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mercredi 17 juillet 2019

Je rugis

Je n'ai jamais eu aucune sympathie pour François de Rugy. Quand je dis jamais, ça ne veut pas dire depuis longtemps. Je n'avais jamais entendu parler de lui avant qu'il ne soit, suite à l'élection de Macron,  désigné président de l'Assemblée nationale, avant d'être nommé ministre de la Transition écologique. Les gens qui changent de camp (il a quitté les Verts pour rejoindre La République en Marche) m'apparaissent comme des opportunistes, que je soupçonne de poursuivre des ambitions bien plus personnelles que collectives. Je suis loin d'être le seul à le voir comme un mollasson de l'écologie qui a(vait) bien compris où était son avenir, mais ne changera le système qu'à la marge.
Pour autant, je ne peux participer à la chasse aux sorcières dont il est aujourd'hui victime.

Nous n'avons publié que des faits objectifs, déclarait ce mercredi matin sur France Inter un journaliste  de Mediapart. Sans doute. Mais chacun est porteur de mille, cinq mille ou cinq cents mille faits objectifs. Et on nous cite ici quelques "faits objectifs" parmi tant d'autres. La succession de leur révélation démontre une volonté d'acharnement. D'autant qu'ils ne sont pas analysés. On nous dit que, président de l'Assemblée, il organisait de fastueux dîners avec "ses potes". Et on lit le témoignage d'un journaliste qui en était et se souvient qu'il n'y connaissait personne et s'y est ennuyé. Un autre témoin a trouvé cette rencontre "intéressante". On reproche aux politiques de ne pas consulter et quand ils le font, on leur reproche de ne pas consulter les bonnes personnes et on déplore les conditions de la rencontre. Chacun va-t-il mettre son nez désormais dans l'agenda et les assiettes de chaque ministre?  Faut-il désormais pour ne pas heurter le peuple que, comme l'écrit Riss dans Charlie Hebdo (1), les ministres ne mangent que du hachis parmentier, arrosé d'une bouteille de Sprite avec un choco BN pour dessert? "Quand les idées manquent, il reste le moralisme, dit-il encore. Dans tous les domaines, qu'il s'agisse de politique ou de mœurs, l'offensive généralisée de la morale ne présage rien de bon. (...) L'exigence de pureté, quand on l'applique à la politique, ne rend pas la démocratie plus juste, mais elle la métamorphose en une sorte d'Inquisition à l'affût du premier bûcher à allumer pour livrer à la colère de la foule le premier pécheur."

Et le peuple dans son ensemble se scandalise. Le peuple n'aime rien tant que se scandaliser et hurler avec les loups.
Effectivement, ces images de repas fastueux sont catastrophiques en termes d'images des gouvernants. Mais veut-on que demain les invités d'un ministre ou d'un élu x ou y soient reçus avec ces œufs brouillés qui plaisaient tant au président Giscard d'Estaing?
Voilà qui me ramène au projet auquel je crois: en finir avec la classe politique. Que les mandats soient extrêmement limités dans le temps, ce qui permettra à beaucoup plus de citoyens d'exercer une fonction politique. Que chacun à son tour puisse devenir ministre, parlementaire, conseiller régional, maire. Et qu'il assume alors son mandat en toute transparence face aux kalashnikovs médiatiques.
Mais que les médias en fassent autant: que les rédacteurs en chef, les chefs d'éditions, les journalistes disent avec qui ils mangent, ce qu'ils mangent et qui a payé l'addition. 

