vendredi 30 septembre 2016

De la difficulté d'être au four et au moulin

Quand elle est devenue échevine à Tournai en 2000, un journaliste de No Télé s'étonnait qu'elle puisse à la fois être députée fédérale et échevine tout en poursuivant ses activités d'avocate. La réflexion semblait l'avoir surprise: où était le problème?, demandait Marie-Christine Marghem, la main sur le cœur. Elle se disait parfaitement capable de mener de front avec une égale réussite ces diverses activités.
La maîtrise de ses dossiers n'est certainement pas la meilleure qualité qu'on puisse lui reconnaître. Son aplomb dans les débats l'est sans doute, où on l'entend souvent dire n'importe quoi. Mais peut-on être à la fois au four, au moulin et à la centrale nucléaire ou au Pont des trous? C'est que l'échevine empêchée de Tournai, aujourd'hui Ministre fédérale de l'Energie, ne quitte pas le terrain communal. Jusqu'à s'impliquer personnellement dans une consultation populaire relative à la rénovation du Pont des trous. Les politiques auraient dû se faire discrets dans ce débat, précisément pour laisser les citoyens décider sans influence partisane. Mais c'est plus fort qu'elle, elle ne pouvait laisser passer cette occasion de tester sa popularité et de prouver qu'elle est meilleure que celle du bourgmestre lui aussi soi disant empêché dont elle rêve toutes les nuits de prendre la place.
Voilà qu'aujourd'hui l'opposition au Parlement fédéral lui reproche de n'avoir pas pris en temps et en heure une décision concernant la redevance d'Electrabel et d'EDF, ce qui engendrerait un manque à gagner de quatre millions pour l'Etat belge (1). Et ce manquement n'en est qu'un de plus: "les oublis, imprécisions ou erreurs de son cabinet dans le dossier du nucléaire provoquent l'effroi jusque dans le camp de la majorité fédérale", éctit la Libre Belgique (2). 
A force de rêver d'être bourgmestre empêchée, elle risque de se retrouver un de ces jours ministre empêchée.

(1) http://www.lalibre.be/actu/politique-belge/redevance-nucleaire-la-ministre-marghem-s-enfonce-dans-ses-mensonges-57e3c546cd70f74e720a43c2
(2) http://www.lalibre.be/actu/politique-belge/marghem-ne-peut-plus-se-permettre-la-moindre-erreur-57eabe88cd70f8c3926fcf62

(Re)lire aussi à propos de M.C. Marghem "Business as usual", 24 novembre 2014.

2 commentaires:

Grégoire a dit…

J'avoue qu'à la lecture de ce billet, les réflexions se bousculent un peu chez moi. La première chose qui me soit venue à l'esprit est le fait - c'est le message très peu subliminal par le biais de la réponse de la ministre - que la politique, de facto, soit hors de portée du commun des mortels, donc "n'essayez même pas". Ce n'est déjà pas facile d'être avocate, mais échevine, et en plus ministre (la photo sur la page d'accueil de son site nous la montre démultipliée, si, si, je vous assure...) en même temps...
La seconde est que, jadis, et c'est peut-être encore le cas, on demandait aux enseignants (dans le réseau fondamental, en tout cas) de signer un bout de papier les engageant à ne pas à avoir d'autres activités professionnelles. Cela ne vaut donc pas pour tous les fonctionnaires (j'entends pour tous ceux payés par un organisme public)...
La troisième est que le "métier" de ministre (député ou fonction politique) leur laisse pas mal de temps et tout bien pesé, se trouve être une activité plutôt rentable, au moins pour celui ou celle qui l'exerce...
La quatrième, et dernière en date, est ce curieux mélange de certitude de se croire indispensable partout et celle de vouloir être partout pour contrôler un maximum de choses.
Et mon tout engendre un surplus de dégoût pour la politique.
Quant à l'argent non perçu, on ne lui réclamera jamais. Responsable, mais pas coupable... Le gouvernement fédéral de Belgique ne propose pas de diminuer les revenus des ses ministres, députés, sénateurs, et autres pour participer à l'effort commun. Marghem : 10 482 euros (source :http://www.jobat.be/fr/articles/voici-ce-que-gagnent-les-ministres-du-gouvernement-michel-i/). Et je doute que ce soit brut...

Michel GUILBERT a dit…

Si, si, c'est du brut (quand même!).
Pour en revenir à M.C. Marghem, je l'ai fréquentée de temps en temps dans des débats. Elle m'a toujours sidéré en arrivant sans aucun dossier, parfois sans même savoir quel était l'objet du débat. "Tu sais de quoi on va parler? De coopération au développement?! Pfff! Je n'y connais rien". Ca ne l'empêchait pas de parler abondamment. Pour ne rien dire (souvent) Mais faire (parfois) illusion.
Le dégoût pour la politique? Oui, sans doute. Voià pourquoi il faudrait (il faut!) changer radicalement de système: un vrai non cumul des mandats (en nombre et dans le temps) et un tirage au sort de citoyens.