jeudi 16 octobre 2008

Pendant la crise, les affaires continuent (mais jusque quand?)

Business as usual, malgré la grave crise financière que nous traversons (sera-ce une traversée du désert - et de quelle taille est-il? - ou du miroir?). On apprend que le promoteur du projet Snow Games à Lessines a entrepris les travaux de remblaiement d'une gigantesque carrière actuellement sous eau, pour y créer un parking pour 750 voitures. Sans rire, il nous explique que son "produit" (des pistes de ski sur neige artificielle) sera d'autant plus rentable que la crise sera importante. C'est le même architecte qui avait déjà affirmé que ses pistes de ski offriraient une belle alternative au moindre enneigement des stations alpines. Autrement dit: vive le réchauffement climatique, c'est tout bénéfice pour mon projet de beauf ! Le cynisme capitaliste, à défaut de beaux jours devant lui, a de la suffisance à revendre.
De son côté, le Ministre wallon de l'Aménagement du Territoire affirme que, coûte que coûte, il fera du projet Cora à Mouscron/Estaimpuis une réalité, malgré les avis négatifs du Conseil d'Etat qui donne raison aux riverains. Il est prêt à légiférer pour éviter ces empêcheurs d'investir en rond. Et voilà qu'on apprend que, face au site convoité par Cora, se créerait une autre grande zone commerciale, "pour répondre aux besoins des entreprises et aux demandes des consommateurs". Les consommateurs, c'est nous. Nous qui restons bien sûr demandeurs de prendre notre voiture pour aller acheter à plusieurs kilomètres de chez nous des produits de merde dont nous n'avons aucun besoin.
Le même ministre de l'Aménagement du Territoire a aussi dans ses fonctions (on n'oserait dire : dans ses compétences) les Transports. A ce titre, il déplore la décision du Gouvernement fédéral de taxer les billets d'avion. Le souci de l'économie capitaliste passe avant celui du réchauffement climatique et des économies d'énergie pour ce grand humaniste d'André Antoine.
Au niveau européen, certains pays, Pologne et Italie en tête, entendent remettre en question les engagements des 27 en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Il faut d'abord redresser l'économie, estiment-ils. Ces espèces de chevaux de trait qui avancent avec des oeillères, le regard sur leurs sabots, ne peuvent voir que cette économie a précisément montré toutes ces limites et ses dangers, qu'elle est à l'origine de l'étouffement de la planète, qu'il est urgentissime d'en changer et que les économies d'energie sont, justement l'un des moyens de limiter la casse. Le capitalisme a le front bas. (1)
Y a-t-il encore l'un ou l'autre pilote dans le bateau ivre dans lequel nous sommes embarqués?
Est-il rassurant de se dire que, à cause du réchauffement climatique, on ne risque pas de heurter un iceberg?
(1) Ils nous vendront la corde pour les pendre, disait Lénine, cité par Bernard Maris dans Charlie Hebdo de ce 15 octobre.
Le même Bernard Maris conclue son excellent article d'explication de la crise actuelle en constatant que "au nom de la crise, le Grenelle de l'environnement passe à la trappe. Or la crise écologique n'est qu'une conséquence de la crise financière, de la démesure, de la cupidité et de l'hubris des banquiers. La crise redistribue les cartes, mais le mistigri ira aux écolos."

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