Il y a vingt ans, j'étais élu au Parlement wallon. Je n'y ai effectué qu'un seul mandat. Ainsi en ont décidé les électeurs. J'ai mal vécu alors l'échec cuisant et que je continue à trouver injuste d'Ecolo aux élections régionales de 2004. Mais j'ai surtout mal vécu le "bulletin" que Le Soir  a publié juste avant les élections, distribuant aux parlementaires des points sous forme d'étoiles. Je n'en ai obtenu qu'une seule. Comme un vulgaire parlementaire touriste. J'en ai été profondément et longtemps blessé, moi qui durant cinq ans avais travaillé sur tant de dossiers divers de cinquante à septante-cinq heures par semaine, motivé, convaincu que par ce mandat je pouvais participer à une évolution positive de la société. Le journaliste qui s'était institué juge se basait sur des "faits objectifs": le nombre de questions écrites et orales posées, d'interpellations, de propositions de décret. Et ce exclusivement au Parlement wallon. Alors que tout député wallon siège également au Parlement de la Communauté française. Et que, les deux dernières années de mon mandat, je siègeais également au Sénat comme sénateur de communauté. Nous n'étions d'ailleurs plus que deux sénateurs, Isabelle Durant et moi, en 2003-2004. C'est dire si le travail au Sénat était devenu pour moi proritaire. Mais tout ce travail-là, dans ces autres institutions (tout autant que le travail, non quantifiable, d'auditions, de négociations, de contacts au sein et à l'extérieur du Parlement wallon), était superbement ignoré par le journaliste, si sûr de ses "faits objectifs", de ses calculs d'épiciers.
C'était il y a quinze ans.  Aujourd'hui, je garde une amertume de ce que j'ai considéré comme un "flingage", mais je n'ai plus aucun regret. Pour rien au monde, je ne voudrais à nouveau siéger comme parlementaire. Aujourd'hui plus qu'hier, nous sommes dans le temps des hyènes, des inquisiteurs, des Tartuffe.

Post-scriptum:  ce mercredi soir, selon le Journal de France 3, le parquet financier n'ouvrira aucune enquête au vu des informations actuelles. Donc, en l'état, rien d'illégal ne lui est reproché. Juste une question de morale donc. "N'oubliez jamais, disait Léo Ferré, que ce qu'il y a d'encombrant dans la morale, c'est que c'est toujours la morale des autres."

(1) "Un petit pas pour l'homme, un grand pas pour le homard", Charlie Hebdo, 17.7.2019.

lundi 12 octobre 2015

Représentants du peuple

Malgré la loi, ils cumulent les postes de ministre et de bourgmestre, mais croyez les sur parole: ils n'aiment pas cela. Ils n'en peuvent rien: c'est plus fort qu'eux, ils aiment se rendre utiles partout où on a besoin d'eux et ils aiment tellement leur commune qu'ils ne pourraient la laisser dirigée par un autre.  Et surtout, ils ont une vraie et grande vision stratégique pour leur ville.
Ils sont quelques-uns dans ce cas en Wallonie, Demotte, Magnette, Di Antonio, Prévot, Furlan, de cette génération qui allait renouveler les mœurs politiques et améliorer la gouvernance. En fait de renouvellement, on les a parfois vus revenir en arrière. Ainsi, dans ce qu'il faut désormais appeler la Wallonie picarde, le Parti socialiste a corrigé ses règles internes, n'interdisant plus à ses élus de choisir entre un mandat de parlementaire et celui de membre d'un collège communal dans une ville de plus de cinquante mille habitants. La règle freinait les appétits de certains.
Ceux-ci ont beau être ministres, ils entendent rester bourgmestres, bien que la loi le leur interdise. Ils ont inventé l'appellation de "bourgmestre en titre" pour remplacer celle de "bourgmestre empêché". On les voit partout dans leur ville, empêchés de rien et pêcheurs de voix, ils inaugurent le moindre pot de fleurs, la moindre fête de quartier, reçoivent les personnalités étrangères, interviennent dans les débats publics, ont un avis sur tout, laissant les basses besognes au bourgmestre faisant fonction, qu'ils ont parfois rebaptisé "échevin délégué à la fonction maïorale", histoire de bien faire comprendre qu'il n'y a qu'un seul chef et que la fonction ne se partage pas. Elle ne doit effectivement pas être partagée et tout ministre est formellement prié de s'effacer de la "fonction maïorale" le temps de son mandat. Mais les règles sont-elles vraiment claires?, demandent certains de ces insatiables élus qui affirment qu'on peut être au four et au moulin.
Le chef de groupe socialiste au Parlement wallon, Christophe Collignon, a appelé les ministres à se concentrer exclusivement sur cette fonction (1), mais les ministres-bourgmestres se défendent: la population locale, leur population, les a élus, ils ne peuvent décevoir leurs chers électeurs. Récemment, c'est le ministre socialiste Jean-Claude Marcourt qui déplorait "un déficit de transparence" à ce sujet, estimant que "un jour, il faudra se pencher là-dessus" (2). Son ministre-président, Paul Magnette, également "bourgmestre empêché" de Charleroi, estime que les règles ne sont pas toujours très claires et aimerait qu'elles précisent qu'il peut continuer à présider le conseil comunal, porter les insignes de la fonction, participer aux cérémonies officielles de sa commune. Le député Ecolo Stéphane Hazée dénonce là "une volonté de légaliser les arrangements pris avec la législation". L'interdiction pour un ministre d'être bourgmestre est déjà très claire, il rappelle que l'objectif du décret est d'éviter les conflits d'intérêt et d'amener les ministres à se consacrer à 100% à leur fonction.

