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lundi 9 novembre 2020

Aveuglement

Nombreux sont les intellectuels occidentaux qui, inlassablement, après chaque attentat commis chez nous, nous invitent à battre notre coulpe: nous devons respecter les musulmans dans leurs croyances et leurs règles. S'ils condamnent les crimes terroristes, ils nous invitent cependant à cesser ce qu'ils nomment "des provocations". Il nous faut, disent-ils, une laïcité, plus ouverte, plus tolérante, plus inclusive. Il en est même (1) qui affirment que "nous sommes victimes de l'aveuglement des Lumières". A se mettre la tête dans le sable, leur répond-on, on ne peut voir clair. L'Autriche a connu, voilà quelques jours, un attentat islamiste qui a tué quatre personnes et en a blessé plusieurs autres. Or, aucune caricature du Prophète n'a été publiée dans ce pays qui n'est pas laïc. A Kaboul tout récemment, vingt-deux étudiants ont été tués par des talibans. Leur grand tort: visiter le Salon du livre iranien. Comme le dit Abnousse Shalmani (2), essayiste d'origine iranienne, "dans un pays à 99% musulman, le problème n'est pas le salon du livre iranien ou algérien ou tunisien. Le problème, c'est le salon du livre tout court. Parce que c'est un livre, une foi, et tous ceux qui refusent cela sont condamnés à mourir. Une semaine avant cet attentat, au nord-ouest de Kaboul, un autre attentat a tué vingt-quatre étudiants. Ça ne s'arrêtera jamais. Dès qu'on ouvre un autre livre que le Coran, qu'on se permet de douter, même pas d'ouvrir un autre livre, on est condamné à mourir de la main de ces talibans qui sont en train de négocier pour revenir au pouvoir". Mais les bonnes âmes qui veulent que la laïcité fasse un pas de côté face à l'islamisme ignorent ce qu'il se passe dans les pays musulmans et veulent à tout prix que nos pays s'adaptent pour accompagner cette régression des esprits et des corps que veut imposer l'islamisme.

" Dès qu’un attentat a lieu au nom d’une idéologie ayant pris en otage une religion, des gens, souvent bardés de diplômes, s’empressent d’absoudre l’islamisme, et de nier ses responsabilités intrinsèques. Ils préfèrent chercher des coupables dans les pays visés, aussi différents soient-ils", écrit Jack Dion (3). Et de citer différentes tribunes publiées dans Le Monde, sur Mediapart, dans L'Humanité, de sociologues qui veulent à toute force que la laïcité se remette en question. L'un d'eux, constate-t-il " fustige « la réponse répressive, souvent stigmatisante et dénonce la laïcité frileuse, crispée qui se mue en religion civile. A Kaboul aussi ?", demande Jack Dion. Voir L'Humanité, organe du Parti communiste, s'attaquer à la laïcité pour défendre une religion, c'est constater combien l'obscurantisme a gagné un terrain inattendu. Marx, reviens! Ils sont devenus fous!

L'imam de Drancy, en région parisienne, Hassen Chalghoumi, est l'objet de milliers de messages de haine et de menaces (4). Il n'ose plus circuler librement. Il n'a pas publié de caricatures, mais a le grand tort d'avoir pris position contre l'intégrisme et de défendre les valeurs de la République.

En commentaire de mon billet sur Samuel Paty (5), Bernard De Backer, sociologue bruxellois, citait un extrait d'une récente tribune de Gilles Kepel dans Le Monde où celui-ci retraçait brièvement l'historique de l'islamisme en France: "Le terme de séparatisme a suscité beaucoup de débats. mais quel que soit le vocable qui sera retenu, la racine du problème tient à une expression arabe à laquelle les Frères musulmans, salafistes et djihadistes s'efforcent de réduire la dogmatique islamique, et qui est l'objet d'un intense prosélytisme, depuis ces cours de récréation où il ne fait plus bon se dire athée, surtout quand on est musulman de faciès, jusqu'aux sermons du vendredi, en passant par Facebook et Twitter et les innombrables sites qui lui sont dédiés sur la Toile: al wala'wa-l bara'a. Le syntagme signifie allégeance et rupture  - le second terme étant fréquemment rendu, dans la novlange salafiste, comme désaveu. L'impératif de tout bon musulman, selon ces doctrinaires, consiste à se désavouer d'avec tout ce qui ne constitue pas le dogme dans son acception la plus rigide - y compris l'islam mystique, confrérique, etc., stigmatisé comme hérésie (chirk) ou apostasie (ridda) - et donc de mettre en œuvre un séparatisme  radical par rapport aux infidèles. Ce dernier terme (...) désigne tout non ou mauvais musulman n'ayant pas fait allégeance totale et exclusive. Mais il est grave, car la sanction (...) est la mise à mort." Commentaire de Bernard De Backer: "Ce que nous vivons de manière de plus en plus intense et diffuse en Europe, et plus particulièrement en France, c'est que les islamistes veulent s'y établir, voire y régner (en commençant par les populations musulmanes immigrées et leurs descendants), ceci en s'emparant des institutions musulmanes (ou en en créant de nouvelles) et en instrumentalisant les lois démocratiques. C'est ce qu'écrivait déjà, rappelle-t-il, en 1964, Sayyid Qut'b, l'idéologue des Frères musulmans créés par le grand-père de Tariq Ramadan en 1928, qui avaient pour objectif de lutter contre l'emprise laïque occidentale et l'imitation aveugle du modèle européen en terre d'islam. Une forme de pensée décoloniale, en somme. Sauf que, pour Qut'b (le Lénine des Frères musulmans), la terre d'islam était la terre entière". Et de citer cet extrait de "Jalons sur la route de l'islam (1964): "Une autre direction de l'humanité s'impose! La direction de l'humanité par l'Occident touche à sa fin, non parce que la civilisation occidentale a fait faillite sur le plan matériel (...) mais parce que le monde occidental a rempli son rôle et épuisé son fonds de valeur qui lui permettait d'assurer le direction de l'humanité. (...) L'islam seul est pourvu de ces valeurs et de cette ligne de conduite." 

