dimanche 17 novembre 2024

Jusqu'auboutistes

C'est une guerre à laquelle on ne voit pas d'issue. Un peu moins encore depuis le 5 novembre dernier, quand Benjamin Nétanyahou a limogé son ministre de la Défense. Qui peut encore freiner le premier ministre israélien dans cette guerre qui oppose son pays aux islamistes du Hamas, du Hezbollah et d'Iran ?
Yoav Gallant explique avoir été limogé à cause de son opposition à l'exemption du service militaire pour une partie des ultraorthodoxes, à cause de ses positions en faveur d'un accord pour le retour des otages et sur la fin des combats contre le Hezbollah et à cause de sa volonté de voir créer une commission d'enquête sur le 7 octobre.
Gallant était le représentant de l'opposition au sein du gouvernement et du cabinet de sécurité nationale. Ce limogeage est "irresponsable, clivant et dangereux pour Israël", estime le directeur de la rédaction du Times of Israël. Un de ses confrères journalistes considère que Nétanyahou "a placé sa survie politique au-dessus des intérêts fondamentaux de l'Etat". Certains analystes craignent une purge à grande échelle qui lui permettra de perpétuer et étendre son contrôle sur le pays. D'autres responsables sécuritaires et judiciaires seraient désormais dans la ligne de mire du premier ministre qui est "engagé dans une fuite constante de ses responsabilités pour la calamité du 7 octobre" et dans une "marche effrénée vers le pouvoir absolu", écrit le journal de droite Israël Hayom. 
Nétanyahou se sentirait plus légitime encore dans cette marche depuis l'élection de Trump. "Nétanyahou et Trump ont en commun l'isolationnisme ultranationaliste et le mépris des règles, des lois et des institutions, estime le quotidien de gauche Ha'Aretz. A leurs yeux, les contrepouvoirs ne les concernent pas, ils doivent pouvoir gouverner sans entraves." (1)
Comment le futur président américain agira-t-il, lui qui se targue de pouvoir régler des guerres en un claquement de doigt ? On connaît sa fascination pour les hommes forts.  "Donald Trump a dit à de multiples reprises vouloir avant toute chose « la paix » au Moyen-Orient, écrit Le Monde (2). Mais le républicain entend par là une paix des forts, avec Israël au centre du jeu, et le droit international relégué aux oubliettes." Trump n'a que mépris pour ceux qui poussent Israël à un cessez-le-feu à Gaza et au Liban. "Déjà, la perspective de son arrivée au pouvoir constitue une victoire sur d’autres fronts, à commencer par la promesse d’une accélération de la colonisation en Cisjordanie. "(...) "L’idée de recoloniser Gaza pourrait même trouver grâce aux yeux de Donald Trump. Il a évoqué, lors d’un discours prononcé le jour de la commémoration du 7-Octobre, le fait qu’après sa reconstruction l’enclave « pourrait être encore mieux que Monaco ». Comprendre : projets immobiliers mirobolants, yachts, front de mer. Certainement pas : reconstitution d’une ville palestinienne. Un langage plus qu’apprécié en Israël." Une véritable paix, durable, n'est pas pour demain ni à Gaza, ni en Cisjordanie, ni en Israël. Pas plus qu'en Ukraine.
La paix n'est pas une histoire d'hommes forts.

(1) "Nétanyahou, seul maître à bord", Le Courrier international, 14.11.2024.
(2) https://www.lemonde.fr/international/article/2024/11/08/israel-la-victoire-de-donald-trump-une-promesse-de-carte-blanche-pour-benyamin-netanyahou_6383214_3210.html

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