. J'ai ouvert cette mosquée, nous la dirigeons dans la paix, nous nous battons pour l'égalité des sexes, pour la communauté LGBT, pour la liberté d'expression... Pourquoi soutiennent-ils des croyants radicaux, des groupes et des mosquées orthodoxes, où l'on enseigne un islam radical en toute impunité, et pourquoi attaquent-ils les mosquées libérales?" (2)

Comme sa consœur Kahina Bahloul, première femme imame de France (3), Seyran Ates, imame non voilée, est très critique également vis-à-vis du voile, ce "marqueur qui désigne les femmes en tant que telles". Ce sont, selon elle, les Occidentaux qui soutiennent l'idée que le hijab serait pour les femmes un signe de dignité ou un symbole d'empowerment. "Je suis avocate, j'ai travaillé pendant plus de trente ans avec ces femmes qui tentent d'avoir une vraie vie: 80% d'entre elles n'ont pas le moindre choix. Ça va bien au-delà du voile, elles n'ont aucun choix dans aucun domaine, aucune autodétermination."
Ce fichu voile est une imposition masculine. "Quand une femme se couvre, ce sont les pulsions sexuelles de l'homme qu'elle protège. Elle ne se protège pas elle-même, elle protège le pauvre homme qui ne peut plus se concentrer sur sa foi en Dieu et sa pratique de la religion."
Elle défend la loi interdisant aux professeures, aux juges, aux policières de porter le voile. "Et je veux faire interdire le voile dans les écoles".
Aux féministes occidentales qui refusent de s'opposer au voile, voire le soutiennent, au nom de la lutte anti-colonialiste, elle répond que "c'est leur position qui est colonialiste. Ça ne tient pas debout: Je ne veux pas être colonialiste, mais je défends le foulard. Il est là, le colonialisme. C'est positivement raciste. Et arrogant. Il ne faut pas imposer nos valeurs occidentales aux autres pays, donc nous acceptons que les droits de l'homme ne s'appliquent pas aux pays musulmans? Pardon? Je croyais que les droits de l'homme étaient universels... J'aimerais bien voir ces dames faire du bénévolat en Iran. Elles devraient emmener leurs familles et passer six mois là-bas. (...) Quand je vois les conditions d'existence des femmes en Iran, je pourrais en pleurer. Elle se battent contre le voile depuis 1979. Ces féministes ne les écoutent pas. Parce que ce ne sont pas des victimes. Or elles aiment bien quand nous restons à notre place de victimes. Elles peuvent alors nous aider, nous apprendre à lire et à écrire, aller au Pakistan et en Afghanistan... Mais pas en Iran, parce que, justement, les femmes iraniennes se débrouillent très bien toutes seules, vont à l'université, ont un vaste savoir. Elles ne sont pas victimes des pays occidentaux. Elles sont victimes des mollahs. Ces féministes ne veulent pas l'entendre. Elles préfèrent se voir comme des dissidentes de prétendues dictatures occidentales".

Non seulement Seyran Ates croit en une religion postpatriarcale, mais elle la pratique, dans sa mosquée comme d'autres le font dans des églises et des synagogues. Mais, dit-elle, "nous sommes minoritaires aujourd'hui en Europe, parce que les gouvernements, tous les gouvernements d'Europe, protègent et soutiennent l'islam radical et politique. Et les féministes aussi. Ils sont devenus les lobbyistes de l'islam identitaire".
Seyran Ates, imame à Berlin, vit sous protection policière.

A lire aussi au sujet du voile, "drapeau de l'islamisme", l'opinion de Fadila Maaroufi, formatrice sur la radicalisation: https://www.lalibre.be/debats/opinions/le-voile-ce-drapeau-de-l-islamisme-5d2c95d8d8ad5859359a72ad

(1) "Oui, en tant qu'imame, je veux faire interdire le voile dans les écoles!", Charlie Hebdo, 18.9.2019.
(2) (Re)lire sur ce blog "Fâché (très)", 15.5.2019.
(3) France Inter, 16.7.2019, 7h50.