On peut toujours s'aveugler, accompagner la régression, demander de baisser les Lumières, il y a urgence à sortir d'une vision franco- (ou belgo-) centrée du phénomène islamiste (et d'une réaction judéo-chrétienne de culpabilisation) et à comprendre dans quel jeu mondial l'islamisme veut nous enferrer. Urgence à entrer, avec les musulmans qui veulent vivre tranquillement leur religion, dans la résistance à ce projet totalitaire. Urgence pour cette gauche qui a perdu la tête à cesser de jouer les collabos.

(1) https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/11/09/caricatures-de-mahomet-nous-sommes-victimes-de-ce-qu-il-faut-bien-appeler-l-aveuglement-des-lumieres_6059037_3232.html

(2) https://www.arte.tv/fr/videos/097407-055-A/28-minutes/    

(3) https://www.marianne.net/lislamisme-pour-les-nuls   

(4) https://www.lefigaro.fr/actualite-france/l-imam-chalghoumi-fait-l-objet-de-milliers-de-menaces-depuis-la-mort-de-samuel-paty-20201108

(5) 18.10.2020.

jeudi 13 juin 2013

Accorder crédit à l'islam

"Si Mahomet ne revient pas sur terre, je ne te ferai pas crédit". Voilà ce qu'aurait dit un jeune syrien âgé de 15 ans, vendeur de café, à un client qui voulait le payer plus tard. La phrase est d'usage courant en Syrie, nous dit-on. Mais les islamistes ne supportent pas le langage courant. Passant par là, entendant ce "blasphème", ils ont enlevé l'adolescent, l'ont tabassé, avant de le ramener devant son échoppe pour l'y assassiner (1).
Existe-t-il vraiment un dieu fou furieux qui inspire ces barbares?
Hassen Chalghoumi, l'imam de Drancy, appelle à lutter contre ces dévoiements violents de l'islam. Lui qui approuve l'interdiction de la burqa en France et ailleurs s'est retrouvé menacé par des "gangsters de la foi"(2). Ils lui reprochent son attitude tolérante, ils lui reprochent d'avoir reçu des associations juives dans sa mosquée, ils lui reprochent d'avoir organisé un voyage en Israël et en Palestine à la rencontre d'autres religieux qui militent en faveur de la paix. Appelé "l'imam des juifs" par les islamistes qui l'ont agressé dans sa mosquée, il vit sous protection policière. Mais il n'est pas seul: il préside une conférence de quatre-vingt imams qui prônent un islam pacifique et tolérant (3). "Je suis dérangeant parce que je crois aux vertus du dialogue", dit-il (4). Il dénonce les appels à la haine qui tentent de détruire le vivre ensemble en France. Il existe, très majoritairement, un islam tolérant et ouvert, à mille lieues de son détournement par des terroristes enragés. Ceux qui, du côté d'une certaine gauche, sous prétexte de racisme, hurlent à l'islamophobie dès qu'on critique l'islamisme seraient mieux inspirés d'écouter les voix sages de l'islam plutôt que de défendre ses dérives intégristes.

(1) France Inter, 11 juin 2013, 18h.
(2) l'expression est de l'écrivain algérien Boualem Sansal.
(3) voir le documentaire de Caroline Fourest: "Les radicaux de l'islam".
(4) LLB, 11 juin 2013.