mardi 10 octobre 2023

Ecœurement

L'inhumanité avance. On la pensait à son maximum ces dernières semaines, mais elle vient de démontrer qu'elle est toujours capable de se surpasser. La guerre d'Ukraine menée avec un cynisme total par le tueur en série Poutine, la guerre oubliée du Yemen, le génocide qui se prépare au Soudan, les infâmes régimes théocratiques d'Iran et d'Afghanistan, le refoulement des migrants en Méditerranée, le Sahel aux mains des djihadistes, les murs dressés un peu partout, le réchauffement climatique et la destruction de la biodiversité, tout cela (et le reste, on en passe, on en oublie) ne suffisait pas encore à nous faire désespérer de l'humanité.

Les barbares du Hamas ont monté la barre un peu plus haut, massacrant sans distinction militaires, hommes, femmes, enfants, vieillards qui ont le seul tort d'être israéliens, d'être juifs surtout. Un crime impardonnable. Même des travailleurs étrangers, chinois, thaïlandais, népalais, n'ont pas échappé aux tirs des semeurs de terreur. On ne fraie pas avec des juifs. Les otages se comptent par dizaines, battus, insultés, exhibés, sans égard aucun pour l'humanité.
La prétention de l'armée et des services secrets israéliens, convaincus d'être invincibles, en ont pris un sacré coup. L'attaque et surtout sa réussite sont surprenantes. Mais cette agression était pourtant prévisible, estime l'historien et ancien ambassadeur Elie Barnavi (1) : "Car ce que nous venons de subir n’est pas un décret du ciel. C’est la résultante d’une conjonction de deux facteurs : une organisation islamiste fanatique dont l’objectif déclaré est la destruction d’Israël ; et une politique israélienne imbécile à laquelle se sont accrochés les gouvernements successifs et que le dernier a portée à l’incandescence. Au fil des ans, un rapport de force s’est installé entre Israël et le Hamas, où ce dernier a fini par s’assurer une sorte de droit d’initiative. C’est lui qui décidait de la hauteur des flammes, en fonction de l’évolution de ses intérêts. Ainsi, que le Qatar, son financier, ne se montre pas assez généreux à son gré, ou assez rapide, il lui suffisait d’une salve de roquettes pour entraîner Israël dans une spirale d’où les habitants sortaient meurtris. Mais lui obtenait ce qu’il voulait au prix d’un cessez-le-feu nécessairement éphémère."
Le premier ministre israélien Nétanyahou, dont les jours politiques sont à présents comptés, a divisé la société israélienne comme jamais, juste pour se sauver judiciairement. Et il s'est associé avec le diable : "il a composé sa coalition d’ultraorthodoxes et de nationaux-religieux messianiques – la version juive du Hamas –, dont l’Etat de droit est le dernier souci, et avec lesquels il a conclu un pacte faustien : à lui la tête des juges de la Cour suprême, à eux la « Judée-Samarie » biblique et le libre accès au mont du Temple, de plus en plus investi par les zélotes".

Il aurait fallu un peu d'imagination et surtout de courage au gouvernement israélien pour éviter l'impasse de la violence dans laquelle vient de s'engager toute une région : "la réhabilitation politique de l’Autorité palestinienne couplée à celle, économique, de la bande de Gaza. Cela supposait toutefois la résurrection du « processus de paix », alors que le découplage des deux tronçons du territoire palestinien était précisément censé éviter cela. Le Hamas, finalement, était bien utile." Mais le gouvernement avait autre chose de plus important à faire que veiller sur sa population : au moment de l'attaque meurtrière, un bataillon entier était affecté à la protection d'ultraorthodoxes qui priaient dans une rue d'une ville au sud de Naplouse. Voilà où mènent ces prières provocatrices : en enfer.

L'enfer, c'est maintenant ce que vivent les habitants de la bande de Gaza, entraînés malgré eux dans la spirale de la violence enclenchée par ceux qui sont censés les défendre mais n'ont aucune considération pour la vie humaine. La haine ne mène qu'à la mort et ils glorifient l'une et l'autre.

Au-delà des lourdes responsabilités du gouvernement israélien incapable de voir venir cette attaque barbare, il y a des accointances auxquelles il est urgent de mettre un terme. Si l'Iran est depuis longtemps au ban des pays démocratiques, ce n'est pas le cas du Qatar. Au contraire. Ses liens économiques et politiques avec la France notamment sont nombreux. Or, le Qatar a toujours soutenu activement les Frères musulmans qui sont à l'origine du mouvement terroriste qu'est le Hamas, et est une des principales sources financières du terrorisme islamique. 

(1) https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/10/08/elie-barnavi-l-attaque-du-hamas-resulte-de-la-conjonction-d-une-organisation-islamiste-fanatique-et-d-une-politique-israelienne-imbecile_6193197_3232.html




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