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lundi 5 octobre 2009

Du droit de critique

Récemment, chez des amis communs, je fis la connaissance d'un commensal et compagnon de chasse de celui que l'on connaît sous le nom de Prince de L. La discussion, on s'en doute, glissa rapidement sur le projet de centre de sports et loisirs du seigneur. Et s'emporta quelque peu. Mon interlocuteur, déplorant mon opposition, estimait que, puisque j'étais critique et si malin, je n'avais qu'à développer moi-même un projet qui serait conforme à mes voeux. Cet appel, je l'entends régulièrement: si ça ne vous ne plaît pas, faites le vous-mêmes!
Comme si les réalisateurs de cinéma n'appréciant pas les critiques négatives de leur oeuvre réclamaient que les critiques deviennent metteurs en scène à leur place. Comme si, parce que vous vous plaignez de la qualité du travail de votre plombier, de votre boulanger ou de votre dentiste, celui-ci vous mettait au défi de faire son travail. Si demain mes étudiants devaient se plaindre de la qualité ou du contenu de mes cours, vais-je leur suggérer de les donner à ma place? Je pense, j'espère que je me remettrais en question.
La critique est un droit, voire un devoir. Des règles existent, des exigences de qualité se font jour, des nécessités se sont imposées. A chacun, selon son secteur, de les respecter. Sans fuir ses responsabilités. Traiter les critiques de donneurs de leçons, c'est s'éviter de faire son devoir.

lundi 28 septembre 2009

Le capitalisme, valeur première de l'Olivier?

A suivre le JT de ce soir, on se rend compte que le capitalisme est plus débridé que jamais. Il y a un an, le "système" était en "crise", et on se dit aujourd'hui que le mot était approprié. Ce n'était qu'une crise. Le train fou continue à rouler. Les entreprises à fermer, pour se délocaliser et/ou pour permettre à leurs actionnaires d'obtenir de plus plantureux et plus rapides bénéfices encore.
Même la poste bientôt libéralisée s'y met. Chez France Telecom, les suicides ne se compteront bientôt plus. On parlera plus pudiquement d'abandon de poste.

La Wallonie reste fidèle à son image de carabinier d'Offenbach. La crise, on connaît depuis cinquante ans, donc on sait que ce n'est que passager. Donc, business as usual.
Le récent avis favorable de la CRAT sur le projet de "centre de glisse" de Maubray en est un exemple parmi d'autres. La Commission Régionale d'Aménagement du Territoire, censée être, en la matière, la conseillère indépendante du ministre a fait la preuve de son instrumentalisation et de beaucoup d'incohérence et de mauvaise foi. L'avis est favorable, mais assorti d'une série de remarques plutôt... défavorables. C'est que nous sommes en Wallonie où les investisseurs - même dans des projets ringards - sont les rois. Ou, à tout le moins, les princes...
Son ministre-président continue à manier la langue de bois avec un art consommé qui l'a mené où il est. Un coup à gauche et, hop, un coup à droite. Son interview dans la Libre Belgique du 26 septembre est dispensable. Il n'y dit rien, sinon qu'il sera rigoureux. Et attentif aux uns et aux autres, s'il fallait le rappeler. Ce qu'il fait sur deux pages. Dans le Vif du 11 septembre, essayant de récupérer l'idée de green deal, il disait attendre des citoyens "de l'initiative entrepreneuriale", même sous forme de coopérative. "Cette envie de participer au développement économique, cet enthousiasme, c'est la condition sine qua non du redéploiement de la Wallonie", dit-il. Dommage qu'il ne précise pas de quel type de redéploiement il rêve (s'il échet).
Le projet de centre de glisse, maintenant clairement soutenu par la CRAT et ceux qui la téléguident, est un exemple symptomatique de ce capitalisme qui fonce sans feux dans le brouillard.
"Ceux qui prêchent la croissance de la consommation dans les pays où les besoins vitaux sont déjà plus que satisfaits sont aussi néfastes que les dealers de drogue", affirme Albert Jacquard (le Vif, 10.04.09). "Car la croissance est une drogue: elle fait du bien dans les premiers instants, mais nous tue ensuite. Les solutions proposées par les dirigeants de la planète pour répondre à la récession recourent systématiquement à un accroissement de l'activité, sans poser la question de la compatibilité de cet avenir avec les limitations imposées par la nature", ajoute le généticien.
Lui répondant en écho, Hervé Kempf, journaliste scientifique au "Monde" (1), estime que "ces trente denières années, le capitalisme s'est traduit par la poursuite d'une augmentation de la productivité extrêmement importante, c'est-à-dire la capacité du travail humain à transformer son environnement. Les capacités destructrices de nos activités économiques se sont accrues." (LLB, 21.09.09) "Tout le monde est tiré vers cette envie de surconsommation véhiculée par le mode de vie des plus riches", ajoute-t-il. "Tout cela nous entraîne collectivement vers une consommation matérielle exagérée qui pose des problèmes écologiques."
Deux jours auparavant, dans la même Libre Belgique, c'est l'économiste Pierre Pestieau qui estimait que "la gauche européenne en général et belge francophone en particulier manque parfois d'imagination. Elle est coincée dans une sorte de conservatisme. On le sent en période de crise, où on assite à une sorte de repli sur ses acquis plutôt qu'à un sursaut pour essayer d'améliorer les choses avec les ressources dont on dispose", dit-il. Interrogé sur les inflexions vertes du plan Marshall, il affirme qu'il y a "certainement des efforts à faire en termes de régulation, de réglementations...".
On en revient à l'exemple du centre de glisse où on sent bien que l'accord a été délivré depuis longtemps, mais qu'il faut quand même (essayer de) donner le change, faire croire que le politique a son mot à dire. Alors qu'il apparaît totalement inféodé au système capitaliste et à ses promoteurs d'autant plus convaincus que tout leur est permis que leurs projets les plus absurdes et déphasés sont l'objet de toutes les attentions.

