lundi 12 avril 2010

Merci à Gaspard, Melchior et Balthazar

Ca y est! Voilà cinq ans qu'elle était attendue ou redoutée. Le Gouvernement wallon a pris sa décision et a modifié le plan de secteur Tournai-Leuze-Péruwelz pour la création d'un centre de loisirs initialement baptisé "centre européen des sports de glisse".
Les promoteurs ont été contraints et forcés d'oublier leurs grands rêves de création de montagnes en plaine et de tropiques en Belgique. Ils ont dû se contenter de la partie située au nord du canal. Ce qui n'est pas rien tout de même: 110 hectares (plutôt que les 350 convoités au départ). La zone de loisirs elle-même sera de 55 hectares et non de 90 comme le souhaitaient les promoteurs. Ce qui n'est pas rien non plus, on en conviendra. Pour le propriétaire des terres concernées, Charles-Antoine de Ligne, c'est évidemment le jackpot. Il va vendre ces terres à la Société du bois de Péronnes qui va mener le projet.
Un projet que l'architecte Anne Fourcade nous annonce comme "un vrai projet pilote sur le développement durable, un premier projet pilote européen en Wallonie picarde". On ne demande qu'à la croire, bien sûr. Mais on attend de voir. Les conditions sont définies cependant par le Gouvernement wallon, qui cadre et encadre le projet:
- le centre de loisirs devrait être précurseur au niveau énergétique, en tendant vers le zéro-CO2;
-en matière de mobilité, il ne comportera plus qu’un seul parking d’une capacité de 750 places (plutôt que deux, pour un total de 4000 véhicules). Et un parking de dissuasion devrait être mis en place, avec l’obligation d’une desserte bus payée par l’exploitant, et plus tard des navettes fluviales;
- un « rapport urbanistique et environnemental » encadrera la mise en œuvre du projet et un comité d’accompagnement (dont sera notamment membre le Parc Naturel des Plaines de l’Escaut) en suivra la réalisation.

Dans sa conférence de presse, le Ministre Henry a évoqué un projet d'intégration "environnement et nature", "moderne", "anticipant la crise climatique et énergétique".
Dans son intervention, Anne Fourcade a parlé d'architecture passive. Si le projet a évolué, selon elle, c'est à cause de la crise économique et parce que les promoteurs l'ont voulu ainsi. On comprend par là que personne ne les a obligés à revoir leur copie...

Bizarrerie compensatoire imposée par certains membres du Gouvernement: le Grand Large de Péronnes sera partiellement agrandi. Cette "compensation alternative" n'en est pas une, elle ne tient pas la route! Dans son avis du 9 décembre 2008, la CRAT s’interrogeait « sur l’opportunité et la sécurité juridique d’une solution qui consiste à solliciter le financement d’une infrastructure (ici, l’agrandissement du Grand Large) par un « demandeur privé », alors que le plan de secteur n’est pas lié à une personne ». Inter-Environnement Wallonie faisait la même analyse.

Les trois bourgmestres d'Antoing, Brunehaut et Péruwelz, qui s'étaient complu dans le rôle de rois mages, en se précipitant se prosterner devant l'enfant qu'était le projet, ont mené jusqu'au bout leur travail de lobbyiste. Dans une lettre ouverte, ils se targuent d'être responsables du remaniement positif du projet. Ca ne coûte rien de le dire. Dans une chanson, Jacques Higelin dit "vaut mieux être gonflé que gonflant!". Mais on peut être les deux. Stéphane Diricq, dans le Courrier de l'Escaut, estime que "on appelle cela faire du lobbying ou de la retape. Bref, du racolage..."

En attendant, on ne peut qu'espérer que le projet qui verra (peut-être - voir Snow Games, bluff total) le jour à Maubray sera véritablement visionnaire. Sinon, la lutte se poursuivra. Sinon, si les promoteurs nous mènent en bateau, la Wallonie picarde devra être rebaptisée en Wallonie Picarpetland (*)

(*) selon le bon mot de Pierre V.

Aucun commentaire: