vendredi 19 mai 2023

Des électeurs hors-sol

Quel sens y a-t-il à voter pour des élections qui ont lieu dans un pays dans lequel on ne vit pas ? 
Selon toute vraisemblance, le sultan Erdogan sera réélu président pour un nouveau mandat dans une dizaine de jours. Et il le sera notamment grâce aux voix des Turcs vivant à l'étranger. Ils sont 2,7 millions en Allemagne, 700.000 en France. Dans leur immense majorité, ils votent pour lui. En 2018, 75% des Turcs de Belgique l'avaient choisi. Mais ils n'ont pas, eux, à supporter les conséquences de l'inflation et du séisme de février qu'est incapable de gérer Erdogan le tout-puissant. Vivant dans des pays démocratiques, ils ne connaissent pas la suppression de la liberté de la presse, ils ne sont pas en danger comme le sont les opposants par principe considérés comme des soutiens du terrorisme. Ils ne subissent pas le poids de l'islamisme sur lequel s'appuie le régime de l'autocrate qu'ils participent à imposer à leurs compatriotes restés au pays.
On ne devrait pouvoir voter que dans le pays où l'on réside. Sinon, on exprime un vote qui n'a aucune incidence sur notre vie. Et qui n'a donc pas de sens. 


1 commentaire:

Bernard De Backer a dit…

Hé oui, Michel. C'est un phénomène que nous avons connu (et connaissons encore), mais de manière plus indirecte car c'est par parti et élections nationales interposés. Comme je l'écrivais quelque part : "Les milieux intellectuels, qu’elle fréquentait avec Albert Dutemps, étaient tous de gauche et se méfiaient des "racontars de la presse bourgeoise", même si bien peu d’entre eux auraient échangé leur vie confortable contre celle du Paradis soviétique. Ils bénéficiaient des deux mondes : critiques envers celui dans lequel ils vivaient et qui leur procurait d’innombrables avantages, dont celui de lui être critique, et louangeurs pour une utopie qu’ils préféraient admirer à distance."