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jeudi 20 mai 2021

Nouvel eldorado

Le réchauffement climatique est une bénédiction. Les glaces de l'Arctique fondent comme neige au soleil, les températures montent, des autoroutes maritimes s'ouvrent et les innombrables richesses de cette zone seront bientôt à portée de pioche. En prévision, la Russie y installe des bases militaires, arguant qu'elle est chez elle et qu'elle peut donc faire ce qui lui plaît. Ce sont nos terres, affirment les autorités russes, tout ce que notre pays y fait est absolument légitime. La région arctique est une mine d'or, entendez par là de pétrole, de gaz, de fer, d'uranium, de rubis, de terres rares. Sans compter les ressources halieutiques. Le Conseil de l'Arctique - qui regroupe les huit pays riverains: Russie, Finlande, Suède, Norvège, Danemark, Islande, Etats-unis et Canada - est en réunion ces jours-ci, avec l'objectif de sauvegarder, autant qu'il est encore possible de le faire, cette région qui a atteint un point critique. Mais la Russie, qui va présider le Conseil pendant deux ans, n'y voit que ses intérêts militaires et économiques. Les cinq cents mille autochtones et leur volonté de sauvegarder la biodiversité pèsent peu face aux deux millions de Russes qui vivent dans la zone arctique. Les conquistadors russes figurent aujourd'hui parmi les pires capitalistes de la planète. 

A partir de "Arctique: terre froide pour une nouvelle guerre froide?", émission "28 minutes", Arte, 19.5.2021:  https://www.arte.tv/fr/videos/103890-002-A/arctique-terre-froide-pour-nouvelle-guerre-froide/

mardi 7 mai 2019

Capitalisme punitif

C'est la panique chez de nombreux politiques en Belgique. Ecolo pourrait faire un carton aux prochaines élections.
Pour contrer les Verts, les Libéraux-Réformateurs du MR n'hésitent pas inventer une taxe sur la viande qu'Ecolo appliquerait. Le sketch qu'ils interprètent dans un clip est tellement mal joué que le MR apparaît, une fois encore, non crédible et, surtout, ridicule (1). Tout sonne faux dans ce clip. Si j'osais un mauvais jeu de mots, je dirais qu'ils se sont viandés. Mais je n'oserais pas.
Certains libéraux ressortent aussi le vieux cliché de "l'écologie punitive" (2). Que dire d'autre face à une prise de conscience de plus en plus importante d'une nécessité d'un changement radical ?
Est-ce punitif de proposer des primes à l'isolation, à l'installation de systèmes de chauffage à énergie renouvelable, à la conversion à l'agriculture biologique ? Est-ce punitif de favoriser l'utilisation du vélo, des transports en commun et du covoiturage ? Est-ce punitif d'imposer la nourriture bio dans les cantines publiques ?
Le capitalisme sauvage (qui a toujours été soutenu sur le fond par la sociale-démocratie) pousse à produire et à consommer toujours plus. C'est lui qui dérègle le climat, lui qui est à la manœuvre derrière toutes les créations de routes et d'aéroports, de zones commerciales et industrielles, lui qui adore détruire les forêts, inonder les champs de pesticides et bétonner les espaces naturels. Ce capitalisme est extrêmement punitif pour la planète et pour l'homme. Un million d'espèces sont aujourd'hui menacées de disparition (3). 
Mais pour le MR, ce doit être business as usual. Le sacro-saint marché régulera lui-même ses excès. La technologie gèrera la nature en bonne mère de famille.
Il est temps d'en finir avec ce capitalisme qui mène l'humanité à sa perte. Et donc avec ses porte-drapeaux politiques.

En France aussi, il faut casser les écologistes. Ici, c'est un pseudo journaliste qui s'en charge. Hargneux, agressif, aussi désagréable qu'on puisse l'être, Pascal Praud coupe la parole à Claire Nouvian, candidate de Place publique, l'empêche de parler, la trouve "ridicule" et "hystérique" (4). Son émission, c'est visiblement le Café du Commerce. On y ricane sur le réchauffement climatique. Il fait -3°C à Paris, et on nous parle de réchauffement climatique, laissez-moi rire! Cette émission qui fait apparemment plus du show bas de gamme que de l'information est une insulte à la communauté scientifique internationale et plus largement à l'intelligence. De quoi nous punit-elle ?

