samedi 24 août 2013

Le type français

"Le Français est caractérisé non par les traits spéciaux, mais par la mobilité et l'expression de ces mêmes traits. Ni grand ni petit, le corps a des proportions excellentes, et s'il n'est pas capable de développer une grande action musculaire, il est du moins en état de lutter avec avantage contre la fatigue et les longs exercices. Agile et nerveux, prompt à l'attaque comme à la riposte, plein de ressources dans la défense, souple et dispos, adroit au physique comme au moral, tel est le Français, dont le type est reconnaissable dans notre classique troupier.
Au point de vue intellectuel, le Français se distingue par une promptitude et une activité de conception vraiment hors ligne. Il comprend vite et bien. Une nuance de sentiment vient s'ajouter à son activité intellectuelle. A cet ensemble de qualités de l'esprit et du cœur, joignez une dose très prononcée de raison, un jugement solide et une véritable passion pour l'ordre et la méthode, et vous aurez le type français." 
On le comprend aisément, même si l'on n'est pas français, le type français est sans faille. Et surtout prompt, physiquement et moralement. C'est le modèle fait homme. C'est le modèle d'homme. C'est Louis Figuier qui s'exprimait ainsi. C'était en 1878 dans un ouvrage intitulé "Races humaines" (1). 
Louis Figuier est du type français. Faut-il le préciser? Ce recueil constitue une véritable entrée sur le monde. Celui-ci s'éclaire. On comprend pourquoi certains continents stagnent, ne parviennent pas au niveau de développement de l'Europe. Le "nègre" est à l'opposé du type français. "L'infériorité intellectuelle du Nègre se lit sur sa physionomie sans expression ni mobilité. Le Nègre est un enfant. (...) On a tant de peine, dans beaucoup de colonies, à tirer un bon parti des nègres, la tutelle des Européens leur est tellement indispensable, pour maintenir chez eux les bienfaits de la civilisation, que l'infériorité de leur intelligence, comparée à celle du reste des hommes, est un fait incontestable." Louis Figuier, médecin, s'exprimait ainsi en "observateur impartial".




Les Africains sont de "grands enfants qui, parvenus à l'âge adulte, continuent à jouer aux dictateurs". Le Portugal "nous a donné José Manuel Barroso et les meilleurs carreleurs". Angela Merkel est une "chancelière moins moustachue que le Führer, mais tout aussi déterminée". 
C'est Philippe Bouvard qui s'exprime ainsi (2). En 2013. Philippe Bouvard est du type français. Faut-il le préciser? C'est l'arrière-petit-fils spirituel de Louis Figuier. Il comprend vite et bien. On reconnaît tout de suite chez lui une nuance de sentiment qui vient s'ajouter à son activité intellectuelle. A cet ensemble de qualités de l'esprit et du cœur, s'ajoutent une dose très prononcée de raison, un jugement solide et une véritable passion pour l'ordre et la méthode. Le tout dans une grosse tête. Grosse, mais pas enflée. 

(1) cité dans "Races imagées et imaginaires", éditions La Découverte / Maspero, 1983.
(2) dans une interview au Figaro Magazine, citée dans Télérama, 21 août 2013.


jeudi 15 août 2013

Quoi, ma gueule?

Pourquoi donc les sportifs et sportives qui viennent de gagner une compétition ou de marquer des points ont-ils l'air si méchant? Dans son "Cabinet de curiosité", au sein de l'exposition qui lui est consacrée à Saint-Benoît-du-Sault (1), le jardinier-paysagiste Gilles Clément a rassemblé soixante à septante photos, glanées dans la presse, de sportifs surpris au moment de la victoire. Aucun plaisir, mais un rugissement. Pas un ne sourit, n'a l'air heureux. Tous expriment une sorte de rage. Ils ne semblent pas contents de gagner, mais hargneux d'avoir vaincu l'autre. "La victoire interroge la finalité de la compétition chez les humains", écrit Gilles Clément.
On voit par là qu'il faut éviter le sport. De compétition en tout cas. Il ne fait pas guère de bien à l'homme.

Deux belles définitions, parmi tant d'autres, dans l'abécédaire de Gilles Clément:
- Jardin: territoire mental d'espérance.
- Patience: outil de jardinage.

