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samedi 11 avril 2015

Madame Monsieur

Comparer dans la presse les annonces nécrologiques donne une indication sur le statut de la femme dans nos sociétés. En France, on annonce la mort de Madame Dupont, signalant - éventuellement - qu'elle est "née" Durant. Elle meurt donc sous le nom de son mari. Difficile pour d'anciennes connaissances qui ignorent le nom de son époux de l'identifier à première vue. En Belgique, toute femme, mariée ou non, conserve ce qu'on appelle son "nom de jeune fille". On annonce donc le décès de Madame Jeanne Machin, ajoutant - éventuellement - qu'elle était l'épouse ou la veuve de Pierre Truc. Et toute femme veuve retrouve automatiquement son seul nom de jeune fille, sous lequel elle restait d'ailleurs enregistrée pour tout acte administratif.
Beate et Serge Klarsfeld viennent de publier un livre de souvenirs sobrement intitulé "Mémoires" (ouvrage remarquable selon Télérama et "28 minutes" sur Arte). Beate était allemande, son père fut enrôlé dans la Wehrmacht. Nulle part dans les articles ou les entretiens consacrés à leur livre n'apparaît son nom. Comme si le mariage effaçait ses origines qui, dans ce cas-ci, sont pourtant particulièrement importantes.
On voit par là que si la femme est l'avenir de l'homme cet avenir n'est pas encore pour demain.

lundi 9 mars 2015

La journée des petits bouts

La Journée internationale de la femme est l'occasion de quantité d'articles et de reportages sur la condition des femmes à travers le monde. L'occasion de découvrir les risques que prennent en circulant sur les routes les cyclistes afghanes, victime d'insultes et de tentatives de les renverser. De voir des hommes afghans s'habiller en burqa pour dénoncer cet asservissement dont sont victimes les femmes. De se rappeler, s'il le fallait, combien les religions sont affaires d'hommes et détestent les femmes. De constater qu'en matière de salaires, les disparités sont toujours scandaleuses: 36% de moins pour les femmes par rapport aux hommes aux Etats-Unis, 18% en France.
Dans Arte Reportage (1), on apprend qu'en Italie 70% des médecins font jouer la clause d'objection de conscience pour refuser de pratiquer les avortements. Si une femme ne parvient pas à trouver un médecin qui s'en charge - ce qui devient fatalement très difficile, c'est que finalement elle avait sans doute envie de garder l'enfant, estime un médecin catholique. Toujours dans Arte Reportage, on découvre avec effarement la condition des femmes japonaises. Il est de bon ton qu'elles quittent leur emploi dès qu'elles sont mariées. Et sont en tout cas vivement pressées de démissionner dès qu'elles sont enceintes. Leur état de grossesse ne donnerait pas une image "saine" de l'entreprise". Une femme mariée a sa place à la maison, nulle part ailleurs. Et celles qui parviennent malgré tout à travailler tout en ayant des enfants mènent une course permanente contre la montre, dans ce pays qui a sacralisé le travail bien plus que la vie et où les travailleurs ne peuvent quitter l'entreprise en fin de journée qu'après que leur supérieur soit parti. Heureusement, il y a des exemples de réussite professionnelle remarquable, telle cette ingénieure tanzanienne, pilote de ligne et cheffe d'entreprise. La journaliste d'Arte Reportage nous propose le portrait de ce "petit bout de femme". Et là, on se dit qu'il en faudra encore beaucoup des Journées internationales de la femme avant qu'on ne les présente plus comme "des petits bouts".

Lisez Causette, "plus féminine du cerveau que du capiton", un mensuel intelligent, militant et plein d'humour (oui, c'est possible).

(1) 8 mars 2015, 20h (à revoir sur Arte+7).




jeudi 28 août 2014

Il ou elle

Au Jeu des Milles euros, sur France Inter, cette candidate se présente comme "pharmacien". "Vous dites pharmacien parce que la pharmacienne est l'épouse du pharmacien?", lui demande le présentateur. Elle acquiesce.
Je ne connais pas les chiffres, mais je suis prêt à parier qu'il y a aujourd'hui en France bien plus de femmes que d'hommes qui exercent le métier de pharmacien. La plupart de ces femmes vivent sans doute en couple. Comment convient-il d'appeler leur conjoint? Si on dit "monsieur le pharmacien", on laisserait entendre qu'il occupe la fonction.  "Monsieur la pharmacien" alors? Ou "Monsieur la pharmacienne"? On voit par là qu'il serait temps d'en finir avec ces appellations obsolètes qui datent de cette époque où les femmes (de la bourgeoisie) n'avaient pas d'autre activité que celle d'épouse ni d'autre fonction qu'ombre de leur mari. Il faut pour cela accepter (oui, c'est dur pour certains) qu'aujourd'hui la grande majorité des femmes travaillent et occupent des fonctions traditionnellement réservées aux hommes. Pourquoi peut-on parler d'une infirmière mais pas d'une pharmacienne?
Il convient d'appeler un chat un chat, une directrice une directrice et une pharmacienne une pharmacienne. Les Suisses, les Belges et les Québecois le font depuis longtemps. Les Français ont juste pris (ici aussi) un peu de retard.

Post-scriptum: pour tout le monde, il est bien clair que si Elisabeth II est appelée reine d'Angleterre c'est bien parce que c'est elle qui règne et pas parce qu'elle serait l'épouse du roi (comment l'appelle-t-on celui-là d'ailleurs?). Pourquoi ce qui est évident pour les reines ne le serait pas pour les pharmaciennes? Il est vrai qu'Elisabeth porte de beaux chapeaux. Peut-être les pharmaciennes devraient-elles en faire autant.

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