Si le Parlement wallon se penche à nouveau sur les interdictions de cumuls, peut-être pourrait-il en profiter pour réfléchir à la limitation dans le temps de l'exercice de mandats politiques.
"J'ai été ministre à trente-deux ans, il y a seize ans, déclarait récemment (3) l'ancien Président du Conseil italien Enrico Letta. Seize ans, ça use les gens. J'ai dit stop, parce que je pense que c'est terminé les longues carrières politiques de quarante ans dans laquelle vous laissez le poste de premier ministre pour devenir ministre des Affaires étrangères, etc. Je me suis dit que la seule façon de parler aux gens, c'est l'authenticité. Et un politicien qui n'a pas de travail, pas de métier, c'est quelqu'un qui ne connaît pas la vie réelle. (...) Si vous n'êtes pas sur le terrain, les gens ne vous écouteront plus." Combien de mandataires ont le courage d'avoir une telle réflexion, et surtout de l'appliquer?
Ils sont nombreux dans nos pays celles et ceux qui n'ont jamais eu d'autre activité que des fonctions politiques, qui sont entrés en politique dès leur sortie de l'université et tremblent à l'idée de perdre leurs mandats et de devoir chercher un travail comme un citoyen lambda. 
Ils sont nombreux en Belgique, exemples parmi d'autres: une Onkelinx qui est parlementaire depuis belle lurette: vingt-sept ans exactement et qui a été ministre durant dix-neuf ans sans interruption; un Demotte qui est parlementaire depuis vingt ans et ministre non stop depuis seize ans; un Reynders qui est parlementaire depuis 1992 et ministre depuis 1999. Quel lien ont encore ces représentants du peuple avec celui-ci? Quelle activité professionelle et/ou associative et bénévole ont-ils ou ont-ils jamais eues? Quelle crédibilité ont-ils encore quand ils se retrouvent dans l'opposition?
Ils ont réponse à tout, ils vous répondent que c'est précisément le fait d'être en même temps parlementaire ou ministre et bourgmestre qui leur permet de connaître la vraie vie des vraies gens. L'unique moyen pour eux de connaître les gens, c'est de les représenter.

(1) http://www.lalibre.be/actu/belgique/quand-quelqu-un-est-ministre-ca-doit-etre-sa-seule-activite-estime-collignon-5579c7b935709a87ac8f73b6
(2) "La guerre des cumuls relancée", L'Avenir, 19 août 2015.
(3) Emission "28 minutes", Arte, 23 septembre 2015.

A (re)lire sur ce blog:
- "Nouvel aristo", 2 mai 2014;
- "Bourgmestres même pas empêchs de titre", 17 janvier 2013;
- "Abonnés à Cumul+", 28 àctobre 2011;
- et de nombreux autres billets à ce sujet.


