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vendredi 2 mai 2014

Nouvel aristo

C'est l'histoire d'un homme, jeune alors, qui fut un espoir pour de nombreux militants du Ps wallon. Il incarnait le changement, il allait rénover ce vieux parti gangréné par des affaires à répétition.
Vingt ans plus tard, c'est devenu un cumulard qui a fait reculer les règles de son parti pour pouvoir être partout. Le Ps du Hainaut occidental interdisait à un mandataire de ses rangs d'être à la fois parlementaire et bourgmestre ou échevin d'une ville de plus de cinquante mille habitants. L'imperator de Wallonie picarde a fait sauter la règle. C'était nécessaire car il est indispensable. Qui d'autre que lui pourrait à la fois présider le gouvernement wallon et celui de la Communauté française, tout en étant bourgmestre de Tournai (où il s'est auto-parachuté) et grand chef de la Wapi?
Rudy Demotte méprise les règles de l'institution qu'il préside. Il refuse d'être "bourgmestre empêché",  se dit "bourgmestre en titre", et donc, en dépit des décrets dont il est censé être le garant, bourgmestre de facto de Tournai, une ville avec laquelle il "communie" (sic - et on est prié de ne pas rire).
Aujourd'hui, ce bourgmestre qui ne peut l'être mais l'est quand même annonce qu'il rempilerait volontiers à la double fonction de ministre-président (1).
On voit par là que l'ambition personnelle est toute puissante et nuit à la démocratie. Et qu'il faudrait changer les règles: un seul mandat à la fois et deux ou trois au grand maximum, et puis céder la place. Passer de gouvernant à gouverné quand d'autres feront, pour un temps aussi limité, le chemin inverse. Il faut mettre fin au professionnalisme politique, à l'aristocratie élue (selon les terme de David Van Reybrouck) (2) dont le petit marquis de Wapi est l'illustration.

(1) www.lesoir.be/533791/article/actualite/belgique/elections-2014/2014-05-01/rudy-demotte-candidat-sa-propre-succession
(2) David Van Reybrouck: "Contre les élections", Babel - Actes Sud, 2014.

(re)lire aussi sur ce blog, notamment (il y en a beaucoup d'autres sur le même monarque):
- "Un homme providentiel", 18.02.2014.
- "Premiers communiants", 04.12.2012.
- "Pêcheurs empêchés", 13.10.2012.
- "Shizophrénie", 25.11.2011.

mardi 26 mars 2013

Borsus le polyglotte

Willy Borsus part en guerre contre Ecolo. "Je conteste l'extrémisme doctrinaire des écolos", dit le chef de groupe MR au Parlement wallon (1).
Le libéral qu'il est ne doit pas avoir de doctrine. Il la laisse aux marchés qui chaque jour un peu plus nous démontrent que le capitalisme est le meilleur des systèmes. Les entreprises ferment les unes après les autres, les travailleurs sont licenciés par milliers, mais il ne faut surtout pas faire preuve d'intégrisme, dit-il. Tout finira bien par s'arranger, suppose-t-on. En attendant son heure, Borsus mène la charge, et elle est lourde, contre le Gouvernement wallon et sa composante Ecolo en particulier. Il reproche au Gouvernement ses plans d'avenir.
Le journaliste de la Libre, Frédéric Chardon, demande à Borsus ce que propose le MR. Il répond que "la Wallonie a besoin de réformes et de changements. On sent aussi qu'on doit rompre avec les habitudes du passé, dit-il, et concentrer les moyens sur les priorités, c'est-à-dire les facteurs de développement économique et social et la production de services et ce qui apporte de la qualité de vie: les maisons de repos, les hôpitaux... Il faut désormais que la Région wallonne fasse un exercice vérité. Elle n'a plus le choix: elle va accueillir des compétences importantes venant du fédéral et la révision des mécanismes de solidarité entre régions met la Wallonie face à son devenir à l'horizon de 10 ans". On se sent tout de suite rassuré, on voit que le MR sera le parti de la situation, celui du grand changement. On voit aussi qu'on peut répondre à une question sans rien dire.
Le linguiste Louis-Jean Calvet estime que "les hommes politiques sont plurilingues: ils parlent le français, mais aussi la langue de bois, la langue de pute et la langue de vipère, sans oublier le politiquement correct qui consiste à changer les mots au lieu de s'attaquer aux choses" (2).
Willy Borsus est au moins trilingue.

(1) LLB, 25 mars 2013.
(2) Télérama, 18 juin 2008.