(1) https://www.lalibre.be/actu/politique-belge/election-2019-la-video-polemique-du-mr-qui-attaque-ecolo-au-vert-j-espere-je-prefere-le-bleu-je-veux-5cd293297b50a60294ad0aa5
(2) https://www.levif.be/actualite/belgique/le-programme-d-ecolo-le-contraire-de-ce-que-veulent-les-classes-moyennes/article-opinion-1129987.html
(3) https://www.lalibre.be/actu/planete/un-appel-urgent-de-plus-a-l-action-climatique-5ccc413e9978e25347d2b74e
(4) https://www.nouvelobs.com/teleobs/20190507.OBS12615/claire-nouvian-folle-de-rage-apres-le-guet-apens-climatosceptique-de-pascal-praud.html

dimanche 27 novembre 2016

Consommez!

Décidément, le progrès est inarrêtable. Il s'introduit partout, se glisse sous nos portes, entre dans nos salles de bain, dans nos chambres à coucher, nos garde-manger.
Désormais, quand un produit que nous consommons vient à nous manquer, il nous suffira de pousser sur un bouton et hop! nous en recevrons rapidement un nouveau par la poste et le coût en sera automatiquement débité de notre compte bancaire (1). Et ça, c'est vraiment chouette! Plus besoin de sortir faire ses courses, plus besoin de se poser la question de la marque que l'on souhaite, plus jamais de manque. Les plus grandes marques industrielles, les plus beaux fleurons de la mondialisation auront leur rond de serviette à notre table. La société de l'éternelle satisfaction et de l'abondance s'ouvre à nous.
Bientôt plus de café? Pas grave! Il suffit de pousser sur la pastille qu'on a collée sur la porte de l'armoire de la cuisine. Bientôt plus de poudre à lessiver? Pas grave! Il suffit de pousser sur la pastille qu'on a collée sur le lave-linge. Bientôt plus de dentifrice? Pas grave! Il suffit de pousser sur la pastille qu'on a collée sur le miroir de la salle de bain. 
C'est la si sympathique multinationale Amazon qui est à l'origine de cette innovation qui nous permettra de ne jamais manquer de produits Kraft, Gilette, Tide, Lipton, Nivea et de tant d'autres entreprises tellement mondialisées qu'elles s'installent maintenant de manière permanente dans nos salons. Ce qui est rassurant, c'est que nous ne manquerons jamais de Kleenex pour pleurer sur la bêtise humaine et le capitalisme hautainement triomphant.
On n'arrête pas le progrès. mais lui risque bien de nous arrêter. Il y a un mur au bout de cette course folle à la surproduction et à la consommation. Et nous courons tous nous y fracasser. Comme l'écrit Paul Jorion (2), "Le dernier qui s'en va éteint la lumière"? Mais qu'il ne se trompe pas, qu'il ne pousse pas sur la pastille.

(1) https://mrmondialisation.org/lhyper-consumerisme-au-bout-de-ton-doigt/?utm_source=actus_lilo
(2) Fayard, 2016.

dimanche 5 janvier 2014

Liberté chérie

La culture ultralibérale a envahi tout l'espace. Je fais et je dis ce que je veux quand je veux et comme je veux. Je suis l'unique guide de ma vie, ma propre référence. Les règles collectives ne devraient pas exister (sauf si elles peuvent me protéger).
Voilà pourquoi certains pensent que racisme et antiracisme sont juste deux opinions différentes qui doivent avoir les mêmes droits de s'exprimer.
Voilà pourquoi certains pensent que Dieudonné et les extrémistes ont le droit de dire ce qu'ils veulent, même s'il s'agit d'appels à la haine.
Voilà pourquoi tout gouvernement a toujours tort, quoi qu'il fasse.
Voilà pourquoi il faut détruire les radars.
Voilà pourquoi l'impôt que l'on paie est toujours trop élevé et les subventions que l'on reçoit ne le sont jamais assez.
Voilà pourquoi on doit avoir le droit de vendre et d'acheter ce qu'on veut (y compris le corps des autres)  quand on veut (y compris la nuit et le dimanche).
Voilà pourquoi certains défendent - même (et surtout) à gauche - le droit  (et parfois l'obligation)  de vivre selon les règles de sa communauté d'origine.
Voilà pourquoi nous devons pouvoir satisfaire nos besoins au moment même où nous les ressentons.
Voilà pourquoi les commentaires postés dans les forums sont souvent aussi agressifs qu'incompréhensibles.