vendredi 29 juin 2012

Discussions sur le bout de gras

La Cour constitutionnelle a rendu son avis: elle rejette les recours contre le décret qui interdit le cumul de mandats de député wallon et de membre d'un collège communal (1). Drôle de décret issu d'un compromis à la wallonne. A partir de 2018 (le temps pour certains de voir venir et de s'organiser...), il ne sera plus possible pour les députés wallons d'être en même temps bourgmestre ou échevin ou président de CPAS. Il faudra choisir, pour éviter les conflits d'intérêt. Mais la règle ne s'appliquera pas à tous les députés, un tiers d'entre eux (soit vingt-cinq) pourront cumuler: celles et ceux qui auront fait les meilleurs taux de pénétration. Ainsi l'ont voulu les députés Ps et CDH. Bref, les vedettes pourront cumuler. Et ainsi renforcer leur statut de vedette. Une aberration: "plus l'élu est connu, plus il peut cumuler!", s'indigne Jean-Paul Wahl, député MR et bourgmestre de Jodoigne (2). S'il fallait (j'ai bien dit "si") maintenir la porte ouverte à certains cumuls, il eût été plus pertinent de le faire pour des élus de petites communes, qui réclament moins de travail et de présence sur place.
Maxime Prévot, qui est à la fois député wallon CDH et bourgmestre de Namur, estime que "il est plus facile et plus populaire, plus simple, voire particulièrement simpliste, de prôner la suppression du cumul des mandats plutôt que de batailler pour convaincre mutuellement l'opinion publique que 95% des parlementaires travaillent ardemment et efficacement" (2). Maxime Prévot défend ses bouts de gras. L'opinion publique serait sans doute convaincue si les parlementaires avaient le don d'ubiquité. Durant le mandat parlementaire que j'ai exercé, je me souviens que régulièrement il fallait attendre que le quorum soit atteint pour qu'une réunion de commission puisse se tenir. Les députés Ecolo, qui ne cumulent pas, étaient présents. Les rangs des autres partis étaient souvent clairsemés. Les conseillers des groupes politiques téléphonaient à leurs parlementaires pour qu'ils viennent, au moins, assurer ce quorum. C'est qu'il est difficile d'être à la fois au four communal et au moulin parlementaire. "Quand on a un mandat, on exerce une responsabilité réelle. On ne peut pas être partout", estime John Joos, de la liste montoise "Mons citoyen 2012" (2).
Je me souviens également qu'il était quasi impossible de programmer une réunion parlementaire un vendredi, "jour réservé à la présence sur le terrain communal".
Le Vif (2) écrit: "pas d'hypocrisie: pour une commune, c'est bien d'avoir un député, et encore mieux un ministre". C'est qu'on constate rapidement qu'une commune représentée au parlement ou au gouvernement bénéficie de certains avantages. Et même d'avantages certains. Par souci d'équité et de justice, il faudrait alors 292 députés wallons, soit un par commune.
Ceci dit, alors que les institutions françaises planchent elles aussi sur un projet de décumul des mandats, il faut reconnaître, comme le rappelait hier le journaliste Pierre Savary (3), que les citoyens sont opposés au cumul, mais adorent voter pour des vedettes, qui le sont grâce à leurs cumuls.

(1) LLB, 29 juin 2012.
(2) Le Vif, 8 juin 2012.
(3) Matin Première, RTBF, 28 juin 2012.

Lire aussi sur ce blog
"Les gens indispensables", 8 mars 2012;
"Abonnés à Cumul+", 28 octobre 2011;
"Synergétiques cumuls", 23 octobre 2010
et d'autres billets encore.

