lundi 17 juin 2024

Une affaire de démocratie

Le film "Une affaire de principe" (d'Antoine Raimbault - sorti récemment) relate, sous forme d'un (excellent) thriller politique, l'enquête que José Bové, alors député européen écologiste, a mené avec ses assistants pour défendre un de ses adversaires politiques injustement accusé de corruption et poussé à la démission. Les personnages et les faits sont réels, les dialogues écrits à partir du livre que Bové a rédigé sur cette affaire.
En 2012, le commissaire européen à la Santé, le Maltais John Dalli, s'apprêtait à faire voter une directive qui avait pour objectif de lutter contre le tabagisme notamment en obligeant les producteurs de cigarettes à gommer leurs marques sur les paquets et à y afficher des messages de prévention. A la surprise générale, Dalli est contraint de démissionner, suite à des soupçons de corruption et de trafic d’influence liés à l’industrie du tabac. José Bové et son équipe feront apparaître les éléments troubles de cette affaire, révélant le sale rôle qu'ont joué le directeur de l'Olaf (l'Office de lutte anti-fraude) et José Manuel Barroso, alors président de la Commission européenne, entrant dans le jeu d'un acteur du secteur du tabac qui a tenté de faire échouer une directive qui sera finalement votée. 
Il y a donc des députés européens qui jouent pleinement leur rôle, José Bové volant même au secours d'un opposant parce qu'il pense que celui-ci est victime d’une injustice. Une question de démocratie, dit-il.

Ils sont nombreux, au Parlement européen, à se battre pour leurs valeurs, à lutter contre les lobbies dont la puissance est établie. Mais le travail parlementaire ne rapporte pas électoralement. Et on a vu, dimanche dernier, triompher ces élus RN qui, on le sait, travaillent peu et soutiennent de grands groupes économiques. Ils parviennent à apparaître comme des anti-système, eux qui profitent tant qu'ils peuvent de ce système qu'ils soutiennent ardemment. Ils défendent l'agriculture conventionnelle, notamment les pesticides et se sont opposés au Pacte vert, rejetant systématiquement les textes qui tentent de sauver le climat et d'améliorer la biodiversité. Ils ont voté à répétition pour défendre les intérêts de grandes multinationales : les super-profits de Total, les emballages jetables de McDo, les voitures de luxe… Leurs électeurs qui disent vouloir le changement sont les dindons de cette mauvaise farce. Le système, les élus du N-RN le font que le conforter.

On sort de la projection de "Une affaire de principe" admiratif du travail acharné mené par José Bové, Bart Staes (eurodéputé écologiste belge) et leurs assistants (1). Et on pense aux votes désespérants du 9 juin. Qu'attendent les électeurs de leurs élus ? Qu'ils travaillent ou qu'ils fassent du bruit ? Qu'ils affrontent les problèmes ou qu'ils leur disent que tout ira mieux demain ? La démocratie est un chantier perpétuel. 

(1) et admiratif aussi du jeu de Bouli Lanners (qui incarne José Bové), de Thomas VDB et de Céleste Brunnquell. 

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