Dans leur documentaire, récemment diffusé en télé, les Yes Men rappelaient que pour Milton Friedman, le laisser-faire total était la meilleure des politiques que puisse mener un Etat. L'Etat, pour lui, n'a pas à réguler, au contraire il doit laisser faire ceux qui créent de la richesse
Dans le documentaire, un de ses adeptes affirme que "mieux vaut laisser faire l'économie de marché" et un autre, parlant du réchauffement climatique, estime que "la chaleur, c'est la santé et elle va augmenter!".
Apparemment, le Gouvernement wallon est très friedmanien. Il nous reste à espérer que les écologistes sauront arrêter ce train fou. Et, pour sauver la Wallonie, sortir du capitalisme.

(1) Pour sauver la planète, sortez du capitalisme - Editions du Seuil

mardi 26 août 2008

L’équipe du Centre de Glisse engage le Docteur Coué de la politique

Anne Fourcade, l’architecte visionnaire (1), promotrice en cheffe du projet de Centre européen des Sports de Glisse, a agrandi son équipe, ralliant à sa cause le député-bourgmestre de Brunehaut. Pierre Wacquier ajoute désormais à ses mandats celui de VRP du Centre.

Dans Nord-Eclair du 18 juillet 2008, il s’engage clairement, choisissant son camp : celui des promoteurs. Et fustigeant les détracteurs, dénonçant « le théâtre des talentueux bonimenteurs ». Selon lui, « une solution a été trouvée pour le volet environnement » et « le développement durable (harmonie, équilibre entre le social, l’économique et l’environnement) est parfaitement respecté dans ce projet nouvelle mouture ». Il affirme que « concrètement, c’est un projet qui promotionne l’emploi, accorde à la collectivité des bénéfices importants, préserve l’environnement et la biodiversité ».
Il se garde bien de préciser en quoi ce projet gaspilleur de nature, d’eau et d’énergie et producteur de CO2, « accorde des bénéfices importants à la collectivité ». Quant à sa conviction que l’environnement et la biodiversité sont préservés, elle semble ne s’appuyer que sur les arguments des promoteurs. S’il avait lu les avis du Parc Naturel des Plaines de l’Escaut, le résultat de l’étude d’incidences sur l’environnement (EIE), l’avis de la CRAT, la position d’Inter-Environnement Wallonie, celle de la CIAO, les courriers de la Région Nord – Pas de Calais, il constaterait que la quatrième version du projet ne règle en rien les problèmes suivants (liste non exhaustive !):
- Dans son avis remis en octobre 2007 devant le Conseil de Développement de Wallonie picarde, le Parc Naturel des Plaines de l’Escaut (PNPE) estime le projet n’est pas compatible avec son plan de gestion ni avec la charte du Parc Naturel Régional Scarpe-Escaut.
- Il considère que la réorientation du projet n’est que spatiale et semble marginale dans la mesure où le dimensionnement même du projet n’a pas été revu ; celui-ci reste difficilement compatible avec le site même et son environnement.
- Le PNPE constate que les forêts seront « lacérées » par 19 km de chemins de promenade éclairés et ainsi « transformées en un vulgaire espace vert de type parc urbain ».
- Il estime que les plans d’eau seront « dénaturés », que la fermeture complète du site créera une coupure pour la forêt de Flines et pour le territoire du PNPE, que les prélèvements d’eau seront très importants, alors que la préservation des eaux de surface et souterraines constitue un enjeu majeur.