samedi 23 octobre 2010

Synergétiques cumuls

Jacques Gobert joue bien son rôle de lobbyiste. Il faut le reconnaître. Jacques Gobert est bourgmestre Ps de La Louvière, il est aussi président de l’Union des villes et communes de Wallonie. C'est à ce dernier titre que, dans le courrier des lecteurs de LLB de ce vendredi, il regrette le récent décret wallon interdisant le cumul de mandats. Il plaide pour les synergies, regrette qu’elles ne puissent désormais plus être mises en œuvre si on interdit à un bourgmestre ou un échevin d’être en même temps député wallon. Ne dites donc pas "cumuls", utilisez le terme politiquement correct de "synergies".
Jacques Gobert estime que l’argument selon lequel les députés utiliseraient leur position pour favoriser leur commune ne tient pas la route : « qu’on nous cite un exemple de décret qui favoriserait une ville ou une commune », dit-il. Les députés wallons ne sont pas assez bêtes, il le sait, pour tomber dans ce piège. Là où certains députés abusent de leur position, c’est en entretenant avec les ministres et les membres de leur cabinet des relations privilégiées qui permettent de faire avancer leurs dossiers locaux. Un député-bourgmestre et un bourgmestre ne sont pas sur pied d’égalité. Jacques Gobert le sait. Ou alors, il est sourd et aveugle. Ou naïf, ce qu'on a du mal à croire. Maurice Dehu, qui est du même parti que Jacques Gobert, est moins sourd, aveugle ou naïf que lui, en tout cas plus sincère: « je peux vous donner une liste de vingt hommes politiques qui ont financé la rénovation de leur ville lorsqu’ils étaient ministres. C’est humain… » (LLB, 01.01.04)
Jacques Gobert réfute également l’argument selon lequel les députés « ne sont jamais au Parlement puisqu’ils sont trop sollicités localement » : « je connais, dit le président de l’Union des villes et communes de Wallonie, beaucoup de députés-bourgmestres, et je les vois assidus et engagés, tant dans les fonctions parlementaires que maïorales. Ils sont dévoués à leurs tâches locales tout en s’investissant pour le bien de tous au niveau régional. » On voit par là que Jacques Gobert est un bon lobbyiste. Mais qu’il méconnaît (ou nie) la réalité. Pour le nouvel élu que je fus, en 1999, aux parlements régional et communautaire, la première surprise fut l’absentéisme. C’est que les députés-bourgmestres ont parfois divers chats à fouetter… Combien de fois n'avons-nous pas dû attendre des collègues (du parti de Jacques Gobert en particulier) qui n'avaient pas cru bon de venir en réunion de commission, accaparés qu'ils étaient par leur commune? Le quorum n'était pas atteint, la réunion ne pouvait se tenir. Les assistants de groupe, gênés, téléphonaient à l'un ou l'autre de leurs députés, pourtant si dévoués, pour les convaincre de venir en quatrième vitesse. Zoé Genot, ma collègue d'alors, au Parlement fédéral, disait la même chose en 2003: « les cumulards : ces députés-bourgmestres-échevins-etc. cumulent les fonctions et n’ont pas le temps de venir aux commissions parlementaires. Or, lorsque nous travaillons sur des projets ou propositions, nous devons avoir le quorum. Lorsque nous ne l’avons pas, nous reportons la commission pour deux heures. C’est de cette manière que nous avons perdu des centaines d’heures durant la législature précédente. (…) Tous les parlementaires sont payés à plein temps, donc la moindre des choses, c’est de bosser à plein temps ! » (JDM, 21.10.2003)
Je me souviens d'un collègue du Parlement wallon, membre du parti de Jacques Gobert, aujourd'hui député européen et toujours fils de son "papa", qui s'étonnait du temps plus que plein que nous disions consacrer, nous, députés écologistes, à notre mandat: "allez, ne me dites pas que le Parlement wallon vous prend plus de quinze heures par semaine", disait-il avec son accent liégeois.

Pour A. Destexhe, A. Eraly et E. Gillet, « le cumul des mandats constitue un lourd handicap pour la démocratie. Il provoque des conflits d’agenda. Il conduit à une augmentation de l’absentéisme parlementaire. Il détourne le député de l’intérêt général qu’il est censé défendre, au profit d’intérêts trop particuliers. Il crée la confusion dans l’esprit des électeurs. Il accorde au « cumulard » un avantage sur le député qui n’exerce qu’un seul mandat et qui se prive ainsi d’une occasion de se constituer un « capital de voix » dans son fief. Il contribue à renforcer les baronnies locales… » (LLB, 01.01.2004). Zoé Genot fait écho: « Je constate qu’à quelques exceptions près les parlementaires qui exercent également un mandat local sont moins actifs que les autres. Cela vaut d’ailleurs aussi pour le députés qui continuent à exercer leur métier dans le privé. (…) Si les députés bourgmestres faisaient vraiment entendre leurs voix au Parlement fédéral, la réforme des polices ne serait pas passée comme elle l’a fait. (…) Certains ministres se comportent comme s’ils étaient toujours bourgmestre de leur commune.» (LLB, 01.01.2004)

En attendant, le décret diminuant la possibilité de cumul de mandats est passé. Avec ses limites et ses incohérences, d'accord, mais il est passé. Malgré les combats d'une arrière-garde synergétique.

lire "Les abonnés à Cumul + (sur ce blog, billet du 11 juin 2009)

dimanche 21 mars 2010

D'un Claude à l'autre. Allègrement.

