mercredi 4 janvier 2023

Signer pour exister

J'ai récemment reçu un commentaire sibyllin à un billet de ce blog. Trois mots qui formaient un bout de phrase assez incompréhensible. Ce commentaire n'était pas signé, mais voulait marquer une proximité avec moi. Il était envoyé, me disait la messagerie, par "anonyme" ou "unknown". Je ne l'ai pas publié.
Il m'a rappelé un autre commentaire reçu il y a quelques années. Il n'était pas non plus signé. Je ne publie jamais les messages non signés. Pour moi, un message sans signature n'existe tout simplement pas. Et hop! poubelle ! Celui-là, je l'avais quand même publié, pour je ne sais plus quelle raison, parce que son auteur en burqa amenait un élément qui m'avait fait réagir assez vivement. Ce commentateur avait poursuivi l'échange, m'affirmant que c'était de l'humour. "On se connaît", me disait-il. Ce qui était faux. Lui savait qui je suis, mais de mon côté j'avais reçu un message envoyé par "anonyme" ou "unknown". Un inconnu, par définition, on ne le connaît pas. A moins que l'inconnu se fasse (re)connaître, ne serait-ce que par son prénom, son surnom ou ses initiales. Sinon, non, on ne se connaît pas. La connaissance est à sens unique.
Ce qui est surprenant aujourd'hui, c'est cette capacité de tant de gens à tout dévoiler d'eux-mêmes sur les réseaux dits sociaux - on voit plein de photos d'eux, on sait à tout moment ce qu'ils mangent, où et avec qui, où ils sont en vacances ou en balade, quel film ou quel spectacle ils ont vu, etc. - et l'anonymat dans lequel les mêmes parfois se réfugient dès qu'il s'agit de partager une réflexion ou, pire, d'agresser verbalement voire de menacer quelqu'un.
Signer, c'est exister, à ses propres yeux mais aussi à ceux des autres.

(Re)lire sur ce blog "L'anonymat d'Internet", 29.4.2008.

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