(1) "Toujours la vie invente", carte blanche à Gilles Clément, à l'ancien prieuré de Saint-Benoît-du-Sault, jusqu'au 29 septembre.

mercredi 31 juillet 2013

La femme n'est pas un homme comme les autres

Qu'est-ce qu'un philosophe? C'est, nous dit Robert (le petit) se plaçant dans une perspective historique, "une personne qui s'appuie sur la raison, et récuse la révélation, la foi". C'est aussi plus couramment une "personne qui pratique la sagesse, conforme sa vie à ses principes".
Omer Tugrul Inançer est-il un vrai philosophe? On a du mal à le croire, bien qu'il nous soit présenté comme un philosophe islamique, ce qui - déjà - est contraire à la première définition. L'homme en question n'aime pas la vie et ses manifestations physiques. "Voir les femmes enceintes en public n'est pas seulement immoral, mais aussi laid", a-t-il déclaré sur la chaîne publique TRT. "Après sept-huit mois, les femmes enceintes devraient sortir avec leur mari en voiture pour prendre l'air, mais le faire dans la soirée" (1), a-t-il ajouté, ne se souciant visiblement pas de la température de la soirée, mais de la sienne. On voit par là qu'il est plus névrosé que philosophe. Très sainement, dans différentes villes turques, des femmes enceintes et des hommes portant des oreillers sous leur chemise ont manifesté contre lui.

A Brooklyn, dans le bus 110, les femmes sont priées de s'asseoir à l'arrière. Il s'agit de ne pas choquer les ultra-orthodoxes hassidiques coutumiers de cette ligne qui relie Williamsburg et Borough Park. Ces hommes n'ont pas le droit de regarder les femmes. Ils contemplent donc leurs chaussures, plus admirables. Ou moins excitantes, allez savoir. Les femmes, hassidiques elles aussi, se plient à la règle et la font respecter par celles qui veulent l'ignorer, malgré le panneau spécifiant que "la discrimination fondée sur le sexe est interdite". (2)

Ailleurs, c'est le voile qui est imposé à des millions de femmes au nom de la décence et de la religion, même si l'université al-Azhar, centre théologique de l'islam sunnite,  estime qu'il s'agit d'une tradition et non d'une obligation religieuse (3). 
L'homme a le droit de s'exhiber, de marcher tête et torse nus,  d'avancer le poitrail et le sexe en avant, tel un coq. La femme doit se cacher. 
Le pape François, "proche des pauvres et partisan d'une Eglise missionnaire et ouverte sur le monde"  (4) s'oppose, comme ses prédécesseurs, à l'ordination des femmes. La religion est affaire d'hommes.
A-t-on le droit d'être une femme? Oui, mais le plus discrètement possible, disent les religions.
En 2013, le féminisme a plus que jamais du sens. "Le féminisme est intimement lié à la défense de la laïcité, estime Caroline Fourest (5), mais envers toutes les religions patriarcales et tous les intégrismes. Etre féministe, c'est être à la fois laïque et antiraciste."
"Ca fait très longtemps que les monothéismes ont noué un pacte avec le patriarcat, dit-elle. Ils avancent ensemble." Et c'est en marche arrière.

(1) "Un philosophe islamique turc engendre la polémique", Libération, 27 juillet 2013.
(2) "Les femmes et les enfants après", Télérama, 24 juillet 2013.
(3) Charlie Hebdo, 24 juillet 2013.
(4) Télérama, 31 juillet 2013.
(5) "Le féminisme est l'avenir de l'homme", Charlie Hebdo hors série, avril-mai 2011.

samedi 20 juillet 2013

Pierre qui roule n'amasse pas réflexion

Va-t-on réduire les vitesses maximales sur les routes françaises? Un récent rapport le préconise. 
La sécurité routière et l'environnement y gagneraient. A 120 km/h sur autoroute, 80 sur routes normales et 30 en ville, les accidents seraient moins nombreux et le CO2 moins abondant. Mais le bon sens des spécialistes n'est pas celui des automobilistes. Oh la!, disent certains d'entre eux, n'allons pas trop vite. A prendre ce type de décisions, veulent-ils dire. "C'est n'importe quoi, il est plus dangereux de rouler lentement que vite", affirme un jeune conducteur (1). On espère qu'il roule mieux qu'il ne réfléchit.  Une réduction d'un seul pour cent des vitesses maximales entraîne une diminution de quatre pour cent du nombre de morts sur les routes, indiquent des études qui constatent aussi qu'un usager dit faible ne peut sortir indemne d'une rencontre avec une voiture si celle-ci roule au-delà de 30 km/h.
Le lobby des gentils automobilistes s'insurge déjà. Le changement, sera-ce maintenant? 

(1) JT de France 3, 18 juillet, 19h30.

