dimanche 28 avril 2024

Tant de questions et une seule réponse

Pourquoi, pour défendre un camp, faut-il à toute force et sans nuances agresser violemment l'autre? Pourquoi, en ces temps d'individuation excessive, devient-on si généraliste - et ainsi stupide - dans ses positions, sans aucune place pour la nuance et l'analyse ? Pourquoi tous les juifs de la terre sont-ils tenus responsables de l'attitude de l'extrême droite israélienne ? Pourquoi, a contrario, tous les musulmans sont-ils vus comme des victimes ? Pourquoi la barbarie et la brutalité du Hamas sont-elles occultées ? Pourquoi les féministes et tant de défenseurs des droits humains s'obstinent-ils sciemment à ignorer les horribles massacres dont furent victimes tant de femmes israéliennes et leurs enfants le 7 octobre 2023 ? Pourquoi à l'horreur répond-on par la bêtise et la haine ? Pourquoi les musulmans sont-ils aujourd'hui vus comme les damnés de la terre et les juifs comme les bourreaux ? Pourquoi l'antisémitisme perdure-t-il à travers les siècles ? Pourquoi la rage rend-elle aveugle, sourd, hargneux et inaudible ? Pourquoi tant de gens pensent-ils agir en citoyens responsables avec leurs analyses fainéantes et leurs positionnements faciles ? 

Les mouvements étudiants un peu partout prennent fait et cause pour les Palestiniens. Mais aussi, parfois, contre les juifs. "Depuis le début de la riposte israélienne aux massacres du 7 octobre 2023, écrit Philippe Paquet dans La Libre (1), les universités américaines sont le théâtre de manifestations propalestiennes souvent hystériques et violentes. Des étudiants et des enseignants juifs sont insultés, molestés et humiliés. Certains se voient interdire l'accès au campus, d'autres doivent se barricader dans les bâtiments." La sécurité de la communauté juive n'est plus garantie, malgré les interventions policières.
A l'instar de leurs collègues américains, les étudiants parisiens de Sciences Po se mobilisent pour soutenir les Palestiniens qu'ils estiment victimes d'un génocide de la part de l'Etat israélien. Dans leur combat qu'on peut comprendre, certains refusent toute prise de parole de juifs, leur refusent l'accès aux salles de réunion, quand ils ne vont pas jusqu'à les insulter. « Qu’on fasse preuve de solidarité à l’égard des Palestiniens, qu’on montre le rejet des crimes qui sont commis à Gaza, c’est naturel, c’est même digne et c’est noble », estime Raphaël Glucksmann, tête de liste du Parti socialiste et de Place publique aux élections européennes du 9 juin. « Après, dans quelle atmosphère on le fait ? Est-ce qu’on est inclusifs ? Est-ce qu’on tolère le débat ? Est-ce qu’on est capables d’organiser des discussions avec ceux qui ne partagent pas ce point de vue ? Jusqu’ici, jusqu’à preuve du contraire, ce n’est pas le cas. Et donc on a un problème." (2)
En mai '68, suite au renvoi en Allemagne de Daniel Cohn-Bendit par les autorités françaises, les étudiants manifestaient en criant "Nous sommes tous des juifs allemands ". Aujourd'hui, ce que laissent entendre certains de leurs héritiers, c'est : "nous détestons tous les juifs".  Ils réclament un Etat palestinien qui s'étende "du fleuve à la mer". Ce qui implique la disparition de l'Etat d'Israël. A New York, on entend des étudiants crier leur amour au Hamas. Peut-on aimer un mouvement terroriste ultra-violent sans haïr celles et ceux qu'il a massacrés de manière systématique ? 

"Le Hamas perdra la guerre , estime Raphaël Enthoven (3), parce que ses combattants se moquent de mourir tant qu’ils tuent. Le Hamas perdra parce que, comme l’écrit Rima Hassan (4), il est prêt « à tous les sacrifices pour vaincre. Absolument tous les sacrifices. » Ainsi, quand Ismaïl Haniyeh, le chef de son bureau politique, apprend, depuis Doha, la mort de ses propres enfants et petits-enfants, il « remercie Allah pour la mort de ses enfants éliminés sur le chemin de la libération de Jérusalem et de la mosquée d’Al-Aqsa ». Quand on est capable de se réjouir d’avoir perdu les siens, on a perdu avant même de combattre. On incarne la défaite. On pue la mort. Le Hamas perdra la guerre parce que, comme tous les fascismes, comme tous les régimes (vraiment) génocidaires, le Hamas jubile d’assassiner et se moque de mourir, alors que les soldats de Tsahal craignent de mourir et répugnent à tuer. Les gens qui sont prêts à se sacrifier n’ont aucune chance contre des gens qui luttent pour rester vivants."

Vendredi dernier, dans 28', émission d'Arte, le journaliste Brice Couturier parlait, avec une colère contenue, de ces étudiants américains qui rêvent d'une Palestine from the river to the sea : "Ces étudiants n'ont jamais manifesté pour les 1.200 personnes tuées, massacrées ou violées par le Hamas le 7 octobre, ils n'ont jamais manifesté non plus pour les 500.000 Syriens tués par le régime de Bachar el-Assad, ils n'ont jamais manifesté pour les Ouïghours réduits au travail forcé en Chine parce qu'ils sont musulmans. L'une des explications peur-être c'est que le principal sponsor étranger de ces universités américaines, c'est le Qatar, qui a donné 3,280 milliards de dollars à ces grandes universités, le Qatar où se prélassent actuellement les dirigeants du Hamas." Mais il y a une autre explication si simple et si pratique, la même depuis deux mille, qui ne réclame aucune analyse : l'antisémitisme. 

(2) https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/04/26/sciences-po-paris-la-mobilisation-propalestinienne-se-poursuit-un-face-a-face-tendu-avec-des-manifestants-pro-israel_6230102_3225.html
(3) dans Franc-Tireur, 17.4.2023.
(4) candidate LFI.

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