mardi 14 novembre 2017

Gourouphilie

Ce monde est désespérant. On pouvait penser que la levée des tabous sur les harcèlements sexuels, les agressions et les viols dont sont victimes les femmes allait enfin mettre fin à la brutale et imbécile domination masculine. Sauf qu'on ne peut en incriminer ni les gourous ni les musulmans. Surtout s'ils sont les deux. Ainsi une journaliste (oui, une) de Médiapart estime que les attaques contre le préd(ic)ateur Tariq Ramadan tiennent du "racisme d'Etat" et de l'islamophobie. Elle pense aussi que "l'islamisme en tant que tel n'est pas, en soi, une chose grave" (1). Les milliers de victimes et de familles de victimes de l'islamisme en France comme au Mali, en Irak comme en Grande-Bretagne, en Espagne comme en Syrie, au Nigéria comme aux Etats-Unis, au Pakistan, en Belgique, en Afghanistan, au Kenya, en Iran et dans tant d'autres pays apprécieront.
Défendant Tariq le gourou, elle constate que "comme par hasard, c'est sur lui que toutes les critiques et l'espèce de tambour médiatique résonnent le plus". Elle y voit de l'islamophobie. Le tambour médiatique a beaucoup plus résonné sur un certain Harvey Weinstein, mais, là, la journaliste ne semble pas y voir d'antisémitisme. On repense aux réactions outrées de certaines féministes par rapport à ce qui s'est passé à Cologne: elles s'indignaient qu'on puisse reprocher à des musulmans de peloter des femmes sans leur consentement (2). Ici encore, il était question de ce satané terme d'islamophobie qui empêche tout débat. Le relativisme culturel permettrait donc tous les excès et les droits des femmes passent après celui des hommes musulmans, et plus encore des gourous.
On notera que le point de vue de cette journaliste de Mediapart donne parfaitement raison au dessin de Coco en une de Charlie Hebdo dans l'édition de la semaine dernière: il montre un Edwy Plenel, fondateur et président de Mediapart, qui, tels les trois petits singes, se bouche yeux, bouche et oreilles et affirme "on ne savait pas". Edwy Plenel estime que ce dessin fait partie d'une guerre contre les musulmans. "Est-il devenu prophète de l'islam?", se demande Caroline Fourest (3). Oui, Mediapart savait sans doute ou en tout cas ne pouvait pas ne pas avoir entendu ce que tous ceux qui s'étaient intéressés à Ramadan avaient perçu (4), mais Mediapart préfère se taire, parce que dénoncer un gourou pervers serait de l'islamophobie. Même si les témoignages l'accusent de violence et de menaces graves (3).
Si on suit ce raisonnement, les musulmans auraient le droit de tout faire, même ce qui est contraire au respect, à la dignité de l'autre, aux règles et aux lois. Parce qu'ils auraient leurs propres règles et leur propre culture. Ce ne serait pas du racisme de penser comme cela? Ou juste de la bêtise, du mépris pour les femmes?

(1) https://www.marianne.net/societe/l-islamisme-n-est-pas-une-chose-grave-juge-une-journaliste-de-mediapart
(2) (Re)lire sur ce blog:
- "Le club international des sangliers", 25 javier 2016;
- "La sociologie de l'autruche", 16 janvier 2016;
- "La nuit des prédateurs", 6 janvier 2016.
(3) http://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/tariq-ramadan-charlie-hebdo-est-dans-son-role-caroline-fourest-1000721.html
(4) http://www.lalibre.be/actu/international/affaire-tariq-ramadan-la-chute-d-un-guide-voire-d-un-gourou-5a0ae68acd707514e8be

3 commentaires:

Bernard De Backer a dit…

"L'islamophie" est une notion de même nature que "laissez la peur du rouge aux bêtes à cornes" des années 1970. Ceux qui critiquaient le communisme (et à l'époque, ce n'était que le stalinisme" - on sait aujourd'hui que Lénine a mis la terreur en place dès 1917-1922) à gauche étaient assimilés à des animaux sans cervelle qui avaient "peur". C'étaient les "phobiques" de l'époque. Les arguments sont plus ou moins les mêmes et les auteurs aussi. Mediapart (et Politique en Belgique) sont dans le logiciel trotskyste (c'est-à-dire marxiste-léniniste) manichéen. Je pense que c'est sans remède hélas !

Michel GUILBERT a dit…

Sans remède!? Donc, oui, ce monde est désespérant...

Bernard De Backer a dit…

Sans remède pour eux, bien entendu. Enfin, c'est ce que je constate et c'est ce que je crains. Mais ils ne réprésentent pas tout "le monde"...

Il y a un lien palpable entre la "foi marxiste-léniniste" (dans sa version trotskyste) et son aveuglement face à l'islamisme. C'est comme si la dimension religieuse cachée de la première se révélait dans sa bienveillance vis-à-vis du second.

Voir "Un silence religieux" de Birnbaum (disponible en poche au Seuil)

Les propos d'Edwy Plenel (dans leur entièreté) vis-à-vis de Charlie sont un terrible révélateur de son manichéisme sidérant. Et ils sont criminels.

PS. "L'islamophobie". Désolé pour la coquille mais le fenêtre de tir est étroite.