Le philosophe Jean-Claude Michéa constate (1) qu'on trouve peu d'esprits à gauche "encore capables de critiquer - comme jadis Engels - la dynamique aveugle qui conduit peu à peu le marché capitaliste à désagréger l'humanité en monades dont chacune a un principe de vie particulier et une fin particulière (ou - version saint-simonienne - à transformer la société en une agrégation d'individus sans liens, sans relations et n'ayant pour mobiles que l'impulsion de l'égoïsme)".
Selon Jean-Claude Michéa, ce sont aujourd'hui principalement "des intellectuels issus de la droite anticapitaliste qui parviennent le plus souvent (sous des formes, on s'en doute souvent très ambiguës et parfois ouvertement antisémites) à proposer (...) certaines des critiques les plus lucides de l'individualisme libéral, de ses fondements anthropologiques et de ses conséquences morales et culturelles sur la vie quotidienne des gens ordinaires". Il constate que ces critiques ont aujourd'hui presque entièrement disparu du discours de la gauche: "cette situation paradoxale - qui n'est, encore une fois, que la contre-partie logique de la conversion de la gauche à l'idée que le capitalisme est l'horizon indépassable de notre temps - n'a évidemment rien pour enthousiasmer les partisans d'une sortie aussi civilisée que possible du système capitaliste".

Question particulièrement sensible aujourd'hui: comment vivre-ensemble? Dans une société de dictature du moi et de disparition du surmoi, quelles lois, quelles normes, quelles valeurs, quels codes peuvent fonder une culture commune? Qu'est-ce qui est normal, qu'est-ce qui ne l'est pas? Quelles règles collectives nous permettent de vivre ensemble si chacun a les siennes, si le démolisseur de radar est juste un automobiliste en colère, si l'homme qui oblige sa femme à se couvrir entièrement n'est qu'un croyant dont il faut respecter la foi, si les propos de l'antisémite ou du raciste sont juste une opinion? Tant de gens sont aujourd'hui dans une surestime de soi qui les amène à l'irrespect de l'autre.
Le respect, écrit Alain Finkielkraut (2) marque la différence entre les hommes et les autres réalités naturelles: "le respect nous inhibe. Le respect nous tient en respect et nous interdit d'envahir le monde comme une force qui va. Le respect, c'est-à-dire, écrit Kant, une maxime de restriction, par la dignité de l'humanité en une autre personne, de notre estime de nous-même."
"Et toute la question, poursuit Finkielkraut, est de savoir ce qui va l'emporter du respect au sens défini par Kant de restriction de l'estime de soi-même ou du respect au sens dénoncé par Hobbes de volonté manifestée par chacun d'être évalué par son voisin au prix qu'il s'évalue lui-même. Deux régimes de respect se disputent aujourd'hui notre vivre-ensemble."

(1) Marianne, 20 décembre 2013.
(2) L'identité malheureuse, Stock, 2013.

mercredi 29 mai 2013

Plans sur la comète

Prophète est un métier difficile. Classant des documents, je retrouve une interview donnée à la Libre Belgique par Eric Domb, directeur du centre qui s'appelait alors Paradisio et à l'époque président de l'Union wallonne des Entreprises. "La crise ne va pas durer", affirmait-il. On se réjouissait de l'apprendre. C'était en 2009 (1). Lucide, il estimait cependant que "on est pas près de gagner cette bataille du plein emploi".
La crise s'est installée (in)confortablement et durablement. Et plus personne n'ose aujourd'hui affirmer qu'il aperçoit la sortie du tunnel. Mais comment l'apercevoir si l'immense majorité des responsables politiques ne changent rien à un système capitaliste en échec? Qui, au contraire, l'entretiennent.
Les politiques d'austérité aujourd'hui imposées par l'Europe entendent lutter contre le déficit des Etats qui a une origine claire: le sauvetage du secteur bancaire. Un exemple, cité par Gaël Giraud, économiste et chercheur au CNRS (2): la quasi-totalité du secteur bancaire irlandais fait faillite en 2010. Le Gouvernement décide de prendre à sa charge l'essentiel des dettes bancaires. Résultat: une dette publique qui passe de 25 à 100% du PIB en un an.
"Dexia, ajoute-il, a déjà coûté 12 milliards d'euros aux contribuables franco-belges, et l'Etat français a mis 85 milliards d'euros en garantie pour cette banque. Le sauvetage d'AIG par les contribuables américains en 2008 a permis à la Société générale de récupérer 11,9 milliards de dollars, à BNP-Paribas 4,9 milliards et au Crédit agricole, 2,3 milliards."
Nous sommes donc dans un système qui s'endette pour enrichir les banques et fait payer cette endettement par la population. La crise, nous ne sommes donc pas près d'en sortir si on reste dans cette logique bénéfique pour un système devenu fou et suicidaire pour ceux qui le subissent.
Les solutions selon Gaël Giraud:
- obliger les banques à  séparer - réellement - leurs activités de marché de leurs activités de crédit et de dépôt.
- investir dans la transition écologique. 
Les perturbations climatiques indéniables que nous vivons ces dernières années n'ont visiblement pas encore suffi pour pousser radicalement dans cette voie les gouvernants.
Le printemps automnal que nous vivons pousse de nombreux Européens à prendre l'avion pour aller passer le week-end dans des régions chaudes et ensoleillées. La compagnie Ryanair vient d'augmenter ses bénéfices et s'attend à les améliorer encore. "Le témoignage de la force du modèle ultra-low cost de Ryanair", se réjouit son patron Michael O'Leary (3). Un modèle de l'ultra libéralisme, qui exploite son personnel et participe joyeusement au dérèglement de la planète avec la bénédiction des pouvoirs publics, et notamment de la Région wallonne.
"Poursuivre notre modèle de croissance carbonée est le plus sûr moyen de provoquer un désastre humanitaire dès la fin de ce siècle", estime Gaël Giraud. Il y a des prophètes qu'on n'a pas envie d'écouter.

