Nous voilà triplement atterrés. Par le résultat à l'élection européenne d'hier en France de l'extrême droite et de la droite extrême qui totalisent ensemble 40,21% (1), par la décision insensée du président Macron de dissoudre l'Assemblée nationale et par l'effondrement, dans de nombreux pays européens, des partis qui portent le combat écologique.
Ce pays conservateur qu'est la France croit-il vraiment à la dédiabolisation du FN devenu RN ? Les visages et les discours se sont lissés et les promesses de jours heureux se sont additionnées sans qu'on sache comment le monde tournerait mieux avec cette extrême droite nationaliste et xénophobe, qui regarde l'avenir dans un rétroviseur. Les programmes sont pauvres et les arguments faibles, mais "on a besoin de changement", disent les électeurs du RN qui choisissent donc le parti qui ne changera rien. Avec le RN au pouvoir, l'environnement, les droits de l'homme, les valeurs d'accueil, d'ouverture, de fraternité, la solidarité avec l'Ukraine valseraient à la poubelle. Et son programme économique, de l'avis de tous les experts, n'a aucune crédibilité. En attendant, le FN-RN fait la course en tête. Et de loin. Le parti de la famille Le Pen, des fainéants (ses élus européens travaillent très peu), des philistins et des incompétents triomphe, avec l'aide de certains médias fascinés par Jordan Bardella, le jeune loup aux dents longues et aux idées courtes.
Le diable est à la porte et le président la lui ouvre. Emmanuel Macron obéit à Bardella qui l'avait appelé à dissoudre l'Assemblée nationale au vu de son score. Macron, "kamikaze de la dissolution" (2), tente un "pari fou", "un coup de poker", pour se redonner une majorité (un peu) plus claire, au risque d'offrir le gouvernement au parti d'extrême droite. Une explication circule : Macron essaierait de démontrer, en l'amenant au pouvoir, l'incompétence, notoire mais non démontrée, du FN-RN. Et les électeurs rejetteraient ainsi la fille à papa Le Pen en 2027. "On n'a pas encore essayé l'extrême droite", disent nombre d'électeurs. Les Hongrois l'essaient depuis quatorze ans. Orban est premier ministre de Hongrie depuis 2010. On ne se débarrasse pas facilement de l'extrême droite. Une extrême droite que le dérèglement climatique laisse indifférent. Elle préfère, courageusement, fermer les yeux. Ce qu'apprécient ses électeurs que le simple prononcé du mot écologie hérisse.
L'écologie, et donc l'avenir de l'humanité, est la grande perdante (même s'il y a d'heureux îlots de résistance et même de victoire - tel le Danemark) du scrutin européen. Quand elle n'est pas criminalisée (3), elle est traitée de punitive. Alors que ce sont nos modes de production et de consommation qui sont punitifs. En témoignent la hausse constante des températures, les sécheresses et les incendies qui y sont liés, la hausse du niveau des mers, l'augmentation du nombre de tempêtes, des précipitations et des inondations, avec leur lot de drames. Mais les électeurs préfèrent s'en lamenter sans devoir s'en soucier.
(2) https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-politique/l-edito-politique-du-lundi-10-juin-2024-4247613
(3) https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/06/09/une-des-raisons-du-declin-de-l-ecologie-politique-est-a-l-evidence-la-criminalisation-du-mouvement-environnementaliste_6238110_3232.html
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