(re)lire aussi sur ce blog "Bon sens, mais c'est bien sûr", 15 mars 2013.

mardi 12 mars 2013

Yes, they cannes

Le Wallon se plaint: il paie ses impôts et les routes sont enneigées. Il se demande ce que font ses autorités. Se laissent-elles faire par la nature? Ne peuvent-elles la maîtriser? A quoi servent ces milliers de tonnes de sel répandues sur ses routes s'il ne peut circuler? Comment peut-on en arriver à un tel record: 1.669 kilomètres de bouchons cumulés, alors qu'il n'a que 40 km à parcourir ? (1) Ce sont de vraies questions.
En réalité, les autorités du Wallon sont visionnaires. Elles voient loin et n'ont peur de rien. Elles envisagent de déplacer le Wallon. Et même ses semblables. Certain(e)s soupirent: que vont faire au Mipim à Cannes tant de ministres wallons (et bruxellois aussi, il faut le dire)? 
Les Demotte, Marcourt, Henry, Antoine, Picqué, Madrane et  Doulkeridis, se rendent au Marché International des Professionnels de l'Immobilier (2) pour y rechercher de nouveaux espaces pour y construire au soleil. Pour le plus grand bien des Wallons et des Bruxellois. Ils paieront leurs impôts avec le sourire. Le déplacement d'un ministre coûte de 5.000 à 10.000 €. Il faut y ajouter celui de ses collaborateurs, ainsi que celui d'autres élus, gouverneurs de province, représentants d'intercommunales ou députés wallons. Tel DSS, Daniel Showman Senesael. Leur entregent n'a pas de prix, il nous amènera à déménager demain à Doha, à Hawaï ou aux Galapagos. La neige ne sera plus qu'un lointain et sympathique souvenir pour le Wallon. Il en rira volontiers.
On voit par là que le Wallon prend trop pour modèle les coureurs cyclistes. Le Wallon a trop le nez sur le guidon. Il gagnerait à prendre de la hauteur. A leur niveau, il comprendrait mieux ses ministres.

(1) magnifique JT de la RTBF ce 12 mars à 19h30 qui consacra 20 minutes de son précieux temps à la neige et à ses victimes râleuses. Faut que j'arrête de regarder le JT. Faut que j'arrête de regarder le JT. Faut que j'arrête de regarder le JT. Faut que j'arrête de regarder le JT. Faut que j'arrête de regarder le JT. Faut que j'arrête de regarder le JT. Faut que j'arrête de regarder le JT.
(2) Lalibre.be - Sept ministres francophones partent en goguette sur la Croisette

vendredi 1 février 2013

Vous allez voir ce que vous allez voir

Tous les matins, en se levant, Jean-Claude Marcourt se répète cette phrase: "ce n'est pas parce que ce que c'est impossible qu'ils ont peur, c'est parce qu'ils ont peur que c'est impossible" (1). Alors, il se lève d'un pied léger et peut affronter tous les moulins à vent du monde. Et même d'Inde. D'ailleurs, il n'hésite pas à défier le géant Mittal: "nous utiliserons tous les moyens pour vous faire plier" (2). Ce ministre de l'Economie, c'est la détermination faite homme.
Tous les responsables politiques, de la majorité comme de l'opposition, tiennent de mâles discours: c'est un scandale et ils feront tout pour sauver l'emploi à Arcelor. Même si, dans la presse, aucun commentateur n'y croit et que tous démontrent pourquoi aucune solution ne pourra être trouvée. Tel Frédéric Chardon qui écrit dans LLB (3): "Imaginons que Mittal -  de son plein gré ou bien contraint et forcé - cède et accepte de revendre ses sites principautaires (...), quel capitaine d'industrie oserait se lancer actuellement dans une telle aventure sachant que le marché européen de l'acier est particulièrement plombé? Bref, la partie de poker est loin d'être gagnée par le gouvernement wallon."
Mais le rôle du politique est de cultiver l'optimisme et il serait suicidaire celui qui oserait dire qu'il pense comme les éditorialistes. Que non seulement la situation est grave, mais qu'en plus elle est désespérée.
Qui peut prendre au sérieux un Jean-Claude Marcourt qui, voilà un an, s'asseyait sur un rapport qui annonçait le pire? Qui peut prendre au sérieux un Rudy Demotte qui préféra laisser passer sans broncher la suppression de la phase à chaud parce qu'il était convaincu que c'était là une assurance que la phase à froid serait préservée? Quels responsables politiques osent remettre en question les décisions qu'ils ont eux-mêmes prises et surtout le système capitaliste totalement cynique sur lequel aucun d'eux ne se donne prise?
Ceci dit - avouons-le - je me pose la question: si j'étais encore parlementaire, pourrais-je dire autre chose que "il faut y croire", "nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir"? L'indignation ne coûte pas cher. Et elle permet de sauver la face. Mais c'est bien tout ce qu'elle sauve.

