dimanche 18 août 2019

Soutenir Daniel Cueff

La planète se meurt. Les scientifiques hurlent à sa mort. Mais, on l'a trop dit ici, l'immense majorité des élus restent de marbre.
Il en est un, parmi quelques autres, qui prend ses responsabilités, mais se fait aussitôt taper sur les doigts par ses autorités. Daniel Cueff est maire de Langouët en Bretagne. En 1999 déjà, il avait interdit l'usage des pesticides sur la voie publique. Depuis, il a décidé que la cantine de l'école du village ne servirait que des produits bio. Aujourd'hui, il interdit l'épandage de pesticides à moins de 150 mètres des habitations. "Cet arrêté, dit-il, ce n'était pas possible de ne pas le prendre, dans la mesure où l'Etat retarde sans cesse l'interdiction des pesticides de synthèse". Des analyses ont constaté dans l'urine des Langoëtiens des taux de glyphosate de quatre à trente fois supérieurs aux normes admises dans l'eau de distribution.
Mais ces arguments ne comptent pas pour la préfète d'Ille-et-Vilaine qui a cassé l'arrêté municipal. L'opiniâtreté du maire l'amène devant le tribunal administratif de Rennes où il est convoqué jeudi prochain, 22 août. Il est possible de lui témoigner sa solidarité sur le site de "Agir pour l'environnement" (1).

Les pesticides nous submergent. Ils sont partout. Dans l'air, dans l'eau, dans nos organismes. 
Un rapport de l'agence de l'eau Loire - Bretagne de 2018 révèle qu'on a trouvé, dans les eaux du bassin versant de la Goulaine (un affluent de la Loire, non loin de Nantes),  deux cent cinq pesticides différents (oui, 205). Trente-neuf d'entre eux atteignent individuellement le niveau à partir duquel une eau ne peut être utilisée pour être potabilisée. La norme maximale est de 2 microgrammes par litre pour un pesticide et de 5 si on additionne tous les pesticides concentrés dans l'eau. Certains pesticides atteignent les 32 microgrammes par litre. L'un d'entre eux, la carbendazime, est interdit en Europe depuis quasiment dix ans. Les risques pour la santé humaine de tous ces pesticides sont dénoncés par le même rapport: l'un est "susceptible de provoquer le cancer", un autre de "nuire au fœtus", un troisième présente "un risque d'effets graves pour les organes à la suite d'expositions répétées ou d'une exposition prolongée".
La majorité de ces pesticides viennent de la viticulture intensive et du maraîchage, en particulier de la culture du muguet et de la mâche, grandes spécialités de Loire-Atlantique. La main d'œuvre est de plus en plus recrutée à l'étranger, en Roumanie notamment. Le maraîchage intensif exporte les effets de ses pesticides.
Et les riverains de l'agriculture chimique prendront, eux aussi, leur part de pollution, parce que l'économie, même dans ses pires folies, a toujours raison.

(Re)lire sur ce blog:
"Le cynisme a un nom", 22.7.2019;
"Histoires romantiques", 13.6.2019;
"Nouveau coup de David à Goliath", 12.4.2019;

(2) Fabrice Nicolino, "Au beau pays de la mâche et du muguet", Charlie Hebdo, 17.7.2019.

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