dimanche 24 décembre 2023

Aux hommes de bonne volonté...

Lire ou relire Apeirogon de Colum McCann (1) permet d'apercevoir un peu de lumière dans le drame qui se joue entre Israéliens et Palestiniens. 
Rami Elhanan est israélien, Bassam Aramin palestinien. Tous deux ne sont pas des personnages de fiction. On pouvait, il y a quelques jours encore, les voir et entendre témoigner dans un reportage télévisé. Tous deux ont perdu, il y a de nombreuses années, une fille. L'une avait dix ans, l'autre treize. Elles ont été tuées par le conflit fratricide qui oppose leurs deux communautés. 
Les deux hommes avaient tout pour se haïr. Ils sont devenus amis. « Nous ne parlons pas de la paix, nous la faisons », affirment-ils lors de rencontres dans des salles de classe.
C'est un livre exceptionnel (à tous points de vue, dans sa forme comme dans ses dimensions multiples) qui raconte une histoire qui ne devrait pas l'être. Un récit qui nous laisse imaginer, dans le chaos actuel où le désespoir domine et où chacun est sommé de choisir son camp contre l'autre, que la paix est possible si on est capable de se parler, de se comprendre, d'échanger, d'imaginer un futur lavé de la peur et de la haine.
Ne laissez pas le rameau d'olivier tomber de ma main.

(1) éd. Belfond, 2020.


3 commentaires:

Anne-Marie Decoster a dit…

J'ai adoré ce livre et l'ai offert à Jack et Melissa hier! Ils semble que ces deux pères prêchent dans le désert...

Michel GUILBERT a dit…

Hélas, oui, chère Anne-Marie.
Même s'ils ne sont pas seuls. En Israël, le media 972 (indicatif téléphonique du pays)tente de faire entendre une voix multiple. C'est la seule rédaction israélo-palestinienne du pays. "Ici, on pratique un journalisme de réconciliation car on a fait l'expérience intime du cycle infini de la violence", écrit Télérama (29.11.2023). Un peu partout, cette violence a brisé des liens, des amitiés, renvoyé chacun à son camp, à sa religion, à son identité. "Mais pas à la rédaction, où le fil du dialogue et de la compréhension mutuelle n'a jamais lâché."
"Le média campe sur sa position : celle d'un Etat binational condamné à la coexistence. Jusqu'au mois dernier, c'était une utopie fragile. Désormais, c'est un espoir dangereux."
"C'est une période difficile pour les phrases complexes", dit Oren Ziv, un reporter de 972.

Anne-Marie Decoster a dit…

"Un état binational condamné à la coexistence", comme si la coexistence était une punition... Cela ne présage rien de bon.