"Un bon politicien, estimait Churchill, est celui qui est capable de prédire l'avenir et qui, par la suite, est également capable d'expliquer pourquoi les choses ne sont pas exactement passées comme il l'avait prédit." (4)


(1) Journal parlé de la Première, 31 janvier, 13h.
(2) voir le "Café serré" de Thomas Gunzig, la Première, 31 janvier 2013.
(3) LLB, 30 jnvier 2013.
(4) cité par Etienne Davodeau, dans sa BD "Les Aventures de François et Jean-François", publiée dans Télérama, 30 janvier 2013.

samedi 26 janvier 2013

Quand les autruches poussent des cris d'orfraie

A quoi sert un ministre? A préparer l'avenir ou à penser au sien? A affronter les problèmes à venir ou à se faire rassurant? La Libre Belgique de ce jour nous rappelle qu'il y a un an le Ministre wallon de l'Economie, Jean-Claude Marcourt, n'avait pas apprécié le rapport que lui avait remis le consultant Laplace Conseil sur l'avenir de la sidérurgie à Liège. L'erreur de ce rapport: être pessimiste. "Cette étude, dit la Libre, affirmait que la phase à chaud (en gros, les hauts fourneaux) était condamnée et que la phase à froid était aussi dans le collimateur... Scandale!"
Courageusement, le ministre avait mis à la poubelle le rapport Laplace et en avait commandé un autre, au bureau Syndex cette fois. La deuxième étude était la bonne, puisqu'elle voyait d'un œil rassuré l'avenir de la sidérurgie à Liège.
Aujourd'hui, le Ministre, ses collègues du Gouvernement wallon et les syndicats poussent des cris d'orfraie. Ils n'avaient rien venu venir. Il est vrai qu'avec la tête dans le sable, on ne voit pas loin.

vendredi 25 novembre 2011

Schizophrénie

Régulièrement, les bourgmestres de ce qu'il faut (1) maintenant appeler la Wallonie picarde se réunissent. Sous la présidence de celui d'entre eux qui n'est plus bourgmestre (2), à savoir Rudy Demotte, petit père de cette même Wapi chérie (3). Ce fut encore le cas ce samedi 19 novembre. Ces maïeurs ont décidé d'envoyer au Gouvernement wallon une note dans laquelle ils contestent le rôle qu'ils doivent jouer en matière foncière dans le cadre de la définition des noyaux d'habitat telle qu'adoptée en septembre par le Gouvernement wallon (4). Rudy Demotte est d'accord avec eux, il les soutient. Il va donc, en tant que ministre-président de la Région wallonne, recevoir la lettre qu'il s'écrira à lui-même. Dans laquelle il pourra lire qu'il n'est pas d'accord avec ce qu'il a décidé. S'il la lit en réunion de gouvernement, sera-t-il d'accord avec la position de celui-ci ou avec celle de ses presque collègues bourgmestres de la Wapi chérie? On voit par là que le cumul des mandats conduit à des déchirements. Mais aussi que les contradictions n'ont jamais tué personne. On veut bien prendre les paris.

(1) sous peine de se faire rappeler à l'ordre, par courrier, par Rudy De Eerste lui-même.
(2) même s'il joue, avec l'aide de la presse d'ailleurs, à celui qui l'est à nouveau: exemple parmi d'autres, suite aux violences nocturnes à Tournai, Nord Eclair s'empresse d'interroger sur cette question Rudy Demotte, qui n'est - que l'on sache - ni bourgmestre de Tournai, ni membre du Conseil communal, ni commissaire de poice, ni Ministre de l'Intérieur.
(3) désormais, c'est l'appellation choisie et retenue ici-même pour désigner cette région que la terre entière nous envie.
(4) LLB, 21 novembre 2011

mercredi 7 septembre 2011

Barons perchés

Wallonie et baronnies sont dans un bateau. Personne ne tombe à l'eau. Mais le bateau n'avance pas. Apparemment, la méthode Coué ne suffit pas à le faire avancer. Pas plus que les belles déclarations sur le dépassement des querelles sous-régionalistes.
La Wallonie entend créer un centre pour former ses sportifs de haut niveau. On peut supposer que l'idée est intéressante, même si on se méfie des sportifs dits de haut niveau (voir "Footu", 4 septembre). La difficulté n'est pas de décider de créer ce centre. Elle n'est - apparemment - pas non plus de dégager un budget de cinquante à nonante millions d'euros. La difficulté, c'est de savoir où le placer. Un appel à candidatures a été envoyé. Trois villes ont été retenues: Liège, Louvain-la-Neuve et Mons. Mais Mons est déjà bien servie: pour qu'elle soit en 2015 une capitale culturelle de haut niveau (entendez par là de niveau européen), la Communauté française lui attribue chaque année un million d'euros. Sans compter de ce qui vient d'autres sources, notamment de la Loterie nationale. Restent donc Liège et Louvain-la-Neuve. Comment choisir? Les dossiers ne suffisent pas. C'est que chacune des deux villes a ses défenseurs au sein-même du Gouvernement de la Région wallonne. Le liégeois Marcourt entendant défendre son clocher et le brabançon Antoine le sien. Le dossier serait bloqué et pourrait le rester jusqu'aux élections communales d'octobre 2012. "Ce gouvernement cherche comment décider de ne pas décider", écrit Michel Delwiche dans le Vif (1). On voit par là comment les barons, même perchés sur leurs clochers respectifs, empêchent d'atteindre le haut niveau.