Ecolo vient de fêter ses trente ans. Voilà donc trente ans que Claude Eerdekens avale - ou plutôt bouffe, le verbe doit être plus approprié - un écolo à son petit-déjeuner chaque matin. Pour aussitôt le vomir dans le caniveau.
Il y a quelques jours, depuis Cannes où il participait au marché international de l'immobilier (c'est qu'il en a du temps, le camarade!), l'inamovible député-bourgmestre d'Andenne a fustigé, avec cette totale absence de nuance qui fait sa caractéristique, le gouvernement wallon dans son ensemble et son ministre de l'environnement et de l'aménagement du territoire en particulier. Le champion de l'insulte et de la grossièreté en a profité pour dénoncer, pour la 677e fois, "ces écolos intégristes qui veulent nous ramener à l'âge de la pierre et nous obliger à circuler à vélo et à nous éclairer à la bougie" (entendu au JP de la RTBF). Apparemment, s'il voyage beaucoup, le camarade lit peu. Et réfléchit tout autant. Son attaque concernait la décision d'un groupe de distribution d'installer son centre logistique en Flandre. Il déplorait que le Gouvernement wallon n'ait pas mis tout en oeuvre pour que ce centre s'installe en Wallonie. Plus particulièrement dans sa commune. En fait, il apparaît que le groupe n'a pas pris sa décision, qu'aucun dossier n'a été transmis au ministre Henry et que le premier niveau de pouvoir concerné pourrait bien être la commune d'Andenne. Le bourgmestre voyageur donc. Apparemment peu au fait de ses dossiers.
Dans sa grande colère, Eerdekens avait annoncé qu'il quittait le PS pour sièger comme indépendant. Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. Il a finalement fait volte-face. Il doit savoir où sont ses intérêts.
De retour de Cannes, Eerdekens a déposé devant la commission de l'environnement et de l'aménagement du territoire du Parlement wallon trente et une questions adressées au ministre Henry. A qui il avait déjà demandé, voici quelques mois, si l'hiver serait rude. On voit par là qu'une certaine confusion peut régner dans l'esprit de certains responsables (?) politiques trop occupés à trop de mandats.
Parmi les questions eerdekensiennes à l'ordre du jour, une quantité de questions très localistes, quatre fois la même question sur la directive européenne sur le recyclage des déchets, une question sur la crédibilité internationale du GIEC et une autre sur l'erreur commise par le GIEC à propos de la fonte des glaces dans l'Himalaya. L'oubliable (et presque oublié - il a bien fait de se manifester !) ministre wallon d'il y a quelques années semble avoir pour modèle un certain Claude Allègre. Celui-là même à qui le Monde accordait récemment un "cent fautes".
Ce 23 mars, le harceleur professionnel posera aussi au ministre l'une ou l'autre question sur les éoliennes, une de ses spécialités : cet homme témoigne d'une exceptionnelle capacité à produire du vent.
On comprend par là que la démocratie fonctionne bien : chaque groupe socio-économique ou socioculturel a ses représentants au parlement. Les piliers de comptoir du café du commerce ont trouvé le leur.

P.S.: reste l'attitude de la presse et des journalistes de Mise au point en particulier: les délires d'Eerdekens méritaient-ils de lui accorder une tribune. Audience, audience... Vous savez ce qu'elle vous dit l'audience?

