mardi 6 mars 2012

Arrière, toute(s)!

Les religions n'aiment pas les femmes. Ne leur demandez pourquoi. C'est comme ça. Les religions sont affaires d'hommes. Certains d'entre eux aiment cacher les femmes, les laisser à la maison, les voiler, parfois de la tête aux pieds. C'est pour leur bien, une question de respect et de sécurité, disent-ils. Ils estiment, faut-il croire, que les hommes sont, à tout moment, des taureaux en rut, prêts à se jeter sur une femme s'ils en aperçoivent les cheveux, les jambes ou les bras.
En Israël, les ultra-orthodoxes semblent être dans ce cas, hommes et femmes doivent vivre séparés. Aussi tentent-ils aujourd'hui d'imposer leurs règles à la société tout entière. "Cela fait des années qu'on s'est habitués à ce que la séparation entre les sexes soit la règle dans la société ultra-orthodoxe", explique Peggy Cidor, correspondante au Jerusalem Report (1). (...) "Les hommes et les femmes ne se rencontrent que dans le cadre de la famille et du couple, les hommes sont à l'école talmudique, les femmes travaillent et ont en général entre six et quinze enfants." Jusqu'ici confinés dans leurs quartiers de Tel-Aviv ou de Jérusalem, on les retrouve à présent dans tout le pays, où ils représentent 8% de la population (30% à Jérusalem). Ils exigent que hommes et femmes soient séparés partout: dans les lieux d'études, aux caisses des magasins, dans les files d'attente. Plus fort encore, ils renouent avec la politique de ségrégation qu'ont connue les Etats-Unis et l'Afrique du Sud. "Ils ont demandé à la plus grande compagnie de transport public d'avoir des lignes de bus séparées sur lesquelles on applique la méthode mehadrin, une méthode super casher qui veut que les hommes montent et s'assoient à l'avant, que les femmes montent et s'assoient à l'arrière et que personne ne se mélange, se scandalise Peggy Cidor qui en a fait l'expérience, obligée de prendre un bus mehadrin (mais du service public), le dernier de la journée, laissant ses trois fils à l'avant et forcée de s'assoir à l'arrière, malgré ses protestations.
Cet intégrisme gagne les "religieux sionistes" (2) qui formaient, jusqu'il y a peu, "une société qui était tout à fait ouverte à la modernité". Mais voilà qu'ils veulent eux aussi séparer hommes et femmes: plus d'équipe mixte dans les thanks de l'armée par exemple, et même dans les chorales: "parce que, d'après la religion juive, il est interdit à un homme d'entendre une femme chanter, sauf si c'est sa propre femme".
On voit par là que la musique ne rassemble pas autant qu'on le pense et que ce n'est pas parce qu'on s'assoit à l'avant qu'on ne part pas en arrière.

(1) Charlie Hebdo, 25 janvier 2012
(2) le monde ultra-orthodoxe n'est pas sioniste: il estime qu'il faut accepter la diaspora et la destruction du Temple par Titus comme une punition divine et "il continue de penser que l'Etat d'Israël est une aberration, une hérésie, un blasphème contre Dieu, et qu'il faut attendre".

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