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jeudi 21 mai 2015

De tout un peu

Le temps a passé. Celui d'un déplacement et celui de l'achat et de la configuration d'un nouvel ordinateur. L'actualité a suivi son cours, elle ne respecte rien. Quelques réflexions à son propos, en bref et vrac.

Les immigrants sont de plus en plus nombreux à tenter de traverser la Méditerranée et à y laisser leur vie, une mer qu'on n'ose plus appeler "mare nostrum" tant certains se la sont appropriée, l'interdisant à ceux qui ne veulent - et surtout ne peuvent - plus vivre sur l'autre rive. Les plus radicaux ont trouvé la solution pour empêcher tous ces gens de fuir le danger: ils entendent les empêcher de quitter la Libye ou la Syrie. Bref, les enfermer dans la guerre. Se souviennent-ils, ces cadenasseurs, que leurs parents ou leurs grands-parents ont été accueillis à l'étranger quand ils ont été forcés de fuir les bombardements de l'armée allemande? L'Europe, une fois encore, ne parvient pas à se mettre d'accord. Manuel Valls ne veut pas de quotas de répartition des immigrants, mais estime qu'il faut que les pays européens se les partagent équitablement. Les autruches sans doute peuvent comprendre ce type de langage. "Jusqu'à quand, demande l'avocate Selma Benkhelifa (1), allons-nous attendre avant d'organiser des voies légales d'accès afin d'éviter de nouvelles catastrophes humaines? Jusqu'à quand l'Union européenne tentera de nous faire croire que renforcer les frontières va sauver des vies? Jusqu'à quand allons-nous participer à des guerres qui créent des millions de réfugiés? Jusqu'à quand allons-nous vendre des armes sans jamais ses soucier de savoir par qui et surtout contre qui elles seront utilisées? Jusqu'à quand allons-nous piller les richesses de l'Afrique?" L'avocate de Progress Lawyers Network dénonce la pollution de la planète, la subordination de la coopération au développement aux contrats économiques, la spéculation des banques sur les denrées alimentaires. "On ne peut pas impunément accaparer toute la richesse du monde et se plaindre de ma misère du monde", dit-elle.

A Leuze-en-Hainaut (B), la majorité communale vient d'être renversée. Les libéraux ont lâché le premier parti, le CDH, en attirant à lui le Ps. Un parti socialiste qui ne cesse de hurler sur ce parti anti-social qu'est le MR, mais qui n'hésite pas à s'allier à lui pour occuper le pouvoir. On est peu de choses, surtout l'électeur.

A Saint-Maur, dans l'Indre, les commissaires-enquêteurs ont remis un avis défavorable sur le projet de Pôle de sports mécaniques du Centre. Le maire de Châteauroux est "déçu": "je suis convaincu que c'est un bon projet de développement de la région", dit-il (2). Il encourage le promoteur à revoir sa copie. La bagnole comme support à l'avenir, on a vu plus visionnaire et novateur. Mais le maire a une excuse:il est UMP.

Dans le Vif (3), propos intéressants de l'humoriste Alex Vizorek qui travaille tant en Belgique qu'en France. Cette réflexion notamment: "leur fierté (aux Français) réside plus dans la rhétorique qu'ils auront utilisée pour se contredire les uns les autres que dans le fond de leurs propos". Les débats - ou les empoignades - des chaînes de télé lui donnent trop souvent raison. Qu'importe le sujet, pourvu que la joute soit jolie. "Non, je ne puis souffrir cette lâche méthode qu'affectent la plupart de vos gens à la mode...", disait Molière.

(1) La Libre Belgique, 23 avril 2015.
(2) La Nouvelle République, 30 avril 2015.
(3) 8 mai 2015.

dimanche 6 février 2011

Les oiseaux de passage

A Alice (voir "Il y a trop d'étrangers dans le monde" - 03.02.2011)

C'est une cour carrée et qui n'a rien d'étrange :
Sur les flancs, l'écurie et l'étable au toit bas ;

Ici près, la maison ; là-bas, au fond, la grange

Sous son chapeau de chaume et sa jupe en plâtras.


Le bac, où les chevaux au retour viendront boire,

Dans sa berge de bois est immobile et dort.