mercredi 9 septembre 2009

L'homme qui ne sait rien

Tel un grand patron de multinationale, l'Abraracourcix wallon, ancien président du Parlement régional, José Happart, s'est offert un parachute doré pour sa sortie de charge. Il coûte la bagatelle de quelque 530.000 euros, auxquels s'ajoutent deux emplois et demi de collaborateurs. "Des acquis sociaux", dit-il. Sans rire. Ce qu'il semble d'ailleurs incapable de faire. Quand un journaliste de la RTBF l'interroge sur le montant, il déclare n'en rien connaître. C'est donc que la somme est effectivement très importante. Un RMiste sait ce qu'il touche.
Ne rien savoir est décidément une caractéristique du personnage. Il y a quelques années, un autre journaliste le questionnait sur la prise en charge de son voyage en Biélorussie. Il avait eu la même réponse déjà : je ne me soucie pas de savoir qui paie. C'est ce qui s'appelle avoir le sens des responsabilités.
Quand il fut un bien peu glorieux ministre de l'agriculture et de la ruralité, lors d'un débat, face à des agriculteurs qui déploraient la disparition des exploitations familiales, il leur déclara qu'il regrettait cette évolution, mais qu'elle était inéluctable, qu'il fallait l'accepter et qu'il ne voyait pas que faire pour la contrer.
José Happart, l'homme qui ne sait rien à rien, ne sait rien faire, mais coûte cher.

La polémique sur le parachute doré de l'ancien président du Parlement wallon amenait, ce matin, un journaliste du Journal de 8h de la Première (RTBF) à constater que les nombreux parlementaires wallons Ecolo qui perdirent leur siège en juin 2004 ont eu droit à une indemnité de sortie et ne s'en sont pas plaints. Je fus l'un de ceux-là : j'ai touché une indemnité de sortie pendant un an. Comme tout parlementaire Ecolo, j'avais abandonné toute autre activité professionnelle pour me consacrer exclusivement à mon mandat. Au terme de la législature, je me retrouvais donc sur le trottoir namurois, un peu groggy comme mes collègues, sans emploi et sans droit au chômage. Donc, oui, je n'ai pas hésité une seconde : j'ai "pris" cette indemnité. C'était cela ou le CPAS. Je ne suis pas président de l'aéroport de Liège. Juste un profiteur.

jeudi 3 septembre 2009

Dans la série "Qu'est-ce que j'apprends en rentrant de vacances"?... (2)

J'apprends la composition du nouveau gouvernement wallon. Et puis des autres aussi. Avec les répercussions sur le fédéral. Tiens, Jean-Claude Marcourt est toujours ministre wallon. Lui qui avait été tête de liste aux européennes et qui jurait ses grands dieux que l'Europe, c'était là son grand combat. Tiens, les ministres Ecolo, Nollet et Henry, étaient députés fédéraux et abandonnent leur place à d'autres. Mais le père Daerden, élu wallon, est balancé au fédéral, tout comme Philippe Courard. Par le Vif, je découvre que Sophie Pécriaux et Christian Dupont sont les seuls candidats effectifs PS de la circonscription de Charleroi (sur cinq élus) qui siègeront à Namur. Massin, étant donné qu'il n'est pas ministre, a préféré garder sa place d'échevin carolo et a laissé son siège à la première suppléante, Ingrid Colicis. Elle aussi a préféré rester échevine à Charleroi. C'est le 2e suppléant qui a hérité du siège. Busquin n'a pas souhaité sièger, il est remplacé par le 3e suppléant. Magnette, élu à Namur, s'est rappelé qu'il était ministre fédéral, il a laissé sa place à la 4e suppléante.
Bref, l'après-élection est un grand jeu de chaises musicales, le moment où les "élus multiples" s'offrent le luxe de choisir leur place préférée.
Et comme, en plus, les partis se gardent toujours la possibilité de désigner à des postes de ministres des personnes qui n'ont jamais été élues (1), on en arrive à se demander s'il est encore utile de présenter des candidats aux élections. On pourrait se contenter de voter pour des partis. A eux ensuite de décider qui siègera dans quelle assemblée. Le système serait peut-être un peu moins hypocrite...
Un mot encore sur la désignation de la présidente du Parlement wallon: Emilie Hoyos vient d'être élue à un premier mandat et hop, la voilà au perchoir namurois. A une fonction qui réclame, à tout le moins, l'expérience d'un, si pas de deux mandat(s). Une explication...?

(1) grâce à quoi, elles peuvent avoir une visibilité et espérer être élues un jour. Voir les Marcourt, Nollet, Arena, Magnette, Simonet, Courard et d'autres.