mardi 13 août 2019

Culot du bulldozer

Les populistes ont décidément tous les culots. Matteo Salvini, Ministre italien de l'Intérieur, a déposé une motion de censure contre le gouvernement dont il est dans les faits le numéro uno. On n'entend et ne voit que lui. Vu de l'extérieur, le gouvernement italien se résume à lui. 
Une motion de défiance vise à faire tomber un gouvernement, parce qu'on le juge mauvais. Quel message envoie donc aux électeurs l'une des plus grandes gueules de la politique européenne? Que ce gouvernement, mis en place il y a moins de quinze mois, et dont il est le fer de lance est tellement catastrophique qu'il vaut mieux organiser de nouvelles élections? 
En fait, l'homme qui pense comme un bulldozer sait que les sondages sont en ce moment très favorables à son parti d'extrême droite, la Liga. Il veut donc un retour aux urnes, invoquant le principe démocratique. Qui refuserait d'aller voter?, tempête-t-il. Qui peut s'opposer à ce grand moment de la démocratie que constituent les élections? 
Que serait une démocratie où les gouvernements tomberaient les uns après les autres parce que chacun de ses constituants, tour à tour, penserait pouvoir en être le plus fort? Salvini affiche en fait tout le mépris qu'il a pour le système électoral et pour les citoyens
En attendant, il fait ce qu'il fait de mieux: jouer les bouffons. Il s'exhibe en maillot sur les plages, se fait photographier par le bon peuple qui l'aime tant et sort son chapelet pour tenter de séduire les catholiques. Du moins, ceux qui n'aiment pas les autres. Parce que ceux qui écoutent le pape ont entendu celui-ci, en juin dernier, dénoncer "des discours qui ressemblent à ceux d'Hitler en 1934" et "des pensées qui font peur". Il n'a pas cité Salvini et la Liga, mais tout le monde les a reconnus.
Aujourd'hui, une majorité de sénateurs a rejeté la motion de censure de Salvini. Toute décision sur l'avenir du gouvernement est reportée d'une semaine au moins. Le bulldozer, convaincu que rien ni personne n'est capable de lui résister, a été freiné dans son élan. La démocratie italienne n'est pas encore sous sa botte.


1 commentaire:

gabrielle a dit…

"Le fascisme, c'est le mépris. Inversement, toute forme de mépris, si elle intervient en politique, prépare ou instaure le fascisme."
(A. Camus, in L'Homme révolté)