Tout plaqué de soleil, le purin à l'eau noire

Luit le long du fumier gras et pailleté d'or.


Loin de l'endroit humide où gît la couche grasse,

Au milieu de la cour, où le crottin plus sec
Riche de grains d'avoine en poussière s'entasse,

La poule l'éparpille à coups d'ongle et de bec.


Plus haut, entre les deux brancards d'une charrette,

Un gros coq satisfait, gavé d'aise, assoupi,

Hérissé, l'œil mi-clos recouvert par la crête,

Ainsi qu'une couveuse en boule est accroupi.


Des canards hébétés voguent, l'oeil en extase.

On dirait des rêveurs, quand, soudain s'arrêtant,

Pour chercher leur pâture au plus vert de la vase

Ils crèvent d'un plongeon les moires de l'étang.


Sur le faîte du toit, dont les grises ardoises

Montrent dans le soleil leurs écailles d'argent,

Des pigeons violets aux reflets de turquoises

De roucoulements sourds gonflent leur col changeant.


Leur ventre bien lustré, dont la plume est plus sombre,

Fait tantôt de l'ébène et tantôt de l'émail,

Et leurs pattes, qui sont rouges parmi cette ombre,

Semblent sur du velours des branches de corail.


Au bout du clos, bien loin, on voit paître les oies

Et vaguer les dindons noirs comme des huissiers.

Oh ! qui pourra chanter vos bonheurs et vos joies,

Rentiers, faiseurs de lards, philistins, épiciers ?


Oh ! vie heureuse des bourgeois ! Qu'avril bourgeonne

Ou que décembre gèle, ils sont fiers et contents.

Ce pigeon est aimé trois jours par sa pigeonne ;

Ca lui suffit, il sait que l'amour n'a qu'un temps.


Ce dindon a toujours béni sa destinée.

Et quand vient le moment de mourir il faut voir

Cette jeune oie en pleurs : " C'est là que je suis née ;

Je meurs près de ma mère et j'ai fait mon devoir.

"
Elle a fait son devoir ! C'est à dire que oncque
Elle n'eut de souhait impossible, elle n'eut

Aucun rêve de lune, aucun désir de jonque

L'emportant sans rameurs sur un fleuve inconnu.


Elle ne sentit pas lui courir sous la plume

De ces grands souffles fous qu'on a dans le sommeil,

Pour aller voir la nuit comment le ciel s'allume

Et mourir au matin sur le coeur du soleil.


Et tous sont ainsi faits ! Vivre la même vie

Toujours pour ces gens-là cela n'est point hideux

Ce canard n'a qu'un bec, et n'eut jamais envie

Ou de n'en plus avoir ou bien d'en avoir deux.


Aussi, comme leur vie est douce, bonne et grasse !

Qu'ils sont patriarcaux, béats, vermillonnés,

Cinq pour cent ! Quel bonheur de dormir dans sa crasse,

De ne pas voir plus loin que le bout de son nez !


N'avoir aucun besoin de baiser sur les lèvres,

Et, loin des songes vains, loin des soucis cuisants,

Posséder pour tout cœur un viscère sans fièvres,

Un coucou régulier et garanti dix ans !

Oh ! les gens bienheureux !... Tout à coup, dans l'espace,

Si haut qu'il semble aller lentement, un grand vol

En forme de triangle arrive, plane et passe.

Où vont-ils ? Qui sont-ils ? Comme ils sont loin du sol !


Les pigeons, le bec droit, poussent un cri de flûte

Qui brise les soupirs de leur col redressé,

Et sautent dans le vide avec une culbute.

Les dindons d'une voix tremblotante ont gloussé.


Les poules picorant ont relevé la tête

Le coq, droit sur l'ergot, les deux ailes pendant,

Clignant de l'œil en l'air et secouant la crête,

Vers les hauts pèlerins pousse un appel strident.


Qu'est-ce que vous avez, bourgeois ? Soyez donc calmes.

Pourquoi les appeler, sot ? Ils n'entendront pas.

Et d'ailleurs, eux qui vont vers le pays des palmes

Crois-tu que ton fumier ait pour eux des appas ?


