dimanche 5 juin 2011

La Belgique n'a plus toute sa tête

C'était une période difficile. Mais qui n'empêchait pas l'espoir. Un formateur avait été nommé. C'était nouveau. On pouvait vaguement espérer que, près d'un an après les élections, un gouvernement se forme dans les mois à venir.
Mais aussitôt les nationalistes flamands ont répandu, un peu plus chaque jour, leur scepticisme dans la presse. Certains d'entre eux multiplient les déclarations à l'emporte-pièce. Et la pièce est tellement mauvaise qu'elle semble déjà emportée. Les acteurs sont de plus en plus exécrables.

Il y a le sniper nationaliste Van Aelst qui déplore que des élus francophones "maltraitent notre langue", pointant en particulier Di Rupo, Onkelinx et Milquet. Une réflexion amusante à l'heure où - enfin - les francophones manient beaucoup plus le néerlandais et où, dans le même temps, tant de Flamands l'abandonnent. Ce que regrettent de nombreux intellectuels flamands, tel l'écrivain Geert Van Istendael qui, ce vendredi matin encore sur la Première, constatait que les Flamands préférent au néerlandais... diverses versions du flamand.
Van Aelst se dit prêt à être solidaire des Turcs mais pas des Wallons et dénonce les prêts hypothécaires accordés par le Vlaamswoningsfonds "à des noirs francophones qui viennent s'installer à Asse". On se croirait en Yougoslave au début des années '90.
De nombreux Flamands, dans les milieux politiques et économiques, estiment que Bruxelles ne peut constituer une région à part entière. Que la capitale doit être gérée paritairement par la Flandre et Wallonie. Bref, ils refusent aux Bruxellois l'autonomie qu'eux-mêmes revendiquent pour la Flandre. Cherchez l'erreur et la cohérence.
En réponse, les Francophones viennent de rapprocher formellement les Régions wallonne et bruxelloise, en créant la Fédération Wallonie-Bruxelles, déjà baptisée "WalloBrux". Cette décision a été prise à l'unanimité par les députés du Parlement de la Communauté française. Qui de facto ne reconnaissent pas l'autonomie de la Région bruxelloise puisqu'elle est ainsi étroitement associée à la Wallonie et éloignée de la Flandre. Cherchez l'erreur et la cohérence.
"Ce WalloBrux est perçu par la Flandre comme une étape du fameux plan B, estime Jan De Troyer (1), flamand bruxellois, connu comme un esprit libre et particulièrement modéré. En créant cette fédération, poursuit-il, la classe politique francophone se prépare, aux yeux des Flamands, à une scission dont cette fédération constituerait la Belgique résiduelle.
Avec une telle perspective, dit-il encore plus loin, les francophones ne doivent plus s'étonner que tant de Flamands soutiennent la NVA et que le Ministre-Président flamand Kris Peeters déclare que ceci constitue un danger pour la stabilité de la Belgique. Aux Flamands de Bruxelles, complètement mis hors jeu dans ce débat, Monsieur Demotte a simplement annoncé que dans la nouvelle Belgique, l'enseignement flamand à Bruxelles sera fusionné avec celui de la Communauté française."
Y a -t-il encore des responsables politiques dans ce pays? On se le demande. Tel Diogène, on les cherche.

(1) LLB, 1er Juin 2011

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