Le Père Ubu et le Petit Père des Peuples se sont rencontrés. Sont issus de ce sommet qui ressemblait à une butte deux discours modèles de langue de bois, d'hypocrisie et de cynisme. On ne sait s'il faut en rire ou en pleurer. Qu'ont-ils dit ? Rien. Sinon que le sort de l'Ukraine importe peu à Trump et que son anéantissement reste et restera le grand rêve de Poutine. On a les rêves qu'on peut.
Ce fut dérisoire, entre show grossier et mauvais sketch. Ils se sont salués entre voisins, fait des révérences, envoyé des compliments (1). Et n'ont rien résolu. Au contraire : Trump, en le recevant, a considéré Poutine, pourtant poursuivi par la justice internationale pour crimes de guerre, comme un interlocuteur parfaitement respectable.
Comme à son habitude, le tueur en série Poutine a salué en l'Ukraine un "peuple frère" et répété que "tout ce qui se passe est pour nous une tragédie et une terrible blessure. C’est pourquoi notre pays souhaite sincèrement mettre fin à cette situation". Tout en refusant de le faire en se justifiant par un fatras d'arguments qui tiennent de la langue de bois. Poutine est un vrai polyglotte : il manie à merveille la langue de bois, la langue de vipère et la langue de pute.
Le Père Ubu est aussi doué que lui. Il a trouvé "très profond" le discours de son homologue russe, mais a rappelé, en excellent analyste politique, que "il n’y a pas d’accord tant qu’il n’y a pas d’accord". Usant de la même langue de bois, il a déclaré ceci : "Nous avons eu une réunion extrêmement productive et nous nous sommes mis d’accord sur de nombreux points, il n’en reste que quelques-uns. Certains ne sont pas très importants. L’un d’entre eux est probablement le plus important, mais nous avons de très bonnes chances d’y parvenir. Nous n’y sommes pas encore, mais nous avons de très bonnes chances d’y arriver".
Le plus important étant sans doute pour lui que "tout le monde veut traiter avec nous. En très peu de temps, nous sommes devenus le pays le plus en vue au monde. Et nous nous en réjouissons".
Pendant ce faux sommet, l'armée russe a lancé 85 drones et un missile sur l’Ukraine.
Les deux cyniques auto-satisfaits n'ont que mépris pour l'Ukraine et les Ukrainiens. Les gens méprisants sont méprisables.
5 commentaires:
Dans un article récent du Monde après cette rencontre, on pouvait lire au sujet de Poutine : "" Pour l’heure, rien ne change dans ses positions maximalistes et l’armée russe intensifie son offensive". L'article disait aussi que Trump avait été "hypnotisé par Poutine". Il faut bien mal connaître le dossier et l'histoire de la Russie pour penser que Poutine va abandonner ses positions maximalistes. Mais la grande question, à mon sens, est de savoir quelle est la nature du "pouvoir hypnotisant" de Poutine sur Trump. Si on laisse de côté les affinités idéologiques et les méthodes du KGB (dont souffrira aussi Angela Merkel), je ne vois qu'une hypothèse : un "kompromat" (ébats sexuels, Epstein, corruption...) détenu par Poutine. Cette carte ne peut être efficace qu'en ne l'abattant pas, car il s'agit de garder "notre homme à Washington" et non de le perdre. C'est donc la situation inverse du "kompromat" sur le procureur Iouri Skouratov qui enquêtait sur les actifs d'Eltsine planqués en Suisse. C'est l'utilisation de ce "kompromat" qui permit d'ailleurs à Poutine d'arriver au pouvoir. C'est la même technique qui lui fournit la soumission de Trump. Si cette hypothèse est exacte, Trump restera "hypnotisé" jusque la fin de son mandat. La vérité sortira ensuite, mais le mal sera fait pour l'Ukraine et pour l'Europe J'espère me tromper.
Oui, Bernard, c'est une hypothèse parfaitement plausible, déjà émise par certains (dans Franc-Tireur notamment il y a plusieurs mois) mais aussitôt flinguée par d'autres, sans véritables arguments pour autant chez ces derniers. La complaisance et cette danse hésitante de Trump devant Poutine sont plus que troublantes et ne peuvent être expliquées uniquement par une forme de fascination.
C'est cela ou la cupidité et l'ignorance crasse de son administration, Michel. Mais s'écraser à ce point en Alaska est très étrange. Si Trump veut un "deal" économique avec Poutine, il n'a pas besoin de ramper comme cela. Surtout de la part d'un "mâle dominant". Je suis perplexe. Et également parce que personne connaissant bien le dossier n'évoque et n'analyse cette hypothèse. J'ai lu "Notre homme à Washington". L'auteur n'a pas de "smoking gun", mais d 'innombrables indices de connivence et de compromission. Mais il me semble telement évident que le KGB puis le FSB ont eu largement le temps et les moyens de collecter ou de fabriquer des "Kompromat".
Un dernier mot provisoire sur ce sujet. Si la Russie attaque la Pologne avec des drônes (après la Lituanie et la Lettonie), c'est qu'elle veut tester l'OTAN et son article 5. Poutine a de bonnes raisons de croire qu'il tient Trump en laisse. Mais les exhumations de documents extrêmement compromettants aux USA (on attent les conclusions des graphologues) sur ses liens avec Epstein risquent de précéder les Kompromats. C'est ce que l'on peut espérer de mieux. C'est peut-être pour cela que Poutine accentue ses attaques sur l'Ukraine et au-delà. Beaucoup de choses dépendront de la vitesse des grapholoques...
Tu as sans doute raison, Bernard. C'est effrayant de se rendre compte à quoi peut tenir l'avenir du monde. De sordides accointances...
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