(1) 2 septembre 2011

mardi 11 janvier 2011

Tiédeurs wallonnes

C'est Karel De Gucht qui l'affirme: "la Wallonie a deux visages: au niveau régional, elle mène une politique libérale, et les employeurs wallons n'ont d'ailleurs pas de problèmes avec le gouvernement régional. En revanche, la Wallonie pratique une approche beaucoup plus à gauche au niveau fédéral, là où s'organise la protection sociale" (1). On ne peut lui donner entièrement tort. On lui fera quand même remarquer que le ministre écolo Philippe Henry a refusé le projet Citta (peu) Verde à Farciennes et qu'il a bien cadré le projet dit de Centre de glisse à Antoing, deux beaux projets d'essence libérale très soutenus par le Ps. Pour le reste, on sera assez d'accord avec lui pour convenir que si la Wallonie est essentiellement sous la menée du Ps depuis trente ans, la politique qui la (et le) guide est plutôt, effectivement, de nature socio-libérale. Le pilote actuel du Gouvernement wallon aime d'ailleurs parfois se qualifier de manager. Le vocabulaire est un indicateur intéressant. Le Ministre-Président wallon a des accents libéraux. "L'avenir-Le Courrier de l'Escaut" le laisse entendre sous le titre "les voeux d'un socialiste... réformateur". Dimanche, Rudy W.P. Demotte recevait le tout Tournai à la Halle aux Draps. On s'y bousculait pour témoigner son allégeance au premier bourgmestre non élu de Tournai. Une heure et demie de serrements de mains n'a pas suffi, nous dit le journal, les invités étaient trop nombreux. "Du discours proprement dit, écrit Géry Eykerman, on retiendra la tonalité socio-économique marquée. Si Louis Michel parlait volontiers de libéralisme social, Rudy Demotte n'emploie certes pas celle de socialisme réformateur, mais pas une phrase prononcée par lui n'aurait écorché une bouche bleue."
Les fidèles lecteurs de ce blog savent que j'ai tendance à me répéter, j'ai déjà dit maintes fois combien je déplore que le Ps et la majorité de ses ténors aient opté depuis longtemps pour le socialibéralisme. Rudy Demotte en est l'incarnation même. Un socialibéral est un adepte du consensualisme, ce qui signifie qu'il a le conflit en horreur, il ne s'énerve pas, il est plus lisse que lisse. Il comprend chacun et est d'accord avec tout le monde. Il pense et penche à gauche, mais comprend parfaitement la droite. D'ailleurs, il trouve que ce sont des notions dépassées ou à dépasser. Il soutient l'économie génératrice de croissance parce qu'elle crée de la richesse qui elle-même doit être redistribuée pour assurer une certaine justice sociale. C'est la doctrine du socialibéral. Il a le souci des gens, donc de l'argent et inversement. Il reconnaît que ce sont les marchés qui font la loi, même s'il admet qu'il faut, ou en en tout cas faudrait, les réguler. En fait, il pense de tous côtés. Il est à lui seul une synthèse politique. On se dit que les partis ne devraient plus exister. Il suffit. La preuve, c'est qu'il a créé le consensus autour de lui. Tout le monde lui baise les pieds et lui reconnaît une grande intelligence. Il a effectivement l'intelligence de se placer au centre. Dans tous les sens du terme.
La girouette aussi est au centre de son mât.
"Ce qui m'indigne, c'est le consensualisme, qui m'apparaît comme une des négations de la personne humaine. Il se traduit par l'immobilisme, l'inertie, tout ce qui fait que rien ne bouge, que chacun se contente de la bonne parole sans lendemain. la pensée unique réduit l'originalité, limite la créativité, banalise l'action. Elle aboutit non à une censure, mais à une autocensure et donc à l'inaction", déclarait récemment dans "Marianne" (2) Olivier Metzner, avocat à la cour (France).

