mercredi 23 janvier 2013

Elégance et vulgarité sont dans un bateau

La vulgarité se porte bien. Elle a de beaux jours devant elle. 
En témoigne la télévision, qui en est sans doute la plus belle vitrine.
Les émissions de télévision à la mode adorent que leurs participants se critiquent les uns les autres. Il est bon de dire tout le mal que l'on pense des capacités culinaires de la personne qui s'est coupée en quatre pour vous recevoir à sa table. 
Les émissions dites de téléréalité portent hélas bien leur nom et la réalité qu'elles nous proposent est souvent affligeante. On se met à rêver de fiction. 
Les émissions dites de talk show sont des émissions où il est de bon ton de rire. De tout et de n'importe quoi. Les intervenants sont venus pour rire - ils ne s'en privent pas - et faire rire - ce qui est autrement difficile.
Pour diffuser de la pub, la RTBF coupe en morceaux les films, les téléfilms et ses propres émissions, au risque de ressembler à une vulgaire télé commerciale. Elle y arrive.
Les JT des télévisions de service public (RTBF, France 2 notamment) commencent ces jours-ci par la neige. Il s'agit d'informer les téléspectateurs qui vivent volets clos que la neige est tombée, que les routes sont dangereuses, qu'il fait froid et qu'il vaut mieux rester chez soi derrière ses volets clos. Le reste de l'actualité est prié d'attendre ou de se faire discret.
Les journaux parlés et télévisés de la RTBF vont jusqu'à se muer en espaces de promotion de l'émission "The Voice", cousine de "la Star'Ac" et autre "Nouvelle Star". "Les FM, la télé, la Star Académie ont fait des ravages, affirme la chanteuse Claire Diterzi: on crée une vedette de toutes pièces, et une fois que le public se sent familier avec elle, on se demande ce qu'elle va chanter! C'est la surenchère de la facilité, de la vulgarité et du mercantilisme." (1)
Qui déteint sur qui?
Les forums sur internet sont investis par des intervenants qui ne tentent même pas de se faire comprendre et ont, en général, tout compris mieux que les autres qu'ils ne se privent pas d'insulter.
Et c'est sans doute dans le langage que la vulgarité s'exprime le mieux. Amis de la poésie, passez votre chemin.
"On est chaud boulette!" (2), affirme Sébastien Deschamps, conseiller communal écaussinois du groupe Ensemble. Il dénonce la limitation à cinq minutes, lors des réunions du Conseil, du temps de parole des conseillers. On n'ose imaginer ce qu'il pourrait dire en dix minutes. 
Récemment, une collègue enseignante me rapportait qu'une de ses étudiantes s'est présentée à son examen oral d'anglais en lui disant: "I am hot". Un autre a eu cette question pour le moins surprenante (et distinguée) à l'issue de son examen: "j'ai chié?".
Et pourtant, on aurait pu dire bien des choses en somme.
Ah! Qu'en termes élégants ces choses-là sont dites.

(1) Télérama, 23 janvier 2013 (longue interview de la remarquable Claire Diterzi et excellente critique de son nouvel album: "Le salon des refusées").
(2) LLB, 17 janvier 2013.

1 commentaire:

gabrielle a dit…

Le soir du dimanche 20 janvier, rapporte Le Canard Enchaîné de cette semaine (N° 4813), le JT de TF1 a consacré pas moins de 22 minutes à la neige tandis que celui de France 2 ne faisait "que" 16 minutes sur la météo.
Et le journal de conclure: "Il va bien finir par neiger en Algérie et au Mali".