Post-scriptum:
Nouvelle preuve du haut niveau de réflexion de l'automobiliste lambda qui n'envisage évidemment pas de diminuer sa vitesse: un lecteur de la Nouvelle République (2) estime que la diminution de la vitesse à 80 km/h sur route et à 120 sur autoroute va augmenter le nombre d'accidents et donc de morts "dûs à l'endormissement". Diable! Voilà donc un automobiliste parfaitement éveillé à 90 ou 130 km/h, mais qui s'endort à 80 ou 120. Un cas clinique intéressant.
Autre argument pour refuser de lever le pied: il polluerait plus en roulant moins vite. Un argument qui ne tient pas... la route. Voilà un an, traversant la Wallonie d'est en ouest (soit pas loin de 200 km), je l'ai fait par le chemin des écoliers: des nationales et des petites routes de campagne, limitées à 50, 70 ou 90 km/h. Résultat: une consommation moyenne de 3,2 litres/100 km.

(2) 30 juillet 2013.

jeudi 18 juillet 2013

Aveugle admiration

En vacances, l'homme a besoin de rêve, d'évasion. Il doit fuir son quotidien si triste, où il est dirigé par des tricheurs. Partout, en France, en Espagne, en Grèce, en Slovénie et dans tant d'autres pays, les scandales politiques se multiplient. On ne compte plus les élus qui contournent le fisc et la loi. L'homme n'a que mépris pour eux.
Il se tourne donc vers le Tour de France. Le maillot jaune est insolent de puissance. Il suscite l'admiration, même si on ne peut s'empêcher de le suspecter de dopage. Mais qu'importe pour l'homme. Ils le font tous et on n'y pourra jamais rien, dit un fana du Tour. Ce qui compte, c'est le spectacle, estime un autre (1). Il est vrai qu'ils ont du mérite. Qui d'autre que les coureurs du Tour pourrait supporter de traverser une haie de Superman, de Batman et autres Supportmen qui hurlent à leurs côtés et leur agitent des drapeaux devant le guidon, comme devant de vulgaires taureaux?
Les supporters peuvent aboyer, la caravane passe.

(1) entendu au Journal de France Inter ce 18 juillet, 8h.

jeudi 4 juillet 2013

A Monsieur Albert

Cher Monsieur De Tweede,
je comprends parfaitement votre décision de passer la main à près de quatre-vingts ans. Personnellement, un peu plus jeune que vous, j'ai décidé de faire de même. Il faut lutter contre le chômage des jeunes, que diable! Je n'ai qu'un regret: c'est que vous cédiez votre place à votre fils. Ne craignez-vous pas que cela soit vu comme du népotisme?
Si vous m'aviez consulté, je vous aurais conseillé de nommer à votre place le marquis de Motte. C'est un homme dans la fleur de l'âge, plein d'expérience. On le nomme déjà, dans sa baronnie, Wapiléon Ier. Devenant roi, il aurait donné du travail à un ministre-président de la Région wallonne, à un ministre-président de la Communauté française, à un vrai bourgmestre de Tournai et à quelques autres personnes qui se se seraient soucié de l'Eurométropole et de la Wallonie dite picar(d)esque.
Vous n'avez jamais été élu, Monsieur De Tweede. Vous avez bien raison, vous n'avez de compte à rendre à personne. Les électeurs sont versatiles. Voyez ce qui arrive dans le même temps à Monsieur Morsi, chef de l'Etat égyptien. Il a été élu voilà un an et aujourd'hui l'armée le "dépose" comme un vulgaire dictateur parce que le peuple, dont le changement d'humeur est une des caractéristiques, n'en veut plus. 
L'Histoire est aussi étrange que les peuples, Monsieur De Tweede, même si parfois elle hoquète comme ces moteurs que vous affectionnez.
Votre gentil fils vous remplacera aussi utilement que vous avez gentiment remplacé votre gentil frère à la tête de ce gentil pays.
Les journalistes affirment que vous allez devenir un citoyen comme les autres. Je vous souhaite la bienvenue dans la normalité, Monsieur de Tweede. Si vous avez besoin de conseils pour remplir votre déclaration fiscale, pour prendre le bus ou pour monter une tente, je suis à votre disposition.


dimanche 30 juin 2013

Domheid zonder grens

Sur le territoire de la commune de Denderleuw, toute communication dans les commerces, les clubs sportifs, les associations culturelles devra se faire en néerlandais. En terre flamande, on parle néerlandais et rien d'autre. Ainsi l'exige le "manifeste flamand" adopté par la commune (1). Les enseignes de magasins qui ne seraient pas uniquement en néerlandais seront considérées comme "inadaptées". 
On pense à ces campings en Wallonie et en France tenus par des néerlandophones et fréquentés en très grande majorité par des Flamands et des Néerlandais. Imagine-t-on un seul instant d'y imposer le seul usage du français?

