lundi 24 février 2025

L'Ukraine, c'est nous

Voilà trois ans aujourd'hui que le tsar de toutes les Russies a lancé sa nouvelle offensive impérialiste et assassine contre l'Ukraine. Elle devait durer trois jours, mais elle perdure. A un prix humain désastreux. Selon les Nations Unies, cette guerre a fait plus de 28 000 victimes civiles et plus de 10 000 morts, mais le bilan réel est très probablement plus élevé. Côté militaire, difficile de connaître les chiffres, ils se comptent en dizaines  de milliers de morts. Et en centaines de milliers de blessés et de morts du côté russe où la vie de la piétaille ne compte pas. 10,6 millions d'Ukrainiens ont été déplacés, 12,7 millions de personnes ont besoin d'une aide humanitaire, 2 millions de logements ont été détruits ou endommagés, 200 000 personnes ont fui leurs foyers de l'est rien que ces six derniers mois. Un tiers du territoire ukrainien serait contaminé par des mines ou des munitions. (1)
Et Dingo Ier, roi des Amériques et du reste du monde, veut mettre fin à cette guerre en donnant raison à l'agresseur et en niant les droits de l'agressé qu'il insulte (c'est la seule chose qu'il sait faire). Le père Ubu américain se contente de répéter la propagande russe et ses éléments de langage pour forcer l'Ukraine à se mettre à genoux. Livrer l'Ukraine, même partiellement, au serpent Poutine, c'est ouvrir le droit à la guerre pour quiconque joue les machos et méprise l'Etat de droit et la démocratie. Qui empêchera demain Poutine d'avaler l'ensemble de l'Ukraine, puis la Géorgie, la Moldavie, les pays baltes ? Comment peut-on encore entendre de pseudos experts tenter de nous rassurer en prétendant que la Crimée et les territoire de l'est lui suffiront ? N'ont-ils rien retenu des Accords de Munich de 1938 ? Une partie de la Tchécoslovaquie - qui n'avait pas été invitée à négocier ces accords - a été livrée à Hitler, ce qui devait mettre fin, chez lui, à toute velléité de nouvelles conquêtes. On sait ce qu'il en fut. 

Et nous, nous restons là, atones. Comme si tout cela était loin et ne pouvait nous atteindre. Comme si nous ne pouvions rien y faire. Le monde brûle dans notre indifférence. Mais elle peut durer parce que rapidement d'autres pays européens seront touchés.
Derrière l'avenir de l'Ukraine, c'est le nôtre qui se joue. Poutine et Trump veulent mettre fin à la démocratie qui les empêche d'exercer un pouvoir absolu. Poutine, Musk et Vance, constate Raphaël Glucksmann (2), "voient nos démocraties comme des ennemies à abattre et mettent la puissance américaine au service des extrêmes droites européennes les plus poutinistes ; les services de sécurité allemands comme danois prévoient une guerre russe sur le sol de l’Union européenne avant 2029 ; les Baltes et les Finlandais creusent des tranchées : que nous faut-il de plus pour éprouver enfin l’ébranlement commun qui seul permet les grands sursauts ?" 
L'écrivain ukrainien Andreï Kourkov pense aussi que "ce n'est plus seulement le sort de l'Ukraine qui est en jeu, c'est un rapport d'influence sur le monde entier. L'Ukraine n'est qu'un instrument de la domination." (3) Si l'Ukraine tombe, Trump aura toute latitude pour mettre, lui aussi, la main sur les pays qu'il convoite. Son allié Poutine trouvera cela simplement normal. Les néo-colonialistes se partagent le monde.

Comment soutenir le peuple ukrainien ? En réclamant de l'Union européenne un soutien sans faille à l'indépendance de l'Ukraine et en renforçant les moyens militaires européens. "L’UE sera écrasée et démembrée si elle ne devient pas en quelques mois la puissance politique, militaire, économique, souveraine et intégrée qu’elle n’arrive pas à être depuis des décennies, écrit encore Raphaël Glucksmann  . Les petits pas qu’affectionnent ses dirigeants – que rien ne prédestinait à faire face à une situation aussi grave – ne suffiront plus, il faut un saut de géant."
Des partenariats doivent se nier d'urgence entre démocraties. "Il s’agit donc de trouver en nous, en chacun de nous, les ressources morales et la force mentale de changer notre rapport au monde. Et il s’agit pour les dirigeants européens, en étroite coordination avec nos alliés britanniques et canadiens, d’annoncer rapidement un plan à court et moyen terme de protection de nos nations et de sauvegarde de nos démocraties. Ce plan doit partir d’un constat réaliste – déléguer notre sécurité aux Etats-Unis de Donald Trump est suicidaire – et proposer des mesures immédiates ainsi qu’un cap intangible pour les années à venir."

La défense de l'Ukraine et de la démocratie implique aussi de faire barrage - partout - à l'extrême droite, soutien et de Poutine et de Trump. Laisser prospérer ces partis de la haine, ennemis de la démocratie, est suicidaire. L'ensemble du champ politique doit se remettre en question et sortir - mais c'est sûrement un vœu pieux - de positionnements électoralistes.

Enfin, si l'on veut s'opposer à Trump et sa mafia, c'est sur leur terrain qu'il faut le faire : le commerce et l'économie. La seule valeur que connaît Trump est le dollar. On peut rêver d'un boycott mondial des produits américains (Facebook et ses dérivés, X, Google (4), Mc Donald, KFC, Coca-Cola, Fanta, Red Bul, Pepsi, Kellogg's, General Motor, Tesla, Apple,  M&M's, Heinz, Nesquik, Snickers, Marlboro, la liste est longue. On peut rire d'une telle idée, mais on ne peut rire du pire qui s'avance. On ne peut rire du bruit des bottes et des bombes.

(1) chiffres de l'Agence des Nations unies pour les réfugiés dans un message publié ce jour.
(2) https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/02/22/raphael-glucksmann-eurodepute-jamais-la-menace-d-une-guerre-a-l-interieur-des-frontieres-de-l-union-europeenne-et-de-l-otan-n-a-ete-aussi-elevee_6558261_3232.html
(3) "Les Ukrainiens continuent à refuser la défaite", interview d'Andreï Kourkov, Télérama, 12.2.2025.
(4) Il existe des moteurs de recherche solidaires : Lilo et Ecosia, par exemple.
A lire : https://nepassubir.fr/2025/02/23/leurope-et-lukraine-vont-elles-se-faire-trumper/


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