Enfin ! Enfin, un haut représentant du
culte musulman appelle ses fidèles à respecter Charlie Hebdo. Le recteur de la Grand mosquée de Paris, Hafiz
Chems-eddine, souhaite « que Charlie
Hebdo continue d’écrire, de dessiner, d’user de son art et surtout de
vivre. Que le drame qui a frappé cette publication, des policiers et nos
compatriotes juifs serve de leçon à la communauté nationale, mais aussi à ceux
qui se réclament de l’islam, à ceux qui se disent amis des musulmans et qui ne condamnent pas clairement ces crimes
terroristes : en quoi le meurtre de dessinateurs a fait avancer la cause
des musulmans ? Et en quoi la destruction et la barbarie peuvent-elles
servir la cause de l’islam ? », demande-t-il (1).
« Tout ça pour ça » a titré Charlie dans son numéro du 2 septembre,
le jour où s’est ouvert le procès des présumés complices des assassins de son
équipe. « Tout ça », c’est ce massacre. « Pour ça », ce
sont des caricatures, comme il y en a eu tant d’autres. Celles-ci, pour la plupart,
dénonçaient la prise en otage de l’islam par des obscurantistes prêts aux pires
violences pour asseoir leur pouvoir.
« Si le crime est si difficile à nommer,
écrit Riss, directeur de Charlie, c’est parce qu’il fut commis au nom d’une
idéologie fasciste nourrie dans les entrailles d’une religion. Et rares sont
ceux qui, cinq ans après, osent s’opposer aux exigences toujours plus
pressantes des religions en général, et de certaines en particulier.
« Des procès, poursuit-il, il faudrait
donc en faire non pas un, mais dix, vingt ou cent. Contre les coupables, mais
ils sont morts. Contre leurs complices, et ils sont là. Mais aussi contre la lâcheté, le cynisme, le
pédantisme, l’inculture, la trahison, la couardise, le confort intellectuel,
l’opportunisme, l’aveuglement, la suffisance, la superficialité, les calculs
politiques, l’inconscience, la légèreté, le défaitisme, l’indécision,
l’imprévoyance et mille autres travers qui, séparément, semblent anodins, mais
qui, tous réunis, ont permis d’exterminer un journal. » (2)
Il y a tous ces charognards, tous ces
immondes, tous ces hypocrites, toutes ces âmes qui se pensent bien nées, « amies »
des pauvres musulmans, prompts à traiter d’islamophobes qui se moque de
l’islam. Se rendent-ils compte de leur racisme ? Ils laissent entendre que
les musulmans ne peuvent entendre la critique et l’humour. Ils insultent les
hommes et les femmes qui, dans les pays dominés par l’islam, tentent de vivre
libres, de se dégager du poids d’une religion qui entend régir tous les aspects
de la vie quotidienne.
Il faut respecter les religions,
affirment-ils, la main sur le cœur. Pourquoi pourrait-on se moquer de tout,
sauf de ces religions qui se moquent royalement de nous ? Qui inventent
des histoires terrifiantes de dieux menaçants et vengeurs, qui multiplient les
règles pour nous empêcher de jouir de la vie, qui se préoccupent du contenu de
nos assiettes et de ce qui se passe sous nos draps.
Bien sûr, on se réjouit des propos du recteur
de la Grand mosquée de Paris, espérant qu’ils seront entendus aussi de tous
ceux qui se prosternent devant les déviances assassines d’une religion. Mais le
chantier est immense pour lui. Charlie
Hebdo a fait réaliser un sondage dont les résultats sont particulièrement inquiétants
(3).
74% des 15 à 24 ans se déclarant musulmans
font passer leurs convictions religieuses avant les valeurs de la République et
73% d’entre eux estiment que l’islam, leur seule vraie religion, est
incompatible avec les valeurs de la société française. Seuls 62% d’entre eux
condamnent totalement les frères Kouachi, les sombres assassins crétins de
l’équipe de Charlie.
Comme l’écrit Gérard Biard, rédacteur en chef
de Charlie, « l’Education
nationale a aujourd’hui un problème autrement plus compliqué et explosif à gérer qu’une bête distribution
de masques et de gel hydroalcoolique ».
(1)
Le Figaro, 5.9.2020.
(2)
« Ceux
que nous avons perdus », Charlie
Hebdo, 2.9.2020.
(3)
« La
liberté d’expression, c’est important, MAIS… », Charlie Hebdo, 2.9.2020.
1 commentaire:
la lecture des minutes du procès Charlie est glaçante, mais également la colère des survivants contre la gauche bienpensante (et pas seulement elle). Lire à ce sujet dans Le Monde de ce jour le bilet de Michel Guerrin : "Où en est aujourd’hui la liberté d’expression et de création à l’heure où se tient le procès de la tuerie contre « Charlie » ? Pas très bien, l’autocensure galope." Il salue également le recteur de la Mosquée de Paris.
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