- Le PNPE parle d’un « choc de culture sur la conception de la nature et de l’écosystème, de contresens scientifiques » et estime que ce projet est « en totale contradiction avec les principes du tourisme durable et du développement local ».
- La CRAT (Commission régionale de l’Aménagement du Territoire) constate (juillet 2007) que dans son EIE l’auteur de l’étude souligne que « Tant dans le projet initial que dans ses variantes, l’impact sur la faune et la flore reste important. (…) L’avant-projet ne préservait pas une série de sites pourtant d’un intérêt écologique très élevé. (…) De nombreux milieux (Bois du Fouage et Bois de Péronnes) subiraient des incidences importantes.
Dans l’avant-projet ou dans sa variante, la faune serait perturbée par la destruction d’une partie de son habitat et par la fréquentation du site. Même dans le meilleur des cas, c’est-à-dire la variante, les incidences seraient très fortes.
L’auteur de l’étude résume ainsi les perturbations : « L’inscription de zones de loisirs autour du Grand Large affectera de manière significative les biotopes présents dont l’intérêt est important à l’échelle locale, régionale et européenne » (partie D de la deuxième phase de l’étude d’incidences, page 113, juillet 2007).
- La CRAT souligne également que l’assainissement des eaux usées (6000 équivalents-habitants) nécessitera une augmentation de la capacité de la future station d’épuration de Hollain. Le coût de l’assainissement reste à évaluer. La section s’interroge également quant à la faisabilité technique du raccordement du projet, la station étant située au-delà de l’Escaut.
- La CRAT constate le caractère extrêmement énergivore du projet qui rejetterait de 9.535 à 11.868 tonnes de CO2 par an, ce qui représente 0,023 % du total wallon alors que la région s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effets de serre.
Par ailleurs, la mobilité que le projet va accroître contribue également à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre.
- Elle se pose de nombreuses questions quant aux modes de déplacements et aux cheminements à l’intérieur même du projet.
- La CRAT attire l’attention sur la problématique des compensations.
Selon elle , il y a confusion entre les compensations alternatives et des charges urbanistiques liées au permis d’urbanisme. Elle insiste sur la nécessité pour le Gouvernement de fixer un cadre juridique aux compensations alternatives afin d’une part d’éviter tout arbitraire et d’autre part, de régler les problèmes de plus et de moins-values foncières.
La liste des critiques pourrait être bien plus longue encore, mais elle suffit déjà à démontrer que, contrairement à ce qu’affirme le docteur Coué de la politique, le développement durable n’est pas « parfaitement respecté »… Dans le Courrier de l’Escaut du 18 juillet, Pierre Wacquier affirme que « les promoteurs ont à chaque fois apporté des solutions aux problèmes qui étaient soulevés ». On ne peut que l’inviter à soumettre la liste ci-dessus à ses amis promoteurs. Qui feraient bien d’y répondre, sous peine de passer pour de piètres « boni-menteurs »…