(1) LLB du 13.02.2009.
(2) "Les banques en accusation", Télérama, 3 avril 2013. Gaël Giraud: "Illusion financière", éd. de l'Atelier.
(3) "Ryanair toujours plus haut", 21 mai 2013.

samedi 14 janvier 2012

Ah! ah! ah!

Après la Grèce, le Portugal, l'Irlande, l'Espagne, l'Italie, la Belgique, voilà qu'à leur tour la France, l'Autriche et d'autres pays voient leur note dégradée par une agence de notation. Des privés, que personne ne mandatent, à qui personne n'a rien demandé, qui disent où est le bien, où est le mal. Qui distribuent les bons et les mauvais points, coiffent certains pays du bonnet d'âne. Les gouvernements de nos pays, qui soutiennent tous le système capitaliste et en vivent, sont comme le Dr Frankenstein: ils ont donné vie à une "créature sans nom faites de plusieurs morceaux de cadavres humains et à l'allure repoussante" (1). Comme dans le roman de Mary Shelley, "la créature et le créateur entretiendront une relation amour/haine". Leur créature les dépasse. Pire, elle les menace. Mais ils ne peuvent lui ôter la vie: c'est la leur, ou en tout cas celle de leur système, qui est aussi en jeu.

(1) Wikipedia

mardi 1 novembre 2011

A question idiote...

"La Belgique dans le noir en 2015?". C'est un des titres du JT de la RTBF ce 31 octobre, allusion à la confirmation de la sortie du nucléaire. Aussi intelligent que la question que posait un certain Jean-Marie Happart au Sénat à l'occasion du débat sur la sortie du nucléaire en 2003: "et quoi, demandait-il, faute de nucléaire, s'il n'y a pas de vent aujourd'hui, il n'y aura pas d'électricité et personne ne m'entendra?". Personne ne se plaindra plus de la disparition de ce JT que de l'absence désormais de l'Happart bis des travées parlementaires. Surtout si ce JT continue à être présenté par un François De Brigode de plus en plus bredouillant. On espérait qu'il fût en vacances cette semaine. Elles lui feraient le plus grand bien. A nous aussi.

La Chine et le chrysanthème ont la cote, nous apprend le même JT. Tous deux se vendent bien, si on peut se permettre de résumer et rassembler deux sujets. Et ont le chic pour enterrer les autres, tout en restant bien vivants. La Chine est l'un des derniers pays communistes, le plus puissant d'entre eux. C'est aussi aujourd'hui le pays le plus capitaliste. Aucun autre pays au monde ne dipose d'autant de réserves. Ce sont ses exportations, bien plus importantes que ses importations, qui lui ont permis d'engranger un tel pactole. Et ainsi de racheter la dette d'autres Etats. Une partie de celle de l'Europe par exemple. La Chine revendique aujourd'hui "le statut d'économie de marché" et réclame sa place à l'OMC. Un comble pour ce pays communiste. Une exigence logique pour ce pays capitaliste. "En Chine, tout s'arrange avec l'argent", dit le journaliste du JT de France2 en conclusion de son sujet sur la reconnaissance du harcèlement au travail. On voit par là que le capitalisme a une capacité d'adaptation au moins égale à celle du communisme, même s'il est le dindon de sa mauvaise farce qui sent de plus en plus le suri.

lundi 28 septembre 2009

Le capitalisme, valeur première de l'Olivier?