lundi 23 septembre 2019

Au feu

Ce blog a souffert de la sécheresse. Difficile de le faire vivre sans connexion Internet, ce qui fut le cas durant plusieurs jours suite à un important incendie qui a ravagé quelque quatre cents hectares de prés, de haies et de bois aux abords du village et dans l'un de ses hameaux. Le pire a été évité: aucune victime à déplorer et aucune habitation touchée grâce à l'action efficace de trois cent cinquante pompiers, dont certains venus de très loin pour combattre un feu qui, aidé par un vent assez violent, a galopé sur quatre kilomètres.
Un autre incendie s'était déclaré le même jour et sur une superficie analogue dans une forêt voisine.
Et d'autres encore dans les départements voisins de la Haute-Vienne et de la Creuse ces derniers temps.
Le département de l'Indre était devenu une véritable boîte d'allumettes, déclarait un colonel des pompiers, tant la sécheresse était extrême dans cette région, pourtant connue pour sa richesse en eau, grâce à ses "mille étangs" (qui sont en réalité trois à quatre mille), à ses mares, à ses rivières, à ses fossés remplis d'eau à ras bord en période de pluie. Mais la pluie, jusqu'à hier, n'était plus qu'un lointain souvenir. A part l'une ou l'autre rare averse, il n'avait plus réellement plu ici depuis quatorze mois, constatait récemment Christian Toussaint d'Indre Nature (1). De nombreuses rivières sont totalement sèches, avec de graves conséquences pour leur faune et leur flore. D'autres rivières, où l'on peut habituellement pratiquer le kayak, sont réduites à quelques flaques d'eau. 
Il y a une semaine, le niveau de la rivière Indre a baissé de soixante centimètre en quarante-huit heures. A Ardentes, près de Châteauroux, on est à 4% du débit habituel en septembre. La Creuse est en situation d'écoulement négatif: l'évaporation y est supérieure à l'apport en eau.
Quand ils n'ont pas été calcinés, les arbres sont gris, certains ont déjà laissé tomber leurs feuilles. Les feuilles mortes crissent sous les pas, se réduisent en miettes dès qu'on les piétine.
A Guéret, chef lieu du département voisin de la Creuse, longtemps qualifié de "château d'eau de la France", les réserves d'eau sont quasiment épuisées. Le maire, m'explique un ami néo-creusois, a acheté 16.000 bouteilles d'eau qu'il fera distribuer aux habitants le jour très proche où les robinets ne délivreront plus une goutte.

Les exploitations piscicoles, nombreuses dans le Pays des 1000 étangs, sont au bord de la faillite. La Fédération de l'Indre pour la pêche et la protection du milieu aquatique réclame "une aide financière exceptionnelle et urgente" (2). Mais on sait déjà, toutes les études l'indiquent, que cette situation, impensable il y a quelques années encore, se repètera dans les années à venir et qu'on ne pourra pas multiplier les aides exceptionnelles. Ce que vit cette région du centre de la France n'est qu'une illustration parmi tant d'autres des conséquences dramatiques du réchauffement climatique. 
Plus qu'à distribuer des aides financières aux pêcheurs, aux pisciculteurs, aux agriculteurs, aux éleveurs, aux forestiers, aux pépiniéristes, il y a une extrême urgence à changer nos modes de vie incendiaires. Ce qui passe notamment par un réinvestissement dans les transports en commun et simultanément par - la Cour des Comptes vient d'en rappeler l'importance - l'application d'une taxe carbone. Mais le gouvernement, tétanisé par les Gilets jaunes, n'en veut pas. Récemment, suite aux tensions dans le Golfe persique, le prix du baril de pétrole avait fait un bond de 15%. Immédiatement, des Gilets jaunes avaient hurlé pour exiger une garantie du maintien des prix à la pompe. Aujourd'hui, on apprend la faillite de l'agence de voyage Thomas Cook. Six cent mille voyageurs sont bloqués ici, là et ailleurs. Dont des touristes qui ont pris l'avion pour un week-end de trois ou quatre jours à Venise, Barcelone ou Vienne. Nos modes de vie basés sur un plaisir égoïste et insouciant mettent le feu à la planète. Et donc à nos villages.

Post-scriptum: Le Journal de 19h de France 3 Centre - Val de Loire de ce lundi nous apprend que le niveau de l'Indre a à nouveau baissé de 60 cm en 48 heures. Au point que la rivière est quasiment à sec. Les dégats seront irréversibles, estime Indre Nature. La moitié des cours d'eau du département sont à sec, soit 2500 km de rivière. Les autres présentent des débits de 80% inférieurs aux minima connus jusqu'ici. Et les responsables politiques restent muets face à cette situation catastrophique, dénonce Indre Nature. Il faudrait 50 jours de pluie pendant quatre mois pour revenir à une situation à peu près normale.















