vendredi 3 juin 2011

Clic, clac, cliché

Imaginons les hommes d'aujourd'hui. Mettons-nous à leur place. On ne peut résister à une soirée foot. Dès qu'est annoncé un match opposant Milan à Manchester, on rameute nos copains. Ils s'installent devant la télé et braillent en buvant de la bière. A la fin du match, le salon est un vrai dépotoir. Dès les premiers rayons de soleil, on sort son barbecue, on invite son beau-frère. On se grille quelques côtelettes en buvant du rosé. Parfois, ce sont des merguez. On se précipite au salon de l'auto. Pas pour acheter. Juste pour le plaisir de découvrir les nouveautés. Deux mois plus tard, on s'est acheté une nouvelle voiture.
Ainsi vivent les hommes d'aujourd'hui.
Imaginons les femmes d'aujourd'hui. Mettons-nous à leur place. On ne peut résister à l'annonce des soldes. A la vue de ce mot, "on se transforme en lionnes déterminées, on branche notre détecteur de bonnes affaires". On n'y entend rien, mais alors rien du tout, en matière de technologie. Elle et nous, "on n'a jamais vraiment été copines. En plus, ça tombe toujours sur nous quand Internet refuse de marcher." On se critique entre copines, on est de mauvaise foi, on est toutes un peu blondes.
Ainsi vivent les femmes d'aujourd'hui. Ce n'est pas moi qui l'affirme, mais le magazine "Femmes d'aujourd'hui" (1) dans un article intitulé "La perfection? Non merci!". Le titre en couverture annonce "Imparfaites mais on assume - Les défauts des filles expliqués aux hommes".
J'ai imaginé dans la même logique stéréotypée les hommes d'aujourd'hui. Je connais bien des hommes qui sont un peu blonds. Et beaucoup qui ne s'intéressent ni au foot, ni aux bagnoles.
J'ai beaucoup d'amies. Je n'en connais pas une seule qui devienne folle en période de soldes. Mais beaucoup qui maîtrisent Internet bien mieux que moi. Peut-être ne sont-elles pas des femmes d'aujourd'hui. De demain peut-être?

Dans la même logique de clichés vides de sens, François De Brigode terminait tout récemment son JT en annonçant "une bonne nouvelle pour terminer ce journal: grand soleil demain." A sa décharge, on constatera que, contrairement aux autres JT, il n'avait pas parlé ce jour-là de la sécheresse dont souffre sérieusement l'agriculture. Il n'avait pas annoncé, contrairement à ses collègues français, que la France a atteint en ce printemps 2011 le même niveau de sécheresse qu'à l'été 1976. Passe-t-il sa vie dans son studio? Il devrait sortir de temps en temps.
Tout comme le magazine "Femmes d'aujourd'hui" devrait rencontrer les femmes de son temps.

(1) n°18 - 5 mai 2011

3 commentaires:

gabrielle a dit…

Qui lit F.A.?
Après quelques observations à la librairie du coin, son lectorat semble être né avant World War II. ;-)

Michel GUILBERT a dit…

Eh bien, je me suis rendu compte, il n'y a pas bien longtemps, qu'une de mes étudiantes lit Femmes d'Aujourd'hui. Incroyable, mais vrai.
Quant à moi, c'est tout à fait incidemment que je suis tombé sur l'article que j'évoque. Cela va sans dire! Mais mieux en le disant déjà!

gabrielle a dit…

Vous n'êtes peut-être pas au bout de vos peines en tant que prof.
Parions que vous rencontrerez un jour des jeunes de moins de 25 ans qui citeront Marc Lévy comme un des plus grands auteurs contemporains. :-)