A suivre le JT de ce soir, on se rend compte que le capitalisme est plus débridé que jamais. Il y a un an, le "système" était en "crise", et on se dit aujourd'hui que le mot était approprié. Ce n'était qu'une crise. Le train fou continue à rouler. Les entreprises à fermer, pour se délocaliser et/ou pour permettre à leurs actionnaires d'obtenir de plus plantureux et plus rapides bénéfices encore.
Même la poste bientôt libéralisée s'y met. Chez France Telecom, les suicides ne se compteront bientôt plus. On parlera plus pudiquement d'abandon de poste.

La Wallonie reste fidèle à son image de carabinier d'Offenbach. La crise, on connaît depuis cinquante ans, donc on sait que ce n'est que passager. Donc, business as usual.
Le récent avis favorable de la CRAT sur le projet de "centre de glisse" de Maubray en est un exemple parmi d'autres. La Commission Régionale d'Aménagement du Territoire, censée être, en la matière, la conseillère indépendante du ministre a fait la preuve de son instrumentalisation et de beaucoup d'incohérence et de mauvaise foi. L'avis est favorable, mais assorti d'une série de remarques plutôt... défavorables. C'est que nous sommes en Wallonie où les investisseurs - même dans des projets ringards - sont les rois. Ou, à tout le moins, les princes...
Son ministre-président continue à manier la langue de bois avec un art consommé qui l'a mené où il est. Un coup à gauche et, hop, un coup à droite. Son interview dans la Libre Belgique du 26 septembre est dispensable. Il n'y dit rien, sinon qu'il sera rigoureux. Et attentif aux uns et aux autres, s'il fallait le rappeler. Ce qu'il fait sur deux pages. Dans le Vif du 11 septembre, essayant de récupérer l'idée de green deal, il disait attendre des citoyens "de l'initiative entrepreneuriale", même sous forme de coopérative. "Cette envie de participer au développement économique, cet enthousiasme, c'est la condition sine qua non du redéploiement de la Wallonie", dit-il. Dommage qu'il ne précise pas de quel type de redéploiement il rêve (s'il échet).
Le projet de centre de glisse, maintenant clairement soutenu par la CRAT et ceux qui la téléguident, est un exemple symptomatique de ce capitalisme qui fonce sans feux dans le brouillard.
"Ceux qui prêchent la croissance de la consommation dans les pays où les besoins vitaux sont déjà plus que satisfaits sont aussi néfastes que les dealers de drogue", affirme Albert Jacquard (le Vif, 10.04.09). "Car la croissance est une drogue: elle fait du bien dans les premiers instants, mais nous tue ensuite. Les solutions proposées par les dirigeants de la planète pour répondre à la récession recourent systématiquement à un accroissement de l'activité, sans poser la question de la compatibilité de cet avenir avec les limitations imposées par la nature", ajoute le généticien.
Lui répondant en écho, Hervé Kempf, journaliste scientifique au "Monde" (1), estime que "ces trente denières années, le capitalisme s'est traduit par la poursuite d'une augmentation de la productivité extrêmement importante, c'est-à-dire la capacité du travail humain à transformer son environnement. Les capacités destructrices de nos activités économiques se sont accrues." (LLB, 21.09.09) "Tout le monde est tiré vers cette envie de surconsommation véhiculée par le mode de vie des plus riches", ajoute-t-il. "Tout cela nous entraîne collectivement vers une consommation matérielle exagérée qui pose des problèmes écologiques."
Deux jours auparavant, dans la même Libre Belgique, c'est l'économiste Pierre Pestieau qui estimait que "la gauche européenne en général et belge francophone en particulier manque parfois d'imagination. Elle est coincée dans une sorte de conservatisme. On le sent en période de crise, où on assite à une sorte de repli sur ses acquis plutôt qu'à un sursaut pour essayer d'améliorer les choses avec les ressources dont on dispose", dit-il. Interrogé sur les inflexions vertes du plan Marshall, il affirme qu'il y a "certainement des efforts à faire en termes de régulation, de réglementations...".
On en revient à l'exemple du centre de glisse où on sent bien que l'accord a été délivré depuis longtemps, mais qu'il faut quand même (essayer de) donner le change, faire croire que le politique a son mot à dire. Alors qu'il apparaît totalement inféodé au système capitaliste et à ses promoteurs d'autant plus convaincus que tout leur est permis que leurs projets les plus absurdes et déphasés sont l'objet de toutes les attentions.