(1) Le Vif/l'Express, 10.12.2010
(2) dans le dossier sur l'indignation, Marianne, 01.01.2011

lundi 6 septembre 2010

Pire que pire, triste que triste

Dans la crise que traverse la Belgique et qui tourne un peu en rond, la presse s'est trouvé un os à ronger. Quelques associations de défense de l'environnement, inconnues au bataillon, crient haro sur le baudet Henry. C'est le pire ministre de l'environnement et de l'aménagement du territoire qu'on n'ait jamais eu, disent-elles. Elles lui reprochent d'avoir remis un avis tantôt trop tard, tantôt trop tôt, par rapport à l'un ou l'autre dossier. J'ai été collègue de Philippe Henry quand nous étions parlementaires. Nous n'étions pas amis. Mais prenons le dossier de ce qui s'appela longtemps le projet de centre de glisse de Maubray. Critiqué de toutes parts pour son incohérence, voire sa bêtise, ce projet avait le soutien implicite tant du Ministre-Président Demotte (l'homme qui ne dit ni oui ni non) que du Ministre de l'Aménagement du territoire de l'époque, André Antoine, qui refusa tout contact avec les opposants. Le Ministre de l'Environnement d'alors, Benoît Lutgen, ne cachait pas son malaise, mais avait appris à se taire. Prudemment. Puis Philippe Henry prit en charge ces deux matières et son cabinet et lui-même rencontrèrent tous les acteurs, y compris les opposants, et amenèrent tous les protagonistes du dossier de Maubray à une ferme et claire solution de compromis que n'avaient pas osé envisager les autruches qui avant lui géraient les mêmes matières. Malgré tout, Philippe Henry est décidément donné comme le maillon faible (1). Il serait le pire de tous, à entendre ces environnementalistes sortis d'on ne sait où qui ont visiblement oublié le sinistre Happart qui avait réussi à se faire honnir même des chasseurs. Lui qui est l'incarnation du Nemrod wallon. Régulièrement, Henry est l'objet de critiques dont on ne connaît jamais clairement l'origine. N'est-ce pas lui qui eut l'audace de refuser ce beau projet socialibéral de Citta Verde à Farciennes? Qui est aujourd'hui derrière ces petites associations qui l'attaquent à la tronçonneuse? Le MR? Le PS? C'est que, s'il s'agit d'éliminer Ecolo du grand raout fédéral et, partant, des majorités régionale wallonne et communautaire francophone, il faut bien trouver une raison. Ou un responsable. Et la presse de tendre son micro derrière la meute.

(1) lire le billet du 13 février 2010 intitulé "Wallonie, le pays qui dit oui à tout"

lundi 12 avril 2010

Merci à Gaspard, Melchior et Balthazar

Ca y est! Voilà cinq ans qu'elle était attendue ou redoutée. Le Gouvernement wallon a pris sa décision et a modifié le plan de secteur Tournai-Leuze-Péruwelz pour la création d'un centre de loisirs initialement baptisé "centre européen des sports de glisse".
Les promoteurs ont été contraints et forcés d'oublier leurs grands rêves de création de montagnes en plaine et de tropiques en Belgique. Ils ont dû se contenter de la partie située au nord du canal. Ce qui n'est pas rien tout de même: 110 hectares (plutôt que les 350 convoités au départ). La zone de loisirs elle-même sera de 55 hectares et non de 90 comme le souhaitaient les promoteurs. Ce qui n'est pas rien non plus, on en conviendra. Pour le propriétaire des terres concernées, Charles-Antoine de Ligne, c'est évidemment le jackpot. Il va vendre ces terres à la Société du bois de Péronnes qui va mener le projet.
Un projet que l'architecte Anne Fourcade nous annonce comme "un vrai projet pilote sur le développement durable, un premier projet pilote européen en Wallonie picarde". On ne demande qu'à la croire, bien sûr. Mais on attend de voir. Les conditions sont définies cependant par le Gouvernement wallon, qui cadre et encadre le projet:
- le centre de loisirs devrait être précurseur au niveau énergétique, en tendant vers le zéro-CO2;
-en matière de mobilité, il ne comportera plus qu’un seul parking d’une capacité de 750 places (plutôt que deux, pour un total de 4000 véhicules). Et un parking de dissuasion devrait être mis en place, avec l’obligation d’une desserte bus payée par l’exploitant, et plus tard des navettes fluviales;
- un « rapport urbanistique et environnemental » encadrera la mise en œuvre du projet et un comité d’accompagnement (dont sera notamment membre le Parc Naturel des Plaines de l’Escaut) en suivra la réalisation.

Dans sa conférence de presse, le Ministre Henry a évoqué un projet d'intégration "environnement et nature", "moderne", "anticipant la crise climatique et énergétique".
Dans son intervention, Anne Fourcade a parlé d'architecture passive. Si le projet a évolué, selon elle, c'est à cause de la crise économique et parce que les promoteurs l'ont voulu ainsi. On comprend par là que personne ne les a obligés à revoir leur copie...

