vendredi 14 juin 2024

Populaire ?

La gauche peut s'aveugler, se raconter des histoires, elle n'est pas populaire. C'est l'extrême droite qui l'est. Une frange d'extrême gauche s'est même rendue très impopulaire, à force de hurler, de menacer et de faire du bruit et de la fureur un mode d'expression. 
Suffira-t-il de se dire populaire pour le redevenir ? Rien n'est moins sûr. Nombreux sont les électeurs de gauche à n'avoir aucune envie de voter , dans le cadre du Nouveau front populaire qui vient de se former, pour un candidat de cette France qui se dit insoumise (à quoi ? à la dignité ? au respect ? à la nuance ? à la raison ? à l'universalisme ?), tant on ne peut s'empêcher de penser que quantité de ses élues et élus ont participé, par leurs excès de langage et de positionnement, à faire apparaître comme respectable le FN-RN. Mélenchon serait bien inspiré de prendre une retraite définitive (n'est-il pas pour la retraite à soixante ans ?). La vie politique française s'en trouverait déjà un peu apaisée. Mais son ego ne l'envisage sans doute pas une seconde, pas plus que ses disciples qui se sentiraient abandonnés par leur gourou agressif.

Ceci dit, la crise inquiétante que traverse aujourd'hui la France est d'abord le fait de son président. Ce matin, sur France Inter (1), Raphaël Glucksmann dénonçait la "faute immense" d'Emmanuel Macron. "J'ai une boule dans le ventre, une colère", dit-il, reprochant au président de la république de jouer avec les institutions comme on joue au poker. "Nous sommes dans une situation de bascule dans l'histoire de notre démocratie." Et Glucksmann de pointer du doigt Macron : "C'est lui le chaos. Sa responsabilité est immense". Pour le député européen, aujourd'hui, la seule chose qui compte, c'est que le RN ne gagne pas. Et la seule manière d'y arriver, c'est un rassemblement à gauche.
Il constate que dans le programme du Nouveau front populaire figurent ses incontournables : soutien sans faille à l'Ukraine, soutien à la construction européenne, reconnaissance comme terroristes des attaques du Hamas du 7 octobre en Israël, lutte contre l'antisémitisme, arrêt de la brutalisation de la vie politique.

Raphaël Glucksmann a fait l'objet d'attaques immondes durant cette campagne, venant parfois du camp LFI. "Je n'ai aucun oubli, dit-il, mais il faut regarder l'Histoire, prendre conscience de ses responsabilités. Il dit comprendre que nombre de ses électeurs puissent se sentir trahis par cet accord conclu notamment avec ceux qui l'ont traîné dans la boue, mais il faut une unité d'action contre le RN. "On ne peut pas laisser la France à la famille Le Pen !" Imaginez, dit-il, 300 députés RN, imaginez Mariani, l'ami de la Russie de Poutine, ministre des Affaires étrangères, Maréchal ministre de la Culture, Ciotti à l'Intérieur. 
Si la gauche devait gagner, qui serait premier ministre ? Une personnalité qui fasse consensus. Et donc pas Mélenchon. De toute façon, ce n'est plus LFI qui est à la manœuvre, le rapport de forces s'est inversé. Mais pour l'heure, l'objectif est de tout faire pour empêcher le RN d'arriver au pouvoir. Et le second tour sera le rendez-vous des démocrates : si cela s'avère nécessaire, il faudra soutenir tout opposant à l'extrême droite, de gauche ou non. C'est la démocratie qui est en jeu.
Imaginer une seule seconde Marion Maréchal - Le Pen ministre de la Culture ôte toute hésitation.

(1) https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20/l-invite-de-8h20-du-we-du-vendredi-14-juin-2024-2593243

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