vendredi 17 janvier 2025

Enfin ?

C'est peut-être un long cauchemar qui se termine, estime (1) l'historien israélien Elie Barnavi qui exprime aussi son angoisse : l'annonce d'un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas se concrétisera-t-elle ? Dans l'ensemble, c'est quand même le soulagement qui domine. Mais Netanyahou, dit-il, présente cet accord de cessez-le-feu comme provisoire. Il semble s'aligner sur les positions de ses partenaires d'extrême droite qui veulent que la guerre recommence ensuite.
"Pour Netanyahou, analyse Pierre Haski (2), la situation est ambigüe. D’un côté, il a remporté des succès tactiques importants : il a éliminé Yahia Sinwar, le chef du Hamas ; il a fait payer un prix très élevé aux Palestiniens de Gaza pour le 7 octobre ; et il a en partie détruit le potentiel militaire du groupe islamiste palestinien. Mais il n’a pas atteint l’objectif annoncé initialement d’éradiquer le Hamas : ses membres ont refait surface dès hier (mercredi) soir dans les scènes de liesse qui ont accompagné l’annonce du cessez-le-feu ; survivre était devenu le principal objectif du Hamas." De nombreux observateurs constatent que le projet d'élimination totale du Hamas ne pourra jamais être atteint : plus ses combattants sont tués, plus nombreux sont ceux qui rejoignent les rangs du mouvement terroriste.
Par ailleurs, Netanyahou a cédé sous pression de Trump mais doit gérer ses alliés d’extrême droite qui rêvaient d’une recolonisation de la bande de Gaza.
"Si l’accord est bien mis en œuvre dans toutes ses phases, et c’est un grand « si »…, estime encore Pierre Haski, la phase militaire cèdera donc la place à une phase politique. Avec un grand vide, car rien n’est encore acquis, rien n’est même pensé. C’était la grande faiblesse de Netanyahou depuis le début : il n’avait pas de plan pour le « jour d’après » (...). Ce jour approche, et la nature a horreur du vide. Qui va contrôler Gaza, son administration, sa reconstruction, sa sécurité ?"
Elie Barnavi voit l'Arabie saoudite, le Qatar et l'Egypte gérer la bande Gaza avec l'aide de l'Autorité palestinienne, même si elle est très affaiblie.
En tout cas, "un cessez-le-feu sans perspective politique dans la foulée est la garantie de répétition des horreurs que vient de vivre cette région, affirme encore Pierre Haski. L’absence de solution politique n’efface pas les problèmes, elle les aggrave, c’est la leçon de décennies d’histoire au Proche-Orient trop longtemps ignorée."
On veut croire qu'une paix est possible, enfin possible, mais on repense à ce qu'écrivait le journaliste israélien Amir Tibon dans "Les Portes de Gaza" (3) : "Il n'y a plus de leaders dans ce pays aujourd'hui - ni du côté israélien, ni du côté palestinien. Ils sont remplacés par des psychopathes et des hommes égocentriques : certains d'entre eux rêvent d'une guerre sans fin et de l'anéantissement de l'autre camp, quel qu'en soit le prix ; d'autres sont trop faibles et incapables de s'opposer à ceux qui nous ont tous entraînés dans ce cauchemar. Ils ne se soucient pas le moins du monde de créer un avenir meilleur pour les générations à venir, et encore moins d'assurer la paix, aujourd'hui pour mes filles et leurs amis, ou pour les innombrables enfants qui souffrent des horreurs de cette guerre dans les nouveaux camps de réfugiés de Gaza."

(1) https://www.radiofrance.fr/franceinter/grille-programmes?date=16-01-2025
(2) https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/geopolitique/geopolitique-du-jeudi-16-janvier-2025-6907017
(3) Christian Bourgois éditeur, 2024.

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