dimanche 23 avril 2023

De drôles de paroissiens

Nouveau face-à-face hier à Bélâbre entre pro- et anti-CADA. Les opposants entendaient organiser "la plus grande manifestation" contre le projet d'ouverture d'un centre d'accueil pour réfugiés dans leur village. Ils étaient 120 selon la presse. Difficile d'en juger quand on est dans le camp adverse avec la vue barrée par un alignement de combis de gendarmerie qui ferme la rue.
On ne voyait d'eux que leurs panneaux affichant des slogans stupides et agressifs qui ciblaient essentiellement l'association Viltaïs qui gèrera le centre d'accueil pour réfugiés. "Viltaïs = trafic d'êtres humains", "Vitaïs Profits Invasion délinquance", "Viltaïs officine néo-colonialiste". Un autre traitait l'association d'esclavagiste. Faut-il en rire ou en pleurer ? On a du mal à comprendre en quoi héberger dans des conditions dignes des gens qui survivent dans la rue s'apparente à de l'esclavagisme ou du néo-colonialisme, mais les grincheux ont une logique et une compréhension du monde qui leur sont propres.
"Pourquoi le chaos à Bélâbre ?", demande un autre de leurs panneaux. De quel chaos parlent-ils, sinon de celui qu'ils génèrent dans leurs têtes ?
Parmi les opposants, de fervents catholiques dont on ne cesse de se demander ce qu'ils ont compris - ou non - de la doctrine chrétienne. "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" leur a enjoint leur Jésus. Ils le détestent, ce prochain. Faut-il croire qu'ils se haïssent eux-mêmes ? Jésus est né dans une étable parce que ses parents, migrants, se sont vus claquer la porte au nez par de braves gens qui les ont rejetés. « J’étais un étranger, et vous m’avez accueilli », a dit Jésus (Mt 25,35). « Dans la Bible, l’accueil de l’étranger est une exigence éthique qui vérifie notre conversion à la fraternité humaine », rappelait en 2018 Georges Pontier, président de la Conférence des évêques de France (1). 

"Fraternité, solidarité", "Bélâbre, terre d'accueil" répondions-nous à ces apeurés aux têtes chaotiques. Nous étions quelque 150 à soutenir le projet, coincés dans la rue Emile Zola d'où la gendarmerie nous interdisait de bouger. Comme le relevait un ami, nous étions là pour soutenir un projet de l'Etat, interdits par des agents de ce même Etat de tout déplacement pour que les opposants au projet puissent se rendre à la mairie déposer leur pétition. Cherchez l'erreur.

Les opposants - qui regardent trop la télé, certaines télés - restent coincés dans leurs fantasmes et leur vision simpliste du monde, encouragés en cela par le chef de l'Etat et son ministre de l'Intérieur : étranger = danger, immigration = insécurité et violence. "Une étude vient pourtant démontrer qu’il n’en est rien, écrit Le Monde (2). Rendue publique mercredi 19 avril par le Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII), rattaché aux services de la première ministre, elle assure que « les immigrés ne sont pas à l’origine d’une augmentation des taux d’infraction dans les pays d’accueil ». Pour étayer leur propos, les auteurs, les économistes Arnaud Philippe et Jérôme Valette, dressent un état des lieux des travaux de la recherche sur le sujet, dans plusieurs pays. Et constatent qu’« aucune étude ne trouve d’effet de l’immigration sur la délinquance »." Mais ceux qui n'aiment pas les autres rejèteront l'étude, comme ils balaient tout argument objectif qu'on peut leur opposer : pour eux, tout ce qui ne sert pas leurs analyses simplistes et ne nourrit pas leur peur n'est que mensonge et propagande.

(1) https://www.lavie.fr/idees/debats/accueil-de-letranger-que-dit-vraiment-la-biblenbsp-8598.php
(2) https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/04/21/immigration-les-etrangers-pas-plus-delinquants-que-les-autres-selon-une-etude_6170487_3224.html

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