Bizarrerie compensatoire imposée par certains membres du Gouvernement: le Grand Large de Péronnes sera partiellement agrandi. Cette "compensation alternative" n'en est pas une, elle ne tient pas la route! Dans son avis du 9 décembre 2008, la CRAT s’interrogeait « sur l’opportunité et la sécurité juridique d’une solution qui consiste à solliciter le financement d’une infrastructure (ici, l’agrandissement du Grand Large) par un « demandeur privé », alors que le plan de secteur n’est pas lié à une personne ». Inter-Environnement Wallonie faisait la même analyse.

Les trois bourgmestres d'Antoing, Brunehaut et Péruwelz, qui s'étaient complu dans le rôle de rois mages, en se précipitant se prosterner devant l'enfant qu'était le projet, ont mené jusqu'au bout leur travail de lobbyiste. Dans une lettre ouverte, ils se targuent d'être responsables du remaniement positif du projet. Ca ne coûte rien de le dire. Dans une chanson, Jacques Higelin dit "vaut mieux être gonflé que gonflant!". Mais on peut être les deux. Stéphane Diricq, dans le Courrier de l'Escaut, estime que "on appelle cela faire du lobbying ou de la retape. Bref, du racolage..."

En attendant, on ne peut qu'espérer que le projet qui verra (peut-être - voir Snow Games, bluff total) le jour à Maubray sera véritablement visionnaire. Sinon, la lutte se poursuivra. Sinon, si les promoteurs nous mènent en bateau, la Wallonie picarde devra être rebaptisée en Wallonie Picarpetland (*)

(*) selon le bon mot de Pierre V.

jeudi 25 mars 2010

L'appel des carpettes

Les bourgmestres d'Antoing, de Brunehaut et de Péruwelz viennent de lancer - avec l'aide d'IDETA - un appel pressant au ministre wallon de l'aménagement du territoire pour qu'il accepte la modification du plan de secteur pour ce qu'il est convenu d'appeler le projet de "centre de glisse" de Maubray. Le bourgmestre de Péruwelz, à la mémoire visiblement défaillante, semble avoir oublié que son conseil communal s'est prononcé contre ce projet. Son collègue de Brunehaut semble aussi atteint précocement de déficiences mémorielles, son conseil communal s'était montré très critique vis-à-vis du projet, refusant notamment sa partie sud. Mais les bourgmestres restent les chefs et visiblement ils savent faire la part des choses entre leur travail de lobbyiste pour le grand capital et leur fonction de porte-parole de leur conseil communal. Il est vrai qu'il sont tous trois socialistes. Ou plutôt membres du Ps. L'un d'entre eux m'a un jour clairement laissé entendre que la qualité de membre du Ps n'entraînait pas automatiquement l'adhésion aux valeurs socialistes. La précision n'était sans doute pas nécessaire, tant elle saute aux yeux d'un observateur à peine averti.
Une citation que j'offre gracieusement à tous les membres du Ps, bourgmestres, parlementaires, ministres, qui défendent à cor (parfois à corps) et à cri les projets Citta Verde, Centre de Glisse, Cora et bien d'autres aberrations: "Tout homme s'applique à créer pour l'autre un besoin nouveau pour le contraindre à un nouveau sacrifice, le placer dans une nouvelle dépendance et le pousser à un nouveau mode de jouissance. Avec la masse des objets augmente l'empire des êtres étrangers auquel l'homme est soumis et tout produit nouveau renforce encore la tromperie réciproque et le pillage mutuel. La quantité de l'argent devient de plus en plus l'unique et puissante propriété de l'homme; de même qu'il réduit tout être à son abstraction, il se réduit lui-même dans son propre mouvement à un être quantitatif. L'absence de mesure et la démesure deviennent sa véritable mesure."
C'est un texte signé d'un certain Marx. Karl Marx, dans ses Manuscrits de 1844. Un nom qui vous dit quelque chose, camarade Bobo, camarade Pierre, camarade Paul, camarade Hugues, camarade Rudy-qui-se-tait-dans-toutes-les-langues, camarades Daniel?
Le philosophe Daniel Bensaïd, qui cite ces phrases dans un texte intitulé "Keynes, et après?" (1), enchaîne en affirmant que " l'important, c'est que l'idée même d'un développement durable, soucieux des conditions naturelles de reproduction de l'espèce que nous sommes, exige une temporalité longue, incompatible avec les arbitrages instantanés à courte vue des marchés. La gestion des ressources non renouvelables (en particulier les choix en matière de production et de consommation d'énergie) ainsi que les modifications climatiques, les conséquences de la pollution des océans, du stockage des déchets nucléaires, de la déforestation appellent des décisions et des choix de planification à long terme dont la portée dépasse de loin la durée d'un mandat électif."
Sans commentaire, camarades!

P.S.: Une autre citation. De Pierre Desproges cette fois.
"Un gentleman, c'est quelqu'un qui sait jouer de la cornemuse et qui n'en joue pas."

