Affichage des articles dont le libellé est Ella Cerfontaine. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Ella Cerfontaine. Afficher tous les articles

vendredi 20 février 2015

Sortie de route

Que se passerait-il si la France quittait l'euro? Voilà une question qui mérite d'être posée, puisque certains partis politiques sont convaincus que c'est là que réside "la" solution pour sortir de la crise, créer des emplois et relancer l'économie. Ella Cerfontaine y a répondu par un documentaire fiction (1) dans lequel des économistes, des politiques et des citoyens jouent à "on dirait que la France est sortie de l'euro" et imaginent ce qui se passe alors.
La réalisatrice commence par imaginer que c'est l'Italie la première qui quitte la zone euro. Les répercussions sont rapides sur le marché français - et en premier lieu sur l'agriculture - inondé de produits alimentaires italiens à moindre coût. La situation économique se dégrade si vite que le Gouvernement décide, précipitamment, de faire sortir, à son tour, la France de l'euro. Il faut donc créer en catastrophe une nouvelle monnaie: ce sera le franc-euro. Un franc-euro vaut un euro. Mais la parité ne dure pas. Trois jours plus tard, il faut 1,33 franc-euro pour un euro. Bref, la dévaluation a démarré et, de ce fait, tous les produits d'importation augmentent. Les entreprises qui exportent y trouvent un avantage, mais peu de produits sont totalement made in France. La plupart ont besoin de composants, de matériaux, de machines venant de l'étranger, donc à coût plus élevé. Le secteur du tourisme est le grand gagnant, puisque les étrangers peuvent venir passer en France des vacances meilleur marché. Mais il est bien le seul à  se réjouir. Les secteurs industriels et commerciaux européens, concurrencés par l'attractivité des produits français, font pression sur l'Union européenne pour qu'elle diminue ses aides à la France et qu'elle instaure certaines formes de barrières douanières. Beaucoup d'investisseurs étrangers déplacent leurs investissements ailleurs en Europe. Le budget des ménages chute dans le même temps où le chômage et la dette de l'Etat français explosent. Seuls s'en sortiront les plus fortunés, qui auront placé leurs économies dans d'autres banques de la zone euro. Une fois encore, les plus pauvres seront les premiers à encaisser la crise. Les recettes de l'Etat se font plus rares et celui-ci, incapable de gérer son budget, augmente les impôts, licencie des fonctionnaires et gèle les salaires de ceux qui restent en place, diminue les prestations sociales, pratique des coupes sombres dans tous les secteurs.
Bien sûr, l'économie n'est pas une science exacte et elle a parfois des mouvements peu prévisibles. Et il me semble même que Bernard Maris était plutôt en faveur d'une sortie de l'euro (il n'est hélas plus là, abattu par la barbarie, pour qu'on l'entende). Mais quand même, on a du mal à croire qu'il suffirait de quitter l'euro pour voir briller le soleil sur la France.
"La sortie de l'euro serait une absurdité, un suicide qui conduirait la France à la déchéance absolue", conclut Jacques Attali.
On le sait, le parti de la famille Le Pen a fait de la sortie de l'euro la base d'un programme économique et financier critiqué par tous les spécialistes. Pour séduire les braves gens, rien de tel que le yaka. Mais la famille Le Pen, si le scénario devait devenir réalité, convertirait-il sa fortune en francs-euros? On ne l'imagine pas une seconde.

(1) "Bye-bye l'euro", diffusé sur France 5, mardi 17 février 2015.