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mardi 11 février 2014

Changement de pâture réjouit les veaux

J'ai entendu le message des Suisses ce dimanche. Ils n'aiment pas les étrangers. J'ai pris de grandes décisions. Je vais transférer mes comptes de Suisse aux Bahamas. Je n'irai plus jouer aux casinos de Zurich, de Lugano et de Montreux. Je leur préférerai ceux de Monte Carlo et de Baden-Baden. Et je vais revendre mon chalet de Gstaad. J'avais justement des projets en Californie. Je sais que l'argent n'a pas de nationalité et n'est jamais étranger pour qui l'a dans ses coffres. Mais quand même. Il y a des limites à la décence.

dimanche 25 mars 2012

L'art de savoir se taire

Le meurtrier de Toulouse - Montauban était un con. Bien sûr, on peut ajouter d'autres qualificatifs. Un con barbare, un con fou furieux, un con violent, un con salaud, un con lâche, un con narcissique. Mais c'était avant tout un con. Prétendant venger des musulmans, il a pris le risque de retourner contre eux la haine d'autres cons, faisant ainsi le jeu de l'extrême droite, exacerbant la haine contre les musulmans qui, eux, condamnent fermement et unanimement son attitude, ses propos et ses actes. "Tuer une seule personne, c'est tuer toute l'humanité", disait avec raison un représentant de la communauté musulmane (1).
Au début de l'enquête, Marine Le Pen, nous dit la presse, s'est tue, craignant qu'il s'agisse d'un militant d'extrême droite. Elle s'est laissée aller ensuite, pensant que le tueur n'en était pas. Ce en quoi elle se trompait. Al Qaida (dont il se revendiquait) et le Front National sont les deux facettes d'une extrême droite qui prône le rejet de l'autre, juste parce qu'il est autre. Quelle différence y a-t-il entre Anders Brevnik et Mohammed Merah? Des jeunes partis en vrille dans une idéologie violente qui leur fait croire qu'ils peuvent être des héros en abattant ceux qui ne pensent pas, ne sont pas comme eux. Les autres. Le problème, c'est qu'on est toujours l'autre de quelqu'un. On ne sait alors où s'arrêter. On est toujours un étranger. Tous ceux qui ont un jour bâti leur programme politique sur le rejet de l'autre ferait bien aujourd'hui de ne rien dire.
Ce qui nous ramène, aussi, à l'omniprésent et omniparlant président français qui trouve qu'il y a trop d'étrangers en France. Qui sont les étrangers les plus présents en France? Une étude du Gouvernement français nous indique que ce sont les Portugais. En 2007, ils étaient 491.000 en France. Si Sarkozy les mettait dehors, il y aurait ainsi 491.000 étrangers en moins. C'est peut-être une solution. Mais on ne sait à quoi. Peut-être préfèrerait-il expulser les 475.000 Algériens? Ou les 452.000 Marocains? Ou les Irakiens et les Afghans qui ont fui la guerre? N'y eut-il pas, à une époque, trop de Hongrois en France? En Belgique, les étrangers les plus nombreux sont les Italiens, puis les Français. Si notre premier ministre était pris d'une lubie xénophobe, les éjecterait-il? Pierre Desproges avait raison: il y a trop d'étrangers dans le monde.
Pendant ce temps, aux Etats-Unis un vigile abat un adolescent noir et reste impuni. La même logique de l'autre.
Ce début de printemps a des allures estivales. Allez savoir pourquoi il fait si froid.

(1) JT de 20h, France 2, 21 mars 2012
(2) www.immigration.gouv.fr/spip.php?page=dossiers_det_res&numrubrique=232&numarticle=2475

lundi 13 décembre 2010

L'enfer, c'est les autres

"Je est un autre", a écrit Arthur Rimbaud. Qui ne s'est pas trompé, même s'il ignorait alors qu'il resterait un poète éblouissant mais aussi qu'il deviendrait trafiquant d'armes. Donc, je est un autre. C'est dire si l'autre l'est, autre. L'autre est trop différent de l'un et surtout de chacun d'entre nous. Il y a trop d'étrangers dans le monde, estimait Pierre Desproges qui affirmait par ailleurs qu'ils sont nuls. Ce en quoi tant de gens lui donnent raison.
A Moscou ce samedi, un millier de supporters (ou soi-disant supporters, mais avec le Q.I. d'un supporter) du Spartak Moscou ont fait la chasse aux "bougnoules", entendez par là les autres, les personnes d'origine caucasienne ou asiatique. Plusieurs d'entre elles ont été tabassées sous les yeux d'une police visiblement trop fatiguée pour intervenir. En Russie, la haine sert aujourd'hui d'arme politique (1).
A Buenos Aires, la police a dû protéger les sans-abri d'origine bolivienne, paraguayenne ou péruvienne, victimes pendant cinq jours d'agressions de la part de la population locale. Une population quasi exclusivement d'origine étrangère (1).
En France, ce sont les Roms qui sont désormais chargés de tous les péchés d'Israël.
Chez nous, ce serait justement les Juifs. La Belgique a connu en 2009 une hausse sensible d'actes antisémites. Au point que nombreux sont les Juifs belges qui quittent le pays pour se réfugier en Israël, en Australie ou en Suisse (2).
Les autres sont nuls, c'est vrai. Tandis que les uns sont beaux, sont forts, sont purs. En un mot, n'hésitons pas à le dire, les uns sont les meilleurs. Chacun se laisse guider par son ego. Chacun se voit en coq. Même Bart De Wever, héros flamingant. C'est le comble. Pour le coq flamand, tous les autres sont trop différents de lui: les Wallons, les socialistes, le roi, tous les Belges sont trop étranges, voire étrangers. Il vient de le dire à Der Spiegel et ne comprend pas qu'on ne le comprenne pas. On voit par là que non seulement les autres sont nuls, mais en plus ils sont cons. Et en plus ils sont nombreux.

J'étais devenu un mensonge sur pattes / Qui saoule grave / Et qui sait même pas ce qu'il dit / Qui voit même pas que c'est un malade / Et qui dit comme ça / Tout le monde dit / Y dit comme ça / Les autres / Les autres / C'est pas moi, c'est les autres / Les autres
Abd Al-Malik

(1) LLB, 13.12.2010
(2) JT RTBF, 13.12.2010