Les animaux qui ont échappé à la sécheresse et
à l’incendie, qui vient de ravager ici plus de quatre cents hectares de prés et
de bois, sont depuis aujourd’hui menacés par les chasseurs. La chasse est
ouverte et les chasseurs ont tant piaffé depuis des mois qu’il ne viendrait à
l’idée d’aucun d’entre eux de laisser la nature tranquille quelques temps. L’homme
est ainsi fait qu’il ne peut laisser ni répit ni repos aux bêtes sauvages.
C’est plus fort que lui. Le goût du sang dans l’odeur de cendre fait frémir ses
narines.
Certains hommes se sont institués
« piégeurs » : ils détruisent les animaux qu’ils considèrent
comme « nuisibles ». C’est très satisfaits d’eux-mêmes que « les
piégeurs de l’Indre » déclarent
avoir tué 1200 des 5000 renards pris par la fédération de chasse du
département. Ils ont aussi tué 4300 ragondins, 290 fouines et 480 martres. Ils
chassent, en outre, les rats musqués, les corbeaux freux et les corneilles
noires. « Nous sommes là pour réguler, pas pour détruire »,
affirment-ils la main sur le cœur. Réguler est plus politiquement correct que
tuer. Mais l’association est, elle, victime d’une régulation naturelle : ses
membres vieillissent et meurent. « On perd des membres, et nous ne sommes
plus aussi nombreux que les autres années, explique le secrétaire de l’association.
Mais on a du mal à se renouveler et nous sommes rattrapés par l’âge. » (1) L’âge court plus vite qu’eux. L’âge est un
piège dont ils ne se relèveront pas. Les renards se frottent les pattes. Le
grand âge des piégeurs leur redonne de l’espoir.
(1) « Les piégeurs de l’Indre
maintiennent leur résultat », Nouvelle
République Indre, 18.9.2019.
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