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mercredi 26 novembre 2014

Des larmes de crocodile

Hier, journée internationale pour l'élimination de la violence faite aux femmes, on apprend qu'une femme sur trois dans le monde a été victime de violences, qu'en France c'est le cas d'une femme sur dix et que, dans ce pays, tous les trois jours, une femme décède sous les coups de son conjoint. 
On apprend ce même jour que la Ville de Toulouse a annulé une expo de BD centrée sur le harcèlement de rue dont sont victimes les femmes (1). Les hommes y sont représentés en crocodiles guettant les proies féminines qui passent à portée de leur regard et de leur bave. L'auteur belge Thomas Mathieu (2) y traite du sexisme ordinaire, y illustre des cas vécus par des femmes et suggère des attitudes qu'on ("on" étant aussi bien un homme qu'une femme) peut avoir pour réagir face à des situations malsaines et agressives. "Le harcèlement est agressif, explique Thomas Mathieu (3), jamais innocent. Le minimiser serait un retour en arrière. On parle souvent de drague urbaine. Mais le collectif Stop harcèlement de rue, lui, parle de drague imposée. Quand c'est imposé, ce n'est plus de la drague, c'est du harcèlement." Cette pratique de lourdingues, de tous âges et de toutes origines, n'est pas nouvelle: "le harcèlement de rue n'est ni une nouveauté ni une facette inaliénable de la nature humaine, estime la sociologue Irène Zellinguer. Il fait partie d'un système qui traverse et organise notre société: la domination masculine (3)".
L'exposition n'a finalement pas eu lieu à Toulouse parce que, selon le quotidien Le Monde (4), une élue de la majorité UMP a jugé le projet vulgaire. Et là, on s'interroge: qu'est-ce que la vulgarité? Où est-elle? Dans les dessins qui témoignent de situations bien réelles? Ou plutôt dans cette drague de relous? Dans l'attitude d'élus qui préfèrent se mettre la tête dans le sable? Dans les commentaires, sur des forums, de certains hommes si sûrs d'eux et si fiers de l'image qu'ils ont d'eux-mêmes ? Ils se voient en coqs, en boucs ou en taureaux et ne sont que crocodiles. Juste des reptiles, même avec leurs petites pattes.

Lisez Causette, "plus féminine du cerveau que du capiton", un magazine féminin, féministe, qui milite avec humour. Roboratif!

(1) www.lalibre.be/culture/livres/jugee-vulgaire-l-expo-d-une-bd-belge-sur-le-harcelement-de-rue-annulee-a-toulouse-5474a47435707d02ac2a4870
(2) http://projetcrocodiles.tumblr.com/
(3) "Thomas Mathieu croque les relous", Causette, octobre 2014.
(4) www.lemonde.fr/bande-dessinee/article/2014/11/25/bd-les-crocodiles-suscitent-la-polemique-a-toulouse_4528918_4420272.html

dimanche 25 mars 2012

L'art de savoir se taire

Le meurtrier de Toulouse - Montauban était un con. Bien sûr, on peut ajouter d'autres qualificatifs. Un con barbare, un con fou furieux, un con violent, un con salaud, un con lâche, un con narcissique. Mais c'était avant tout un con. Prétendant venger des musulmans, il a pris le risque de retourner contre eux la haine d'autres cons, faisant ainsi le jeu de l'extrême droite, exacerbant la haine contre les musulmans qui, eux, condamnent fermement et unanimement son attitude, ses propos et ses actes. "Tuer une seule personne, c'est tuer toute l'humanité", disait avec raison un représentant de la communauté musulmane (1).
Au début de l'enquête, Marine Le Pen, nous dit la presse, s'est tue, craignant qu'il s'agisse d'un militant d'extrême droite. Elle s'est laissée aller ensuite, pensant que le tueur n'en était pas. Ce en quoi elle se trompait. Al Qaida (dont il se revendiquait) et le Front National sont les deux facettes d'une extrême droite qui prône le rejet de l'autre, juste parce qu'il est autre. Quelle différence y a-t-il entre Anders Brevnik et Mohammed Merah? Des jeunes partis en vrille dans une idéologie violente qui leur fait croire qu'ils peuvent être des héros en abattant ceux qui ne pensent pas, ne sont pas comme eux. Les autres. Le problème, c'est qu'on est toujours l'autre de quelqu'un. On ne sait alors où s'arrêter. On est toujours un étranger. Tous ceux qui ont un jour bâti leur programme politique sur le rejet de l'autre ferait bien aujourd'hui de ne rien dire.
Ce qui nous ramène, aussi, à l'omniprésent et omniparlant président français qui trouve qu'il y a trop d'étrangers en France. Qui sont les étrangers les plus présents en France? Une étude du Gouvernement français nous indique que ce sont les Portugais. En 2007, ils étaient 491.000 en France. Si Sarkozy les mettait dehors, il y aurait ainsi 491.000 étrangers en moins. C'est peut-être une solution. Mais on ne sait à quoi. Peut-être préfèrerait-il expulser les 475.000 Algériens? Ou les 452.000 Marocains? Ou les Irakiens et les Afghans qui ont fui la guerre? N'y eut-il pas, à une époque, trop de Hongrois en France? En Belgique, les étrangers les plus nombreux sont les Italiens, puis les Français. Si notre premier ministre était pris d'une lubie xénophobe, les éjecterait-il? Pierre Desproges avait raison: il y a trop d'étrangers dans le monde.
Pendant ce temps, aux Etats-Unis un vigile abat un adolescent noir et reste impuni. La même logique de l'autre.
Ce début de printemps a des allures estivales. Allez savoir pourquoi il fait si froid.

(1) JT de 20h, France 2, 21 mars 2012
(2) www.immigration.gouv.fr/spip.php?page=dossiers_det_res&numrubrique=232&numarticle=2475