« Arrêtons de diaboliser et stigmatiser ce projet avant même qu’il n’ait vu le jour », exhorte Pierre Wacquier. Là, c’est le VRP qui s’exprime, oubliant que le bourgmestre qu’il est aussi vient de s’opposer à un projet de quelques éoliennes avant qu’elles ne puissent être plantées… Ce n’est en tout cas pas le député wallon qui pourrait refuser que l’on critique un projet avant qu’il devienne réalité, puisque la Région wallonne a – très logiquement - prévu une procédure d’étude d’incidences sur l’environnement pour des projets de ce type. Suivie d’une procédure d’avis de diverses instances. Et c’est précisément sur les résultats de cette EIE que s’appuient la CRAT, les deux parcs naturels, Inter-Environnement Wallonie, la CIAO, Climat et Justice Sociale, etc. pour critiquer ce projet. La logique wacquiérienne voudrait-elle donc qu’on ne puisse critiquer un projet qu’une fois qu’il est devenu réalité ? C’est-à-dire quand il est trop tard ? Curieuse conception de la démocratie ! Et de la logique tout court : doit-on, selon lui, agir, puis réfléchir… ? Considère-t-il que la nouvelle étude d’incidences demandée par le Gouvernement wallon est inutile ?

« Soyons pragmatiques et rationnels », demande-t-il (2). Mais c’est précisément sur des éléments rationnels que s’appuient, pragmatiquement, tous ceux qui critiquent ce projet : l’analyse effectuée par les techniciens du Parc Naturel, les résultats de l’EIE et l’avis de la CRAT.
Mais on sera rassuré d’apprendre que le bourgmestre de Brunehaut sera « attentif au rôle que tiendra le Parc Naturel des Plaines de l’Escaut » (3). Comprenne qui pourra…

Dans « La politique de l’escargot », Paul Ariès, écrit que « La déconstruction du sarkozysme réellement existant suppose une rupture d’avec ce qui caractérise la dimension anthropologique de l’humain au sein des sociétés capitalistes et productivistes. Les gauches ont trop longtemps considéré qu’elles pouvaient faire l’impasse sur ces grands invariants de notre époque. En défendant le « plein emploi », elles évitaient ainsi de s’interroger sur ce que l’on continuait à produire. En revendiquant le droit à la consommation, elles ne remettaient pas en cause le mode de vie capitaliste. Nous avons payé beaucoup trop cher cet aveuglement pour ne pas être attentifs aux multiples résistances de ceux qui aspirent à une vie meilleure et déjà à une plus grande compréhension de ce qui nous tue. » (in Le Sarkophage, 12.07.2008)
Dans le même journal, l’économiste Geneviève Azam estime que « l’abondance de discours et de postures (à propos de la crise écologique) cache mal la vacuité des mesures prises par les instances politiques actuellement en place et l’absence de projets politiques alternatifs. Avec, en prime, une banalisation à force de formules creuses et une fuite en avant dans les politiques néolibérales qui se nourrissent des situations de panique qu’elles ont elles-mêmes créées ». Elle poursuit sa réflexion avec ces « questions politiques fondamentales: que produisons-nous, pour qui, comment le produisons-nous, comment répartissons-nous la richesse produite, quelles sont les instances de décision, quelle coopération internationale ? ».

En mars dernier, quittant sa fonction d'administrateur général de la FGTB wallonne, Jean-Claude Vandemeeren estimait que "il y a un problème de la gauche dans toute l'Europe, qui dès l'instant où elle s'inscrit dans la logique du système capitaliste dominant, a du mal à assumer ses choix. Le socialisme n'ose plus véritablement contester le système. Il se contente d'une ligne défensive, tente de limiter les dégâts dans une Europe capitaliste. (...) Au niveau wallon, ajoute-t-il, c'est encore plus grave. On est dans une situation économique assez catastrophique. On a donc besoin d'un capitalisme dynamique. Et dès lors, le PS a peur de le gêner, il lui fait confiance, lui accorde des cadeaux. »

Le projet de « centre de glisse » participe pleinement de ces politiques néolibérales avaleuses de l’air du temps qui arrivent d’autant plus facilement à faire passer des vessies pour des lanternes qu’elles trouvent non seulement bien peu d’opposants à leur développement, mais aussi beaucoup de thuriféraires de leurs projets, y compris dans des partis qui s’affirment de gauche.
Il est urgent que le politique (re)prenne la main sur l’économique plutôt que d’en jouer les porteurs de valise.

