vendredi 12 juin 2015

Réponse du berger

L'humour n'est pas vraiment ce qui caractérise les grands révolutionnaires. C'est d'ailleurs souvent à cela qu'on les reconnaît. Il y a quelques semaines, Julien Coupat, présenté comme le leader du groupe dit "de Tarnac" accusé de tentative de sabotage sur la ligne TGV Est en 2008,  était interviewé par Léa Salamé sur France Inter (1). Il y a dans nos sociétés aujourd'hui, selon lui, trois possibilités: "soit une fuite en avant dans un contrôle généralisé des populations pour stabiliser le système, soit le fascisme, soit se soulever, s'organiser". C'est évidemment cette troisième possibilité qu'il défend. Que pense-t-il du 11 janvier?, lui demande la journaliste. "Charlie Hebdo, répond-il, c'est d'un côté un journal pour lequel on avait cessé d'avoir des sympathies depuis longtemps (parce que politiquement détestable); de l'autre, une figure comme Cabu pour la génération de '68, c'était l'Enragé, Hara Kiri. Mais pour notre génération, c'était Récré A2 et... euh... je crois que moi et mes camarades n'imaginions pas être un jour les contemporains d'une attaque à l'arme lourde contre le Club Dorothée." A l'entendre, tout ce qui n'appartient pas à son mode de réflexion est "délirant". On voit qu'on a affaire ni à un humoriste, ni à un humaniste. Juste à un cynique, aux répliques elliptiques et cinglantes, incapable de la moindre compassion. De toute façon, Charlie Hebdo avait adopté, toujours selon ce politologue averti, un ligne très "droitière", sans qu'il précise en quoi elle l'était.
On s'interroge donc. Quelqu'un qui classe Charlie Hebdo à droite et le trouve détestable doit être très très très très à gauche. Qu'est-ce donc qu'être d'extrême gauche? Comment vit-on quand on est aussi révolté par le système? Visiblement, en tout cas en ce qui concerne Julien Coupat, en profitant de l'argent de papa et maman et de revenus immobiliers. Dans Charlie Hebdo (2), Alexandre Vargas nous apprend que l'enquête judiciaire dont il est l'objet indique que "les membres du groupe construit autour de Julien Coupat bénéficiaient de ressources conséquentes de revenus, notamment grâce au patrimoine de ce dernier et de ses parents et des bénéfices qui en étaient retirés". La SCI, dont il est gérant, propriétaire de plusieurs biens immobiliers en Région parisienne et à Arcachon, lui verse 1.000 euros par mois et son compte en banque est largement approvisionné, par exemple de 140 000 euros, deux semaines après la signature du compromis de vente d'un domaine.
Le système n'a pas de souci à se faire. La révolution attendra. Tant qu'elle sera promue par de petits bourgeois ou des fils à papa qui tiennent des discours radicaux. Paroles, paroles, paroles...
On notera que le système est l'ennemi tant de l'extrême gauche que de l'extrême droite. On constatera aussi que certaines personnes, qu'elles se situent dans l'un ou l'autre de ces camps, savent parfaitement bien profiter de ce système haï.

(1) http://www.franceinter.fr/emission-invite-de-7h50-julien-coupat-tarnac-l-un-des-plus-grands-fiascos-de-l-antiterrorisme
(2) "Julien Coupat, le social-traitre", 10 juin 2015.

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