Regardez-les passer ! Eux, ce sont les sauvages

Ils vont où leur désir le veut, par-dessus monts,

Et bois, et mers, et vents, et loin des esclavages.

L'air qu'ils boivent feraient éclater vos poumons.


Regardez-les ! Avant d'atteindre sa chimère,

Plus d'un, l'aile rompue et du sang plein les yeux,

Mourra. Ces pauvres gens ont aussi femme et mère,

Et savent les aimer aussi bien que vous, mieux.


Pour choyer cette femme et nourrir cette mère,

Ils pouvaient devenir volaille comme vous.

Mais ils sont avant tout les fils de la chimère,

Des assoiffés d'azur, des poètes, des fous.


Ils sont maigres, meurtris, las, harassés. Qu'importe !

Là-haut chante pour eux un mystère profond.

A l'haleine du vent inconnu qui les porte

Ils ont ouvert sans peur leurs deux ailes. Ils vont.


La bise contre leur poitrail siffle avec rage.

L'averse les inonde et pèse sur leur dos.

Eux, dévorent l'abîme et chevauchent l'orage.

Ils vont, loin de la terre, au dessus des badauds.


Ils vont, par l'étendue ample, rois de l'espace.

Là-bas, ils trouveront de l'amour, du nouveau.

Là-bas, un bon soleil chauffera leur carcasse
Et fera se gonfler leur cœur et leur cerveau.


Là-bas, c'est le pays de l'étrange et du rêve,

C'est l'horizon perdu par delà les sommets,

C'est le bleu paradis, c'est la lointaine grève

Où votre espoir banal n'abordera jamais.


Regardez-les, vieux coq, jeune oie édifiante !

Rien de vous ne pourra monter aussi haut qu'eux.

Et le peu qui viendra d'eux à vous, c'est leur fiente.

Les bourgeois sont troublés de voir passer les gueux.

"Les oiseaux de passage" de Jean Richepin (1849-1926), version complète du texte mis en musique et popularisé par Georges Brassens - trouvé sur http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/jean_richepin/les_oiseaux_de_passage.html

lundi 11 janvier 2010

2010, année internationale de la biodiversité

La chasse aux travailleurs africains, clandestins pour la plupart, a eu beaucoup de succès à Rosarno en Calabre. Ils sont tous remontés vers le nord. Ils étaient plus de mille à ramasser les oranges, payés une misère, logés comme des chiens. Quand ils se sont mis en colère, après que certains d'entre eux aient été victimes d'agression, ils se sont fait solidement rosser par les habitants du coin. L'un d'entre eux en parlaient comme de "bêtes sauvages à abattre".
Ils seraient quelque deux millions de travailleurs immigrés en Italie, assurant à eux seuls 10% du P.I.B., sans coûter bien cher. Tout ce qu'on leur demande là-bas, c'est de travailler, de ne pas coûter cher et d'accepter leur sort d'esclaves.
Aujourd'hui, les Dupont-Lajoie calabrais se demandent qui viendra ramasser leurs oranges. Personnellement, je me proposerais bien pour le faire, pour aller les porter aux employeurs, si j'étais sûr que ceux-ci se retrouveront en prison. Mais au pays de Berlusconi, les victimes de la mafia sont les coupables. Le Ministre de l'Intérieur (membre de la Ligue Xénophobe du Nord) estime que "les autorités locales ont été trop tolérantes pendant des années face à l'augmentation de l'immigration clandestine dans la région". Il faut donc s'en prendre aux nègres plutôt qu'aux négriers.
Les sans-papiers peuvent toujours remonter jusqu'en Belgique. A Dinant plus précisément. Là, la caserne a été, provisoirement, adaptée en centre d'accueil d'urgence pour demandeurs d'asile. Mais des voisins s'inquiètent fortement. "Imaginez, disait hier au JT l'une d'entre eux, que ne serait-ce que la moitié d'entre eux soient des méchants!" C'est vrai qu'on y avait pas pensé: si ces "méchants" tombent sur des voisins bêtes et méchants, il risque d'y avoir autant de grabuge qu'à Rosarno.
C'est sûr, comme disait Desproges, les étrangers sont nuls.