(1) un visionnaire, c’est quelqu’un qui a des visions…
(2) réveillant ainsi un vieux slogan du Ps : « Soyons positifs et concrets », un slogan qui résonne curieusement par rapport aux réflexions reproduites dans ce texte.
(3) Le Courrier de l’Escaut, 18.07.2008

dimanche 30 mars 2008

L'économie a toujours raison 2

Pourquoi il faut absolument s'opposer au projet de centre de glisse et à tout autre projet de ce type, totalement contraire au développement durable*:

- parce que ce sont les mêmes qui entendent s'approprier la terre pour en faire de l'argent, que ce soit ici ou dans la forêt amazonienne;
- parce que seul compte pour eux le profit, même s'ils le déguisent sous de vertueuses mais fallacieuses volontés de créer de l'emploi ou de respecter l'environnement;
- parce qu'ils n'ont que mépris pour les populations concernées, l'avenir de la planète, les économies d'énergie et tout ce qui pourrait freiner leur voracité;
- parce que ce type de projet est non seulement anti-naturel, mais surtout anti-culturel, dépourvu de "sens" et destructeur de territoires autant que de liens sociaux;
- parce qu'il est basé sur une conception d'exploitation et d'enfermement d'un territoire plutôt que sur des notions d'ouverture, de respect et de mise en valeur;
- parce que les politiques concernés (certains "responsables" politiques du moins) n'ont aucun courage politique et surtout pas l'audace de s'opposer à ces investisseurs aux dents longues et s'avèrent incapables de la moindre créativité et de la plus petite once d'imagination;
- parce que ce sont les mêmes politiques qui sont capables de rendre hommage à Che Guevara et de faire des courbettes devant ces pontes d'un capitalisme plus suffisant que jamais, yesmen constamment en quête du consensus mou, de l'assise entre deux chaises;
- parce qu'il faut bien être d'autant plus critique qu'eux ne le sont pas;
- parce que les promoteurs de ce projet de centre de glisse sont incapables de débattre, se contentant d'attaques ad hominem plutôt que de discuter d'idées: "vous êtes venus en voiture, donc ne nous reprochez pas un projet qui se base sur l'utilisation de la voiture individuelle" - "vous n'êtes pas de Clochermerle, donc vous n'avez pas à donner votre avis sur ce projet "européen". Pauvres arguments de débatteurs impuissants, incapables de développer une argumentation de fond, d'opposer des concepts à d'autres, de répondre à une analyse scientifique.

Dans la Libre Belgique de ce 29 mars, Jean-Claude Vandemeeren, qui quitte ses fonctions d'administrateur général de la FGTB wallonne, estime que "il y a un problème de la gauche dans toute l'Europe, qui dès l'instant où elle s'inscrit dans la logique du système capitaliste dominant, a du mal à assumer ses choix. Le socialisme n'ose plus véritablement contester le système. Il se contente d'une ligne défensive, tente de limiter les dégâts dans une Europe capitaliste. (...) Au niveau wallon, ajoute-t-il, c'est encore plus grave. On est dans une situation économique assez catastrophique. On a donc besoin d'un capitalisme dynamique. Et dès lors, le PS a peur de le gêner, il lui fait confiance, lui accorde des cadeaux."

Dans le quatrième et dernier tome de "Son combat ordinaire" ("Planter des clous"), Manu Larcenet fait dire à un de ses personnages: "si la loi autorise les patrons à aller planter des usines dans le tiers-monde, il faut être un sacré hypocrite - ou un socialiste - pour s'offusquer qu'ils le fassent dans les faits".
Ce sont les mêmes patrons qui délocalisent pour remplir un peu plus les poches de leurs actionnaires et s'offrir des parachutes dorés et qui "localisent", chez nous ou ailleurs, des parcs fondés sur un concept dépassé de profit, de luxe et de gaspillage.
"Planter des clous" (Dargaud) évoque le temps des désillusions, du désenchantement, celui du triomphe des cyniques, des je-m'en-foutistes, des ultralibéraux. Heureusement, il y a les enfants, les nôtres, les autres, à qui on promet qu'on fera tout ce qu'on peut encore pour qu'il y ait toujours des hirondelles et des écureuils.

* je sais, c'est un peu obsessionnel chez moi, mais j'assume! Pour en savoir plus, voir www.c-i-a-o.eu