mardi 5 mai 2015

Linge sale

A 46 ans, elle vient de découvrir qui est réellement son père: un raciste, un pétainiste, un antisémite, bref un personnage infréquentable. Elle tombe de haut. Jamais, elle n'avait imaginé que ce père, un des fondateurs du parti qu'elle préside aujourd'hui, véhiculait de telles pensées "inadmissibles". Elle a donc décidé, avec les membres du bureau politique du F.N., de suspendre son père de sa qualité de membre de ce parti qui se transmet de père en fille (1). Nous voilà en plein drame. Le père veut retirer à sa fille son nom qu'il estime déshonoré. Elle l'a dit parfois: les propos de son père sont des fautes politiques. Elle ne les a pas condamnés comme des fautes humaines, contraires aux droits de l'homme et à la démocratie, non, juste des fautes politiques. Jamais elle n'a nommé "le mal" (2). On comprend par là que les propos paternels, qu'il répète en boucle depuis des décennies, sont aujourd'hui gênants pour la nouvelle façade que veut présenter désormais le parti d'extrême arrière. Résumons-nous: lui n'a pas changé dans son radicalisme, elle veut ratisser large et a compris qu'il faut cesser de dire tout haut ce qu'on pense tout bas. Sauf la détestation du père. Si elle et son bureau politique sont cohérents, on devrait assister à des purges staliniennes parmi les militants, les candidats et les élus du parti dont certains se plaisent à  exprimer publiquement leur racisme, leur antisémitisme, leur pétainisme. Que restera-t-il de ce parti? Ce drame shakespearien peut le déchirer. C'est ce qu'il peut arriver de mieux à la France.

(1) 
http://www.liberation.fr/politiques/2015/05/04/jean-marie-le-pen-suspendu-du-fn_1289753
(2) http://www.huffingtonpost.fr/2015/05/04/video-marine-le-pen-derapages-fn_n_7202972.html?utm_hp_ref=france
www.huffingtonpost.fr/2015/05/04/jean-marie-le-pen-suspendu-fn-marine-le-pen_n_7207486.html?utm_hp_ref=france&utm_hp_ref=france

5 commentaires:

gabrielle a dit…

De toute manière, un parti qui considère que son pays est menacé de tous côtés par des "ennemis" intérieurs et extérieurs ne va faire qu'attiser les crispations dans la société.
Quand on ressasse un discours aussi positif et prometteur que 'la préférence nationale', la xénophobie, le repli sur soi, la régression, la phobie de l'immigration, l'exclusion, la haine, la répression, le racisme, etc. on est entré dans un processus autodestructeur.
Ce qui, en effet, serait une bonne nouvelle pour la France.

Philippe Dutilleul a dit…

Ménard à Béziers fait encore pire en établissant des listes d'enfants musulmans contre la loi.... Petit à petit, l'exercice du pouvoir montre la face cachée de ce parti et ses véritables intentions... Là, on ne se contente pas de mots, on passe à l'acte raciste que n'aurait pas renié l'Allemagne nazie ou l'Afrique du Sud de l'apartheid. Ph. Dutilleul.

Grégoire a dit…

Shakespeare n'est probablement pas très loin, en effet... Est-ce à force de vivre ensemble depuis tant d'années, mais hier soir, mon épouse et moi-même avons pensé la même chose en voyant l'épisode 37 de la saga familiale "bienvenue chez les Pen", à savoir : en coulisses, ils ne seraient pas vraiment fâchés, il s'agirait d'une mise en scène pour faire parler d'eux, du parti, d'offrir au père une sortie de scène pleine de cris et de fureur (jeu de mot facile) plutôt qu'une mise à la retraite inaperçue, etc.
Commediante! Tragediante! comme disait Pie VII à Napoléon...

gabrielle a dit…

La ixième sortie du maire de Béziers révèle la détestable réalité des élus apparentés ou membres de ce parti.
Les masques finissent toujours par tomber. On l'a vu aussi avec l'agression de journalistes par des militants FN le 1er mai.
La façade "dédiabolisation" a été rénovée avec des matériaux nocifs.

Michel GUILBERT a dit…

Je peux me tromper, mais je ne crois pas qu'il s'agisse d'un sketch joué par le père et la fille. Je pense que l'héritière est coincée (par les cadres du parti) dans son propre jeu: elle veut donner une image propre de ce parti qui sent le rance et le patriarche la gêne à dire tout haut ce qu'il faudrait maintenant taire. Mais il plaît encore à quantité de militants... A jouer à "qui père gagne", le FN peut se planter.