(1) Post capitalisme, imaginer l'après - coordonné par Clémentine Autain, éditions Au diable vauvert, 2009

samedi 13 février 2010

Wallonie, le pays qui dit oui à tout

Scandale en Wallonie: voilà qu'un ministre, celui de l'environnement et de l'aménagement du territoire, a l'outrecuidance de dire non à des promoteurs. Il a même l'audace d'invoquer des arguments socio-économiques. Pire encore: voilà qu'il se met en tête d'appliquer la déclaration gouvernementale. Du jamais vu dans cette région où tout est possible et où les partis traditionnels avaient sans doute fini par croire eux-mêmes que les textes de leur programme de gouvernement n'avaient d'autre objet que de faire joli et moderne et de rassurer le bon peuple.
Le PS et le CDH mettent du "développement durable" dans toutes leurs phrases, mais n'ont - on l'a compris depuis longtemps - aucune intention d'aller au-delà des mots. Le SDER (Schéma de Développement de l'Espace régional), le CWATUP (Code wallon de l'Aménagement du Territoire, de l'Urbanisme et du Patrimoine), la déclaration gouvernementale ne sont pour eux que des outils de com'. Il s'agit de faire croire qu'on se soucie d'environnement, d'aménagement du territoire, d'économies d'énergie, etc. Juste de faire croire.

Mais voilà que, prenant au mot les textes pré-cités, Philippe Henry refuse le projet Citta Verde de Farciennes. En Wallonie, les promoteurs, plutôt habitués au tapis rouge, le sentent brusquement se dérober sous leurs pieds.
Au sein du Gouvernement wallon, on s'étrangle: cette forte tête constitue le maillon faible. Il fait du dogmatisme, disent ses collègues rouges-orange. Qui eux ne savent même plus ce que cela signifie, ayant abandonné depuis des temps immémoriaux toute réflexion sur le long terme et tout positionnement politique. Eux, ils sont devenus les gestionnaires de la Wallonie. (1) Leurs hymnes communs, ce sont "tout va très bien, madame la marquise" et "non, non, rien n'a changé".
Même un ministre du Gouvernement fédéral fait semblant de s'étrangler dans la Libre Belgique de ce jour: Paul Magnette "adhère à la DPR sur la concentration dans les centres urbains", mais dans le même temps soutient pleinement le projet Citta Verde, prévu hors centre urbain. Comprenne qui pourra. Il considère que "tout est balayé par un réflexe purement idéologique d'Ecolo". Venant de Monsieur Nucléaire, voilà une déclaration qui fera au moins sourire. Mais qui confirme la mort de l'idéologie dans le camp du Ps.
Pas tout à fait cependant: le Vif de ce vendredi cite les propos récents du député fédéral PS Jean Cornil. Il estime que "il reste du chemin à faire (au sein du bureau du PS), car la plupart de mes collègues restent bloqués avec une logique qui date de la révolution industrielle... Quand vous discutez avec quelqu'un comme Jean-Claude Marcourt, il croit qu'il faut développer le plan Marshall, attirer toujours plus de nouvelles entreprises et voilà... Pour lui, le progrès scientifique résoudra naturellement les problèmes écologiques." Le débat sur Citta Verde tombe à point pour lui donner raison.
En édito de LLB de ce jour, Xavier Ducarme titre: "un débat sain". Il estime que "ce qui ne reste qu'à ce jour qu'une crisette, une poussée de fièvre entre partenaires de majorité, montre combien ce grand principe (du développement durable), dont la plupart des dirigeants politiques aiment à se gargariser dans les grands discours, face à d'illustres auditoires, a encore bien du mal à passer l'épreuve de la mise en pratique."
Qui est aujourd'hui le maillon faible du Gouvernement wallon? Celui qui tente d'inscrire la Wallonie dans des logiques du XXIe siècle ou celui qui reste accroché aux logiques des golden sixties, confiant tous ses espoirs aux promoteurs providentiels et investissant dans des autoroutes, des zonings et des projets pharaoniques?

(1) on se souvient qu'avant d'être ministre-président de la Région wallonne, Rudy Demotte fut ministre fédéral de la santé publique. Il aimait alors se présenter comme "le manager de la santé publique".

lundi 28 septembre 2009

Le capitalisme, valeur première de l'Olivier?

A suivre le JT de ce soir, on se rend compte que le capitalisme est plus débridé que jamais. Il y a un an, le "système" était en "crise", et on se dit aujourd'hui que le mot était approprié. Ce n'était qu'une crise. Le train fou continue à rouler. Les entreprises à fermer, pour se délocaliser et/ou pour permettre à leurs actionnaires d'obtenir de plus plantureux et plus rapides bénéfices encore.
Même la poste bientôt libéralisée s'y met. Chez France Telecom, les suicides ne se compteront bientôt plus. On parlera plus pudiquement d'abandon de poste.