La Wallonie, elle, entend mieux exister aux yeux du monde. Pour ce faire, elle s'est acheté un nouveau "branding". La Wallonie aime l'anglais. D'ailleurs, elle s'est aussi offert une nouvelle "tagline". Cinq points forment un w et renvoient aux cinq continents et à wallonia.be. Le slogan: "feel inspired". Premiers coûts de l'opération: 477.000 euros pour l'étude et 60.000 euros pour le visuel (2). Restent à les décliner. Si c'est possible. Un point noir vient en effet de s'ajouter aux cinq premiers. Les concepteurs du branding ont été trop peu inspired: l'adresse wallonia.be appartient à un retraité flamand (3). Avec un peu de chance, il acceptera de le revendre si le site wallonia.be est publié exclusivement en néerlandais.


(1) JT RTBF, 28 juin, 19h30.
(2) LLB, 28 juin 2013.
(3) LLB, 29 juin 2013.

lundi 24 juin 2013

De bonnes idées

Aujourd'hui, "en raison d'une action syndicale, le Journal (de la Première) est retardé de quelques instants". Voilà une excellente idée qui devrait être adaptée ailleurs.
A la SNCB, par exemple. Nombre de voyageurs se plaignent que les trains ne roulent pas en cas de grève. Ils se sentent pris en otages. Si les trains partent avec quelques instants de retard, c'est que les cheminots sont en grève. S'ils partent avec quelques minutes de retard, c'est qu'ils ne le sont pas.
Quant à moi, par solidarité avec l'action syndicale, j'ai attendu quelques instant avant de publier ce billet.

A Dilbeek, un échevin NVA a baissé son pantalon en remettant un prix à un club francophone de pétanque. "Un club de sports francophone, j'en perds mon pantalon", a-t-il déclaré avant de se déculotter devant l'assemblée (1). C'est "mijn stijl van humor", s'est-il justifié en s'excusant (2).
Voilà une bonne manière d'identifier les interlocuteurs de l'échevin. On l'imagine lors du drink qui a suivi. S'il est habillé, c'est qu'il parle à un Flamand; s'il ne l'est pas, c'est qu'il s'adresse à un francophone. C'est juste une question de code. De dress code. De l'expression corporelle en fait.

(1) www.lesoir.be/268127/article/actualite/belgique/politiclub/2013-06-24/dilbeek-un-echevin-n-va-se-deculotte-en-public
(2) www.standaard.be/cnt/DMF20130624_00634059

mercredi 19 juin 2013

Bons baisers de Versailles

Il ne faudrait surtout pas croire qu'ils sont homophobes. Quelle idée! Non, il y a simplement des limites à la décence. Il y a simplement outrage à la morale. Des habitants de Versailles et de Saint-Cloud ont exigé et obtenu de leur municipalité le retrait de l'affiche du film "L'Inconnu du lac" d'Alain Giraudie. Comment un dessin aussi choquant peut-il être affiché dans les rues de leurs villes si propres? 
Le ridicule et la bêtises n'ont décidément pas de limite. Ces citoyens si dignes s'opposent-ils aux affiches de Marine Le Pen? 
Dans Télérama (1), Frédéric Strauss rappelle que le parti islamo-conservateur au pouvoir en Turquie veut empêcher les gens de s'embrasser dans les rues. D'Ankara à Versailles, la morale a bon dos et le ciel se couvre. "Un obscurantisme menace à l'horizon, écrit-il: le ciel noir de toutes les intolérances, de tous les intégrismes qui planent sur ce baiser."
Soyons clair: on n'est pas versaillophobe, c'est juste qu'on pense qu'il y a outrage à l'intelligence.

(1) 19 juin 2013.

samedi 15 juin 2013

Confusions

Mieux vaut ne ressembler qu'à soi-même. Ou alors à un inconnu. Mais pas à une célébrité. Les choses peuvent mal tourner, surtout si on rencontre quelqu'un qui ressemble à une autre célébrité.
Dans les Vosges, un sosie de Serge Gainsbourg a agressé un sosie de Johnny Hallyday. Ils se croisaient régulièrement dans des concours de sosies. Celui qui se prenait pour Johnny avait l'habitude de chambrer celui se prenait pour Gainsbourg. Peut-être le traitait-il d'homme à tête de chou. Quoi, ma gueule, qu'est-ce qu'elle a ma gueule?, a dû  demander Gainsbarre en plantant son couteau dans le corps de l'autre. Peut-être chantait-il  "je serai content quand tu seras mort, vieille canaille". L'histoire ne finit pas trop mal. Le faux Johnny est toujours vivant, il a retrouvé hier au tribunal le faux Gainsbourg (1). Le vrai Johnny fête aujourd'hui ses 70 ans, comme si de rien n'était.

Aaaaaaaaaaaaaaaaaah! Faut pas dire du mal de Johnny!
Loïc Lantoine

(1) Journal de 13h, France Inter, 14 juin 2013.