(1) https://www.lanouvellerepublique.fr/indre/secheresse-l-indre-a-baisse-de-60-cm-en-48-heures-des-degats-irreversibles?queryId%5Bquery1%5D=57cd2206459a452f008b4594&queryId%5Bquery2%5D=57c95b34479a452f008b459d&page=57&pageId=57da5ce5459a4552008b469a
(2) "La Fédération de pêche de l'Indre tire la sonnette d'alarme", La Nouvelle République Indre, 19.9.2019.

dimanche 22 septembre 2019

L'âge de chasse

Les animaux qui ont échappé à la sécheresse et à l’incendie, qui vient de ravager ici plus de quatre cents hectares de prés et de bois, sont depuis aujourd’hui menacés par les chasseurs. La chasse est ouverte et les chasseurs ont tant piaffé depuis des mois qu’il ne viendrait à l’idée d’aucun d’entre eux de laisser la nature tranquille quelques temps. L’homme est ainsi fait qu’il ne peut laisser ni répit ni repos aux bêtes sauvages. C’est plus fort que lui. Le goût du sang dans l’odeur de cendre fait frémir ses narines.
Certains hommes se sont institués « piégeurs » : ils détruisent les animaux qu’ils considèrent comme « nuisibles ». C’est très satisfaits d’eux-mêmes que « les piégeurs  de l’Indre » déclarent avoir tué 1200 des 5000 renards pris par la fédération de chasse du département. Ils ont aussi tué 4300 ragondins, 290 fouines et 480 martres. Ils chassent, en outre, les rats musqués, les corbeaux freux et les corneilles noires. « Nous sommes là pour réguler, pas pour détruire », affirment-ils la main sur le cœur. Réguler est plus politiquement correct que tuer. Mais l’association est, elle,  victime d’une régulation naturelle : ses membres vieillissent et meurent. « On perd des membres, et nous ne sommes plus aussi nombreux que les autres années, explique le secrétaire de l’association. Mais on a du mal à se renouveler et nous sommes rattrapés par l’âge. »  (1) L’âge court plus vite qu’eux. L’âge est un piège dont ils ne se relèveront pas. Les renards se frottent les pattes. Le grand âge des piégeurs leur redonne de l’espoir.


(1) « Les piégeurs de l’Indre maintiennent leur résultat », Nouvelle République Indre, 18.9.2019.

mardi 10 septembre 2019

Les pesticides à la porte

Le gouvernement français a entendu la demande d'une bonne partie de la population: il la consulte.
Tous les citoyens peuvent réagir sur sa proposition d'imposer une distance entre l'épandage de pesticides et les habitations (1). Et le gouvernement est audacieux: selon les cultures, il propose des distances de cinq à dix mètres. Oui, de 5 à 10 mètres.  Et on pourrait même descendre à trois mètres dans certains cas. "Fake news?", s'est demandé Daniel Cueff, le maire de Langouët qui, lui, a imposé une distance de 150 mètres.
Mais ces distances minimes sont définies "scien-ti-fi-quement", a affirmé très sérieusement Brune Poirson, Secrétaire d'Etat auprès de la Ministre de la Transition écologique et solidaire. Aussi scientifique sans doute que le constat de l'arrêt du nuage de Tchernobyl au niveau du Rhin, pile-poil à la frontière française.
Comment expliquer scientifiquement les traces de pesticides qu'on trouve partout, dans l'eau, dans les sols et sous-sols, dans l'air, dans nos organismes, mêmes dans ceux des urbains, sinon parce qu'ils se propagent allègrement en fonction des vents et des courants ?
Le gouvernement affirme que ses propositions reposent sur une étude menée par l'ANSES, l'Agence nationale de Sécurité sanitaire de l'alimentation. Une étude basée sur des données des années '80. Donc totalement dépassées. L'agence elle-même appelle à de nouvelles études.
"Nous n'avons aucune confiance en elle", peste l'association Nous voulons des coquelicots à propos de l'ANSES. "L'affaire des SDHI - une nouvelle classe de fongicides toxiques pour la santé - montre qu'elle a partie liée avec l'industrie des pesticides. Car, malgré les alertes lancées par des scientifiques indépendants, elle laisse ce redoutable poison être épandu dans toute la France. Cette agence, celle-là même qui donne les autorisations de mise sur le marché (AMM) de ces poisons, peut-elle sérieusement nous protéger contre ses propres décisions?"
Le gouvernement tente de se donner bonne conscience en imposant des distances d'épandage, mais elles sont tellement minimes qu'elles ne changeront rien à l'impact des pesticides sur la santé des habitants.
C'est l'interdiction pure et simple des pesticides qui devrait s'imposer. Peut-on croire à la quasi innocuité de produits qui obligent les agriculteurs à se travestir en travailleurs du nucléaire? 
De plus en plus de collectivités agissent pour préserver la santé des leurs. Les maires sont de plus en plus nombreux à prendre des mesures contraignantes. Le département du Val de Marne, las d'attendre une décision du gouvernement, a interdit le glyphosate. A Saint-Hilaire-Saint-Mesmin, dans le Loiret, le maire, à la suite d'une concertation entre un producteur de fruits et les parents des élèves de l'école du village, a interdit les épandages à moins de cent mètres de l'école et une charte de bonne conduite a été signée (3).
C'est sûr, l'interdiction des pesticides demande un peu de courage que n'ont pas des gouvernements très en retard sur l'opinion publique qui, très majoritairement, réclame l'interdiction de ces produits qui tuent la vie et ne font vivre que l'industrie chimique. A l'heure où meurt la biodieversité, il y a des priorités qui obligent à sortir la tête du sable.