La Wallonie reste fidèle à son image de carabinier d'Offenbach. La crise, on connaît depuis cinquante ans, donc on sait que ce n'est que passager. Donc, business as usual.
Le récent avis favorable de la CRAT sur le projet de "centre de glisse" de Maubray en est un exemple parmi d'autres. La Commission Régionale d'Aménagement du Territoire, censée être, en la matière, la conseillère indépendante du ministre a fait la preuve de son instrumentalisation et de beaucoup d'incohérence et de mauvaise foi. L'avis est favorable, mais assorti d'une série de remarques plutôt... défavorables. C'est que nous sommes en Wallonie où les investisseurs - même dans des projets ringards - sont les rois. Ou, à tout le moins, les princes...
Son ministre-président continue à manier la langue de bois avec un art consommé qui l'a mené où il est. Un coup à gauche et, hop, un coup à droite. Son interview dans la Libre Belgique du 26 septembre est dispensable. Il n'y dit rien, sinon qu'il sera rigoureux. Et attentif aux uns et aux autres, s'il fallait le rappeler. Ce qu'il fait sur deux pages. Dans le Vif du 11 septembre, essayant de récupérer l'idée de green deal, il disait attendre des citoyens "de l'initiative entrepreneuriale", même sous forme de coopérative. "Cette envie de participer au développement économique, cet enthousiasme, c'est la condition sine qua non du redéploiement de la Wallonie", dit-il. Dommage qu'il ne précise pas de quel type de redéploiement il rêve (s'il échet).
Le projet de centre de glisse, maintenant clairement soutenu par la CRAT et ceux qui la téléguident, est un exemple symptomatique de ce capitalisme qui fonce sans feux dans le brouillard.
"Ceux qui prêchent la croissance de la consommation dans les pays où les besoins vitaux sont déjà plus que satisfaits sont aussi néfastes que les dealers de drogue", affirme Albert Jacquard (le Vif, 10.04.09). "Car la croissance est une drogue: elle fait du bien dans les premiers instants, mais nous tue ensuite. Les solutions proposées par les dirigeants de la planète pour répondre à la récession recourent systématiquement à un accroissement de l'activité, sans poser la question de la compatibilité de cet avenir avec les limitations imposées par la nature", ajoute le généticien.
Lui répondant en écho, Hervé Kempf, journaliste scientifique au "Monde" (1), estime que "ces trente denières années, le capitalisme s'est traduit par la poursuite d'une augmentation de la productivité extrêmement importante, c'est-à-dire la capacité du travail humain à transformer son environnement. Les capacités destructrices de nos activités économiques se sont accrues." (LLB, 21.09.09) "Tout le monde est tiré vers cette envie de surconsommation véhiculée par le mode de vie des plus riches", ajoute-t-il. "Tout cela nous entraîne collectivement vers une consommation matérielle exagérée qui pose des problèmes écologiques."
Deux jours auparavant, dans la même Libre Belgique, c'est l'économiste Pierre Pestieau qui estimait que "la gauche européenne en général et belge francophone en particulier manque parfois d'imagination. Elle est coincée dans une sorte de conservatisme. On le sent en période de crise, où on assite à une sorte de repli sur ses acquis plutôt qu'à un sursaut pour essayer d'améliorer les choses avec les ressources dont on dispose", dit-il. Interrogé sur les inflexions vertes du plan Marshall, il affirme qu'il y a "certainement des efforts à faire en termes de régulation, de réglementations...".
On en revient à l'exemple du centre de glisse où on sent bien que l'accord a été délivré depuis longtemps, mais qu'il faut quand même (essayer de) donner le change, faire croire que le politique a son mot à dire. Alors qu'il apparaît totalement inféodé au système capitaliste et à ses promoteurs d'autant plus convaincus que tout leur est permis que leurs projets les plus absurdes et déphasés sont l'objet de toutes les attentions.

Dans leur documentaire, récemment diffusé en télé, les Yes Men rappelaient que pour Milton Friedman, le laisser-faire total était la meilleure des politiques que puisse mener un Etat. L'Etat, pour lui, n'a pas à réguler, au contraire il doit laisser faire ceux qui créent de la richesse
Dans le documentaire, un de ses adeptes affirme que "mieux vaut laisser faire l'économie de marché" et un autre, parlant du réchauffement climatique, estime que "la chaleur, c'est la santé et elle va augmenter!".
Apparemment, le Gouvernement wallon est très friedmanien. Il nous reste à espérer que les écologistes sauront arrêter ce train fou. Et, pour sauver la Wallonie, sortir du capitalisme.

(1) Pour sauver la planète, sortez du capitalisme - Editions du Seuil