dimanche 19 juin 2011

Nucléaire? Décidément, non merci

En cette journée internationale du vent (Global Wind Day), revenons sur le nucléaire: "le moyen le plus dangereux de faire bouillir de l'eau chaude". C'est un physicien nucléaire qui l'affirme. Bernard Laponche (1) estime que "un réacteur nucléaire n'est qu'une chaudière: il produit de la chaleur, (...) résultat de la fission de l'uranium", chaleur qui elle-même entraîne une turbine qui va produire de l'électricité. Au passage, les pertes énergétiques sont gigantesques: "les deux tiers de la chaleur sont perdus, ils réchauffent l'eau des fleuves ou de la mer qui sert à refroidir les réacteurs".
Le secteur n'a enregistré aucun progrès technique notable depuis sa création dans les années '40, constate le physicien. Les recherches se poursuivent autour de la fusion nucléaire, avec notamment l'expérience Iter à Cadarache en France, mais "pourquoi vouloir recréer sur Terre l'énergie du Soleil puisqu'elle nous arrive en grande quantité?", demande le physicien "repenti".
Répondant à l'argumentation simpliste "le nucléaire ou la bougie", il estime que "il est lassant d'entendre des dirigeants qui n'y connaissent rien dire n'importe quoi. Nicolas Sarkozy ne croit pas si bien dire; un jour, et pourquoi pas dès cet été, les Français s'éclaireront à la bougie (2): comme nous sommes le seul pays au monde à avoir choisi de produire 80% de notre électricité avec une seule source, le nucléaire, et une seule technique, le réacteur à eau pressurisée, si nous sommes contraints d'éteindre nos réacteurs , nous retournerons à la bougie!". Il suffit juste dit-il, "d'un gros pépin générique ou d'une sécheresse et une canicule exceptionnelles".
Bernard Laponche estime que "le risque d'accident majeur en Europe est une certitude statistique".
Pendant ce temps, le Gouvernement belge, dont en particulier les représentants d'une pseudo-gauche, se demande s'il va ou non détricoter la loi de sortie du nucléaire votée en 2003.
Pendant ce temps-là, mercredi prochain, le 22 juin (3), le Parlement européen se prononcera sur une proposition de directive sur les déchets radioactifs qui obligera les Etats membres à mettre en place des plans de gestion de ces maudits déchets, les autorisant à s'en débarrasser dans des pays tiers. Selon Foratom, expression du lobby nucléaire, 500.000 m3 de déchets radioactifs sont produits chaque année. Environ 1% d'entre eux, soit 5000 m3, représentent un danger pour des milliers de générations futures (des milliers, oui) et doivent donc être isolés de leur environnement "de manière sûre et définitive". Si quelqu'un connaît une manière sûre et définitive d'isoler chaque année 5000 m3 de déchets radioactifs pendant des milliers de générations, il serait bien inspiré de contacter les parlementaires européens d'ici mercredi. Qu'il leur suggère également de ne pas s'en débarrasser au Ghana. Ce pays, comme d'autres Etats, a déjà été suffisamment transformé en poubelle par l'Occident. Le principe du pollueur-payeur est un peu simple, il faudrait y accoupler celui du pollueur-assumeur. A chacun sa merde, pour parler trivialement.
Allez, vive le vent. Il fit honneur à sa journée.

(1) Télérama, 15 juin 2011
(2) après la catastrophe de Fukushima, un journaliste de Télérama répondait: finalement, au Japon, c'est le nucléaire ET la bougie".
(3) voir LLB, 15 juin 2011

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