Dans leur documentaire, récemment diffusé en télé, les Yes Men rappelaient que pour Milton Friedman, le laisser-faire total était la meilleure des politiques que puisse mener un Etat. L'Etat, pour lui, n'a pas à réguler, au contraire il doit laisser faire ceux qui créent de la richesse
Dans le documentaire, un de ses adeptes affirme que "mieux vaut laisser faire l'économie de marché" et un autre, parlant du réchauffement climatique, estime que "la chaleur, c'est la santé et elle va augmenter!".
Apparemment, le Gouvernement wallon est très friedmanien. Il nous reste à espérer que les écologistes sauront arrêter ce train fou. Et, pour sauver la Wallonie, sortir du capitalisme.

(1) Pour sauver la planète, sortez du capitalisme - Editions du Seuil

lundi 30 mars 2009

Le dire, c'est bien...

"Les capitalistes, on doit leur rentrer dans le lard!" Discours musclé du président du Ps ce dimanche. La gauche caviar se changerait-elle en gauche épinards ? "Si le libéralisme ne marche pas, il faut changer de système. La pensée unique libérale a vécu." Voilà le Ps en guerre contre l'idéologie libérale. On applaudit bien sûr. Mais juste poliment. Du bout des doigts. Y a-t-il quelqu'un qui y croit dans la salle? C'est que, dans le même temps, on chercherait vainement, chez les responsables sociaux-démocrates une attitude en rupture avec le capitalisme. A Antoing et dans les communes environnantes, les bourgmestres soutiennent le projet de centre de glisse. Qui n'a rien de capitaliste, c'est une évidence...
Dans le même temps, le grand timonier de la Wallonie picarde socialiste part, lui aussi, en campagne, présentant son "équipe d'entrepreneurs ". Lui qui s'était autrefois auto-proclamé "manager de la santé publique" (à l'époque où il était ministre fédéral en charge du secteur) a visiblement intégré le vocabulaire capitaliste. Va falloir revoir son lexique...
Le Ps estime que "le moment est venu de reconstruire: c'est le moment des socialistes", peut-on lire dans la Libre. "C'est l'heure de l'alternative", pouvait-on entendre au JT. Et le quidam de s'interroger: quoi? les socialistes seraient donc dans l'opposition depuis longtemps? Mais on ne m'avait rien dit!
Essayer de faire croire que c'est enfin son heure alors qu'on est au pouvoir depuis vingt ans, ça s'appelle du culot. A moins que ce ne soit un aveu d'inaction ou d'incapacité.

Après le JT du dimanche soir, sur Arte, le portrait du peintre Georg Baselitz. "On ne peut pas devenir artiste en restant un gentil petit garçon, dit-il. Il faut bousculer l'ordre social". La politique, elle, n'a rien à voir avec l'art. Elle est affaire de gentils petits garçons...

P.S. (!): L'ineffable Daniel Senesael (celui-là s'il n'existait pas, il faudrait l'inventer), parlant de Rudy Demotte, en a dit "c'est notre trésor à nous, notre croix byzantine retrouvée". J'ai regardé la rediffusion du JT de No Télé pour m'assurer que j'avais bien compris et je me suis pincé. J'avais bien entendu. A quand sa première plaquette de poésie? J'attends impatiemment.

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En parlant de capitalisme, une de ses plus belles vitrines se porte mal. On a pu lire dans la presse récemment que le Grand Prix de Formule 1 de Francorchamps enregistre un déficit qui dépasse les 3,8 millions d'euros. Bon, allez, on ira de notre poche, nous citoyens. Après tout, ça ne fait jamais que 1,15 € par Wallon.
Seuls 52000 spectateurs sur les 65000 attendus se sont déplacés pour aller voir tourner ces magnifiques bolides.
Ce déficit est évidemment très inquiétant pour la Wallonie. Il y a quelques années, quand Ecolo avait refusé de faire une exception à la loi anti-tabac pour ces pauvres petits constructeurs automobiles sans le sou, il fallait entendre les imprécateurs affirmant haut et fort combien ce grand prix constituait un atout économique de premier ordre pour la Wallonie. Et lui rapportait un argent considérable. Et voilà que c'est l'inverse! Voilà que ce grand prix nous coûte de l'argent. Qui l'eut cru? La Wallonie va fermer boutique bientôt, non?