(1) http://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/spip.php?page=forum&id_article=2032#mon_ancre
(2) https://nousvoulonsdescoquelicots.org/2019/09/08/5-ou-10-metres-des-habitations-vous-vous-foutez-de-nous/
(3) France 3 Centre - Val de Loire, Journal, 19h, 10.9.2019.


mercredi 4 septembre 2019

Ombres et Lumières

C'était l'invité inattendu des "Rencontres inattendues" de Tournai (1). Inattendu, parce que ces rencontres avec des philosophes et des musiciens semblent axées vers les Lumières. Et Edwy Plenel - c'est l'inattendu en question - se place plutôt du côté de l'obscurantisme. 
Il a cependant, nous dit No Télé, "séduit les Tournaisiens" (2) Je n'ai pas participé à ces rencontres,  je ne sais quels propos il y a tenus, mais ce personnage trouble ne m'a jamais séduit. Au contraire. Il a une vision très particulière de la liberté d'expression.
Lire ce que j'ai écrit à son sujet sur ce blog:
- "Gourouphilie", 14.11.2017
- "Non!", 18.11.2027
Ou encore: "Mediapart - Tariq Ramadan fan-club", Gérard Biard, Charlie Hebdo, 28.8.2019.

(1) https://lesinattendues.be
(2) https://www.notele.be/it9-media66859-festival-les-inattendues-edwy-plenel-fondateur-de-mediapart-a-seduit-les-tournaisiens.html
A lire aussi: http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2017/11/15/31003-20171115ARTFIG00185-les-islamistes-ne-sont-pas-les-musulmans-et-edwy-plenel-n-est-pas-leur-prophete.php

mardi 3 septembre 2019

La démocratie sous le tapis

La démocratie, c'est lourd, c'est contraignant, c'est complexe, c'est long. Et puis, c'est fait de débats et surtout ça vous oblige à écouter des gens qui ne sont pas d'accord avec vous. Boris Johnson, premier ministre britannique, a constaté ce que tout le monde savait depuis longtemps: qu'il n'aurait pas de majorité au parlement pour faire passer son Brexit en mode no deal. Il a donc trouvé la solution qu'il était seul à pouvoir imaginer: empêcher le parlement de se réunir. Pas de parlement, pas de débat. Il suffisait d'y penser. Il l'a mis en congé pendant six semaines.
Boris Johnson nous montre le vrai visage du populisme: grande gueule et lâcheté. Avec lui, grâce à lui, avait-il dit en roulant des mécaniques, le Brexit serait une réalité le 31 octobre, accord ou pas. Visiblement, il n'en est pas sûr du tout. Sinon, il ne fuierait pas le débat.
Le bouledogue jaune n'a pas tenu compte de l'expérience que vient de connaître Salvini et compte, comme lui, passer en force. Mais  son attitude à la fois grotesque, scandaleuse et provocatrice pourrait le mener, lui aussi, à une chute brutale.
Ces mauvais clowns égarés en politique sont dangereux pour la démocratie. Mais quand ils se prennent les pieds dans le tapis qu'ils ont eux-mêmes jeté sous leurs pieds, ils parviennent à nous faire rire. Même si c'est jaune.
Aujourd'hui, l'enfant capricieux qui joue à être premier ministre menace d'exclure du Parti conservateur les députés anti-no deal. Faire taire et exclure, voilà visiblement tout ce qu'il sait faire.